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C'était la course folle, Ambre emportait encore son frère avant que celui-ci ne s'arrête. Ses yeux se posèrent sur ce dernier ; il était calme alors que ce n'en était pas le moment.
Autour d'eux, le silence reprenait son règne avant que deux grognements ne fassent au loin et ne reprirent l'attention de Joey ainsi que le nouveau départ de la course vers sa survie.
Que se passait-il réellement dans cette forêt ? Pourquoi était-elle sujette à autant de phénomènes étranges ? Et pourquoi Joey revoyait ce qu'il avait dénommé sa « chose » étant plus jeune, bien qu'au fil du temps, il s'était fait à l'idée que ce n'était qu'une hallucination suite au choc du déménagement ?
Et pourtant, il en était sûr, c'était bel et bien lui, -il n'avait pas changé-, il en avait une peur absolue.
La course de Joey restait rapide, reprenant une vitesse animale, il essayait de retrouver les sentiers les plus courts pour échapper à cet enfer, celui que lui projetait la forêt. Il courrait, s'aventurait alors qu'il ne la connaissait pas plus que cela. Il savait que sa sœur le suivait, voulant elle aussi s'en sortir, ce n'était qu'une question de minutes, voir même de secondes. Aucun des deux ne savait quand ces créatures pouvaient interrompre leur progression, -pourtant bien avancée-, une nouvelle fois.
Cependant, c'est la sensation d'un sol froid qui reprit Joey ainsi qu'une douleur au niveau du bassin, une douleur foudroyante. Il tourna la tête sur le côté, se retrouvant face à une lumière qui lui détruit rapidement les yeux. Une lumière qu'il remonta du regard pour apercevoir le pare-chocs d'un véhicule qu'il analysa ; elle ne portait pas de plaques d'immatriculation, mais sa couleur noire la fondait dans le bleu de la nuit.
Le claquement de la portière ramena le jeune homme à la réalité ainsi que le son des pas de l'adulte qui se dirigeait vers lui d'un air faussement inquiété, qui crispa quand même l'adolescent.
Comment avait-il fait pour ne pas apercevoir cette voiture ?
Et surtout remarquer qu'il avait quitté cette abominable forêt ?
—Ça va ? Tu n'es pas blessé ?
—Non !... Mais... Il... Il y a... Quelque... Quelque chose dans la forêt ! Et... Il... Enfin... Ça...Cherche à...nous tuer !
—Qui est-ce ? Et pourquoi cherche-t-il à te tuer ? Et surtout, pourquoi dis-tu « nous » alors que tu es seul ? Est-ce que quelqu'un t'accompagnait ?
—Je...Je ne suis pas seul ! Je suis avec ma... Ma sœur ! Il arrêta quelques instants, regardant autour de lui, elle n'était plus là, laissant son sang ne faire qu'un tour.
—Ambre ? AMBRE ?
Il continuait pourtant à crier le nom de sa sœur, un nombre incalculable de fois, mais jamais une seule réponse ne lui parvenu. Avait-elle été prise par surprise ? Où s'était-il lui-même perdu lorsqu'il avait cherché à savoir si la chose le suivait en cours de route.
Il n'en savait pas plus.
Il cherchait sa sœur du regard, il voulait qu'elle le rejoigne, continuant ainsi à hurler son nom. Pourtant, le son de sa voix ne faisait qu'écho entre les arbres, aucune réponse ne ressortit. Avait-il rêvé tout ce qu'il avait pu entrevoir ?
Il se releva, essaya d'avancer avant de se retrouver une nouvelle fois cloué au sol, le jean déchiré, sa marque visible et éclairée, mais pas comme elle l'était habituellement... Le rouge de sa marque se mit à couler comme le sang, tandis que le noir se mélangeait à la matière écarlate, laissant Joey plié de douleur sous ses propres hurlements. L'homme du véhicule se rapprocha de lui, comprenant soudainement l'état du jeune garçon devant lui avant de le prendre dans ses bras et de l'emmener dans sa voiture bien qu'à ce même moment, un cri retentit par de là les arbres.
Un cri que Joey reconnut difficilement et lui permit de puiser dans ses dernières forces physiques, il ne pouvait pas abandonner sa sœur dont il cria encore le nom pendant de longues secondes avant que l'homme ne fasse démarrer son véhicule. Ce qui ne fit qu'augmenter la lutte du jeune garçon, le faisant hurler des injures à l'attention du « sauveur ».
—LAISSEZ MOI SORTIR !!! JE DOIS L'AIDER !!!
—Il n'en est pas question ! C'est beaucoup trop dangereux, surtout que tu en es déjà marqué !
—NO... Co... Comment le savez-vous ?
—C'est simple, ton jean la laisse à découvert. Mais j'en suis aussi marqué.
—Vous avez déjà vu la « chose » ?
—Oui, mais malheureusement, je ne m'en souviens pas de son apparence, seulement de ses yeux rouges intenses et des actes qu'il a accompli sur ma famille.
—Quels actes ?
—Des meurtres. Il a déchiqueté chaque membre de ma famille, ma sœur aînée, mes parents ainsi que mon frère jumeau. Seul mon petit frère est resté en vie, il a réussi à rester sous-moi...
—Et qu'est-ce que vous avez fait ?
—On l'a juste regardé, tout en restant sous la table... Et depuis, nous le traquons et cherchons les « victimes » comme toi.
Le regard de Joey s'immobilisa rapidement, il était donc une victime de la « chose », il ne comprenait plus rien, surtout le fait que l'homme recherchait des gens comme lui. Était-il déjà au courant de tout ? Connaissait-il chaque personne pouvant éventuellement être sous l'emprise d'une marque ?
La seule réponse qu'il obtenu venait encore de cet homme mystérieux lorsque ce dernier releva la manche de sa veste laissant découvrir à Joey une marque totalement identique à la sienne ; que cela soit par la forme et par la couleur,-noire et rouge-, leurs respirations s'accélérèrent pendant quelques secondes, comme si leurs marques se laissaient aller à la fusion pendant un bref instant, laissant à leurs propriétaires une sensation de brûlure qu'ils comprenaient parfaitement, alors qu'ils ne se connaissent même pas.
—Vous m'avez sauvé, raconté votre histoire, et pourtant, nous ne nous sommes même pas présentés.
—Oh que si Joey...
* * *
Le souffle court, haletant, Ambre s'arrêta. Le silence aurait pu être roi si sa respiration s'était faite plus discrète. Pourtant, elle n'entendait que le sien. Où étaient passées la respiration et la voix de son frère ? Elle n'en savait rien.
Elle ne sentait même pas sa présence à ces côtés, alors que son regard cherchait les yeux bleus de son cadet.
Rien. Elle était seule...
Sûrement, une mauvaise blague, se disait-elle en attendant un simple geste de vie de ce dernier, un simple mouvement qu'elle aurait reconnut en un instant. Un instant qu'elle voulait immédiat, instantané... Cela était peine perdu.
Il avait « disparu ».
—Joey ? Joey, si c'est une blague, elle n'est pas drôle. Allez montre-toi... JOEY !!!
Une seule réponse lui vint à l'oreille. Un cri lointain. Un cri qui possédait la tessiture de la voix de son frère.
Elle en était certaine, c'était lui, pourtant un autre grognement la stoppa radicalement ; il était pris au piège... Il allait mourir, elle le perdait.
Les jambes de la jeune femme se mirent à vaciller, la faisant tomber lourdement sur le sol ou un torrent de sanglot la prit au dépourvu.
Elle n'avait pas réussi à le protéger. Lui, la seule chose qui la tenait encore en vie. Il était fini, et elle en devenait donc la dernière cible. Elle allait donc le rejoindre.
C'est là que les remords la prirent, jamais elle n'aurait dû le quitter des yeux lors de la course, jamais elle n'aurait dû être à l'avant.
—JOEY !! Je... Je suis... Désolée... Joey... Joey... JOEY.
Un craquement retentit, suivit de plusieurs grognements fit rapidement relever la jeune femme.
Ses choses allaient le payer cher, mais à nouveau le silence reprit l'avantage. Elle était seule.
Seule au monde.
Les yeux remplis par les larmes, elle se laissa enfin aller à ses sentiments. Pourquoi n'était-il plus là ? Vivant ? Elle avait déjà tant perdu : ses amis, ses parents et à cet instant, son frère, le seul pour qui elle avait accompli tant de choses. Joey était le seul qui avait été présent ; le seul à avoir pu lui rendre le sourire à de nombreuses occasions.
Ambre regarda droit devant elle. Il n'y avait qu'une étendue d'arbres et d'arbustes.
Tout était identique, absolument tous dans le même état, elle n'avait aucun point de repère qui ne pouvait l'aider à se repérer.
Absolument rien.
Elle était déboussolée.
Le sentiment de solitude était à son paroxysme. De sa main droite, Ambre prit précieusement son téléphone, se regardant dans la glace de ce dernier ; elle était différente. Ses cheveux habituellement bien soignés étaient en batailles, sa peau était recouverte par l'eau d'une glace fondue par sa chaleur et par une boue épaisse. Ses vêtements, quant à eux, étaient salis, déchirés et totalement hors d'usage et le reste de son corps était blessé, écorchés par les nombreuses ronces qu'elle avait rencontré en chemin.
Par la lumière de son téléphone fraîchement allumé, elle éclaira les alentours, cherchant dans un même temps du réseau pour s'en sortir. Mais rien.
Elle ne voyait rien, sauf une lumière inconnue venant de derrière sa nuque, elle se retourna ensuite, mais ne vit rien, la lumière venait encore de derrière son cou, qu'elle finit par toucher de sa main libre, la faisant diminuée en intensité.
C'était donc cela ; la marque.
Étrangement, cette dernière ne faisait pas subir des sensations de douleur ou de brûlure à la jeune femme, ne provoquant une lumière vive qui s'intensifia en fonction des pas qu'Ambre faisait, et qui diminuèrent dès qu'Ambre faisait marche arrière. Ambre comprit.
La marque la conduisait certainement vers un lieu sûre, ou vers la marque de son cadet. Voulant savoir, elle suivit le chemin que lui indiquait sa propre marque, restant tout de même sur ses gardes ; elle ne savait pas quand pourrait apparaître ses monstres.
Elle avançait, le cœur pourtant blessé, elle se forçait, bien qu'au fond d'elle, sa marque agissait plus étrangement que d'ordinaire.
Soudainement, la marque s'arrêta de luire dans un endroit vide de vie, froid et tenu en otage par la désolation.
Se tournant plusieurs fois, le cœur battant rapidement, elle ne voyait rien.
Alors pourquoi ?
Décidée, la jeune femme continua sa route, essayant de porter attention à sa marque, se disant que se serait sans doute un moyen de rester en alerte.
Où sont passés les bruits, les grognements ? Pourquoi ne puis-je rien entendre de ce qu'il se passe au loin ?
Tant de questions auxquels elle ne possédait pas les réponses. Pourtant, un bruit la ramena à la dure réalité.
Elle regarda au loin, continuant le chemin qu'elle empruntait, finissant même par entrevoir au loin une couleur de cheveux qu'elle connaissait parfaitement. Des cheveux de couleur blond coiffé la plupart du temps en bataille. Elle s'approcha, elle en était certaine. C'était son frère.
—Joey !
Mais ce dernier ne répondit pas à l'appel de sa sœur, disparaissant lentement, faisant place à l'une des deux créatures.
Choquée, Ambre n'eut le choix que de reculer, avant de finalement se retrouver clouée au sol, laissant ainsi la « chose » se rapprocher d'elle.
La chose était exactement comme son jeune frère l'avait si souvent décrite ; une créature dépourvue de chaire à certains endroits de son corps, laissant ainsi apparaître des os de couleur ivoire. Des griffes acérées et aussi lisses que des lames de rasoir.
Bien qu'en danger, Ambre essaya tant bien que mal de s'en sortir, rampant sur le sol, avant de se rendre compte qu'il était trop tard. Il la maintenait.
Les dents à découvert, la créature leva la seconde patte, permettant à la peur de reprendre possession de la jeune femme.
Le silence se brisa une dernière fois.
Puis le calme plat.
* * *
Le calme. La seule chose présente pouvant unir Joey à son sauveur auquel il n'accordait aucun regard, même s'il se souvenait parfaitement de ce qu'il avait fait à son égard.
Il n'avait pas hésité à lui sauver la vie ; même si cela nécessita à renoncer au sauvetage d'Ambre. Joey voulait savoir si elle aussi s'en était sortie, et si elle avait eu l'occasion de retourner chez leurs parents alors que lui-même ne savait pas où il irait.
Retournant finalement son regard vers l'inconnu, il l'analysa de bout en blanc.
Cet homme était de taille moyenne, les cheveux bruns coiffés en brosse, les yeux verrons, -bien que les deux yeux étaient dans les tons bleus-, il ne semblait pas aussi terrifiant que quelques minutes auparavant, lorsqu'il avait embarqué le jeune homme dans son véhicule. Qui quant à lui, semblait intrigué par une unique chose : comment avait-il connu son nom alors qu'il n'avait jamais prononcé son identité.
Était-ce le rayonnement des marques qui avait provoquer cette situation ?
Il n'en avait pas les réponses.
Tandis que la nuit continuait, le véhicule s'arrêta face à une vieille bâtisse. Une demeure qui semblait s'effriter très rapidement alors que les années défilaient à leurs rythmes.
—C'est ici que l'on s'arrête Joey ! Tu peux descendre et y entrer !
—Pourquoi ? Et vous ne m'avez encore rien dit de ce que je voulais entendre !
—Tu verras cela une fois rentré Joey, et puis ce n'est pas comme si je venais de te sauver de ce que tu nommes la « chose ».
—Pourquoi devrais-je vous croire ?
—Tu es si perspicace... Je te promets de tout te dire, même ce que tu n'auras pas envie de croire !
D'un hochement de tête, Joey était certain de la sincérité de ce sauveur, se permettant d'entrer et de scruter à la loupe chaque recoin de l'immeuble. L'intérieur était dans un état totalement différent que l'extérieur ; les couleurs étant plus chatoyantes, les murs ornés de papiers blanc et violet où se trouvaient posés contre, des meubles en bois de chaînes, ce qui ne pouvait qu'accroître l'étonnement de l'adolescent. Mais bien que les couleurs et la mise en place des meubles et autres photos rappelaient la joie, ce qu'il ressentait en était le parfait opposés. Au fond de lui, le froid et l'amertume régnaient malgré ce qu'il essayait d'oublier.
Restant sur ses gardes, Joey avançait progressivement, continuant de détailler ce qu'il apercevait devant lui. Rapidement, son sauveur l'arrêta, provoquant un sursaut chez l'enfant, après avoir posé ses mains au niveau de ses épaules pour pouvoir le rassurer. Chose veine.
—Ne t'en fais pas Joey, c'est toujours comme cela la première fois... Mais nous allons juste attendre que mon frère revienne pour correctement t'expliquer.
—Cela ne sert à rien de m'attendre Matteo, je suis déjà rentré !
L'attention de l'adolescent se dirigea vers le nouvel arrivant, le détaillant lui aussi. Ce dernier semblait plus rassurant que son sauveur dont il en connaissait enfin le nom. Cet arrivant possédait exactement la même coupe de cheveux, bien que la couleur se trouvait dans le ton noir, ses yeux étaient en amande et de couleur ambre. Malgré que son âge semblait proche de celui de sa grande sœur, Joey trouvait que la taille de cet homme était imposante, et en total contraste avec ce que son regard dégageait comme sentiments.
Ce dernier se rapprocha de l'adolescent, le scrutant à son tour, détaillant son état avant d'arrêter ses yeux sur le vêtement déchiré, laissant apparaître la marque, qu'il analysa rapidement avant de laisser un sourire se dessiner sur son visage.
—C'est aussi un visuel ; tout comme nous Matteo !
—Exactement Sean.
—De quoi parlez-vous ? Et qu'est-ce qu'un visuel ? Demanda Joey, ne comprenant par ce que les deux hommes pouvaient dire.
—Tu ne lui en as pas parlé Matteo ! Mais tu devais lui dire avant de le ramener chez nous, c'est important pour qu'il puisse comprendre !
—Non, car justement, j'attendais que tu sois présent cette fois, pour éviter la même histoire que le gamin de la semaine dernière... Dit-il avant de se retrouver vers Joey. Bon maintenant Joey, je peux tout te dire. Mon nom est Matteo Janssen, et tout comme toi et mon frère, je suis un visuel. Un visuel est membre de l'un des deux clans de personnes marquées ; l'autre clan étant les humés... Donc comme tu peux le comprendre, c'est la marque qui donne le clan et aussi la manière de l'imposition de la marque. Notre marque, et celle de tous les visuels est identique, de couleur noir et rouge. Pour les humés elle est différente, elle est...
—Rose et mauve... Intervient Joey, en se rappelant de la marque de sa sœur.
—Ou... Oui ; je ne sais pas comment tu sais cela, mais je continue. Les visuels sont ceux qui ont vu ce que tu appelles la « chose » bien que son véritable nom est ZombieWolf, alors que les humés ne l'ont pas vu lors du premier contact, mais ont été respiré.
Les yeux de Joey s'écarquillèrent au fil de la discussion, comprenant difficilement que lui et sa sœur n'étaient pas dans le même clan et donc que sans le savoir, Ambre était entrer en contact avec cette chose.
Cette chose brisait dix ans de leurs vies en les séparant.
Les informations étaient dures, difficiles à entendre ; les marqués avaient deux possibilités de destinées.
La première semblait de terminer sa vie transformée chaque nuit en ZombieWolf, -lors d'une chasse incontrôlée et lorsque la marque était touchée par la griffe de l'un des transformés du clan-, et de vivre en permanence la souffrance lorsque l'un des membres arrachés se reconstruisait à chaque fois encore plus meurtrit que la fois précédente, bien qu'en humain tout paraissait normal, à l'exception de l'apparition de chaque cicatrices à l'endroit des membres meurtris chez les créatures
Alors que la deuxième destinée était de mourir de la main d'un transformé de l'autre clan lors d'une des chasses incontrôlées de la créature.
L'avenir de Joey était donc scellé par un sombre destin.
Trop sombre à ses yeux.
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