JAS192

Maître Loup, se tenant droit devant le miroir,
Contemplait son reflet, le regard plein d'espoir ;
Imaginant la douce assise en l'attendant,
Sourit de tout son cœur et de toutes ses dents.
L'heureuse élue était, non pas louve, mais femme
Il rougit en pensant à l'objet de sa flamme,
A son souris si doux, et ses lèvres rosées,
Qui, d'une même voix, appelaient aux baisers.
Et afin de ne pas repousser son amante,
Il s'était parfumé aux herbes odorantes :
Son poil brossé, soyeux, sentait bon le jasmin,
Il se sentait fin prêt pour demander sa main.
Ensuite, il rétracta les griffes de ses pattes,
Enfin, il ajusta le nœud de sa cravate.
Sortant de son logis, un bouquet dans les bras,
Dans sa poche, l'écrin, aux précieux carats.
Alors, ouvrant la porte, apercevant la table,
Ô triste vision, horrible, épouvantable :
Planté comme un piquet, complètement crétin,
Maître Loup, sur le seuil, en perdit son latin :
Attrapant, fou de rage, un plat de viande ovale,
L'envoya avec force au nez de son rival :
Il vida d'un seul trait, un tonneau de chianti,
Puis tourna les talons, et, sans un mot, sortit.
Ainsi, l'amant blessé, à présent bien peu sobre,
Ressassait son malheur sous le gris ciel d'octobre :
« Immonde perfidie, ignoble trahison,
C'est toi qui as bâti les murs de ma prison !
Loin de me retenir, mon inique compagne
Tu m'as précipité du haut de la montagne.
Bien que tu n'en aies cure, entends-tu dans la plaine
Se diriger vers toi mes murmures de haine ?
Tu cachais en ton sein un funeste cadeau,
Alors, tu m'as planté un poignard dans le dos !
Je l'avoue, j'ai mon cœur qui s'emballe et se serre.
Car je croyais pourtant que tu étais sincère...
Tu m'as promis l'amour, mais dans un serment flou,
Voici mes derniers mots ». Ainsi mourut le Loup.

Julia Anya Strauss

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