Ma Petite Marie, je t'écris en ce jour
Pour envoyer chez toi un peu de mon amour:
J'interromps mon travail pour t'écrire une lettre,
Contemplant à travers une triste fenêtre
Ces milliers d'oiseaux, qui, dans le firmament
Rappellent à mon cœur ton visage charmant;
Et je revois en rêve au milieu des nuages,
Comme tracés par Dieu, les traits de ce visage:
Une statue de marbre finement sculptée,
Une grâce qui n'a d'égal que ta beauté.
Les plus grands empereurs donneraient leur empire
Pour le seul plaisir de voir naître ton sourire:
Un rayon de Soleil sur tes lèvres rosées
Qui, d'une même voix appellent aux baisers.
Bien des Princes, des Rois, dans tes yeux magnifiques,
Auraient vu la grandeur des déesses antiques.
Tu aurais d'un regard chassé de tous les cœurs,
Les Maux, la Peur, l'Orgueil, la Haine et la Rancœur.
Ta peau faite de neige et ton regard de flammes
Jadis ont su trouver les portes de mon âme,
Et la clef de mon cœur de trouve dans le tien,
Ô toi Noble Vénus sans qui je ne suis rien!
Dans tes bois, tu tiras, Artémis chasseresse,
Avec l'arme d'Eros le long trait qui me blesse.
Ô toi splendide objet d'un amour éternel!
J'irai cueillir pour toi les étoiles du ciel,
Puis les accrocherai dans ta crinière brune:
Comme broche d'argent, je t'offrirai la Lune.
Lorsque j'aurai fini de dégarnir les cieux,
La lumière du Monde sera dans tes yeux,
Et tu pourras ainsi d'un mouvement de tête
Répandre tes rayons sur toute la planète.
Tu es Lune et Soleil, Maîtresse des Saisons,
Tu trouvas en ton sein la clef de ma prison.
Tu es venue me voir et tu brisas mes chaînes,
Tu es venue m'aimer et soulager mes peines.
Tu es Jour, tu es Nuit, Eté ou bien Hiver,
L'Origine et la Fin, tu es mon Univers.
Mon Bonheur décliné dans toutes ses nuances,
Ô combien je chéris le jour de ta naissance !
Ainsi que l'écrivait un homme de talent,
A son amante au loin, dans ses billets galants,
C'est sur ces quelques mots que finit mon poème :
« Là où il n'y a rien, lisez que je vous aime ».

Julia Anya Strauss