Chapitre 10
Carmen ressortit du bureau de Laurent quelques minutes plus tard, beaucoup plus détendue qu'elle ne l'a été ces derniers jours. Non seulement Laurent ne l'avait pas punie pour l'échec de sa dernière mission, mais en plus, il lui faisait encore confiance pour en mener une autre ! Elle était consciente des risques qu'elle prenait mais elle se sentait prête à les courir.
Elle devait le faire, pour la Famille du Sud.
Elle redescendit dans le pub, alla se commander un grand verre de Gin auprès d'Aël qui l'accueillit avec un sourire bienveillant et alla s'assoir à une table isolée dans un coin de la pièce. L'endroit était une fois de plus très bruyant, ça l'agaçait ; Carmen n'avait jamais été quelqu'un de très sociable.
Quelques minutes plus tard, Aydan entra dans la pièce, seul. Il boitilla jusqu'au bar et commanda une bière à Aël qui la lui servit aussitôt. Tout en portant la bouteille à sa bouche, ses yeux glissèrent sur les personnes présentes et s'arrêtèrent sur Carmen. Il lui sourit et vint s'assoir en face d'elle.
- Salut ma belle ! Salua-t-il avec un sourire. Tu peux à nouveau sortir ?
- Comme tu vois. Répliqua-t-elle avec un haussement d'épaules.
Elle détailla le jeune homme durant quelques secondes. De près, son état était encore plus inquiétant que de loin.
- Samael et Adonis ne sont pas allés de main morte. Ajouta-t-elle en désignant d'un signe de tête son œil au beurre noir et son bras en écharpe.
Aydan grimaça un sourire.
- Ce n'est rien. Dit-il d'un ton bravache. J'ai survécut à bien pire, tu te souviens ?
- Certes. Marmonna-t-elle.
Elle se retint de lever les yeux au ciel devant l'attitude du jeune homme qui, pour une raison qui lui était inconnue, commençait à l'exaspérer. Elle avait beau chercher, elle n'arrivait pas à se souvenir à quel moment Aydan avait survécut à pire qu'un passage à tabac avec les deux mercenaires.
Mais ce n'est pas faute d'essayer de chercher.
- Laurent m'a pardonné. Poursuivit-elle. Notre mission a été moins catastrophique que ce qu'il s'était imaginé.
- Tant mieux. Il faut qu'on aille fêter ça ! S'exclama-t-il en lui prenant la main. Tu m'as beaucoup manqué, tu sais ? On se prend une bonne bouteille, on se met un peu de musique et on passe la soirée chez moi. Qu'est-ce que tu en dis ?
Carmen le contempla quelques secondes avant de retirer sa main de la sienne d'un geste un peu plus brusque qu'elle ne l'aurait voulu. Il avait l'air si hébété qu'elle faillit éclater de rire.
- Je regrette, Aydan, mais je vais devoir refuser ton invitation.
- Pourquoi ? Protesta-t-il.
- Parce que je ne n'ai pas très envie de tenir la chandelle pendant que tu passes du bon temps avec Eileen. Parce que je suppose qu'elle sera également invitée, non ? Vous êtes ensemble apparemment.
- De quoi est-ce que tu parles ? Demanda Aydan, son sourire s'effaçant de son visage, visiblement surpris.
Carmen poussa un long soupir :
- Tu sais, même si je suis cloîtrée chez moi, je peux voir toutes les allées et venues depuis ma fenêtre. Et j'ai vu comment tu tenais Eileen dans tes bras. Alors ne me dis pas que je t'ai manqué.
Aydan avait soudain pâli. Il se pencha vers elle et murmura d'un ton précipité :
- Ça ne veut rien dire, Carmen. Elle n'a fait que de me soigner, je te le promets ! Il n'y a rien entre elle et moi !
- Entre nous, il n'y a rien non plus. Répliqua-t-elle doucement. A moins que je ne me trompe ? Ajouta-t-elle avec un regard interrogateur.
- Oui. Enfin, non ! Tu sais, je t'aime beaucoup et...Eileen...enfin, avec elle c'est...
Il chercha ses mots. Carmen le laissa patauger quelques secondes avant de suggérer :
- C'est différent ? J'en viens donc à la conclusion que tu nous aime autant l'une que l'autre et que tu voudrais qu'on soit toutes les deux avec toi.
Il poussa un long soupir :
- Ecoute...J'aurais préféré te le dire autrement mais...C'est avec toi que je veux être. Je te le jure, c'est toi que j'aime.
Carmen le regarda une longue seconde avant de secouer la tête :
- Je regrette, Aydan, mais je ne te crois pas. Comment le pourrais-je alors que je t'ai vu dans les bras d'Eileen ?
- Je sais que ce que j'ai fait porte à confusion. Mais mes sentiments envers toi sont sincères. Assura-t-il en lui reprenant la main.
Une fois de plus, elle se dégagea de son étreinte.
- Je ne le pense pas. Répliqua-t-elle. Si tu étais vraiment sincère, tu ne t'amuserais pas avec Eileen. Je n'ai pas l'intention d'attendre que tu veuilles bien me voir, je n'ai pas non plus envie de te partager avec une autre fille et je n'ai pas envie de souffrir à l'idée que tu es dans les bras d'une autre alors que moi j'aurais besoin de toi. Je n'ai pas l'intention de jouer à ce jeu, Aydan. C'est soit elle soit moi.
Il la regarda de longues secondes, le visage sombre.
- Tu ne veux donc pas de moi ? Articula-t-il d'une voix grondante.
Carmen hésita une fraction de seconde :
- Non. Je ne veux pas de toi. Pas comme ça.
- Je vois. Grogna-t-il.
Ils se regardèrent long moment en silence. Puis, Aydan termina sa bière d'une seule traite, se leva et quitta la salle sans un regard pour elle.
Carmen le regarda partir avec une pointe de culpabilité au creux de son ventre. Elle n'allait plus jamais refaire équipe avec lui pour des missions et elle en ressentait un sentiment de vide. Mais elle retourna son attention sur son propre verre et ne songea plus à lui.
Il n'y a avait aucune chance qu'Aydan et elle puissent vivre une quelconque histoire d'amour, malgré quelques sentiments affectueux l'un envers l'autre. De toute manière, elle avait d'autres soucis en tête, bien plus urgents à régler que ses problèmes de cœur.
- Il y a de l'eau dans le gaz, ou il y a une possibilité que je te tienne compagnie ?
Cette remarque narquoise la tira brusquement de ses pensées. Elle se retint de jurer lorsqu'elle aperçut Kylian et sa bande, formée de Nico et Malo, qui la regardait avec attention.
Elle calla son dos contre le dossier de sa chaise, les bras croisés et releva la tête en signe de défi :
- Ça dépend. Répliqua-t-elle. Si tu es venu pour me narguer, tu peux tout de suite aller te faire voir !
Kylian leva les mains dans un geste apaisant, sans se défaire de son sourire :
- Range tes griffes, petite panthère ! Cette fois, je ne viens pas chercher la bagarre.
- Etonnant. Siffla-t-elle.
- On voulait te proposer une partie. Intervint Nico en sortant un paquet de cartes de sa poche. Cooper nous a fait faux bond et il nous manque un joueur.
Carmen aurait parié que Cooper était en compagnie de la belle Jacky. Elle soupira :
- Où est le piège ?
Le sourire de Kylian s'élargit tandis qu'il s'asseyait en face d'elle.
- Il n'y a pas toujours des pièges, princesse.
- Ne m'appelle pas comme ça. Dit-elle durement.
- Soit. Alors ? Tentée ?
La jeune fille réfléchit un long moment.
- Une seule partie, alors. Marmonna-t-elle.
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