Chapitre 1

Elle était allongée sur le ventre, à même le sol, le regard figé sur un point à l'horizon.

Elle attendait.

La lune était masquée par de gros nuages noirs et menaçants, un vent sec s'était levé, balayant la poussière sur son passage. Au loin, un éclair jaillit dans le ciel, si vite que la jeune fille douta de l'avoir vu. Puis, un grondement sourd résonna.

L'orage n'était pas loin.

Carmen passa une main impatiente sur son visage pour chasser les mèches brunes et folles qui s'étaient échappées de son chignon. Elle entendit des bruits de pas derrière elle. Instinctivement, elle se retourna sur le dos et plongea sa main vers le Taser qu'elle portait en toutes circonstances à la ceinture, prête à se défendre contre l'intrus.

Durant quelques longues secondes, aucun des deux ne bougea. Puis, la jeune fille rangea son arme en grondant :

- Bordel, Aydan ! Jura-t-elle, furieuse. On avait dit que tu devais m'attendre de l'autre côté !

- J'en avais marre d'attendre seul. Répliqua-t-il calmement.

Carmen repris sa position initiale en traitant le jeune homme de tous les noms à voix basse. Aydan s'installa à côté d'elle, son coude frôlant le sien.

- Alors ? Reprit-il.

De mauvaise grâce, elle lui désigna l'immeuble qu'elle observait depuis le début de la soirée, à moins d'une cinquantaine de mètres de l'endroit où ils se tenaient.

- Il ne reste plus qu'un veilleur qui fait le tour du bâtiment. Expliqua-t-elle. Tous les autres sont partis.

- Bon. On y va. Je neutralise le veilleur et toi, tu t'infiltre dans l'immeuble.

- Comme d'habitude. Répliqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

Ils se redressèrent et s'approchèrent de leur cible le plus vite possible. Aydan, qui avait de longues jambes, prit rapidement les devants et Carmen le suivit tant bien que mal.

A première vue, l'immeuble qu'ils avaient pris pour cible n'avait rien qui le différenciait des autres immeubles de la ville ; Il était haut de trois étages, ses murs étaient décrépis et lézardés, certaines des fenêtres étaient cassées et poussiéreuses. Bref, un immeuble abandonné comme des centaines d'autres dans cette ville.

A un détail près : Les barreaux neufs qui avaient été installés à toutes les fenêtres pour empêcher quiconque de passer par cette voie et le cadenas tout aussi récent qui empêchait les intrus d'entrer par-là.

Les deux protagonistes venaient d'arriver à l'angle de l'immeuble. Aydan se retourna vers Carmen :

- Le veilleur va arriver par où ?

- Il fait le tour dans le sens des aiguilles d'une montre. Expliqua-t-elle.

Il y eu un bref silence.

- Il va arriver par ce côté ! Ajouta-t-elle, en désignant l'angle de l'immeuble.

Aydan haussa les épaules, vexé.

- Fallait commencer par ça ! Le sens des aiguilles d'une montre...Non mais j'te jure...

Il poussa un long soupir :

- On se retrouve tout à l'heure, princesse !

- Fais gaffe à toi, il a peut-être une arme sur lui !

Il se retourna vers elle, moqueur :

- Tu t'inquiètes pour moi ?

- Crève.

Il lui envoya un baiser et fila vers l'angle de l'immeuble pour surprendre le veilleur et le neutraliser. Carmen, elle, couru vers la porte cadenassée. Elle l'examina avec attention et failli tomber des nues : C'était un bête cadenas à trois chiffres qui protégeait les secrets de leurs ennemis ? Rien de bien compliqué, donc.

Affligeant.

Carmen avait toujours eu ce que d'autres appelaient « un don ». Décrypter des symboles ou des codes, débloquer des cadenas, deviner les bonnes combinaisons, c'était sa spécialité. Il n'y avait rien de miraculeux à ce phénomène. Ça lui venait naturellement en tête et elle parvenait rapidement à trouver les combinaisons de chiffres ou de symboles.

C'est pour cette raison que sa Famille l'envoyait souvent en mission de cambriolage. C'était toujours pratique d'avoir quelqu'un capable de débloquer un cadenas en quelques secondes plutôt que de trimbaler une cisaille à métaux dans son sac.

Ce fut donc naturellement que Carmen s'attaqua au cadenas et trouva les trois chiffres en moins de vingt secondes. Elle entrebâilla la porte et se glissa à l'intérieur de l'immeuble. Il était moins inhabité qu'il n'en paraissait : Il n'y avait pas la moindre poussière sur les étagères entreposées dans un coin et le sol en lino sentait le dissolvant, comme si quelqu'un venait d'y faire le ménage.

Carmen bondit dans les escaliers et s'arrêta sur le palier du premier étage. Il y avait un long couloir, bordé d'une dizaine de portes. La jeune fille en poussa une et découvrit un bureau minuscule avec pour simple mobilier une table et une chaise. C'était un bureau pour quelqu'un de moindre importance. Or, elle avait des documents à trouver et ceux-ci étaient très importants.

Du moins, suffisamment pour vouloir les voler.

Elle poursuivit donc sa route dans les étages. Au deuxième les bureaux étaient un peu plus grands, les personnes qui y travaillaient avaient en peu plus de place. Dans la suite logique des choses, le troisième étage était réservé pour les plus hauts gradés.

En effet, il n'y avait qu'un seul bureau qui prenait tout l'étage. Sur la table en bois sombre, il y avait un ordinateur.

Carmen sourit et s'assit derrière l'écran. La chaise grinça légèrement sous son poids. Elle tendit l'oreille, guettant le moindre signe de vie. Mais elle était seule. Elle alluma l'ordinateur et ce dernier mis un moment avant de charger. Quelques minutes plus tard, l'écran s'illumina et fit apparaître la session et le mot de passe.

Une fois de plus, son talent fut mis à contribution. Elle trouva le code de la session et y entra sans plus de difficulté. Elle dirigea la souris vers un document laissé sur le bureau. Elle cliqua deux fois. Le document s'ouvrit et plusieurs fichiers informatiques défilèrent devant ses yeux. Elle dû chercher plusieurs minutes pour trouver celui qu'elle était venu récupérer. En ouvrant le fichier, ce ne fut qu'une liste interminable de codes, de symboles, de chiffres qui défilèrent. Carmen devait les télécharger et les donner à son Chef de Famille.

Elle sortit de sa poche une clé USB qu'elle brancha à l'ordinateur. Elle dû craquer encore un ou deux codes de sécurité qui prirent plus de temps car plus complexes et transféra le fichier sur sa clé. La barre d'évolution apparu sur l'écran et progressa beaucoup plus lentement que ce qu'elle s'était imaginée.

11 %

Par l'une des fenêtres, elle aperçut les reflets de la lumière crue de lampes torches.

23 %

Carmen se tendit. Par la fenêtre entre-ouverte, elle entendit des voix parler entre elles précipitamment.

36 %

Ce ne pouvaient être que leurs ennemis, ceux qu'elle était en train de voler. Il n'y avait pas d'autre explication possible.

48 %

De là où elle se trouvait, elle pouvait entendre les cris des hommes qui appelaient le veilleur. Aydan avait déjà dû le maitriser. Il était en danger.

52 %

Un coup de feu retentit brusquement. Carmen sursauta violemment. Ils avaient repéré Aydan !

64 %

La jeune fille ne pouvait ignorer d'avantage le danger qui grondait dehors. Elle retira précipitamment sa clé USB sans que le fichier ne soit entièrement transféré, bondit de sa chaise et descendit quatre à quatre les escaliers, le souffle rauque.

« Mon Dieu, si tu existes, fais qu'Aydan n'ai rien ! » Pria-t-elle intérieurement. 

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