Chapitre Quatre

J'ouvre mon armoire avec une telle force que les portes en bois percutent le mur.

— Je n'ai rien à mettre ! gémis-je tout en jetant par dessus mon épaule chaque vêtement qui me passe sous la main.

Ce n'est pas un rendez vous, bien entendu. Il ne m'intéresse absolument pas. Oui, il ne m'in-t-é-r-e-s-s-e pas. Est-ce que je me répète cela pour me convaincre ou parce que je le pense réellement ? Je fronce les sourcils et fais la moue.

Après avoir lancé la quasi-totalité de mon armoire sur mon lit, je tombe enfin sur quelque chose. J'enfile en vitesse une robe rouge moulante que je viens de dégotter au milieu de mes jeans. Il faudrait vraiment que je range cette armoire.

Tandis que je m'observe dans le miroir, un nouveau problème vient d'apparaitre. On voit mes sous-vêtements sous la robe. Je me retourne d'un bloc et marche sur le lit en manquant de tomber pour rejoindre ma salle de bain. C'est à la vue du bac à linge débordant que je me rappelle que c'était supposé être aujourd'hui la journée de la lessive. Je souffle. Je devrais sûrement arrêter de faire ça, je vais me transformer en ventilateur.

Je n'ai pas vraiment le choix. Je prends le soutien gorge beige dans la pile et le mets. J'ouvre ensuite rapidement le tiroir de ma commode et découvre qu'il me reste seulement un string. Oh non, je me souviens très bien de ce string. Je l'avais acheté pour le mettre avec le pantalon à pince blanc. Quand j'y pense, je ne le porte jamais. Il me serre beaucoup trop. Cela doit être la forme, ou je l'ai peut-être acheté trop petit, ou j'ai grossi ? Oh, on va dire que je l'ai acheté trop petit.

J'arrive tant bien que mal en me trainant sur mes talons haut perché devant la porte d'entrée de Lucas. Je m'arrange rapidement et tente une pose maladroite. Après avoir toqué, je patiente quelques instants. Je tape une seconde fois en l'absence de réponse.

Mais que peut-il bien faire ? Peut-être aurai-je dû l'appeler avant ? Il doit être sorti. Mais sorti avec qui ? Peut-être avec une fille ?

Mon estomac se tord subitement. Je l'imagine sirotant un cocktail avec une grande blonde avec un accent nordique. Oh non, Lucas ne peut pas être avec ce type de fille !

— Oh Carla ! s'écrit Lucas en ouvrant la porte.

Je lâche un cri de surprise étant subitement sortie de mes pensées. Je manque de tomber à la renverse à cause de ces satanés talons. Je l'invite à me suivre jusqu'à mon appartement.


— Je t'en prie assieds-toi. J'ai une grande nouvelle à t'annoncer.

— Ouh là ! J'ai peur !

Je pique un fard tandis que ce dernier s'exécute.

— Comment ça, tu as peur ! N'importe quoi ! je commence à m'agacer.

— Avec toi il faut s'attendre à tout !

— Comment ça !? C'est absolument faux !

— Carla ..., dit-il avec un ton que je n'apprécie pas du tout.

Insinue-t-il que je mens ? Insinue-t-il que je me mens à moi-même en disant que je ne fais pas n'importe quoi ? je me raidis.

— Je t'en prie exprime tes pensées, je crache les lèvres serrées.

Lucas se lève tout d'un coup, me contourne et se met derrière moi.

— Je veux juste dire que tu es une femme pleine de ressources et d'imagination, me réconforte-il tout en me massant les épaules.

Oh mon dieu, ce qu'il masse bien. C'est vrai que je suis un peu tendue. Peut-être qu'avec l'argent de la vente d'aujourd'hui je pourrais m'offrir un massage en institut. Oh oui, ça me ferait un bien fou d'être chouchoutée dans un de ces superbes instituts de beauté.

— Bon... Je peux donc t'annoncer la nouvelle ou pas ? je reprends désormais détendue.

— OUI, m'invite à continuer Lucas tandis qu'il se rassoit.

Mon coeur bat fort. Ses grand yeux grands bleus océans sont si beaux. On pourrait s'y noyer dedans. J'ai l'impression qu'il existe une sorte de connexion. On n'aurait même pas besoin de parler que je pourrais deviner ce qu'il pense. Je divague. Carla reprends toi !

— Bon alors, j'ai trouvé enfin une idée qui rapporte !

— Oh non, quoi encore ? s'écrit Lucas en se plaquant la main contre le front.

— Non mais c'est une bonne idée cette fois !

— C'est ce que tu m'avais dit quand tu as voulu lancer ta chaine youtube.

— Oui mais non je ne rends pas bien en vidéo finalement... je réplique en grattant le nez.

— Bon alors c'est quoi ?

— Dimanche je suis allée faire des vide-greniers ! j'annonce avec enthousiasme.

_ Quoi ? me coupe-t-il sans que j'ai le temps de finir ma phrase. Mais pourquoi ?

— Attends, laisse moi finir ! J'y ai acheté un certain nombre d'objets que j'ai ensuite mis en vente sur internet et biiim ! Je crie en frappant dans mes mains.

— Biim ? m'imite Lucas. Comment ça biim ? Tu t'es faite arrêter par les flics ?

— Quoi ? Mais pas du tout !

Mais à quoi pense-t-il enfin ? Je plisse des yeux pour essayer de le deviner à travers les siens. Lucas me lance un regard perdu. Bon pour la connexion, on repassera.

— J'ai tout vendu ! j'affirme très fière de moi en posant les poings sur mes hanches.

— C'est pas vrai !

— Si !

— Mais non ! continue-il incrédule.

— Si je te dis que oui !

— Félicitations ! s'exclame-t-il en me prenant dans ses bras.

Je ferme les yeux pour mieux profiter du moment. Je pourrais rester des heures comme ça. Je suis si bien dans ses bras. J'ai l'impression que plus rien n'existe autour de nous. Nous sommes comme dans un univers parallèle.

Mais qu'est-ce que je dis ? Ça ne va plus du tout là ! Je me dégage de son étreinte dans un sourire forcé.

— Je te sers quelque chose à boire ?

— Avec plaisir.

Je pars dans la cuisine chercher un verre à pied et le remplis de vin rouge. J'avais totalement oublié son existence jusqu'à tout à l'heure. Je suis sûre que ma maison est remplie de trésors dont j'ai totalement zappé leur existence à force d'accumuler.

— Alors dis moi Carla, que vas-tu faire de tout cet argent ? me demande Lucas tout en récupérant le verre tendu.

— Je ne sais pas pour le moment, je lui avoue même si j'ai encore l'idée du massage dans le coin de la tête.

— Peut-être que tu pourrais m'inviter au resto ? dit-il d'un air taquin. Je ressens un léger sous-entendu dans sa voix. Je tressaille.

— Et pourquoi donc ? je demande en gardant le même ton.

— Car... il laisse en suspens sa phrase quelques instants.
Je suis ton « Lucas adoré ».

— Qui te dit que je t'adore ?

— Mmmh plus alors.

— Comment ça plus ? Je réplique en rougissant. Il ne faut pas que j'entre dans son jeu. Je vais arriver sur un terrain miné que je n'ai pas envie d'emprunter ce soir, surtout pas avec ces talons d'ailleurs.

— Tu m'adores pas, tu ..., il semble chercher ses mots.

— Je ? je l'encourage en m'humidifiant mes lèvres.

Je passe en revue dans ma tête toutes les possibilités que ce dernier peut énoncer. Il faut que j'anticipe déjà la réponse. Je dois garder de la distance avec lui sans le froisser. Qui a dit que les échecs étaient le plus grand jeu de réflexion ?

— Tu me vénères tel un dieu !

J'éclate de rire. Mes battements de coeur ralentissent et mes muscles se décontractent. C'est bien Lucas ça ! Il tente une ouverture et quand le terrain devient trop difficile, il marche sur des oeufs et s'en tire avec une pirouette humoristique.

— Mais oui bien sûr, je réponds avec ironie en avalant une gorgée tout en le dévorant des yeux.

Quel sacré numéro ce Lucas ! Je suis si contente de l'avoir en ami proche. Il est toujours là pour m'épauler, me remonter le moral ou me faire rire. En fait, c'est un peu comme un frère. Je vais peut-être loin en employant ce terme. Je devrais plutôt dire ... je ne sais pas quel mot utiliser. C'est comme un petit-ami sans la partie romantique. Roh quel dommage quand même...

— À quoi tu penses ? À moi ? m'interroge Lucas avec un sourire rempli malice.

— Quoi ? Mais pas du tout ! je réplique en feintant un ton indigné.

J'avale rapidement une autre gorgée mais je peux sentir le rouge me monter aux joues.

Merci d'avoir lu ce nouveau chapitre !

J'espère que ce petit "rendez-vous" vous a plu et surtout vous a fait rire. La suite des aventures de Carla sera disponible la semaine prochaine. Vous rencontrerez un nouveau personnage secondaire ainsi que vivrez une péripétie royale... je n'en dis pas plus !

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