Chapitre 38 : L'étau se resserre
"-Je ne vous permets pas.
-Attention Carelle. Ne joue pas à ce jeu dangereux avec moi. Si quelqu'un doit perdre ici, ce ne sera pas moi."
La jeune femme affronta le regard mauvais de M. Erpin, sans trembler.
"-Mais que croyez vous faire ?
-Oh mais ça, ça ne regarde que moi, chère Carelle.
-Vous ne tirerez jamais rien de moi.
-C'est ce qu'on verra... Maintenant sors."
La styliste fut surprise de cette dernière phrase : il n'avait donné aucune sanction.
Elle ne comprenait pas, mais ne se fit pas prier et sortit à grands pas.
Elle se dirigea vers Vilya :
"-Alors ?
-Rien.
-Rien ?
-Rien."
Son amie était aussi surprise qu'elle.
"-J'ai du mal à te croire... Il y a anguille sous roche.
-Oui, c'est ce que je pense aussi. C'est étrange qu'il me laisse partir comme ça sans aucune sanction."
Alors que les deux jeunes femmes étaient perdues dans leur réflexion, Aline revint, un sourire mauvais collé aux lèvres.
Au même instant, M. Erpin sortait de son bureau avec la même expression faciale.
Dès lors qu'elle le vit, Aline prit un visage peiné et dit à haute voix, de telle sorte que tous purent l'entendre :
"-Oh, M. Erpin... Je ne comprends pas pourquoi Carelle me traite ainsi... Je ne lui ai pourtant rien fait ! Ai-je fais quelque chose de mal ?"
À la fin de sa tirade, elle fit semblant de se faire pousser pour finir directement dans les bras de son patron.
Celui-ci la retint, tout en passant sa main en bas du dos d'Aline, ce qui ne sembla pas gêner cette dernière, bien au contraire.
"-Ne vous en faites pas, mademoiselle Aline. Vous n'avez absolument rien à vous reprocher. Ce n'est pas vous le problème.
-Comme vous me rassurez... J'ai cru un instant que c'était moi le problème, et je..."
Elle détourna la tête pour faire la jeune femme bouleversée.
"-Allons, allons, ne vous mettez pas dans des états pareils, ma chère. Venez, je vais vous emmener dans mon bureau. Ainsi, nous pourrons calmement parler de la sentance de mademoiselle Carelle pour son acte odieux.
-Je vous remercie infiniment pour votre gentillesse. Vous êtes un ange incarné !"
Aline en rajoutait, et en faisait des caisses.
Et alors qu'ils se dirigeaient tout droit vers le bureau de M. Erpin, ce dernier ne se gêna pas pour mettre son bras autour de la taille de son employé, et celle-ci en profita pour se coller encore un peu plus à lui.
En voyant cette scène ridicule, Carelle ne put s'empêcher de rire, suivie par Vilya.
"-Il faut trouver une idée pour que M. Arewa nous croit. Car lorsqu'ils vont décider de la sentence, tu risques de souffrir.
-Tu as raison. Le problème est que M. Arewa ne croit pas en nos preuves. Il dit qu'on a fait un montage."
Vilya se mit à réfléchir :
"-Il nous faut donc des preuves tellement impressionnantes qu'il ne pourra pas nier que c'est un montage... J'ai une idée ! Il ne veut peut être pas voir ce qu'on lui montre... Mais si c'est lui qui le voit, alors ça change tout !"
Elle lui expliqua son idée, avant de poser la main sur l'épaule de son amie :
"-Je suis désolée Carelle, mais il va falloir tenir encore un peu. Tu verras, après tout sera rentré dans l'ordre.
-Je l'espère... Je ne supporte plus cet homme. En revanche, si ça ne marche plus, je démissionne.
-Quoi ? Non, ce n'est pas possible.
-C'est ma décision. C'est la dernière chance que je laisse à M. Arewa de comprendre. Je n'en peux plus.
-Je te comprends, mais en attendant, il faut que tu tiennes bon. Après, tu seras débarrassée de lui pour toujours."
***
À la fin du service le soir même, il n'y eut pas que Carelle qui s'attarda.
Pour la première fois, Aline resta afin de discuter avec M. Erpin. Elle lui faisait du rentre-dedans, cela était visible à des centaines de kilomètres.
Alors qu'enfin elle partait, Carelle se précipita vers M. Erpin.
Et sans attendre, elle lui dit :
"-J'accepte. Je veux partir en rendez-vous avec vous."
Il haussa un sourcil. Son regard était méfiant, mais son sourire en coin traduisait son contentement.
"-Pourquoi avez vous changé d'avis ?
-Et bien, c'est assez embarrassant à dire mais... Quand je vous ai vu toute la journée avec Aline, qui n'arrêtait pas de vous tourner autour, ça m'a rendue hors de moi ! Je sais que c'est mal, mais ça m'a rendue jalouse ! Je ne supporte plus de la voir collée à vous ainsi."
Toute once de méfiance avait disparue des yeux de son patron. Il avait désormais un sourire mauvais aux lèvres et répondit d'une voix mielleuse :
"-Je suis ravi de votre pensée. Ce soir, 19h, au café d'en face.
-Soyez certain que j'y serai.
-J'ai hâte, dans ce cas..."
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