Chapitre 29 : "Vous ne pouvez pas dormir chez vous"

Ce soir-là, Carelle prit tard le chemin pour rentrer jusqu'à chez elle. Le rendez-vous proposé par Félix ayant duré plus longtemps que prévu, ce dernier avait décidé de la raccompagner chez elle, histoire qu'il ne lui arrive rien.

Mais alors qu'ils arrivaient devant l'immeuble de la jeune femme, un étrange sentiment s'empara d'elle. Son instinct ne la trompant que rarement, elle demanda à son petit ami de la suivre jusqu'à qu'elle soit rentrée dans son appartement.

L'ascenseur les mena à l'étage où habitait la jeune femme, et un silence malaisant s'installa ; personne ne savait quoi dire. Finalement, Félix amorça la conversation :

"Tu vois, finalement ta journée s'est bien passée ! Tu n'avais aucune raison de t'en faire, je savais que cette montée en grade serait pour toi un bon changement, et que tu t'y plairai."

Carelle esquissa un sourire : à part les problèmes engendrés par M. Erpin, son nouveau travail lui plaisait vraiment beaucoup ; elle avait de nouvelles responsabilités, et un travail plus large, ce qui lui permettait d'expérimenter de nouvelles choses.

"En effet, tu as raison."

La jeune femme attendit que l'ascenseur émette un bip sonore, indiquant l'ouverture des portes, pour reprendre :

"Mon nouveau travail me plaît beaucoup. Mais, il y a quelque chose qui m'empêche de m'épanouir."

Félix fronça les sourcils, quand Carelle tourna la clé dans la porte de son appartement.

"Je sais que tu aimes vraiment bien..."

Soudain, elle s'interrompit : son patron venait de pousser un cri d'effroi. Alors, la styliste se tourna pour voir de quoi il retournait.

Mais ce qu'elle vit la choqua plus que ce qu'elle imaginait, et elle en laissa tomber son sac à main par terre : son appartement était complètement retourné. Les tiroirs avaient été vidés, les rideaux arrachés, et certaines boîtes cassées.

Le choc lui coupa la parole et elle leva les yeux vers Félix. Lentement, il prit sa main dans la sienne, puis sortit son téléphone de sa poche.

Les choses s'enchaînèrent ensuite très vite ; la police arriva sur les lieux pour relever les premiers indices et faire un constat. Il était plus de minuit quand un policier vint à sa rencontre :

"Mademoiselle, c'est vous qui habitez ici ?"

Elle bredouilla un "oui" et il lui répondit :

"Nous sommes désolés mais le temps que toutes les empreintes et les indices soient relevés, vous ne pouvez pas loger dans cet appartement. Avez-vous un membre de la famille ou un ami qui habite non loin ? Car ce soir, et probablement demain soir aussi, vous ne pourrez pas dormir chez vous."

Carelle réfléchit à une solution, mais elle n'en voyait aucune : sa famille n'habitait pas ici, Mathilde n'avait pas de place pour l'accueillir, et Vilya habitait trop loin et elle ne voulait pas la déranger à cette heure-ci. Pour ce soir en tout cas, elle ne pourrait pas loger chez elle.

La jeune femme prit sa tête entre ses mains et répondit entre deux sanglots étouffés au policier :

"Non, personne ne peut m'accueillir, du moins pour cette nuit..."

Soudain, une voix la coupa dans sa réponse :

"Si, moi je peux. Tu pourrai dormir chez moi, cette nuit, Carelle."

L'intéressée releva la tête ; c'était Félix qui venait de parler.

"-Tu ferai ça ?
-Bien sûr.
-Mais tu... Ça ne te dérange vraiment pas ?
-Puisque je te le dis.
-Oh merci ! Merci mille fois Félix !"

Le policier sourit :

"Voilà que cette affaire est réglée. Vous pourrez venir porter plainte au commissariat pour avoir un déménagement, si vous êtes assurée. Bonne chance en tout cas."

Sur ce, les policiers quittèrent les lieux, laissant Carelle et Félix seuls.

"Aller, viens, je n'habite pas très loin, mais il faut rentrer maintenant. Heureusement que demain nous sommes samedi, nous allons pouvoir dormir !"

La jeune styliste sourit : c'était décidé, ce soir, elle dormirait chez son petit-ami !

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