Chapitre 26 : M. Erpin

Carelle se présenta tôt à son bureau, le lendemain matin. En effet, seul M. Arewa était arrivé. Ils se saluèrent poliment, tels deux collègues ordinaires. Mais la façon dont son patron la regardait n'échappa pas à Carelle : c'était de la tendresse qu'elle lu dans son regard.

Il lui indiqua ensuite les nouveaux aménagements de la pièce.
Les bureaux étaient désormais plus espacés les uns des autres pour faciliter la circulation, et les armoires inutiles remplies de babioles avaient été supprimées et remplacées par de simples étagères, qui prenaient moins de place.
Une fenêtre avait également été ajoutée ce qui laissait mieux la lumière filtrer dans la pièce.
Deux climatisateurs avaient (enfin !) été ajoutés dans la pièce qui pouvait monter jusqu'à plus de 35°C en été.
Enfin, des caméras de surveillance avaient été installées, pour éviter tout autre incident du genre de celui qui s'était produit avec l'ouvrage de Carelle.

Ses collègues arrivèrent les uns après les autres et, rapidement, tout le monde était réuni autour du bureau de M. Arewa.

Dès que tout le monde fut installé à son aise, ce dernier prit la parole :

"Bonjour à tous ! Tout d'abord, j'espère que vous avez apprécié le défilé, et que malgré ce qui est arrivé à mademoiselle Carelle, vous en avez profité. Vous avez également dû voir les aménagements dans cette pièce. Des travaux ont en effet eu lieu lorsque nous étions absents."

Il parla de la nouvelle organisation de la pièce et répéta presque mot pour mot ce qu'il avait dit à Carelle quelques minutes auparavant.

"Ensuite, reprit-il, je vous demande d'accueillir chaleureusement M. Erpin, votre nouveau collègue."

Tout le monde se tourna vers le principal intéressé, qui sourit timidement. Un par un, les collègues se présentèrent.

Lorsque ce fut le tour d'Aline, cette dernière ajouta :

"Je me porte volontaire pour faire visiter les étages de l'immeuble à M. Erpin !"

Carelle et Vilya levèrent les yeux au ciel, tandis que M. Arewa ne répondit rien.

Une fois que tout le monde eut terminé de se présenter, M. Arewa finit son discours :

"Enfin, et avec tout ce qu'elle a traversé, j'ai décidé de promouvoir mademoiselle Carelle et de la faire monter d'un grade ! Elle sera désormais mon assistante, mais restera votre collègue et effectuera presque le même travail que vous. Le seul changement que cela implique est qu'elle sera désormais votre supérieure, mais je ne pense pas que cela vous gêne."

La mine d'Aline se décomposa en même temps que celle de Carelle.

"Comment !" s'exclamèrent en chœur les deux jeunes femmes.

Carelle, comme la fois précédente, n'avait pas été mise au courant avant l'annonce.
Quant à Aline, elle n'arrivait pas à se faire à l'idée que, désormais, Carelle serait sa supérieure. Ses poings se serrèrent de rage et elle prit la parole :

"Mais enfin, Carelle ne peut pas être gradée ! Elle n'est parmi nous que depuis peu de temps, et elle n'a pas encore montré sa valeur ! C'est une injustice : il y a des gens qui sont ici depuis déjà des années et qui n'ont jamais eu aucune prime !"

Lorsque M. Arewa se tourna vers elle, son regard était rempli d'agacement :

"Cessez donc de vous plaindre, mademoiselle Aline ! Mademoiselle Carelle a déjà prouvé sa valeur plus d'une fois, et pleins de coups bas lui ont été faits. Cela ne m'étonnerai d'ailleurs guère que vous en soyez l'auteure, du moins pour certains. Mais, sur un point, vous n'avez pas tort : certaines personnes ici méritent une prime, pour leur travail. Je vais donc à tous augmenter vos salaires pour ce mois-ci !"

Aline, d'abord choquée par les propos de son patron, jubila ensuite à l'annonce des primes. Mais, rapidement, elle redescendit sur terre :

"Sauf pour vous, mademoiselle Aline. Après votre affront et les méchantes choses que vous venez de dire à Carelle, vous ne méritez pas cette prime."

La mâchoire d'Aline faillit se décrocher. Honteuse, elle courut aux toilettes, certainement pour pleurer et injurier Carelle.

"Bien. À présent ceci dit, je vais vous demander de commencer votre travail. Restent ici M. Erpin et mademoiselle Carelle."

Tout le monde obéit, et Félix se tourna vers sa petite amie :

"-Mademoiselle, je vous prie de faire découvrir à votre nouveau collègue le bâtiment, ainsi que les différents étages. Soyez tous les deux de retour dans 2 heures.
-Bien sûr ! Suivez-moi, M. Erpin."

Félix suivit du regard celle qu'il aimait, et dès que les deux eurent disparus dans l'ascenseur, retourna à ses occupations.

***

Carelle rentra dans l'ascenseur, suivit de près par M. Erpin. Elle appuya sur le bouton qui indiquait l'étage 1 et la porte se referma. À peine celle-ci refermée, l'homme la poussa contre le miroir, lui barra la route avec son bras droit et murmura dans le creux de l'oreille :

"Alors, Carelle, ça te dit de faire connaissance avec moi ? Moi en tout cas, je n'attends que ça depuis que je t'ai vu."

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