Chapitre 7



Réprimant un soupir tremblant Isla descendit l'escalier avant de se rendre compte qu'il ne ressemblait pas à celui qu'elle avait emprunté plus tôt dans la matinée. Les courbes de l'escalier lui donnaient le vertige. Elle faillit rater la dernière marche mais se rattrapa de justesse.

La lumière intense du soleil se fondait sur une immense salle à manger.

- J'étais à peu près sûr que vous alliez vous tromper.

Cette voix, si grave, si chaude et si menaçante à la fois faillit la faire sursauter. Il se tenait près d'une grande table en verre. Elle constata qu'il avait retiré sa veste.

- Pourquoi avoir deux escaliers ?

- L'appartement regorge de chemins diverses, beaucoup de mes employés s'y perdent.

Il courba son index dans sa direction.

- Suivez-moi, je vais vous faire visiter.

Isla s'entoura de ses bras et le suivit dans cette immense...cage dorée.

Tout était sombre mais dans la lumière vive du soleil et grâce aux baies vitrées Isla se sentait moins angoissée. Cependant, elle redoutait la nuit tombée...

- Seule ma chambre est pourvue de pureté, commenta-t-elle à la fin de la visite.

- C'est une chambre que je réserve habituellement à ma mère.

Il lui tira la chaise avec une galanterie qui la fit rougir mais regretta de s'être assise quand il se pencha près de son oreille.

- Cet appartement est à mon image, mademoiselle Rose, j'aime son aspect mystérieux et sensuel de secrets.

Malgré le frisson qui la parcourut secrètement elle trouva la force de lui répondre.

- Avez-vous des secrets monsieur Amadeus ?

- Suffisamment pour entretenir le mystère, répondit-il d'une voix suave.

Il se redressa et s'écarta à son plus grand soulagement.

Il s'installa en face d'elle. Isla remarqua que le contrat se trouvait sur sa droite ouvert sur les pages du questionnaire. Une odeur délicieusement sucrée lui monta au nez. La table était garnie de viennoiseries.

Il poussa le plateau dans sa direction, le regard enfoncé dans le sien, sans un mot, capable de se faire comprendre sans même ouvrir la bouche.

Isla prit un croissant chaud qu'elle mordit avec entrain.

Satisfait, il se redressa en expirant lentement par le nez.

Plus elle le côtoyait, plus Isla avait l'impression qu'il devenait de plus en plus intimidant.

- Vous avez étudiée l'art ? Pourquoi avoir arrêté vos études ?

- Je vous laisse deviner.

Il quitta des yeux le contrat pour braquer son regard dans le sien.

- Oliver ?

- En effet, murmura-t-elle sans d'autres explications.

Elle se servit une tasse de café puis versa une légère touche de lait.

- Vous êtes définitivement l'agneau sacrificiel.

Isla ignora son regard délibérément.

- Vous étiez douée ? Demanda-t-il soudain.

- Oui, j'adore dessiner, j'aime les tableaux anciens.

- Moi aussi j'aime acquérir de beaux tableaux, dit-il en reportant son attention sur le questionnaire.

Nerveusement elle mordit de nouveau dans son croissant.

- Vous n'avez pas répondu à certaines questions, nota-t-il en reposant le contrat.

Et elle n'avait pas l'intention d'y répondre, songea-t-elle en réprimant un accès de rougeurs.

En quoi sa vie sentimentale pouvait-il l'intéresser ? Elle était là pour jouer la comédie.

- Je ne vois pas en quoi cela pourrait vous intéresser.

- Au contraire mademoiselle Rose.

Il se redressa lentement sur la chaise puis se carra dans celle-ci, le regard percé d'intrigues.

- Lorsque nous devrons jouer, il sera évident que je devrais vous approcher avec subtilité. Il n'est pas exclu que je vous embrasse.

Isla réprima un hoquet de surprise les yeux écarquillés.

- Hors de question !

- Vous pensiez tout de même pas qu'ils allaient se contenter de quelques regards énamourer ?

Le feu aux joues elle secoua imperceptiblement de la tête. L'idée même que cette bouche dure et exigeante s'empare des siennes lui provoqua une violente bouffée de chaleur.

- C'est marqué dans le contrat, l'avez-vous lu ?

- Bien-sûr que je l'ai lu ! S'exclama-t-elle en peinant à contrôler son accès de panique : J'ai...j'ai peut-être sauté deux ou trois passages.

Puis soudain, Isla baissa les yeux sur le contrat tandis que son imagination débordante commençait peu à peu à dérailler vers la folie.

- Vous avez déjà entendu parler de ce livre qui a fait fureur dans le monde entier et qui a inspiré à des millions de femmes ?

- Non ? Je devrais ? Dit-il en soulevant sa tasse.

- Oui, parce que vous donnez l'impression d'être cet homme qui bientôt va m'avouer qu'il y a pièce secrète dans ces lieux dans laquelle vous vous adonnez à des pratiques sexuels des plus osé, lâcha-t-elle le cœur battant à la chamade.

L'homme d'affaires plissa lentement des yeux, gardant volontairement le silence.

- Je domine, j'aime le sexe vous pouvez en être certaine douce Isla, mais je ne m'adonne pas à ce genre de pratique, répondit-il d'une voix de gorge.

Empourprée mais soulagée elle baissa les yeux avant qu'il ne rajoute :

- Mais si vous le désirez, je serais ravi de m'y essayer avec vous, le jeu en sera plus que délicieux.

Le visage brûlant elle savait pertinemment qu'elle devait rougir comme une tomate. Il souriait, le regard intense...il fallait à tout prix qu'elle réplique même si elle lui avait donné assez de cartes en main pour la piéger.

- Je suis déjà captive, attachée ou non ne fera aucune différence.

Mauvaise réponse, songea-t-elle lorsqu'il murmura des mots dans une langue méconnue.

- J'en prends note douce Isla.

- Allez au diable !

- J'aimerais y allez mais j'ai une réunion dans une heure, soupira-t-il en refermant le contrat.

Il se leva puis enfila sa veste alors qu'elle se liquéfiait sur sa chaise rouge de honte.

- Louisa, la femme qui s'occupe de la maison ne devrait pas tarder, ajouta-t-il en faisant le tour de la table.

Il se pencha à nouveau près de son oreille.

- Essayez de ne pas trop l'assaillir de questions à mon sujet, chuchota-t-il avant de disparaître la laissant seule avec la chaleur étouffante de son souffle contre sa peau. Son parfum viril enivrant manqua de la faire défaillir. Ce fut seulement quand elle entendit les portes de l'ascenseur se refermer sur lui qu'elle respira convenablement.

Le cœur battant à tout rompre elle se retourna pour vérifier qu'elles étaient bien fermées.

Isla posa son regard sur le bord de la table et s'aperçut qu'il avait embarqué le contrat avec lui.

- Calme-toi ! S'ordonna-t-elle à elle-même en se passant les mains dans les cheveux. Comment avait-elle pu dire ou bien même envisager une chose pareille ?

Elle se cacha le visage entre ses mains avant de coller son front au bord de la table.

~

En arrivant au bureau Ragnar congédia la totalité de ses collaborateurs en exigeant une totale transparence de leur part. La lourde porte se referma sur sa secrétaire qui ne manquait jamais une occasion de lui faire comprendre à quel point elle serait partante pour se glisser dans son lit. Au plus grand malheur de celle-ci, Ragnar avait une autre femme en tête. Isla Rose. En plus de mettre à mal son corps, elle représentait une vague de mystères qu'il espérait résoudre avec ce contrat.

Il se souvenait précisément de son ton suppliant dans la voiture l'implorant presque du regard de ne pas être humiliée. En proposant cet accord, Ragnar avait presque oublié la beauté farouche et jeune qu'elle inspirait. Et derrière la maîtrise qu'elle faisait preuve pour lui cacher ses émotions Ragnar pouvait lire à travers elle sans qu'elle puisse le voir. Quelque chose de vulnérable se cachait derrière ses yeux bleus. Elle paraissait minuscule à ses côtés mais doté d'un désir secret d'approcher le danger.

N'avait-elle pas cédée à sa demande presque monstrueuse ?

Oui, il se sentait comme un monstre qui venait de s'emparer d'une pureté mystérieuse. Ragnar étouffa ses regrets sans grand mal et fit rouler son dos pour se détendre, mâchoires serrées.

Il reporta son attention sur ses réponses. Il voulait en connaître plus sur sa vie afin de ne pas se tromper quant aux questions qu'on pourrait lui poser sur elle. Et plus il survolait ses réponses plus il se rendit compte qu'elle évoquait presque un soupçon d'envie. L'envie d'être intéressante aux yeux de quelqu'un. Ses passions étaient pauvres, ses goûts alimentaires étonnants. Simple à satisfaire.

À la fin, Ragnar tapota son stylo sur le rebord de son bureau. En effet, il manquait sa signature pour sceller définitivement son destin au sien. Ragnar avait le choix de tout balayer et laisser cette pauvre jeune fille innocente reprendre le cours de sa vie ou bien signer ce contrat.

Le visage de la jeune femme s'interposa dans son esprit...suffisamment longtemps pour qu'il dépose sa signature scellant ainsi cet ange au démon qu'il était.

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