Chapitre 34
Désespérée de connaître la traduction des mots qu'il lui avait dit la veille, Isla s'empressa d'ouvrir l'ordinateur portable à sa disposition et s'engagea dans une longue recherche. Ragnar avait pour habitude de parler dans sa langue paternelle afin qu'elle n'ait aucune idée de ce qu'il pouvait ressentir pour elle.
En ayant assez de tout ses secrets Isla chercha à se rappeler ce qu'il lui avait dit la veille. Hélas il avait été si vite qu'elle se souvenait que de la fin.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
Isla releva les yeux de l'ordinateur pour planter son regard dans celui de l'homme qu'elle aimait. Oui, elle l'aimait.
À quoi bon le nier alors qu'elle lui avait avouée ses sentiments la veille non sans craindre sa réaction.
- J'ai décidé d'apprendre le Russe, dit-elle en se massant la nuque.
Il marqua un temps d'arrêt près des escaliers tout en nouant sa cravate.
- Et puis-je savoir qui ou quoi est à l'origine de cette décision ? Demanda-t-il d'une voix intéressée.
Isla se racla la gorge alors qu'il faisait le tour de la table pour se glisser derrière elle.
- Toi, répondit-elle en acceptant son baiser dans son cou : J'en ai assez de t'entendre me parler en Russe sans que j'en comprenne le sens. Il est temps pour moi de prendre des leçons.
Elle pouvait sentir son sourire derrière son dos.
- Ma phrase d'hier t'a à ce point perturbée ?
- Évidemment ! Répondit Isla agacée : Tu n'as de cesse de le faire depuis des semaines.
Il passa sa main sur son cou puis glissa sa paume sur son menton afin qu'elle incline sa tête en arrière.
- Je t'ai dit que je ne pourrais pas vivre sans toi.
Isla retint son souffle et pivota sur la chaise pour le regarder dans les yeux.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit hier soir lorsque je te l'ai demandé ?
Il soupira en glissant ses doigts bruns dans ses cheveux.
- Parce que j'aime garder mes sentiments pour moi mais je me rends compte qu'il m'est difficile de les garder secrets.
Isla lui sourit en retour.
- Et le reste ?
- Comment ça le reste ? S'enquit-il en fronçant des sourcils.
- Eh bien les autres phrases que tu as pu me dire par le passé, dit-elle en posant ses avant-bras sur les accoudoirs de la chaise.
Un long sourire diabolique s'étendit sur le bord de ses lèvres.
- Ça restera un mystère, chuchota-t-il en se penchant pour embrasser son front : je te conseil de travailler pour le savoir.
Pour appuyer ses paroles il fit pivoter l'écran de l'ordinateur.
Isla lui jeta un regard mécontent.
- Je finirai par te piéger Ragnar Amadeus, ce n'est qu'une question de temps.
Il écarta les bras en prenant un air théâtral.
- Mais je n'attends que toi trésor.
Elle se leva en récupérant l'ordinateur portable et s'approcha des escaliers.
- Je peux savoir où tu comptes aller comme ça ?
- Apprendre le Russe comme promis.
Il s'approcha en recouvrant un air sérieux.
- Je regrette trésor mais tu prendras des leçons plus tard nous devons partir dans moins d'une heure.
Sans lui donner d'autres détails il la précéda dans les marches et lorsqu'ils furent dans la chambre il prit possession de sa valise laissée dans un coins de la majestueuse chambre.
- Nous allons faire la rencontre de mon passé, annonça-t-il d'une voix éteinte et sans volonté.
Isla resta un moment muette. Ainsi c'était son père qu'il voulait lui présenter. Celui qui était à l'origine de ses tourments les plus profonds.
- Tu parles de ton père ?
- De qui d'autre, répondit-il en étalant une robe crème sur le lit : Tu m'as demandé si je craignais devenir comme mon père, je crois qu'il est temps pour toi de le rencontrer. Ainsi, tu pourras te faire ta propre idée.
- Depuis combien de temps tu ne l'as pas vu Ragnar.
L'expression impassible il haussa des épaules avec désinvolture.
- Suffisamment de temps pour ne pas avoir envie de le tuer.
Isla inspira profondément. À en juger son expression cette rencontre serait probablement à double tranchant.
- Ragnar nous ne sommes pas obligé tu sais.
- Bien-sûr que si trésor, d'une manière générale il le faut. Pour moi comme pour toi.
- Je ne pense pas que ce soit bon pour moi Ragnar, rétorqua Isla le cœur battant.
Elle s'approcha et poursuivit.
- Lorsque je t'ai demandé si tu avais peur de devenir comme ton père j'espérais de toi une réponse pas un voyage en Russie pour rencontrer celui qui t'a fait souffrir ainsi que ta mère.
Sans la regarder il posa le manteau sur le lit puis riva son regard au sien.
- Au contraire c'est ici que tu te trompes ma belle, dit-il en restant de marbre ; Je crois que j'ai besoin que tu fasses sa connaissance pour mieux me dire si oui ou non je lui ressemble.
Isla ouvrit la bouche mais resta sans voix. Peu à peu son esprit commença à réaliser ce qu'il voulait d'elle. Il voulait qu'à travers elle savoir s'il ressemblait à son père. Attristée Isla s'efforça de regagner ses esprits pour lui répondre.
- Tu n'es pas ton père et je n'ai pas besoin de le rencontrer pour le savoir.
Il émit un court et faible rire amer tout en secouant de la tête.
- Alors nous verrons cela lorsque nous serons avec lui, déclara-t-il d'une voix amère.
Parcourue de frissons elle le suivit du regard en se demandant si au fond de lui ce n'est pas ça qu'il attendait pour enfin aimer à nouveau. Sans le savoir, il venait de lui confirmer que sa seule peur d'aimer était son père ainsi que l'image désastreuse qu'il avait des femmes.
- Je pense que cette tenue t'ira à merveille, il ne manque plus qu'une chapka et tu seras sublime, lança-t-il depuis la salle de bains d'une voix neutre et plus amène, comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu.
- Une quoi ? répéta-t-elle un peu désorientée.
Il revint avec un chapeau rouge dont la fourrure semblait douce au touché.
- Rassure-toi c'est de la fausse fourrure, c'est un chapeau traditionnel d'ici.
Sans lui demander son avis il l'entraîna dans la salle de bains.
- Habille-toi trésor nous allons être en retard.
Il la quitta sans un mot de plus mais derrière cette expression impassible Isla avait su déceler une tension palpable. Au fond d'elle, Isla n'avait pas la moindre envie de connaitre son père mais pour lui, elle se sentait prête à le faire. Elle enfila alors la robe de couleur crème et cintrée à la taille puis le manteau dont la texture douce se glissait sur sa peau.
- Tu es absolument splendide Isla, lança-t-il d'une voix rauque depuis la porte.
Isla releva les yeux timidement sur le miroir et croisa son beau regard gris et qui instantanément la paralysa de tout son être. Chaque fois que cette paire d'yeux gris prenait possession de la sienne Isla avait l'impression que le monde s'arrêtait de tourner. Son cœur n'était plus qu'un assaut répété de battements de cœur et bien plus encore depuis qu'elle lui avait avoué ses sentiments.
Il s'approcha avec le chapeau, les mâchoires serrées comme s'il se retenait pour ne pas l'embrasser sauvagement.
D'une lenteur délibérée il ôta sa tresse et laissa retomber ses cheveux avant poser le chapeau sur sa tête.
- Absolument splendide, répéta l'homme d'affaires en passant sa main par-dessus son épaule pour incliner son visage sur le côté.
Ragnar cueillit les lèvres roses de la jeune femme en se faisant une ultime promesse. La protéger jusqu'à ce qu'il cesse de respirer même si elle venait à le quitter. Aussi douloureuse que fut cette promesse, Ragnar se promit de la respecter.
Comment avait-il pu douter un seul instant de cet ange si innocent et pur ? Comment avait-il pu remettre en doute sa parole le premier jour de leur rencontre ?
- Je stresse Ragnar, lui dit-elle en lui faisant face : Je ne ressens pas de joie à l'idée de rencontrer l'homme à l'origine de tes tourments.
Ramené à la réalité Ragnar sentit ses muscles se raidir. Isla avait définitivement quelque chose de spécial et c'est pour cette unique raison qu'il se sentait prêt à lui faire rencontrer son père.
- Tu n'as rien à craindre ma douce.
Il porta sa main à ses lèvres et ajouta avec amertume.
- Il est temps que tu fasses la connaissance de Vitali Amadeus.
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