Chapitre 26



Ragnar ne dormait plus depuis deux heures et gardait le regard fixé sur la jeune femme endormie à ses côtés. Les draps immaculés entouraient son corps fébrile dont la peau reflétait une douceur particulière.

" Cela m'importe peu "

Cette phrase le hantait depuis des heures. Lui qui portait une attention toute particulière à se protéger pendant ses rapports. Comment avait-il pu dire ça ? Et surtout pourquoi l'avait-il dit avec sincérité ?

Toutes les femmes avec lesquelles il avait eu de brèves aventures avaient subis un examen minutieux dans lequel aucun détail ne devait être oublié. Mais avec Isla, il avait eu l'impression de parler avec son cœur.

Un cœur froid et qui se refusait à tout sentiment.

La nuit dernière avait été pour lui la plus intense de toute sa vie. Chaque parcelle de son corps avait réagi de manière indescriptible. Il mourrait presque d'envie de recommencer. Il voulait à nouveau se perdre en elle. Une situation d'autant plus inédite qu'inquiétante.

Avec ses anciennes maîtresses, Ragnar n'éprouvait pas l'envie de recommencer. Il se contentait de partir sans prendre le temps de discuter et il ne les prenait pas non plus dans ses bras.

Pourtant il l'avait attiré dans ses bras après avoir lutté quelques secondes pour ne pas le faire. Elle s'était lovée contre son épaule timidement en adoptant une position en chien de fusil comme si elle craignait être de trop jusqu'à ce qu'il dépose un baiser dans ses cheveux.

Il la contempla et sentit naître un désir renouvelé.

Il ignorait totalement où tout cela allait le mener mais il était presque certain d'une chose.

Il n'était pas prêt à la laisser partir.

C'était une certitude qu'il n'avait pas le droit d'ignorer.

Ragnar quitta ses songes lorsqu'elle ouvrit les yeux regardant autour d'elle comme si elle ne savait plus où elle se trouvait. Elle battit lentement des paupières étouffant un bâillement puis étira son corps en ramenant les draps sur elle.

Ainsi voilà à quoi ressembler une femme au réveil ?

Aussi désirable, l'air enfantin, percée d'un naturel stupéfiant ?

La dernière femme qu'il avait vu se réveiller à ses côtés fut son ex-femme et celle-ci prenait toujours le soin d'avoir un miroir de poche sur la table de nuit pour se maquiller les lèvres et poser quelques gouttes de parfum sur son cou.

Isla elle, étendait son corps tout frémissant et nu et se frottait les yeux, les lèvres pincées, la joue sur l'oreiller.

- Bonjour trésor, dit-il d'une voix de gorge.

Enfin elle lui accorda son tout premier regard depuis la veille. Il n'oublierait jamais ses gémissements et son visage enflammé par l'orgasme qu'il lui avait fait connaître.

- Bonjour Ragnar, murmura celle-ci timidement en portant son poing contre sa bouche.

Chaque seconde passée avec elle le plongeait un peu plus dans un monde méconnu avant de comprendre qu'Isla était une jeune femme simple, réservée et qui venait de lui offrir sa virginité. Autrement dit Ragnar comprit qu'elle était secrètement angoissée.

- As-tu bien dormie ? Demanda-t-il d'une voix plus douce que jamais.

- Comme un bébé et vous ?

Ragnar se rembrunit.

- Je pense que le vouvoiement n'est plus à l'ordre du jour Isla, déclara-t-il d'une voix qu'il espérait moins dure qu'il ne l'aurait voulu.

Elle rougit en se redressant, les yeux baissés sur le drap qu'elle tenait contre elle.

- Je ne sais pas comment...ou quoi faire, je ne suis pas habituée, dit-elle en bégayant.

Ragnar prit une mèche de ses cheveux qu'il remit derrière son oreille.

- Moi non plus, avoua-t-il en posant son index sur son menton afin qu'elle redresse la tête.

Il plongea son regard dans le sien et un élan de désir monta en lui.

- Je ne suis pas habitué à tenir une femme dans mes bras et de dormir avec elle, j'ai pour habitude de leur imposer le silence.

- Alors je suis l'exception à la règle, dit-elle avec un rire nerveux.

- J'ai brisé bien plus d'une règle avec toi douce Isla, répondit Ragnar d'une voix grave.

Le regard de la jeune femme se mit à briller mais il ne sut déceler le sentiment qu'elle ressentait à ce moment-là.

- Comment tu te sens ? Reprit-il en posant sa main sur sa joue.

- Bien, je me sens très bien, répondit-elle en rougissant.

Bien qu'il la trouvait convaincante Ragnar insista.

- Est-ce que j'ai été doux avec toi ? Je ne t'ai pas fait mal ?

Isla crut que son cœur allait sortir de sa poitrine. Se réveiller à côté de Ragnar Amadeus était comme si elle se réveillait au porte des ténèbres. Au fond d'elle tout son être le réclamait. La nuit dernière avait été la plus belle de toute sa triste vie.

- Tu as été très doux avec moi, répondit-elle en rougissant de plus belle.

- Tu es sûre ? Insista-t-il d'une voix tendue ; Je suis un homme qui peut se montrer brutal, je n'ai jamais réellement agi avec une extrême douceur.

- Crois-moi tu l'as été Ragnar et s'il te plaît arrête je commence à me sentir mal à l'aise.

Il tiqua avant de l'embrasser.

Voilà à quoi ressemblait un réveil à ses côtés ?

Isla frémit tout en appréciant son baiser.

Cependant Isla ne se faisait pas d'espoir ni d'illusion. Ragnar Amadeus était un homme à femmes et rebuté à l'idée d'envisager ressentir le moindre sentiment.

Pourtant, elle était persuadée avoir décelé de la douceur dans son regard lorsqu'il l'avait embrassée, rassurée.

- Tu as probablement faim.

Il se leva, lui exposant son corps nu et si musclé. Isla sentit un vent de désir caresser sa peau mais s'empressa de se reprendre.

- Prend ma chemise Trésor.

Isla se mit jauger les vêtements sur le sol et aperçut sa petite culotte non loin du lit et dans un piteuse état.

- Tu peux rester les fesses à l'air, proposa-t-il avec un lent et séduisant sourire.

Isla réprima des rougeurs tout en levant les yeux au ciel. Elle s'empressa de passer sa chemise noire et se leva du lit, les yeux rivés sur la tâche de sang.

Un frisson la parcourut.

- Tu as le regard d'une femme embarrassée, lança-t-il en s'approchant.

- Je ne suis pas embarrassée, mentit-elle en écartant les draps.

Il stoppa son geste en prenant son poignet.

- Ça peut attendre, dit-il l'air rembrunit.

- Louisa risque de...

- Louisa ne revient pas avait Lundi, nous avons largement le temps de dissimuler ce qu'il reste de ta virginité trésor.

Isla lui fit face, les joues écarlates.

- Tu es sûr ? Insista Isla dune voix mal assurée.

Il demeura silencieux avant de prendre son menton entre ses doigts.

- Oui je suis sûr et continue à faire cette tête et je jure que je vais faire encadrer ce drap.

Isla se mit à rire de bon cœur avant que son regard sérieux réduise peu à peu son rire.

- Tu n'es pas sérieux ?

- Oh que si, chuchota-t-il en prenant possession de ses lèvres avant de les relâcher doucement.

Il prit sa main pour l'entraîner avec lui hors de la chambre. Son contact était chaud et presque rassurant.

Et une question lui taraudait l'esprit.

- Suis-je la première à avoir le droit au petit-déjeuner ? Osa-t-elle demander lorsqu'ils furent dans la cuisine.

- Figurez-vous mademoiselle Rose que oui, répondit-il en allumant la cafetière.

Isla tira sur la chemise de son amant pour cacher ses fesses le regard tourné vers l'ascenseur.

- Ne t'en fait pas il est bloqué de l'intérieur, personne ne peut monter, dit-il d'une voix rassurante.

Isla se tourna vers lui en levant un sourcil alors qu'il l'embrassait littéralement du regard.

- Personne ne te verra les fesses à l'air, sauf moi, ajouta-t-il d'une voix rauque.

- Tu sais que tu t'exprimes comme un homme des cavernes ?

- Je te l'ai dit, je suis un homme moderne mais qui conserve quelques ressources du passé.

Il fit le tour du plan de travail et l'attira contre lui. De là Isla se perdit dans ses propres pensées. Que devait-elle penser de tout ça ? Qu'avait-il en tête ?

Troublée elle se laissa faire et sentit son cœur battre à vive allure.

- J'aimerais à présent obtenir un sourire de ta part, poursuivit l'homme au regard sombre : Tu m'as l'air troublée et je sais exactement pour quelle raison ?

- Laquelle ? Demanda-t-elle en mordant l'intérieur de la joue.

Il fronça des sourcils comme s'il songeait si fort qu'il lui était impossible de le cacher.

- J'ignore où tout cela va nous mener, je n'ai ni l'habitude ni le mode d'emploi, mais je sais une chose.

Isla cessa de respirer en attendant impatiemment la suite.

- Je sais que je ne veux pas que l'on s'arrête à seulement cette nuit.

Il marqua une pause dans laquelle elle vit les muscles de ses mâchoires tressauter. Puis il lui caressa la joue en ajoutant.

- Et j'ignore pourquoi...

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