Chapitre 19



  - Je vous en prie dites-moi qu'il a été percuté par une voiture, lança-t-il avec une ironie noire.

Elle secoua de la tête en guise de réponse.

- J'étais avec Elvi lorsqu'il est venu m'aborder, expliqua-t-elle nerveusement : Il nous a vu en photo dans la presse et il a suggéré que....

Ragnar leva un sourcil dans l'attente qu'elle poursuive. Il remarqua qu'elle était mal à l'aise et agitait ses bras le long de son corps nerveusement.

- Il a laissé entendre dans tes termes très grossier que vous et moi n...nous....

- Nous nous offrons de délicieuses nuits l'un contre l'autre ? Termina Ragnar à sa place tout en choisissant le poids de ses mots.

Bien qu'il adorait la taquiner sur ce sujet, Ragnar avait noté son embarras, suffisamment pour faire preuve de prudence. De plus venant de la part de cet escroc, Ragnar n'avait pas le cœur à rire.

Elle hocha précipitamment de la tête.

- Je crois que vous aviez raison, mon demi-frère a de sérieux problèmes psychologiques.

- Vous m'en voyez ravi de l'apprendre, enfin ma petite Isla se réveille, dit-il avec sarcasme.

Elle lui lança un regard glacial avant de poursuivre.

- Il m'a dit que c'était le plan parfait pour vous soutirer un maximum d'argent.

Ragnar enfonça ses poings dans ses poches mais pas pour les raisons qu'elle venait d'évoquer....non...il serrait les poings parce qu'elle lui disait la vérité...lui confirmant un peu plus que l'affreux jugement qu'il avait eu envers elle était injuste.

- Je lui ai dit qu'il en était hors de question, reprit-elle en trébuchant maladroitement pour parvenir jusqu'à la chaise : Bien évidemment j'ai joué la comédie je lui ai dit que lorsque je suis venue plaider sa cause il y a eu un véritable coup de foudre entre nous et...

- J'irais même plus loin, coupa-t-il en s'installant dans son fauteuil avec un sourire en coin : J'ai bien cru que les rideaux allaient prendre feu à votre arrivée.

La jeune femme pencha la tête sur le côté en crispant un sourire. Ragnar l'invita à poursuivre en retenant un sourire.

- Il a commencé à me menacer puis votre...

Affolée elle se mit à mimer avec sa main une hauteur.

- Mon garde du corps ? Supposa Ragnar afin de l'aider.

- Oui, votre garde du corps est arrivé puis il est parti.

Elle inspira un grand coup puis affaissa ses épaules.

- Respirez Isla, tout va bien se passer, Oliver a commis une grave erreur aujourd'hui et je peux vous affirmer que ce sera la dernière.

Malgré son ton rassurant elle semblait nerveuse.

- Jamais je n'aurais cru qu'il serait capable d'en arriver là un jour, murmura-t-elle les yeux dans le vide.

- Il faut toujours se méfier même de son plus proche parent.

Ragnar se leva lentement sans quitter la jeune femme du regard.

- Je me charge de lui, acheva Ragnar en courbant son index dans sa direction.

Elle se leva en le dévisageant.

- Venez, nous devons partir.

- Où ça donc ?

Isla réprima une angoisse latente.

Il ne répondit rien la laissant dans l'ignorance. Habituée, elle le suivit sous les regards insistant et s'engouffra dans l'ascenseur. Elle n'osait pas lever les yeux dans sa direction parce qu'elle se sentait affreusement honteuse de ne pas l'avoir cru au sujet d'Oliver. Sans vergogne ce dernier n'avait pas manqué de laisser entendre qu'il regrettait de ne pas l'avoir mise dans son lit plus tôt. Des suppositions aussi graves que dégoûtantes qui l'avaient laissé sans voix. Fort heureusement, Elvi s'était montrée plus rapide qu'elle en faisant signe au garde du corps d'intervenir. Ce petit détail...Isla préférait le garder pour elle.

Ils quittèrent la tour proche l'un de l'autre une habitude qu'elle avait énormément de mal à exécuter sans éprouver le besoin de réprimer des rougeurs.

Il l'entraîna vers une Ferrari noire et lui ouvrit la portière.

- Si mademoiselle veut bien s'installer.

- Dans cet engin dangereux ?

Il esquissa un sourire des plus séduisant en posant son avant bras sur la portière.

- Auriez-vous peur de ressentir un peu d'adrénaline ?

- Je n'ai pas...enfin...je ne suis jamais monté dans ce genre de voiture.

- Raison de plus pour essayer, dit-il en l'invitant à s'asseoir.

Isla s'installa non sans ressentir un élan d'angoisse la saisir à la gorge.

Il s'installa à son tour puis le toit s'ouvrit comme par magie. Ce n'était pas sans lui déplaire. Au moins elle pourrait profiter de l'air extérieur pour mieux reprendre son souffle.

- Alors où allons-nous ? Demanda-t-elle quand il s'engagea dans la circulation dans un vrombissement de moteur assourdissant.

- Ma mère est de passage dans la ville, si je ne viens pas la voir c'est elle qui viendra à moi.

- Vous comptez tout de même pas me présenter à votre mère ?

- Et pourquoi ça ? Demanda-t-il d'une voix indifférente tout en mettant ses lunettes de soleil.

Isla sentit un feu jaillir de son corps. Il était si...ténébreux avec son regard dissimulé sous cette paire de lunettes.

- Parce qu'elle va très certainement se faire des idées.

- Ma mère est une personne très intelligente, laissons-là se faire sa propre idée sur la teneur de notre relation.

Il marqua une pause dans laquelle Isla fixait la courbe de sa mâchoire ombrée par cette barbe de trois jours.

- Je suis curieux de savoir quelle a été votre repartie lorsque Oliver a laissé supposer que vous et moi étions passionnés de sport en chambre.

Isla s'empourpra violemment.

- Je...je n'ai rien dit pour dire vrai, j'étais comme paralysée.

Il détourna les yeux de la route pour la regarder.

- Ce qui signifie qu'à un moment donné et même si pour vous je suis le diable en personne vous m'avez désiré ?

Choquée par sa question Isla cilla. Pire encore ! Aucun sarcasme n'avait couvert sa voix...il avait l'air si sérieux qu'elle en perdit sa voix.

- Vous pouvez me le dire Isla, pour quelle raison hésitez-vous à répondre ? Vous ne faites que confirmer ce que je pense.

- Vous êtes l'homme le plus séduisant qu'il m'a été donné de voir et j'avoue avoir sentie du désir mais ça s'arrête là et vous savez très bien pour quoi.

Isla tourna la tête pour masquer l'embarras de son honnêteté. Mais à quoi bon masquer l'évidence.

- En effet, je sais pour quoi, mais si je ne vous avez pas fait part de mon désir et des raisons qui me poussaient à ne pas le rendre réel auriez-vous cédé au votre ?

Isla avait l'impression que tout son corps fourmillait. Son cœur s'accéléra si vite qu'elle n'entendait plus le bruit du moteur.

- Non, parce que ça aurait été tragique.

- Pour vous ou pour moi ? S'enquit l'homme d'affaires sans l'ombre d'un sourire.

- Pour les deux, sauf si vous n'avez plus d'âme.

Il rit amèrement tout en s'arrêtant au feu rouge.

- Soyez plus précise Isla, dit-il en la regardant.

Même dissimulé derrière ses lunettes de soleil Isla avait l'impression de sentir la lueur sévère percer ses yeux gris.

- Nous sommes liés par un contrat, ce n'est pas...enfin...je veux dire c'est comme si j'envisager d'avoir une liaison avec un tortionnaire.

Isla ferma les yeux en regrettant amèrement cette comparaison.

- No...non ce n'est pas ce que je voulais dire, ce n'est pas...

- Je vous en prie ma douce Isla, ne vous excusez pas de dire la vérité, la coupa-t-il d'une voix douce : Vous êtes la seule avec ma mère qui à l'autorisation de se montrer honnête avec moi.

Isla sentit son cœur se serrer malgré tout.

- Ce n'est pas comme ça que je voulais esquisser les choses.

- Mais pourtant on est pas loin de la vérité douce Isla, contrat-il sans quitter la route des yeux : Ne suis-je pas le monstre qui use de chantage avec vous ?

Isla se pinça les lèvres tout en dégageant ses cheveux qui lui barrait le visage.

- En réalité vous me surprenez Isla, vous êtes intrigante et pas seulement à cause de votre beauté, j'admire le respect que vous avez pour vous.

Il lui décrocha un regard dans lequel Isla en profita pour froncer des sourcils, interloquée.

- Savez-vous le nombre de femmes tordues qui aimeraient être à votre place ? Liée à un sordide contrat ? Lâcha-t-il rictus aux lèvres.

- Des milliers je suppose.

- Voilà où je veux en venir, vous vous battez pour votre maison et vous hissez des barrières autour de vous ce qu'aucune n'aurait fait à votre place. Elles se seraient jetées dans mes bras sans réfléchir, sans même éprouver le moindre dégoût de s'être données au " Tortionnaire "

Isla commença peu à peu à comprendre et elle fut touchée en plein cœur.

- Je dois admettre que je suis admiratif, reprit-il sans la regarder.

- Vous venez de me faire votre premier et vrai compliment, s'exclama-t-elle en le pointant du doigt.

Ragnar quitta précipitamment la route des yeux et ne le regretta pas. La jeune femme portait sur son visage d'ange un sourire rieur.

Un vrai et franc sourire...

Ragnar dut faire appel à toute sa volonté pour reporter son attention sur la route.

- Vous devriez regarder la route vous savez.

Ragnar esquissa un sourire en coin et la regarda brièvement. Puis ce sourire disparut, laissant place au marbre qu'il avait l'habitude de porter sur son visage pour ne rien laisser paraître.

Car à ce moment-là, Ragnar fut traversé par un raz-de-marée d'émotions contradictoires...

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