Chapitre 10
Ragnar ne s'attendait pas à découvrir une masse de cheveux retombant en cascade contre ses épaules pour venir se nicher au creux de ses reins. Ces derniers formaient des vagues comme des boucles fines et indomptables. Incapable de résister il glissa une mèche autour de son index. Ils étaient doux et soyeux. Pendant un cours instant il se surprit à vouloir y plonger ses doigts mais se ravisa de justesse. La jeune femme s'écarta puis pivota sur elle-même pour le dévisager l'air incertain.
- Pour quelle raison avez-vous fait ça ?
- Parce que je voulais vous voir ainsi et je n'en suis pas déçu.
Furieux elle lui décrocha un regard glacial.
- Inutile de me contrer, c'est une perte de temps inutile, n'essayez plus jamais de dissimuler cette masse de cheveux derrière ce chignon ridicule.
Ragnar s'approcha lentement et vit ses prunelles s'éclaircir...de peur. Sa respiration sauvage soulevait sa poitrine laiteuse dont la rondeur semblait sans défaut. Ragnar contracta ses mâchoires jusqu'à s'en faire mal puis se recula avant de commettre l'interdit.
- Ne vous avisez plus jamais de les attacher.
Ragnar quitta la cabine et tira sèchement le rideau. Il desserra sa main fermée en poing, cherchant vainement à comprendre pourquoi il se comportait si durement avec elle...lui donnant des directives qu'aucune femme avant elle avait reçu de sa part. Ragnar eut sa réponse quand elle quitta la cabine. Ses cheveux étaient à nouveau enfermé dans ce chignon affreux. Il croisa son regard timide mais farouchement déterminé à lui opposer de la résistance. Alors il lui sourit diaboliquement, faisant alors ressortir le rose de ses joues.
Le faisait-elle exprès ? Éprouvait-elle le besoin absurde de lui faire payer cette situation en allant contre ses décisions ? Habité à être obéi au doigt et à l'œil Ragnar se retrouvait dans une situation inédite. Et contre toute attente il aimait ça. Plus elle résistait à ses ordres plus Ragnar éprouvait le besoin trivial de lui en donner.
- Avez-vous d'autre achats à faire monsieur Ragnar ?
Ignorant délibérément la vendeuse Ragnar resta assis sur le fauteuil sans quitter des yeux la jeune femme aux yeux de biche. Il se passa le pouce sur ses lèvres cherchant la vengeance parfaite.
Alors il pointa le mannequin en vitrine, exposant un ensemble de lingerie fine en dentelle.
- Je veux ceci.
Immédiatement la jeune Isla s'empourpra violemment en balbutiant des mots inaudibles. La vendeuse s'exécuta avec humeur et s'empressa de faire un paquet.
- Tu seras radieuse dans cet ensemble moya sladkiy, dit-il en se levant du fauteuil pour les rejoindre.
Les yeux écarquillés, elle le regarda s'approcher en vacillant. Ragnar savoura la rougeur qui emplissait son visage.
- Me...merci, bégaya-t-elle en s'emparant des deux paquets.
Elle le suivit maladroitement jusqu'à la voiture et ce fut que lorsqu'il ferma sa portière qu'elle s'écria :
- Avez-vous perdu l'esprit ! Maintenant la vendeuse va penser que...
- Que nous partageons le même lit, termina-t-il à sa place avec un sourire en coin : N'est-ce pas le but de notre accords ?
Il démarra alors qu'elle gardait la bouche ouverte, visiblement sous le choc.
- Cette femme connais beaucoup de personnes issues de la haute société, au moment même où nous parlons je suis à peu près sûre qu'elle est en train d'ameuter ses connaissances.
- Est-ce que vous avez vu au moins le mépris qu'elle m'a témoigné ?
- Elle vous jalousait, et c'est exactement ce que je veux. Que tout le monde vous jalouse, qu'ils comprennent que vous êtes la seule femme qui compte à mes yeux.
- Vous êtes tellement sûr que cette comédie va fonctionner que je commence à craindre le contraire.
- C'est parce que vous n'avez pas confiance en vous, rétorqua-t-il en quittant la route des yeux pour la regarder.
- Je tiens de ma mère, elle n'avait pas confiance en elle mais ça ne l'a pas empêché de réussir.
- Vous êtes timide mais tenace ainsi cela compense le fait que vous vous sous-estimez.
Elle se pinça les lèvres à sa plus grande frustration.
- Vous avez refait votre chignon je vous avais pourtant dit de ne pas le faire.
- Que comptez-vous faire ? Me donner la fessée ? Demanda-t-elle d'un ton mordant.
Isla l'entendit rire si profondément qu'elle se sentit vibrer. Il articula un dialecte Russe avant de glisser son regard dans le sien.
- Ne me tentez pas moya sladkiy, articula-t-il d'une voix suave : Si vous aimez me résistez moi j'adore vous voir le faire avec cet air timide.
Isla réprima un hoquet. Il est vrai qu'elle tentait de le défier pour mieux échouer. Il était plus fort qu'elle. Ne venait-il pas de la mettre mal à l'aise en achetant ces sous-vêtements ?
Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Alors qu'il détenait son destin entre ses mains. Pourquoi elle sentait son corps réagir d'une manière inexplicable ? Elle le détestait mais ne pouvait pas s'empêcher de rougir comme une adolescente en sa présence.
Isla se détourna pour regarder par la fenêtre puis ferma les yeux pour calmer les pulsations de son cœur.
Ils rentrèrent dans un silence prenant avant qu'il ne prenne la parole.
- Je ferais venir des vêtements ici, je pense que vous serez plus à l'aise en les essayant seule.
Cette décision la toucha secrètement. Ainsi, il avait pu voir à quel point elle s'était sentie embarrassée.
- Merci beaucoup, s'entendit-elle murmurer.
Il se débarrassa de sa veste et traversa le grand salon avant d'ajouter.
- Ce soir, nous partirons vers vingt heures.
Isla retira son manteau qu'elle enroula autour de son poignet.
- Avez-vous besoin d'aide pour vous préparer ? S'enquit l'homme d'affaires d'une voix qui paraissait trop douce pour être sincère.
- Non ça ira, je pense pouvoir me débrouiller, dit-elle en s'attardant sur ses bras musclés.
Elle lui tendit le paquet inutile à ses yeux.
- Tenez, vous n'aurez qu'à les donner à votre prochaine maîtresse, dit-elle d'une voix à peine plus haute qu'un murmure.
- C'est pour vous, je n'ai pas l'intention de les reprendre.
Isla abaissa son bras, les sourcils froncés.
- Mais moi je n'en veux pas, la robe me met déjà mal à l'aise.
- On ne refuse pas un cadeau.
- Ce n'est pas un cadeau que je me permets d'accepter.
Son regard gris se durcit.
- Et pourtant vous allez le faire, contrat-il d'une voix catégorique : Avez-vous à ce point peur d'accepter ce cadeau ? Vous craignez de l'apprécier ?
Isla réprima une violente rougeur.
- Je n'ai tout simplement pas l'habitude de porter ça !
- Et que portez-vous d'habitude ? Demanda-t-il d'une voix suave, sourcil levé.
- Cela ne vous regarde en rien ! Dit-elle excédée.
- Prenez ce cadeau, il vous appartient, libre à vous d'en faire ce que vous voulez.
Isla inspira profondément avant de partir avec les deux paquets. Elle grimpa l'escalier sans se retourner même si elle pouvait sentir le poids de son regard sur elle.
Encore une fois, il avait gagné.
Excédée elle claqua la porte de la chambre et posa les paquets sur le rebord de la commode. Elle ôta ses chaussures à la hâte et se jeta sur le lit comme une âme en peine. Mais à peine eut-elle le temps de respirer que la porte s'ouvrit sur l'homme d'affaires.
Isla se redressa d'un bond.
- Je n'avais pas fini mademoiselle Rose.
- Vraiment ? Je le croyais pourtant.
Il s'approcha du lit, visiblement insensible à l'idée de briser le seul endroit où elle se pensait en sécurité.
- Vous avez besoin d'en connaître davantage sur moi afin d'éviter les mauvaises surprises.
- Vous êtes autoritaire vous ne supportez pas le mensonge, vous aimez contrôler les personnes qui vous entoure et vous êtes implacable en ce qui concerne vos affaires.
Un lent sourire diabolique couvrit ses lèvres dures.
- Je vois que vous avez fait vos devoirs douce Isla...
Elle pinça un sourire en penchant la tête sur le côté.
- Cependant, je ne vous parlais pas de ça.
Il tira le fauteuil sans la quitter des yeux et s'y installa. Isla resserra ses doigts sur le drap.
- J'ai grandi à Seattle, ma mère était fleuriste, mon père banquier. Mon premier travail était garagiste, j'adorais réparer de vieilles voitures. J'ai étudié à la fac de Washington.
Isla assimila les informations avec un sourire en coin.
- Je suis étonnée de connaître votre premier travail, vous étiez donc mécanicien ?
- Oui, et je le suis toujours à mes heures perdues...du moins quand j'en ai.
Isla acquiesça, fascinée d'apprendre que derrière cet homme d'affaires se cachait un homme qui autrefois était simple, issu du même milieu qu'elle.
- En d'autres termes plus limpides, vous avez bâtit votre fortune seul ?
- C'est exactement ça mademoiselle Rose, affirma-t-il en se levant, la bouche crispée comme si elle venait de faire ressurgir de mauvais souvenirs.
- J'espère que mes bribes d'informations suffiront à vous aider.
Il pivota les talons pour rebrousser chemin. Le coeur battant à la chamade Isla l'arrêta.
- Et moi ? Vous ne voulez rien savoir sur moi ?
Il s'arrêta à hauteur de l'encadrement, braquant son regard dans le sien.
- C'est inutile douce Isla, je connais tout de vous...
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