PARTIE 3
- NINA -
Le trajet se fit dans un silence pesant. Elle ne comptait pas faire la causette. L'idée d'emmener quelqu'un chez elle l'angoissait déjà assez comme ça.
C'était son territoire, son refuge. À la traditionnelle question « chez toi ou chez moi? », le « chez toi » n'était pas envisageable. Les coups d'un soir c'était chez eux. Point.
Et c'était non négociable.
Ses bagages se résumant au néant le plus complet, elle tenta de se débarrasser de lui le plus rapidement possible.
– Merci pour le trajet. Je vais me débrouiller maintenant.
— Je monte avec vous.
– Je ne crois pas non.
— Très bien.
Ça avait été plutôt facile. Si elle avait su qu'il suffisait de demander, elle aurait insisté un peu plus à l'hôpital.
– Allo, mademoiselle Kent ?
Elle s'arrêta net. Qu'est-ce que cet idiot était entrain de faire ?
Elle rêvait où il avait appelé Lexie dans son dos ? Si la fourberie avait un nom cela serait sûrement celui de cet homme !
– Ahah, très bien Lexie. Oui, je viens de la ramener chez elle, mais...comment dire...oh oui je vous la passe.
— Elle veut vous parler, murmura-t-il en lui passant le téléphone avec un sourire narquois.
Elle lui arracha le téléphone des mains.
— Il monte, dit Lexie avant de lui raccrocher au nez.
Elle en resta bouche bée. Depuis quand son amie était-elle devenue aussi autoritaire ? Nina resta coite le téléphone en main.
— Nous y allons ?
Elle allait le tuer. Elle le tuerait lentement et ferait disparaître son corps dans un quelconque fleuve.
Elle s'approcha doucement et se pencha vers lui.
— Refaites-moi un coup comme ça et je vous fait disparaître de la surface de la terre, murmura-t-elle au creux de son oreille.
— Les plus sauvages ne mordent jamais.
Cette petite flamme de colère commençait à devenir un brasier sauvage.
Heureusement, son immeuble avait un ascenseur. Et il était bien assez grand pour qu'ils faire le trajet ...
Le clic de la clé tournant dans la serrure lui serra l'estomac. Ses doigts étaient crispés sur ses béquilles.
Il ne risquait pas de trouver un cadavre dans son salon, mais le fait qu'il entre dans son salon était presque...intime.
Il s'arrêta sur le pas de la porte la faisant poireauter pour rentrer dans son propre appartement.
– Si vous ne rentrez pas, poussez-vous.
Il se poussa enfin et elle rentra aussi rapidement que ses béquilles lui permirent.
– Vous pouvez y aller merci.
— Ça ne vous ressemble pas, dit-il simplement en lui emboîtant le pas.
Elle se braqua immédiatement. S'il avait voulu la contrarier il n'aurait pas pu faire mieux.
Son espace personnel était un sujet sensible. Elle aimait que les choses soient à leur place. Lily lui reprochait souvent le côté froid, voir aseptisé de son appartement, mais les foyers chaleureux ce n'était pas vraiment son truc.
Elle avait besoin d'un environnement carré. Sans ordre naissait le chaos.
Elle avait passé son enfance à être ballotée de famille en famille vivant de temps en temps dans des endroits si insalubres que même les rats ne voulaient pas y rester.
Son tempérament impulsif laissait souvent à penser que son environnement était rempli d'un monde de couleur et d'excentricité. Mais c'était tout l'inverse.
Sa décoration, si on pouvait appeler cela de la décoration, était dans des tons de gris et blanc et cela lui convenait parfaitement.
Le mobilier se résumait à l'essentiel. Un canapé, une commode pour poser sa télévision. Sa seule fantaisie résidait dans son espace de travail.
Un grand bureau en bois clair occupait tout un angle. Ses petits bébés étaient à la pointe de la technologie. Une magnifique rangée d'écrans derniers cris qui lui avait un coûté un bras occupait tout l'espace.
— La porte est par là. Je suis arrivée à bon port, vous pouvez débarrasser le plancher.
— Je ne voulais pas vous vexer.
Allait-il finir par se taire ? Les séances de psychanalyse de comptoir très peu pour elle.
— Je ne suis pas vexée dit-elle avec une mauvaise foi évidente.
— Parfait, alors où est ma chambre ?
– Votre quoi ?
Elle croyait avoir mal entendu ! Rester ? Rester où ?
- Ma chambre ? Vous savez l'endroit où l'on dort.
Voilà le problème de ce mec. La seule chose qui lui venait à l'esprit quand on lui parlait d'une chambre était dormir.
— Je suis aide à domicile. Le domicile vous a pas mis la puce à l'oreille ?
– Vous n'allez pas rester là ! C'est hors de question !
— Ne me poussez pas à rappeler votre amie, soupira-t-il.
— Je rêve ou vous me faite du chantage ?
Sa technique de chantage était pitoyable, mais efficace. Et le pire c'est qu'il n'avait vraiment pas l'air désolé.
— Je vous expose juste les faits.
— Et MOI, je vous dit que les faits sont que vous allez partir !
— Vous vous fatiguez pour rien. Je m'installe où ?
– Je n'ai pas d'autre chambres. Maintenant, oust.
– Il y a plus de porte que de pièces nécessaires dans un appartement. J'en déduis donc qu'il y a bien une autre chambre ! Vous pouvez me la montrer ou je cherche par moi-même ?
Il tendit la main vers la première poignée à sa portée.
— Non !
Cette pièce était son jardin secret. Elle ne laisserait personne, et encore
moins lui, y mettre les pieds !
Son cœur battait à mesure que la poignée s'abaissait sous la pression de ses doigts.
Elle l'assomerait avec ses béquilles s'il le fallait plutôt que de le laisser rentrer dans cette chambre.
Il la regardait avec une lueur qui lui déplaisait. Il venait de trouver
son point faible. Il avait désormais une forme de pouvoir sur elle.
Il jouait le gars bien, mais la flamme dans ses prunelles montrait clairement qu'il se réjouissait de la situation.
Tout les agneaux étaient des loups déguisés. Personne n'était tout lisse et il ne dérogeait visiblement pas à la règle.
Elle le voyait au fond de son regard. Il aimait le contrôle, et plus particulièrement contrôler les gens. Il lâcha la poignée et son regard redevint clair.
Elle retint un soupir de soulagement. La tension qui régnait dans la pièce redescendit d'un cran.
Son regard narquois ne l'a quittait pas. Il avait gagné et il le savait.
— Je peux aussi dormir avec vous, si vous préférez ?
Elle n'était pas difficile, mais pas au point de faire le tout venant. Ce mec a poil devait être aussi ennuyeux qu'habillé.
Elle lui suggérerait bien de dormir sur le tapis, mais elle ne voulait pas qu'il trouve une excuse pour fureter dans son appartement.
— Le canapé fait lit, marmonna-t-elle en claudiquant jusqu'à la salle de bain dont elle referma la porte derrière elle.
Elle s'appuya contre le battant et respira un grand coup. Ce mec l'agittait et elle détestait cela. D'autant plus qu'il l'agitait pour les mauvaises raisons.
On était loin du désir ou de la passion. Oh non, il l'horripilait juste de tout son être. Et pour compléter le tout, il la stressait.
Elle posa la main sur son estomac tentant de calmer la boule qui s'y était formée depuis son accident.
Une autre boule se forma. Lily...elle savait qu'elle ne donnait pas signe de vie par volonté. Son amie avait des problèmes, elle pouvait le sentir au fond de ses entrailles.
Quand elle sortit enfin de son abri il était déjà couché. Il avait dû ouvrir ses placards pour trouver les couvertures.
Elle savait qu'il ne dormait pas, mais il avait l'air d'avoir enfin compris qu'elle ne souhaitait pas s'épancher.
Elle partie se coucher un faisant un boucan de tout les diables. Ce mec ne servait à rien à part lui casser les pieds.
Elle bataillait pour mettre son pyjama, mais elle s'arracherait la langue plutôt que d'appeler à l'aide.
Elle était a deux doits de tout découper aux ciseaux quand ses vêtements cédèrent enfin.
Elle enfila une chemise de nuit. Pas de manche, pas de pied. Simple et efficace. Le fond de l'air était frais faisant un courir un frisson sur sa peau. Elle se glissa sous la couette et scruta le plafond.
Les heures défilèrent sans pitié l'empêchant de trouver le sommeil. Une foule d'idée se bousculait sous son crâne.
Le temps passa et l'aube pointa le bout de son nez. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit.
Savoir qu'il y avait quelqu'un chez la perturbait. Le moindre bruit la faisait sursauter, la poussant à se retourner encore et encore dans son lit.
Son plancher craquait, s'il tentait de rôder elle l'aurait su. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire.
Quelle heure était-il ? Elle attrapa son portable et grogna quand elle vu l'heure. 5h30 même les poules n'étaient pas debout aussi tôt !
Elle se tira maladroitement de son lit. Ses draps s'étaient enroulés dans ce fichu plâtre.
- Et merde, grogna-t-elle en s'engageant dans une bataille contre le bout de tissu.
Elle avait chaud, était fatiguée et ce maudit plâtre la démangeait. Elle ne pensait pas pouvoir être plus grognon que son humeur habituelle, mais une jambe cassée venait contrer toutes les statistiques.
Le soleil n'était pas encore levé, mais l'horizon commençait à se teinter d'un arc en ciel de couleur.
Elle ouvrit doucement la porte. Elle ne souhaitait pas réveiller son indésirable invité. Elle ne lui avait pas adressé la parole depuis la veille.
Elle était partie sans manger en signe de protestation et tout ce qu'elle avait gagné c'était un creux dans l'estomac en plus du reste.
Elle faillit en lâcher sa béquille quand elle pénétra dans la pièce.
Il faut croire que ce mec ne savait pas profiter de la vie. Même dormir ne faisait pas parti de son programme.
Il était au beau milieu de sa cuisine déjà habillé et frais comme un gardon.
Le canapé avait été replié et les
draps attendaient en pile sur sa table basse.
Un odeur de café et de bacon lui chatouillait les narines, mais hors de question qu'elle aille en quémander ! Elle serait obligé de lui dire merci après. Elle n'avait rien demandé !
- Je ne vous ai pas réveillé j'espère, dit-il sans se retourner.
Il avait des antennes ?
- Pour ça il aurait déjà fallu que je dorme, marmonna-t-elle dans sa barbe.
— Vous voulez du bacon ?
Son estomac répondit pour elle en émettant un grognement des plus embarrassant.
— Il me semble qu'Ayden vous paie pour le nourrir non ?
— Vous rendez les armes ?
Même pas en rêve !
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