Chapitre 45
Nessa se figea en découvrant Ivar posté devant l'entrée.
Depuis combien de temps était-il là ? Avait-il entendu leur concertation ?
- Allons ! J'attends ? S'enquit-il avec agacement.
- Elle espère être une bonne mère pour Rolf, répondit Hava en affrontant le guerrier sans ciller.
Immédiatement le viking se détendit et arrima son regard au sien. Elle remercia intérieurement l'intervention miracle de Hava et sourit à Ivar.
- Est-ce bien vrai ma douce ? S'enquit-il en avançant vers elles, les bras croisés.
- Ou...oui, bredouilla Nessa en retenant son souffle lorsqu'il s'agenouilla en face d'elle.
- Tu es une bonne mère et tu le seras avec nos enfants, murmura-t-il les traits tendus ; Pourquoi te tourmenter ainsi ? Rolf t'a déjà montré à quel point il a de l'affection pour toi.
Cette déclaration suffit à la faire fondre intérieurement.
- Mes pensées ont l'air si sombre aujourd'hui, se justifia Nessa en forçant un sourire ; Ça va passer n'ais aucune crainte, je vais bien Ivar.
Loin d'être totalement convaincu il se leva sans la quitter des yeux.
Devant leur silence gêné, Ivar peinait à être convaincu des explications de sa femme. D'ailleurs il ne comprenait pas pourquoi elle s'était figée à son entrée. Résigné il quitta la salle en grinçant des dents. Devant sa mauvaise humeur, Svend leva un sourcil moqueur.
- On dirait que tu as vu un fantôme, lui fit-il remarquer en lui donnant un tape amical sur son épaule.
- Je ne comprends rien aux femmes !
Svend partit d'un éclat de rire
- Nessa s'est figée à mon arrivée et je la soupçonne de me cacher quelque chose.
- Les femmes ont leurs secrets Ivar n'essaye pas de les déchiffrer tu n'y arriveras jamais.
Ivar grogna en se frottant l'arrière de la tête.
- Je vais finir par trouver ce qu'elle me cache, déclara-t-il déterminé.
- Cherche mon ami, moi, voilà longtemps que j'ai arrêté de chercher ce qu'il se passe dans la tête d'une femme.
Svend marqua une pause puis reprit avec un sourire aux lèvres.
- Les femmes se dévoilent sous le plaisir.
Déjà, Ivar avait tourné son corps de façon à l'observer lorsqu'elle quitta la salle en riant avec Idy.
Ivar détestait ne pas comprendre. Alors il revint à la charge alors qu'elles riaient et riaient !
- Puis-je connaître la raison de vos rires mesdames ? Demanda-t-il avec le plus grand calme.
- Les rires d'une femme sont des secrets...murmura Nessa en rougissant.
Par tous les dieux ! Elle se moquait de lui !
- Tu mériterais une bonne fessé ! S'écria Ivar quand Idy fut partie.
Elle éclata de rire en secouant légèrement de la tête. Ses boucles brunes dansaient autour de son beau visage. Incapable de résister il glissa ses doigts dedans pour en savourer la texture soyeuse.
- Nous étions seulement en train de rire, il n'y aucun secret Ivar...
- Je ne te crois pas ma douce, tu papillonnes des cils.
Eberluée la jeune femme cessa immédiatement de battre des cils.
- Que veux-tu dire ?
- Quand tu es embarrassée tu cligne énergiquement des paupières, expliqua-t-il fièrement.
À présent, elle était écarlate.
- Calomnies, gronda-t-elle en lissant nerveusement sa robe ; Je ne te cache rien Ivar.
- Alors pourquoi tu me sembles tendue ma douce épouse, répliqua-t-il en se penchant davantage vers elle de façon à la faire craquer.
- C'est toi qui me rend nerveuse ! S'écria celle-ci en essayant de se dégager en peinant à garder son sérieux.
Ivar captura ses lèvres furtivement pour mieux les reprendre. Svend avait-il raison ? Une femme pouvait-elle livrer ses secrets sous les délices du plaisir ?
Prêt à livrer bataille, Ivar la souleva pour la jeter sur son épaule et ignora ses protestations.
- Ivar ! Repose-moi immédiatement ! Exigea-t-elle en lui assénant des coups de poing dans le dos.
Ivar poursuivit son chemin sous les cris outrés de son épouse qui peu à peu lâcha prise. Délicatement il allongea la jeune femme sur le lit et l'embrassa si tendrement qu'elle poussa un gémissement qu'il savoura. D'une main de fer, il enlaça sa taille par l'arrière sans jamais quitter ses lèvres.
- Essayerais-tu de me faire dire quelque chose ? Demanda-t-elle en tournant sa tête sur le côté avec l'ébauche d'un sourire.
Voyant qu'il touchait au but, Ivar posa sa bouche contre sa joue puis sur sa mâchoire.
- Pourquoi ? Aurais-tu un secret à me confesser.
Nessa brûlait entièrement. Incapable de résister aux caresses de son mari. Il savait qu'elle lui cachait quelque chose, il n'était pas dupe et il essayait de lui faire cracher le morceau.
Hantée par le souvenir de sa fièvre, de son regard qui lui avait donné l'impression de revoir les derniers instant de son père, Nessa ouvrit brutalement les yeux.
- Ivar ?
Il se redressa pour poser son regard dans le sien. Nessa le contempla longuement avant de prendre la décision de lui avouer. Elle chercha à se redresser en inspirant profondément.
- Chérie ? Tu es si pâle ? Es-tu malade ?
Nessa tourna sa tête vers lui en posant sa main sur sa joue rugueuse.
- Non, je ne suis pas malade, je suis enceinte.
Ivar s'arrêta de respirer et prit le visage de sa femme en coupe. Hors d'haleine il la dévisagea longuement incapable de parler. Enceinte ? Nessa portait son enfant ?
- Par pitié Ivar ne m'en veut pas, je voulais attendre un peu pour te l'annoncer, expliqua-t-elle en grimaçant ; Je craignais te donner de l'espoir et...
- Même si tu n'en es pas sûre, il faut me le dire Nessa, la coupa-t-il en écrasant sa bouche contre la sienne.
- Tu n'es pas fâché ?
Sans plus attendre Ivar la souleva pour la faire tourner dans ses bras.
- Fâché ? Alors que tu portes mon enfant ? Dit-il d'un souffle.
Elle lui sourit les larmes aux yeux en déposant un baiser sur sa joue.
- Restons sur nos gardes, lui dit-elle en s'accrochant à ses épaules.
- Tu l'es, tu es enceinte, répliqua le viking en la déposant sur le sol pour ensuite se laisser tomber à genoux face à elle. Exhalant un soupir tremblant Ivar posa sa joue contre son ventre, gardant ainsi sa femme prisonnière.
Fou de bonheur il ferma les yeux incapable de se défaire d'elle. Il sentit ses mains fines de poser sur sa tête.
- Personne ne m'a jamais donné autant que toi Nessa, murmura-t-il d'une voix éraillée.
Il plongea son visage contre son ventre, imaginant déjà son enfant grandir en elle. Immédiatement le regard suffisant de son ennemis lui vint en mémoire, aiguisant son envie de le tuer. Étant enceinte, Nessa devenait une proie plus facile.
- Ivar ? Mon amour est-ce que tout va bien ?
Avec une lenteur délibéré il s'écarta de son ventre pour le fixer les mâchoires crispées. Il se releva sans laisser transparaître la moindre parcelle de sa rage. Il la souleva dans ses bras pour la déposer sur le lit.
- Je suis fou de bonheur ma tendre épouse, déclara-t-il en prenant sa main pour embrasser la naissance de ses doigts.
Les yeux larmoyant elle noua sa main à la sienne qui reposait sur son ventre sans se douter un seul instant que cet enfant venait de réveiller la partie la plus détestable en lui. Mais il ne laissa rien paraître, il se devait de la préserver et prendre soin d'elle comme elle le faisait depuis des plusieurs mois. Elle était sa force, comme sa mère avait été celle de son père. Il se promit alors d'éliminer toutes les menaces qui pesaient contre lui.
Il se maîtrisa à grande peine pour refouler la colère qui l'habitait sans quitter des yeux le regard de sa femme.
Un regard qu'il n'oublierait probablement jamais...
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