Chapitre 31
Nessa s'était réfugiée dans les cuisines après l'insupportable scène dont elle avait été témoin. Ena touchant le torse de son mari avec ce regard sensuel qui lui avait brisé le cœur.
Essuyant son front moite d'un revers de main, Nessa tentait de se concentrer au mieux sur les préparations du pains pour les enfants. Un à un ils entrèrent dans les cuisines pour prendre une miche de pain qu'ils savourèrent timidement. Peinant à se faire une place dans le cœur de toutes les femmes du village, Nessa se donnait du mal pour se faire accepter.
- Nessa ?
Quittant ses sombres pensées, Nessa releva la tête et découvrit Holga qui se tenait devant l'entrée avec Olva, une femme parmi celles qui la voyaient encore comme une esclave. Aujourd'hui, celle-ci la regardait les yeux emplis d'espoirs.
- Sa fille à le front brûlant, peux-tu l'aider ?
Nessa dévia son regard sur la petite fille blottie dans les bras de sa mère.
Nessa se précipita vers elle pour plaquer sa paume de main sur son petit front.
- Emmène-là dans sa chambre j'arrive tout de suite.
Holga traduisit ce qu'elle venait de lui dire puis les emmena dans les étages du château. Nessa prit des plantes et des potions puis les suivit en pressant le pas.
- Dis-lui qu'elle est fiévreuse et qu'il faut lui ôter ses vêtements.
Holga s'empressa de traduire en danois. La petite fille toussa en poussant un faible râle. Inquiète, Nessa tenta de faire baisser la fièvre et ordonna à sa mère de s'éloigner.
- Pourquoi ? S'enquit Holga.
- Elle est peut-être contagieuse, expliqua Nessa en lui donnant une goutte de ses préparations.
Suivant les bons conseils de sa mère, Nessa tenta de faire baisser la fièvre sous les pleurs de sa mère. Elle cessa de respirer quand le père de la petite arriva dans la chambre les traits marqués par la peur...une peur que Nessa connaissait pour l'avoir lu dans les yeux de son mari après avoir failli se noyer.
- Comment s'appelle-t-elle ? Demanda Nessa à l'adresse du viking.
- Freya, murmura-t-il d'une voix à peine plus haute qu'un chuchotement.
Progressivement, à mesure du temps qui passait, Nessa les avait obligé à quitter la chambre. La petite fille était endormie avec un petit jouet dans la main.
- Tu ne devrais pas rester à côté d'elle, lâcha une voix impérieuse.
Nessa se tourna vers Ivar qui malgré les recommandations pénétra dans la chambre, la mine sévère.
- Je ne veux pas que tu attrape son mal, ajouta celui-ci en venait s'agenouiller près d'elle.
- Elle n'est pas contagieuse Ivar, elle a attrapé froid pendant la traversé.
- Son père tremble d'inquiétude c'est sa seule enfant.
Nessa plongea son regard dans le sien tout en lui souriant.
- Tu peux lui dire qu'elle va mieux et que la fièvre est presque tombée.
Il se leva aussitôt pour le dire au père de cette petite fille.
- Je veux ma mère, murmura la petite fille en ouvrant enfin les yeux.
- Ivar !
Les deux parents se précipitèrent au chevet de Freya. Nessa versa une larme de bonheur et vint se placer vers Ivar qui s'était mis en retrait.
- Merci de l'avoir sauvée, murmura Ivar contre ses cheveux.
Olva se leva en essuyant ses joues et vint lui prendre la main.
- Merci infiniment...merci d'avoir sauvé ma fille.
Le père lui, inclina sa tête en signe de remerciement. Nessa esquissa un sourire puis déclara ;
- Il faudra lui donner du bouillon ce soir, demain matin elle se sentira beaucoup mieux.
Elle quitta la chambre précédée de son mari qui venait de refermer sa main sur la sienne. Ils gravirent les étages du château en silence jusqu'à ce qu'il ferma la porte de leur quartier. Immédiatement, Nessa retrouva sa timidité. Si grand si intimidant Ivar s'approcha d'elle et lui prit le menton.
- N'essaye pas d'être acceptée Nessa, tu l'es déjà...
- Non tu te trompes, rétorqua Nessa en posant sa main sur son poignet ; Ena a rallié beaucoup de femmes contre moi et je peux sentir le poids de leur méprise sur moi.
- Tu es ma femme, lui rappela-t-il d'une voix de gorge ; Tôt ou tard Ena lâchera prise ou je la punirais.
Nessa frémit sous la caresse de son regard menaçant.
- Ivar, commença Nessa d'une toute petite voix ; Tu es si bienveillant et si...sombre à la fois.
- M'acceptes-tu comme je suis ?
Le cœur serré elle porta sa main sur son bras puis la remonta prudemment jusqu'à son biceps. Craignant qu'il ne la repousse si elle s'aventurait plus loin, Nessa lui sourit affectueusement.
- Oui, je t'accepte comme tu es, murmura Nessa.
Il lui rendit son sourire mais il n'était pas assez puissant pour ôter cette tristesse sur son visage.
- Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé plus tôt, déclara le viking en posant sa grande main sur sa joue ; Je me suis mal comporté, tu es ma femme je me dois d'accepter ta tendresse.
Le cœur lourd, Nessa trouva la force d'inspirer puis se détourna pour s'avancer vers la fenêtre dos à lui.
- Malgré tout ce que tu as dû faire pour être ce que tu es aujourd'hui, je sais que tes douleurs passées resterons à jamais gravées en toi, commença Nessa d'une voix chevrotante ; Je peux le voir dans ton regard et je l'ai vu quand tu as confronté Gareth pour la première fois.
Un silence glacial parcourut leur chambre. Nessa n'osait plus bouger. Puis il s'approcha...faisant grincer le sol à chacun de ses pas. Ses mains puissantes s'enroulèrent sur ses épaules.
- Ma haine ne doit pas se mettre entre nous, parvint-il à dire l'obligeant à se retourner.
- Elle l'a déjà fait, murmura-t-elle en posant sa main sur son visage.
Ivar réprima un rejet...il réprima un mouvement de recul et se contenta de fermer les yeux, les doigts autour de son fin poignet. Il exhala un soupir tremblant, laissant sa belle pénétrer dans ses sombres pensées, ses douleurs. Ses doigts fins tracèrent les reliefs de sa première cicatrice. Péniblement Ivar empêcha son corps de bouger et remercia intérieurement sa femme lorsqu'elle retira ses doigts de son visage.
- Tu ne trouveras pas le repos tant que tu n'auras pas achevé ce que tu as commencé, dit-elle en reculant timidement.
- Tu m'apaises, s'empressa de dire Ivar en l'obligea à tourner son beau visage dans sa direction ; Mais tu as raison, je ne trouverais pas le repos tant qu'il ne sera pas mort.
Il lut de la peur dans ses yeux et s'efforça de ne pas lui montrer à quel point il se sentait affecté de la voir ainsi inquiète pour lui.
- J'ai peur...
- Ne le soit pas, je suis suffisamment fort pour le vaincre.
Elle trembla, le regard si expressif qu'il pouvait déceler chaque parcelle de ses peurs. Il plaqua un baiser sur ses lèvres douces puis ouvrit la porte persuadé que quelqu'un attendait derrière la porte.
- Petit garnement, gronda Ivar en faisant mine d'être fâché.
Le jeune fils de Floki entra dans la chambre pour aller se cacher dans les jupons de Nessa.
- La fièvre de Freya l'a coupé dans sa faim, expliqua Nessa en riant.
Elle se mit à hauteur de jeune garçon et lui ordonna de filer dans les cuisines.
- Où sont ses parents ? Demanda-t-elle lorsqu'il fut partit.
- Son père est mort au combat le jour de sa naissance, expliqua Ivar tristement.
Elle porta la naissance de ses doigts sur sa bouche.
- Sa femme s'est donné la mort le lendemain.
- Oh mon dieu, murmura-t-elle les larmes aux yeux.
Ivar s'avança pour attraper la larme qui roulait sur sa joue.
- Depuis ce jour, Rolf vaque de foyer en foyer, chacun de nous en prend soins et tente de le mener sur le droit chemin.
- Pauvre petit c'est affreux.
- C'est un guerrier, il est fort comme son père...
- Ivar, il n'a que cinq ou six ans, le coupa-t-elle en posant ses mains sur son torse ; C'est un peu jeune pour parler de guerre.
Ivar prit un air mécontent puis son regard devint rieur.
- Je dois allez nourrir cet enfant et ensuite...
- C'est moi qui écrirais la suite, coupa Ivar d'une voix rauque.
Les yeux pétillants elle le quitta à son plus grand regret et il la suivit en retrait jusqu'à ce qu'elle passe les cuisines.
- Ta jeune épouse a encore sauvé un enfant aujourd'hui, déclara Gunard en s'adossant au mur ; Elle est douée pour son âge, sa mère a dû lui apprendre ses dons très jeune.
Ivar observa sa femme d'un œil aiguisé.
- Aleston s'est trompé sur son âge Ivar, elle a peine vingt-deux ans.
Ivar se redressa lentement contre le mur et considéra son ami le front plissé.
- Qu'est-ce que tu me dis là ! Gronda Ivar en serrant son poing ; Elle a bientôt vingt-quatre ans !
- Aleston s'est trompé, Insista Gunard d'un air sérieux ; Idy a évoqué son âge sur le bateau et Nessa l'a reprise en le rectifiant.
Sous le choc, Ivar se tourna vers elle, les yeux rivés sur ses pommettes rougissantes.
- Qu'ai-je fait, murmura-t-il d'une voix inaudible...
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