Chapitre 29



Le cœur battant, Nessa se blottit contre Ivar les larmes aux yeux. Les sentiments qui naissaient en elle devenaient plus fort chaque fois qu'elle croisait son regard. Chaque ligne de ses balafres racontait une sombre histoire. Une histoire qui l'avait brisée.

- Tu ne dors pas ma douce ?

Nessa se redressa pour le regarder dans les yeux.

- Je pensais simplement, mon esprit est ailleurs.

D'une main légère, il balaya ses cheveux sans la quitter des yeux.

- Où est-il ?

Nessa hésita avant de répondre. Elle craignait qu'il ne s'ouvre pas à elle. Pourtant, elle désirait tant le connaître davantage.

- Je me demandais si tu souffrais encore.

- Chaque minutes qui passe me ronge, avoua-t-il le regard fermé comme s'il cherchait à se protéger.

- Est-ce que....est-ce que ma présence...

- Est-ce qu'elle m'aide à me sentir moins monstrueux ?

Nessa hocha de la tête.

Son époux soupira, une lueur indéchiffrable dans les yeux.

- Comment pourrais-je me sentir moins monstrueux alors que je t'ai enlevé ? Forcée au mariage alors que tu ne le voulais pas.

Sa voix s'était fissurée. Nessa sentit son cœur se tordre de douleur.

- Est-ce que tu éprouves des sentiments pour moi ? Osa-t-elle demander en rougissant.

Le viking se redressa lentement, l'expression sur son visage n'avait jamais été si sérieuse.

- Que veux-tu dire par-là ma chérie ?

Son regard était dur mais ses yeux empreints de douceur.

- On ne peut pas aimer son esclave, c'est ce que j'étais avant que tu sois forcé à m'épouser pour...

- Je n'ai pas été forcé Nessa, je le voulais au fond de moi, quoi qu'il arrive tu serais devenue ma femme.

Ces mots suffirent à la rassurer.

- Je n'ai jamais désiré et voulu une femme comme je te veux toi, ajouta l'homme en plantant son regard dans le sien ; Seulement je ne peux te forcer à m'aimer.

Nessa baissa les yeux, au bord de ses lèvres, un mot menaçait de sortir mais elle avait trop peur.

Il l'obligea à se rallonger et prit sa main pour embrasser la naissance de ses doigts.

- Nous avons tout notre temps pour apprendre de nous ma chérie, je ne veux pas te brusquer.

- Depuis quand un viking est-il doux ? Murmura-t-elle avec un sourire moqueur au bord des lèvres.

Ivar ne lui rendit pas son sourire, il était trop occupé à se battre contre la vague de sentiments qui le retenaient prisonnier. Oui. À présent il était prisonnier. Au début il avait voulu cette femme pour se prouver qu'il était capable d'être aimé même défiguré sauf qu'à mesure des jours passés avec elle, Ivar avait développé des sentiments qu'il ne cherchait plus à combattre. Il l'aimait...

Ivar ignorait ce que provoquait l'amour jusqu'à aujourd'hui. La simple idée de la perdre lui vrillait le cœur. Il avait l'impression d'être flagellé, d'être écartelé.

- Nessa promets-moi que tu seras à jamais ma femme ? S'enquit-il d'une voix impérieuse.

Elle fronça des sourcils avant de porter la naissance de ses doigts sur l'une de ses cicatrices mais il s'écarta avant qu'elle ne puisse les atteindre.

- Je te le promets...

Hélas ce n'était pas suffisant. Ivar avait l'impression d'étouffer. Il l'imaginait dans les bras d'un autre homme...la jalousie le remplissait de rage. Pourtant, elle était là, les yeux larmoyants d'émotions. Il désirait se perdre en elle...se perdre dans ses yeux verts.

Ivar quitta le lit et la souleva dans ses bras.

- Ivar !

Inquiète sa belle s'accrocha à ses épaules avant qu'il ne la bascule légèrement en arrière.

- Dors ma bien aimée...

Sa femme contempla la lune puis ses yeux verts se ferma la tête contre son épaule. Bouleversé Ivar sentit des larmes de douleur marquer sa peau. Il se tourna vers la lune aux pâles lueurs et implora les dieux de garder Nessa en vie pour l'éternité.

- Je suis à toi, murmura-t-elle dans les brumes du sommeil.

Ivar se pencha en avant pour capturer ses lèvres puis s'écarta pour la contempler.

- Oui...je suis à toi, répéta la jeune femme en essayant de lutter contre la fatigue.

Le cœur serré, Ivar reposa sa femme sur le lit et la couvrit des couvertures.

- Tu ne viens pas ?

Lorsqu'il entendit le son de sa voix Ivar sentit sa tête lui tourner.

- Je veux que tu t'endormes, murmura Ivar en posant sa bouche contre son front.

La jeune femme ferma alors les yeux et s'endormit presque aussitôt. Ivar s'approcha de la fenêtre pour contempler les reflets pâles de la lune et inspira profondément l'air frais de la nuit. Se pourrait-il qu'elle l'aime vraiment ? Après tout ce qu'il avait fait ?

Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir. La patience. Ivar se devait d'être patient pour découvrir si les sentiments qu'il éprouvait pour elle étaient partagés.

Il la rejoignit dans le lit, contemplant les lueurs du feu qui crépitaient faiblement puis s'endormit en serrant sa femme contre lui.

Le lendemain, Ivar était partit explorer chaque parcelle de l'île et y trouva tout ce dont un seigneur espérait pour les siens.

- Alors ? Lança Gunard ; As-tu possédé ta femme ?

Ivar jura avec humeur. Il n'avait guère envie de lui confier la passion qui l'avait consumée et qui enflammait encore ses reins. Fou de désir il s'était réveillé tendu, raide, les muscles martyrisés par l'effet violent qu'avait Nessa sur lui.

- Enfin ! Lança Gunard en lui donnant une tape amicale dans le dos.

Ivar grogna comme un vieux bougre rempli de frustrations.

- Est-ce que tu l'aimes ? S'enquit Zvar avec un regard sérieux.

Nerveusement, Ivar se passa une main fébrile sur sa nuque et se tourna vers le carré de blé et la vit plus belle que jamais. Cheveux au vent, elle s'affairait à cultiver le blé en compagnie de Kara.

- Oui, avoua-t-il d'un souffle.

- C'est une bonne chose Ivar, lança Zvar avec prudence ; Tu n'as pas à te sentir coupable d'aimer.

Ivar serra les mâchoires.

- Malheureusement, je ne peux pas la forcer à m'aimer.

- Oh je t'en prie Ivar ! S'emporta Gunard en plantant son couteaux dans le bois massif de la hutte ; Tu es si borné que tu ne vois même pas à quel point elle t'aime.

Ivar fronça des sourcils.

- As-tu vu la façon dont elle te regarde ? Elle t'aime c'est évident.

Ivar peinait à y croire. Il fut sur le point de parler quand Zvar se racla la gorge lui faisant signe que quelqu'un s'approchait.

Ce n'était autre que sa belle épouse qui remontait le chemin et qui se dirigeait vers eux tout sourire. S'il s'écoutait Ivar l'aurait prise dans ses bras pour l'embrasser avec toute la passion qui pulsait en lui.

- Tout va bien ? Demanda-t-elle timidement.

Au même instant Gunard lança son arme en direction de l'arbre et la lame transperce l'écorce. Nessa sursauta la gorge noué. Réprimandé par le jarl, Gunard s'excusa avec un sourire moqueur aux lèvres. Les deux hommes s'éloignèrent alors pour les laisser seuls. Depuis la veille, Nessa n'avait de cesse de sentir son cœur battre contre ses tempes. Des émotions indicibles l'envahissaient à mesure qu'elle passait du temps avec lui. Pendant la nuit, son cœur s'était déchiré en deux lorsqu'il s'était mis à crier dans son sommeil, poings serrés si fort qu'elle avait dû lui chuchoter des mots doux pour le calmer. Un cauchemar sans doute, seulement ce n'était pas le premier...

- As-tu quelque chose à me dire ma chérie ? S'enquit-il le regard assombri.

Nessa finissait par prendre l'habitude d'affronter les humeurs de cet homme au regard acéré. Cet homme qui hier l'avait initié au plaisir du péché. Pire encore...Nessa désirait recommencer...

Elle voulait se retrouver dans ses bras, elle voulait redevenir la captive d'hier...celle que l'on embrasse si fort qu'elle...

Nessa secoua imperceptiblement de la tête pour dissimuler son trouble.

- Comment vas-tu ? Tu m'as manqué depuis ce matin.

Intérieurement, Nessa priait pour qu'il ne la repousse pas. Elle se souvenait lorsqu'elle était adolescente de ce couple dans son village qui passait des journées entièrement à se disputer pour finir par se réconcilier dans leur couche. Mais au petit matin ces deux jeunes gens affichaient une indifférence totale l'un envers l'autre. Alors Nessa priait pour qu'il ne soit pas indifférent...qu'il ne redevienne pas distant.

- Toi aussi tu m'as manqué, déclara Ivar en s'approchant pour l'embrasser.

Timidement, Nessa accueillit son baiser incapable de résister à la tentation d'ouvrir ses lèvres pour qu'il les capture comme la veille.

- Viens, je vais te montrer quelque chose, dit-il en lui prenant la main.

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