Chapitre 17
Quand l'aube se montra, Nessa ouvrit péniblement les yeux. Sa première réaction fut de savoir si le jarl avait quitté le lit. Elle ne sentit pas sa présence. Avait-il quitté le lit ?
Toute la nuit, elle avait été prisonnière de ses bras....le dos pressé contre son torse. Ses mains puissantes s'étaient refermées sur sa taille. À ce moment-là, un torrent de sensations inexplicables l'avait saisi de toute part. Dans ses bras chauds, elle s'était sentie étrangement protégée. Honteuse de ressentir de tels émotions pour son maître, Nessa se redressa lentement sur le lit et remonta les pans de sa robe qu'elle avait délié dans la nuit afin de mieux respirer.
- Qui t'a fait ça !
Nessa poussa un cri et se leva d'un bond. Elle se croyait seule mais ce n'était pas le cas. L'expression insondable, il se leva pour la rejoindre et l'obligea à se retourner.
- Qui t'a fait ça ? Répéta le viking plus fort.
- D'après vous, dit-elle d'un souffle court quand il posa ses doigts sur sa peau.
Ivar aurait dû jouir du privilège qu'il avait de voir un fragment de sa nudité. Hélas, cette vision ne lui procura aucun plaisir. Son dos blanc était recouvert de deux cicatrices nacrées, comme si elles s'étaient intégrées à sa peau. Des coups de fouet en avait-il déduit en passant ses doigts dessus. Il serra ses mâchoires en imaginant la douleur qu'elle avait pu ressentir.
Il se jura alors de la venger. Elle s'échappa de son toucher en se laissant tomber sur le lit.
- Ce n'est rien, murmura-t-elle en remontant sa robe.
- La cruauté envers une femme n'est pas rien, tu apprendras qu'il y a d'autres moyens pour un homme de punir une femme que le fouet.
- Le poing ? La gifle ? Hasarda la jeune femme en le confrontant droit dans les yeux.
Pour la première fois de sa vie, Ivar décida de réagir avec souplesse et s'accroupit devant elle. Il referma sa paume de main sur la base de son menton et passa son pouce sur ses lèvres douces. Elle rougissait si facilement qu'il savait sans l'ombre d'un doute qu'aucun homme l'avait un jour touché ainsi.
- Bien d'autres moyens, répéta Ivar en fixant ses rougeurs.
- Vous n'allez pas me faire croire que vous n'avez jamais frapper une femme, osa-t-elle dire en baissant les yeux.
- Une seule, avoua-t-il en scrutant ses yeux verts.
Il fut satisfait qu'elle ne relève pas cet aveux.
- Je reste convaincue que les hommes sont des brutes sans cœur.
- Tous ? Répéta Ivar en levant un sourcil sans lui montrer le regret qu'il ressentait d'entendre ça.
- Sauf mon père ! S'exclama la jeune femme d'une voix ferme.
Ivar sourit intérieurement devant la clameur de cette jeune femme innocente. Il se leva pour mettre sa cape.
- Habille-toi nous rentrons au village.
Elle s'exécuta, sa chevelure noir délicatement exposée au soleil. Quant à sa paire d'yeux émeraude....Ivar était fasciné.
Elle noua sa cape autour de ses épaules, puis le rejoignit en se postant tout près de lui comme si elle redoutait toujours la concupiscence du vieux jarl.
Ivar quitta la maison après de chaleureuses accolades et reprit le chemin sinueux qui menait au village. Cette fois-ci, il l'avait mise sur la selle, dos tourné de l'horizon. De cette façon, il pouvait voir son regard se perdre sur son torse. Elle n'avait d'autre choix que de se retenir à ses épaules.
- J'aimerais te voir sourire, lâcha Ivar en quittant la route des yeux pour planter son regard dans le sien.
Comme elle rougissait sans lui dessiner même l'esquisse d'un sourire il rajouta ;
- C'est un ordre.
Alors, la jeune femme esquissa un infime sourire qui lui monta au cœur. Son visage lui parut soudain illuminé, plus lisse, gaie, mais cet instant ne dura pas. Il retomba immédiatement et il comprit qu'il ne la verrait jamais sourire naturellement. Une petite voix intérieure lui chuchotait de lui rendre sa liberté mais son esprit et son cœur s'y refusaient. Tôt ou tard Ivar avait la conviction qu'elle voudrait lui offrir ses lèvres qui appelaient aux baisers.
- Tu es belle...j'aimerais te voir sourire plus souvent.
- Comment le pourrais-je sans connaître le destin qui m'attend ? Demanda-t-elle d'une toute petite voix.
- Je peux t'en dessiner plusieurs, déclara Ivar d'une voix dure ; Je peux te donner à un autre viking, je peux te redonner ta liberté et te laisser traverser les mers pour rejoindre Gareth...
Il baissa à nouveau son regard sur elle. Elle avait l'air mortifié.
- Ou tu peux rester à mes côtés, ajouta Ivar d'une voix chaude ; Je te protégerais et te donnerais une vie des plus agréable.
Ivar dévia son regard vers la mer et descendit la falaise. Nessa fut prise de panique lorsqu'elle le vit descendre les falaises pour rejoindre la plage. Il quitta la selle et la fit descendre à son tour. Il la souleva si haut qu'elle poussa un cri étouffé par le bruit des vagues.
Il la déposa dans l'eau et sa taille fut complètement trempée.
- Que faites-vous ? Demanda-t-elle en le dévisageant incrédule.
Le visage déformé par de multiples rictus il la souleva à nouveau pour la mettre dans la barque échoué sur la rive.
- Je te rends ta liberté ! Va-t'en femme !
Nessa se tint au extrémité de la barque en peinant à le croire. Sa liberté ?
Au lieu d'en être heureuse, Nessa lui lança un regard paniqué.
- Je t'ai donné des choix, c'est à toi de choisir, reprit-il d'une voix sombre ; Mais sache que si tu décides de revenir sur cette plage, ça sera pour toujours.
Son regard devint subitement menaçant. Nessa en eut le souffle coupé alors que son bateau de fortune était déjà emporté par la mer. Ivar se retourna pour regagner la plage le cœur blessé. Il ignorait s'il avait pris la bonne décision. Il était sûr d'une chose, il ne pouvait pas se comporter comme un monstre. Son père avait donné à sa mère le choix de partir ou de rester. Il s'avança jusqu'au rivage, se faisant à l'idée qu'il ne reverrait plus sa captive...mais une part de lui espérait qu'elle regagne la plage...une autre lui criait de la reprendre avant qu'il ne soit trop tard.
Nessa fixait le viking qui venait de rejoindre la plage et sentit la barque être portée par la mer. Son cœur déchiré en deux lui hurlait de partir et de saisir cette chance...une autre lui soufflait de quitter cette embarcation de fortune et de rejoindre son geôlier avant qu'un autre ne la reprenne. Affolée, ayant l'impression d'être esseulée et arrachée de sa protection, Nessa quitta la barque en se débattant avec les vagues. Nessa n'était pas une très grande nageuse et se débattait corps et âme avec la mer qui semblait vouloir l'emporter. Elle vit le viking enjamber sa monture, elle avait beau crier, la mer qui se déchaînait rompit le son de sa voix. Avait-elle mourir aujourd'hui ?
La liberté avait toujours un prix.
Ivar serra les rênes en ferma les yeux incapable de tourner la tête en direction de la mer et de la voir disparaître à jamais. Ainsi c'était fait...Ivar venait de rendre la liberté à la seule femme qui avait su éveiller en lui un peu de douceur. Il se surprit même à supplier les dieux de détourner sa traversé hors des terres de Gareth. Il fut sur le point de partir quand un violent bruit attira son attention. Ivar se figea d'horreur en découvrant la coque de la barque se briser contre un rocher non loin de lui. La jeune femme n'était pas sur la plage. Le sang battant contre ses tempes, il dévisagea la mer et la vit au loin le corps affligé par la mer.
Ivar sauta de son cheval sans la quitter des yeux par crainte de la perdre de vue et s'enfonça dans l'eau. Il avait beau courir Ivar avait l'horrible impression que les dieux le punissaient de l'avoir abandonnée en l'empêchant de l'atteindre. Il plongea sous l'eau pour parvenir à la récupérer, une panique l'envahissait. Lorsqu'il remonta à la surface, il aperçue sa frêle silhouette venir à lui grâce au déchaînement des vagues. Il la récupéra avant la noyade, blottissant son corps contre lui. Elle lui criait quelque chose qu'il ne parvenait pas à comprendre. Le regard fou il regagna la rive en la soulevant dans ses bras. Délicatement, il l'allongea sur le sable et prit son visage en coupe.
- Ainsi tu as choisi la mort ! S'écria Ivar en posant sa main au creux de sa nuque.
Il caressa son visage de façon à ôter ses cheveux qui lui barraient le regard.
Frigorifiée, elle plongea néanmoins son regard dans le sien en secouant de la tête.
- Non, j'ai choisi de rester ici...je voulais regagner la plage mais j'ai été emportée.
Ivar ne parvenait plus à réfléchir. Avait-il bien entendu ? Elle venait de choisir de rester avec lui plutôt que la liberté ?
Ivar passa sa main dans son dos pour la blottir contre lui.
- Je préfère être vôtre prisonnière à jamais que d'être la femme de Gareth.
Claquant des dents, le regard livide, elle ferma les yeux et ramena sa tête contre son épaule, murmurant quelques mots inaudibles avant de sombrer dans ses bras, refermant sa main sur sa chemise.
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