Chapitre 14
Ivar enfila ses vêtements laissés sur le banc et quitta la maison des bains en laissant sa captive échouée devant la baignoire. Il s'enfonça dans le village en se passant une main rageuse dans ses cheveux mouillés. Longtemps il avait songé à confronter Ena une bonne fois pour toute et les accusations qu'elle portait contre lui suffirent à le mettre dans une colère noire. Il poussa la porte de la maison et la trouva en plein bavardage avec quelques femmes du village.
- Laissez-nous seuls ! Ordonna-t-il d'une voix rêche.
Traînant les pieds jusqu'à la sortie, les femmes chuchotèrent entre elles puis l'une referma la porte. Ena esquissa un sourire en coin tout en se levant avec grâce.
- Que me vaut l'honneur de cette visite ? Lança Ena en se touchant les cheveux.
- De quel droit oses-tu parler à ma captive ? Gronda-t-il en serrant le poing.
Ena fit mine de ne pas comprendre, accentuant sa colère rugissante.
- J'ai eu vent de ta visite dans ma maison ! S'écria Ivar en s'approchant dangereusement : Ne parle plus à ma captive est-ce bien compris !
- Parce que ce n'est pas la vérité ? S'emporta Ena en serrant ses lèvres rageusement ; Tu n'as pas l'intention de la vendre ?
- Non, jamais ! Répondit-il avec force.
Ena pâlit subitement.
- Qu'Est-ce qu'elle a de si attirant ? Lança Ena avec dédain et méprise.
- Cela ne te regarde en rien ! Je suis le jarl ne l'oublie pas ! Si jamais j'apprend que tu as osé t'approcher d'elle à nouveau tu seras puni.
Les yeux d'Ena prirent des teintes sombres.
- Ce n'est qu'une esclave...
- N'oublie que tu en étais une il y a pas si longtemps, murmura Ivar dangereusement.
- Et tu n'as pas voulu de moi, lâcha celle-ci avec amertume.
Un rire gutturale quitta sa gorge. Un rire si puissant que la saxonne rougit.
- Ainsi donc tu es jalouse ? Demanda-t-il en plissant ses yeux ; Tu pensais tout de même pas que je te prendrais pour femme ?
Ena s'approcha avec un sourire sensuel aux lèvres.
- Pourquoi te mentir à toi-même Ivar ? Souffla Ena en posant sa main sur son torse ; Tu me désires, je peux le sentir.
Ivar lui agrippa les poignets, une lueur menaçante au fond du regard.
- Je ne t'ai jamais désiré Ena, tu devrais avoir honte, Gunard serait probablement ravi d'apprendre ce que tu fais derrière son dos.
Devant son refus, Ena se recula en le dévisageant.
- J'aime Gunard !
- Est-ce là ta manière de lui montrer ? Rétorqua Ivar en s'approchant d'elle ; Séduire le jarl dans l'espoir d'obtenir un rang plus haut que la femme d'un simple guerrier ?
Piégée, Ena sentit une colère l'envahir.
- Cette jeune esclave n'en a que faire de toi ! S'écria Ena avec force ; Elle n'a qu'un seul désir Ivar...quitter tes terres même si pour ça elle doit retourner vers ton frère. Tu n'es qu'un monstre à ses yeux.
Ivar se retourna pour cacher l'expression que venait de prendre son visage.
- Vend-là Ivar, reprit-elle plus doucement en posant une main caressante dans son dos ; Cette jeune femme te causera du tort tôt ou tard elle essayera de s'enfuir, ce n'est qu'une question de temps.
Ivar se retourna violemment pour la saisir à la gorge. Cette fois-ci Ena prit peur. Enivré par sa crainte, Ivar esquissa un sourire cruel.
- Ne l'approche plus ou tu auras affaire à moi, chuchota-t-il d'une voix menaçante.
Il la relâcha et quitta la maison sans se donner la peine de refermer la porte.
Le village semblait s'être figé dans le temps. Il traversa le chemin principal pour retrouver son frère qui s'entraînait avec son arc.
- Ena te cause encore du souci mon ami ? Lança Zvar en lâchant sa flèche contre le tronc d'arbre.
- Je me méfie de cette saxonne, dit-il entre ses dents serrées.
- Tu n'es pas le seul, confia Hayar d'un air triste en regardant Gunard ; J'espère seulement qu'elle n'est pas avec Gunard par dépit.
- Je l'espère aussi, murmura-t-il les yeux levés vers l'horizon.
- Comment se porte ta captive Ivar ? Demanda Zvar en la regardant avec concupiscence.
- Très bien ! Répondit Ivar en le foudroyant du regard.
- Je regarde simplement mon ami, se justifia le viking en inclinant sa tête.
Ivar le savait et pourtant il ne put s'empêcher d'éprouver de la jalousie. Avec son statu, la jeune Nessa avait sa protection. Aucun homme ne pouvait l'approcher sans sa permission.
- Sais-tu que ton frère a de grands projets pour Kara ?
Ivar se tourna vers son frère en levant un sourcil.
- Lesquels ?
- Il veut l'épouser, lâcha Zvar avec un sourire en coin.
- Hayar es-tu sérieux ? S'enquit Ivar en posant une main sur son épaule.
Son frère acquiesça silencieusement, impassible.
- Le veut-elle au moins ?
- Elle ne le sait pas encore, avoua Hayar en posant son regard sur celle-ci qui se tenait à l'entrée de la maison, prostrée sur une marche.
- Cela ne fait que quelques jours qu'elle est ici, elle a l'air...triste.
- Je sais qu'elle est triste, mais c'est elle, j'en suis convaincu Ivar. Elle n'est pas comme les autres femmes, elle réveille en moi une force inexplicable.
Perplexe, inquiet par les présages de Ena qui avait semé le trouble dans son esprit, Ivar observa la jeune cousine de Nessa.
- Elle a peur, elle est perdue, mais peu à peu elle me regarde comme un homme et non comme son maître, regarde-là....elle est tout ce dont je rêve.
- Elle est fragile, nota Ivar.
Une flamme dangereuse se mit à briller dans les yeux noirs de son frère.
- Je la traite bien Ivar, je lui laisse la liberté, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle m'aime.
- Tu restes à ses yeux l'homme qui l'a enlevé.
- Je suis celui qui l'a arraché à un mariage forcé, rétorqua vivement son frère tandis que Zvar s'éloignait pour les laisser seul à seul. Je ne l'a forcerai pas à devenir ma femme, elle acceptera crois-moi sur parole. Avant le printemps, cette jeune femme sera ma femme à jamais.
La force de ses convictions le laissa sans voix.
- Si tel est ton désir alors je n'irais pas contre ta volonté.
Le regard de son frère s'adoucit.
- Et toi ? Que comptes-tu faire de Nessa ?
Alors qu'il fut sur le point de répondre sur un ton bourru son frère poursuivit.
- Tu as passé des années à haïr les femmes, ose mentir et me dire que la situation ne te désespère pas.
Ivar fronça des sourcils.
- Tu as toujours traité les femmes du village avec négligence, avec désintérêt et voilà que tu te comportes avec cette femme comme si tu cherchais désespérément un dialogue avec elle.
Ivar se tourna vers la jeune femme qui n'osait même plus bouger. Elle était seule, hésitante, le regard perdu sur les femmes au loin qui s'étaient regroupées pour échanger.
- Je l'a répugne, dit-il d'une voix de gorge.
- Alors comporte-toi comme un maître et cesse de t'occuper d'elle.
Ivar s'y refusa.
- Ton intérêt pour elle ne passe pas inaperçu dans le village, tu ne l'as traite pas comme une esclave, certains disent que bientôt tu lui ôtera son statu d'esclave et qu'ils pourront enfin la courtiser.
Cette information fit monter en lui une jalousie si vive que ses yeux devinrent noirs.
- Est-ce bien vrai ?
- Je te l'affirme, répondit Hayar en faisant signe à Kara de s'approcher ; Certains essayent de récolter des informations sur elle auprès du jeune garçon. Apparemment, notre oncle la voulait. Gareth a mis un terme à sa vie aussi pour cette raison. Elle a été convoitée par beaucoup d'hommes et jalousée par lady Sarah. C'est une créature divine Ivar.
Peu à peu, Ivar voyait rouge.
- Néanmoins, elle refuse toutes propositions de mariage, même dans son village elle a refusé bien des offres.
- Tant mieux ! Grogna Ivar.
- Serais-tu jaloux mon frère ? Lança Hayar en souriant.
Ivar préféra ne rien répondre et se tourna vers elle. Il la surprit en train de le regarder puis elle baissa immédiatement les yeux.
- Tu dois rendre visite au jarl voisin, emmène-là avec toi Ivar, conseilla sérieusement Hayar en posant sa main dans le dos de Kara.
Ivar était trop préoccupé à observer Nessa pour écouter leur conversation. Il attendit qu'elle relève sa paire d'yeux lumineux pour décider qu'il l'emmènerait avec lui...
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