Chapitre 12



Ivar ouvrit les yeux à l'aube et distingua les rais de lumières du soleil se poser sur sa peau. Sa tête ne lui faisait plus mal. Son épaule était moins douloureuse.

Il inspira profondément par le nez et sentit l'odeur de l'âcre, comme si le feu du foyer avait fini par s'éteindre. Les souvenirs de la veille lui revint alors en mémoire. La fièvre, la douleur et sa jeune captive à son chevet. Il redressa sur le lit en calant son bras contre son ventre à la recherche de la jeune femme aux yeux verts. Allongée près du mur, elle dormait à même le sol, potion vide dans la main. Ivar crut d'abord qu'elle avait mis fin à ses jours avant de voir sa poitrine se soulever d'une longue respiration. Malgré toute la haine qui le rongeait, Ivar s'apaisa le temps d'une minute en réalisant que sans elle, il serait probablement mort. Il détourna sa tête mal à l'aise de sentir un trouble l'envahir. Le plus douloureux fut de savoir qu'elle le détestait et que malgré tout elle l'avait guéri. Elle ne s'était même caché des motivations qui l'avaient poussée à le soigner. La peur que l'un de ses hommes ne s'empare d'elle. La déception lui serra le cœur, à supposer qu'il en ai toujours un...

La porte de sa saison s'ouvrit sur Hayar. Lorsqu'il le découvrit assis sur le lit, son frère ouvrit de grands yeux ronds, une lueur d'espoirs au fond du regard.

- Mon frère ! Tu es vivant !

Ivar força un sourire en inclinant sa tête.

- Comment...est-ce possible ?

Hayar s'agenouilla près du lit, inclinant sa tête tout en murmurant des louanges aux dieux.

- Les dieux n'ont rien avoir avec ma guérison, c'est elle qui m'a sauvé.

Surpris, Hayar se retourna vers la jeune femme endormie par terre.

- Je lui avait dis de ne pas t'approcher !

- Et pourtant, elle l'a fait et sans elle, je serais probablement mort, rétorqua Ivar avec un air sérieux.

Hayar s'adoucit, sourire aux lèvres.

- J'avais dit aux autres qu'elle pouvait te guérir mais ils craignaient qu'elle te tue.

Ivar posa son regard sur elle en se gardant de révéler à son frère ce qui l'avait poussé à le sauver.

- Demande aux autres femmes de lui préparer à manger, ordonna-t-il sans la quitter des yeux.

Son frère referma sa main sur la sienne avec une lueur d'émotion dans les yeux puis se leva pour exécuter son ordre. Une fois seul avec sa captive, Ivar se redressa lentement pour faire retomber lourdement ses pieds sur le sol.

Elle ouvrit les yeux brutalement, regardant autours d'elle. Ses yeux se posèrent dans les siens et elle se redressa en sursautant. Ivar éprouva en envie dévastatrice de la prendre dans ses bras, l'obligeant à s'asseoir sur ses genoux pour sentir contre lui la finesse délicate de ses formes.

- Bonjour...

Timidement, elle porta ses mains sur ses joue, essayant de mettre de l'ordre dans ses cheveux.

- Vous allez mieux ? S'informa-t-elle d'une voix presque inaudible.

- À toi de me le dire, répondit Ivar en baissant les yeux sur sa poitrine qui se soulevait au rythme saccadé de ses respirations ; Veux-tu bien venir examiner ton travail ?

Maladroitement, elle se leva pour s'approcher du lit, les yeux rivés sur sa blessure. Il pouvait lire de la crainte dans son regard, de l'épuisement aussi. Elle était très frêle, ses yeux verts cernés par la fatigue mais aucun de ces détails lui arrachaient sa beauté énigmatique.

Elle écarta le bandage d'une main tremblante.

- La plaie n'est plus infectée, déclara la jeune femme en refermant le bandage ; Dans quelques jours il n'y aura plus qu'une cicatrice.

- Encore une, dit-il d'un souffle grave.

- Je...pourrais peut-être estomper la...

- Au contraire, coupa-t-il d'une voix calme ; J'accepte mes cicatrices, elles ont une signification particulière pour mes ennemis.

Elle se s'écarta, mains dans le dos.

Ivar fut sur le point de parler avant que Hillyss l'une des femme du village lui apporte ce qu'il avait demandé.

Celle-ci jeta un regard empli de jalousie à la jeune femme puis quitta la maison sans un mot. Ivar sut alors qu'il devrait menacer ces femmes avant qu'elles n'envisagent de s'en prendre à elle.

- Prends un bol, mange un peu, l'enjoignant d'une voix ferme mais moins brutale.

Nessa crut mal attendre jusqu'à ce qu'il s'agace en désignant le bol du menton. Affamée, elle le prit et se retourna dos à lui pour dévorer son bol. Elle demeura interdite lorsqu'elle l'entendit se lever.

- As-tu une requête à me demander ? Tu m'as sauvé la vie, dis-moi ce que tu veux en échange à l'exception de ta liberté.

Nessa ferma les yeux, ayant la sensation qu'il se trouvait juste derrière elle.

- Du savon, demanda-t-elle alors sans réfléchir ; J'aimerais pouvoir me laver avec du savon.

- Alors tu iras dans la maison des bains, ton souhait est accordé.

Sa peau se mit à la brûler lorsqu'il posa sa main ferme sur son épaule. Nessa n'osait plus bouger. Il la retira puis s'écarta à son plus grand soulagement. Mais sa peau se hérissa entièrement quand elle l'entendit se déshabiller.

- Quand pourrais-je y aller ? Demanda-t-elle précipitamment.

- Viens m'aider avant, ordonna-t-il bruissement.

- Non je ne peux pas, refusa-t-elle complètement affolée à l'idée de faire face à sa nudité.

- Je ne suis pas d'humeur à abuser d'une femme aujourd'hui ! Lâcha-t-il d'une voix bourrue ; Aide-moi à passer ma chemise !

- Pas si vous êtes nu !

Son sang se mit à battre dans ses veines quand il se leva d'un bond menaçant. Il l'obligea à se retourner. Nessa constata éberluée qu'il était encore en pantalon.

- Comme tu peux le constater je ne suis pas nu ! Et je t'interdis de discuter mes ordres !

Ivar jura intérieurement. Pas tout les dieux ! Chaque fois qu'il essayait de se montrer aimable et faisait en sorte d'éveiller en lui une colère rugissante.

- Aide-moi à passer mon bras, demanda-t-il d'une voix plus amène.

Sans discuter elle posa le bol sur la table et l'aida à se vêtir. Le contact de ses doigts fines sur sa peau provoqua en lui un accès de désirs qui l'obligea à s'éloigner d'elle.

- Avez-vous besoin d'autre chose ?

- Attend-moi ici, ne bouge pas.

Ivar quitta la maison en marmonnant dans sa barbe. Il était évident qu'elle le détestait et qu'elle le voyait toujours comme le monstre qui l'avait capturée. Il secoua alors sa tête pour recouvrir ses esprits. Après tout elle était sa captive, il n'avait que faire de ses états d'âme et encore moins des sentiments qui l'animaient.

Alors pourquoi avait-il tant de mal à supporter qu'elle le déteste autant ?

Lorsqu'il traversa le village il fut acclamé par la foule et félicité pour sa guérison. S'efforçant de se montrer le plus agréable possible, Ivar offrit de chaleureuses accolades à ses amis puis rejoignit Haakon non loin de sa maison.

- Où est ta femme ? J'ai besoin d'elle.

- Dans la maison.

Ivar pénétra dans la maison pour y trouver Ydi en train de bercer son enfant.

- Ravie de vous revoir sur pieds mon seigneur, déclara-t-elle en s'inclinant respectueusement.

- Merci Idy.

- Avez-vous besoin de mes services ?

- J'aimerais que tu emmènes Nessa prendre un bain.

Ivar serra le poing lorsqu'il prononça son prénom pour la première fois. Ce dernier s'était insinué en lui comme un poison qui n'avait ni limite ni remède. Aussitôt des images interdites se formèrent dans son esprit. Pour les chasser, Ivar ferma les yeux un instant.

- Elle semble avoir confiance en toi, poursuivit-il en regardant l'enfant se blottir contre sa mère ; Je l'ai autorisé à prendre un bain chaud et elle aura sans doute besoin de ton aide.

- Je ferais mon nécessaire pour l'aider et répondre à votre requête.

Satisfait, malgré le tumulte d'émotions qui affaiblissait son esprit, Ivar quitta la maison en espérant que ce privilège donné à sa captive allège le poids de son jugement qu'elle avait de lui.

Celui d'un monstre.

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