7. Le masque de la mort
Bonjour, bonsoir tout le monde. J'espère que vous allez bien. ^^
J'espère que ce chapitre vous plaira et je vous souhaite une bonne lecture.
Et encore merci à vous chers lecteurs, chères lectrices, de me lire et de m'encourager ! :)
! Warning ! Ce chapitre contient des scènes violentes et morbides. Vous voilà avertis ^^'
7. Le masque de la mort
Un peu plus tôt dans l'après-midi du 24 Décembre.
Pris par ses devoirs de chef de clan, Giorno avait passé toute la journée hors de Venise. Pour revoir Gigi et lui consacrer sa soirée, il avait dû régler au plus vite ses affaires « commerciales » avec les russes : un banal recel d'œuvre d'art qui avait pourtant failli tourner au pugilat.
C'était dans un entrepôt désaffecté de Milan, aux alentours de 13h, que les clans mafieux Ivanov et Giovanna, avaient tenté de négocier. Mais les choses ne s'étaient pas exactement passés comme prévues. Avant même que les deux leaders ne puissent commencer à débattre sur le prix des toiles, une rixe avait éclaté entre deux des hommes de Giovanna et un des russes.
Selon les sens aiguisés de Paolo et Carmine, l'homme d'Ivanov flairait le félon et le mouchard à plein nez. Et quand les deux vénitiens avaient exposé leurs soupçons, les russes avaient eux-même décidé de torturer cet homme pour lui arracher la vérité. Ils commençait déjà à le rosser quand leur boss, Sergeï Ivanov, les fit s'arrêter d'un geste sec.
- Tenez le bien !
Puis il s'était tourné vers Giorno, remuant toute la fourrure grise de son ample manteau :
- Mes plus plates excuses pour le désagrément Giovanna. Je choisirais mieux mes sbires à l'avenir, mais pour l'instant, tu conviendras que je dois châtier les traîtres dans mes rangs.
Avec ses cheveux gris plaqués à l'arrière de son crâne, ses grands yeux bleus et perçants, Ivanov ressemblait au loup de Sibérie. Il en avait en tout cas, les couleurs, la majesté et l'aura inquiétante. En bon diplomate, Giorno avait consenti en hochant la tête d'un air entendu. Aussitôt, Ivanov avait appelé son bourreau pour réparer l'affront et tirer toute cette affaire au clair :
- BORRIS !
Répondant à son nom, un homme bourru était apparu, corde à l'épaule et mallette à son côté. Il était court sur pattes et incroyablement large d'épaules, avec un visage rongé par d'épais sourcils et une barbe noire foisonnante. Sans sommation, il dépouilla le traître de tous ses vêtements et le ficela rudement à une colonne de fer avant d'ouvrir sa mallette pour se mettre à l'ouvrage.
Impassible, Giorno observa le spectacle en silence. Il ne prit aucun plaisir à voir l'homme se faire battre puis torturer mais il devait objectivement reconnaître que les techniques de Boris, bien que rudimentaires et brutales, étaient fort efficaces. Très vite, les aveux du traître avaient commencé à pleuvoir sous la salve de ses cris de douleur.
À la stupéfaction générale, il affirma être un mercenaire. Il s'était infiltré, des mois auparavant, dans le clan Ivanov et ce uniquement pour assister à ce rendez-vous. Sa mission : faire la peau au si gênant et si redoutable Giorno Giovanna !
Boris le bourreau avait bien essayé de lui faire cracher le nom de son commanditaire mais ses mains cruelles et chirurgicales avaient beau tenter de remodeler les testicules du traître à la pince et au scalpel, impossible de lui délier à nouveau la langue. Et pour cause ! Quand Giorno avait compris qu'il était en train de se la manger et de l'avaler pour échapper à son supplice, il se précipita vers lui. D'une main imperturbable, il lui ouvrit la mâchoire et plongea ses doigts dans sa gorge pour l'empêcher de s'étouffer. L'homme eut un haut-le-cœur et Giovanna empoigna ses longs cheveux châtains, baignés de sueur et de sang :
- Ne crois pas que je vais te laisser mourir. Si tu tiens tant que ça à te séparer de ta langue, je te l'arracherai volontiers, mais seulement après que tu m'aies dit qui t'a commandé ma mort ! Lui avait-il dit dans une froide et parfaite maîtrise de la langue de la mère-patrie.
Le mercenaire toussa piteusement, crachant une gerbe de sang sur la chemise immaculée du beau vénitien. Ses yeux vitreux et injectés de larmes, passèrent de Giovanna à Boris, une expression désabusée traversant ses traits burinés et tuméfiés.
- Arg... Vous... Vous ne comprenez pas. Si j'en réchappe, il me fera bien pire que ce que vous pouvez imaginer...
- Ne sous-estime pas ma créativité. Avait rétorqué Boris de sa voix libidineuse en taquinant ses outils de ses doigts boudinés.
Incompréhensiblement, la réponse de sa victime fut précédée d'un rire sombre et amer :
- Ne pensez pas pouvoir effrayer un homme déjà condamné. Je ne vous prends pas pour des enfants de chœur, loin de là... Je sais que vous allez me torturer. Ma douleur et mes nerfs sont désormais entre vos mains... Mais lui, il détient le sort de ma femme et de mes enfants ! Si je reviens sans avoir rempli ma mission, ils mourront, à cause de moi. Je sais ce qu'il me reste à faire... Sachez que quoiqu'il advienne, je ne dirais rien !
Puis, plantant son regard désabusé dans celui de Giovanna il acheva : « Je n'avais que deux options dans la mort : réussir à te tuer et mourir sous les balles de tes hommes ou échouer et tomber sous la torture. Il faut croire que j'ai pas eu de bol... »
Son visage tuméfié essayait de sourire, une dernière fois avant que ses traits ne se transforment définitivement en un masque de douleur.
Giorno fut saisi par la vaillance et la détermination de cet homme, prêt à tout endurer pour protéger les siens. Presque ému par son sort, il voulut tenter de le raisonner.
- Si ton commanditaire est aussi cruel que tu le décris, que crois-tu qu'il arrivera à ta famille si tu meurs ?
- Ma femme est belle et intelligente. Je sais qu'elle lui plaît et que cette situation n'est qu'un motif pour la tenir captive. Il la prendra auprès de lui et il confiera nos enfants à son clan. C'est bien là le moindre mal auquel je doive me résoudre.
Giorno comprit que cet homme, depuis le début, ne pouvait être sauvé. Cette mission avait été l'occasion pour son commanditaire de se débarrasser non pas d'un mais de deux rivaux : l'un dans le domaine professionnel, l'autre dans une affaire de cœur.
- Comment t'appelles-tu ?
N'ayant désormais plus rien à perdre, le condamné lui répondit : « Adrian Bielinski. »
- Tu as peut-être voulu me tuer Adrian, mais tu es un homme admirable. Je respecte les sacrifices auxquels tu t'engages avec tant de courage... Aussi, je vais te proposer un marché. Si tu me donnes son nom, je t'achèverais d'une balle dans la tête. Cette preuve de ta mort, je la ferais envoyer par mon clan à ton commanditaire pour qu'il ne touche pas à ta famille. Je ferais le mort pendant quelque temps pour qu'il pense que tu as accompli ta mission. Et quand il s'y attendra le moins, je l'anéantirais. Ce jour-là je te promets que ta famille sera libre et qu'au nom de ta bravoure, je me ferais un devoir de la protéger.
Devant son ton impérieux et solennel, une lueur d'espoir avait traversé l'œil du russe et longuement, il avait sondé le regard de Giovanna, semblant hésiter à lui accorder sa confiance. Sans se l'expliquer, ce jeune homme à la crinière blonde lui évoquait un beau lion, noble et audacieux.
- Ça pourrait être un bon deal...si seulement j'avais la garantie que tu tiendras parole.
- Si tu es du milieu, tu dois déjà savoir qu'un Giovanna ne promet pas en vain ni sans conséquences. Je ne donne que rarement ma parole, mais j'ai pour règle de ne jamais m'y soustraire. Tous ici pourront en attester.
Comme pour corroborer ses dires, Ivanov se permit d'ajouter :
- En deux ans de collaboration, je peux affirmer que Giovanna a toujours tenu parole. Cet homme est bien trop fier et implacable pour ne pas tenir ses promesses. Tu peux lui faire confiance Adrian.
Après avoir réfléchi un instant, proche de céder, le condamné demanda au vénitien, dans le blanc des yeux :
- Tu me promets de protéger ma famille Giovanna ?
Pour tout réponse, le vénitien avait planté ses yeux dans les siens et avait hoché la tête avec assez de naturel et de convictions pour qu'il fut convaincu. Alors, pousser par son instinct, espérant très fort ne pas avoir été dupé, le russe était passé aux aveux :
- C'est le padre di Roma... C'est Borghese qui a commandé ton assassinat.
Giorno n'était qu'à moitié étonné. Il savait que son empire grandissant faisait de l'ombre au plus vieux parrain de Rome. Sans doute le vieillard était-il plus aux abois que ce qu'il laissait paraître. Mais une chose était certaine : chercher à l'assassiner était un très mauvais calcul de sa part, et ce pathétique aveu de faiblesse et de sénilité, il allait le payer très cher !
Giorno sorti son revolver de son holster et pointa le canon sur la tempe d'Adrian Bielinski. L'homme, dans ses derniers instants ne tremblait pas. Il plongea ses yeux bleus dans ceux de Giovanna, essayant encore d'y trouver la garantie que son sacrifice ne serait pas vain. Giorno le gratifia de son intense regard vert et le mercenaire y décela la grandeur et la sincérité de l'homme qui allait lui prendre la vie. Comme s'il avait deviné ses craintes, Giorno l'avait rassuré une ultime fois :
- Sur mon honneur, je ferais tout pour ne pas laisser les tiens aux mains de Borghese.
Confiant, Adrian abaissa les paupières, fermant le rideau final sur ce qu'avait été sa vie. Sans regrets ni inquiétudes, il s'en remit à son débiteur et sa tête s'écroula sans même entendre la détonation qui lui avait explosé le crâne.
Sans joie mais sans faillir, Giorno venait de l'abattre froidement, récitant intérieurement les derniers mots salvateurs d'une prière :
«... Priez pour nous pauvres pêcheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen »
Après ce funeste épisode, les deux clans avaient pu sceller leur accord. Avant qu'ils ne se quittent, Sergeï, qui avait était fortement impressionné par la façon dont Giorno avait su débusquer ses ennemis, s'était gentiment proposé de s'occuper du corps d'Adrian. Après que Giovanna y ait consenti, Boris s'était affairé à décapiter le mercenaire.
Giorno avait alors observé la tête de ce brave se faire séparer de son corps à grands coups de scie circulaire.
Sans sembler s'émouvoir ou éprouver des remords, le regard vert sombre du beau vénitien était cependant piégé dans une émotion impénétrable. Au fond de lui, il était à la fois fasciné et écœuré. Il ne pouvait s'empêcher de scruter les stigmates de la mort, imprimés sur la tête d'Adrian : son crâne partiellement rongé, ses yeux révulsés, sa bouche sanguinolente s'ouvrant sur sa dernière exhalaison, et son visage blême, affaissé, aux traits mollement figés dans une éternelle inertie.
Cette vision, aussi vive, aussi sombre et angoissante qu'une peinture du Caravage était une vanité de chair que lui, artiste de la mort, avait créé. Et les yeux prisonniers de ce Memento Mori, Giorno senti son sang battre et courir violemment à travers ses veines.
Il avait appris depuis longtemps qu'on se sentait rarement aussi vivant qu'en donnant la mort. Pourtant il n'avait jamais réussi à prendre du plaisir dans le meurtre. Il n'arrivait à s'y résoudre qu'en cas d'extrême nécessité. Aujourd'hui, contrairement à Adrian, il ressortait vainqueur de son duel avec la mort mais en contrepartie, il avait écopé d'une dette et d'un nouvel ennemi à abattre. Sa seule satisfaction était donc de ressentir cette intense vitalité qui le traversait, lui rappelant qu'il vivait et que même s'il devait se faire passer pour mort, il lui restait encore à protéger son clan et à exécuter sa vengeance.
Ivanov était venu poser une main sur l'épaule du vénitien, l'arrachant à sa contemplation morbide. Alors qu'il n'avait certainement pas plus de 50 ans, le russe se permit pourtant de lui dire comme un vieux de la vieille :
- Tu es encore jeune mais tu fais les choses à l'ancienne pas vrai ? J'aime les gars comme toi Giovanna. Tu as offert une belle mort à un camarade russe. Tu es un homme droit. Compte sur moi pour répandre la nouvelle de ta mort si ça peut t'aider à déjouer Borghese.
-Merci Ivanov. Toujours un plaisir d'avoir affaire à toi.
En signe de respect et d'appréciation mutuelle, les deux hommes s'étaient finalement quittés dans une robuste accolade.
*
En quittant l'entrepôt aux alentours de 18h, Giovanna avait laissé derrière lui les affaires et l'odeur de la mort pour se concentrer sur son rendez-vous de ce soir. De Milan à Venise, il fallait compter environ 3h de route en voiture, et une fois dans son embarcation, il devrait prendre au minimum le temps de se laver et de se changer. Il était hors de question de seulement penser à toucher Gigi avec ses mains souillées par le sang.
Non seulement Giorno allait être en retard mais en plus il allait devoir trouver une excuse pour que la jeune femme accepte de quitter le restaurant et le rejoigne incognito. Car s'est bien connu, quand on fait le mort, on ne sort pas dîner le soir en charmante compagnie !
En toute raison, il aurais du annuler, mais il en était absolument incapable. Depuis leur rencontre, la tendre Gigi ne l'avait plus quitté. Comme une douce obsession, le souvenir de ses cheveux de feu, de son visage malicieux et de son odeur de pluie était resté figé dans un coin de son esprit. Il avait tant attendu de la revoir qu'il ne pouvait se résoudre à faire une croix sur leur rendez-vous. Ainsi, pendant tout le trajet il avait cherché un moyen de gérer la situation. Il craignait que sa belle ne réagisse mal à ce brusque changement de programme. Il l'imaginait déjà prendre peur et s'offusquer qu'ils ne se retrouvent plus dans un lieu public...
Après d'intenses délibérations intérieures, un plan avait émergé : Il ne la préviendrait de son retard que lorsqu'elle se trouverait au restaurant. Il la supplierait de l'attendre s'il le fallait. Une fois accosté près de l'Oro, il enverrait un de ses hommes la chercher et l'attendrait à l'abri des regards dans un de ses bateaux. Et si jamais elle parvenait à s'en aller avant qu'il n'arrive, il n'hésiterait pas à aller la faire chercher à son hôtel. Comme il l'avait dit, il ne la laisserait pas quitter Venise sans l'avoir pleinement possédé !
Qui plus est, il lui avait promis qu'il y aurait « une prochaine fois » et Giorno Giovanna tenait toujours ses promesses.
Que pensez-vous de l'univers dans lequel Giorno évolue ? Le personnage conserve t-il toujours votre sympathie ? Cet entrée en matière dans les affaires de la mafia vénitienne vous semble t-elle convaincante ? (à défaut d'être réaliste, comme toujours ^^')
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