14. Confessions sur l'oreiller (1)

Tout d'abord, veuillez m'excuser pour cette longue absence. J'avais un peu mis wattpad et cette histoire de côté dernièrement... Mais me voici de retour, pour vous jouer un mauvais tours ! (Appelez moi Winny Rocket ;) )

Pour le média, un peu d'art victorien avec le tableau « La confession » de Frank Dicksee. Hormis dans le titre, je n'y fait aucune référence directe, mais il me semblait bien coller pour ce chapitre. Principalement parce que j'y vois comme un genre de séance de psychanalyse, mais c'est une interprétation tout à fait personnelle. Je me demande si en vérité il n'illustre pas une scène d'aveux comme dans La Princesse de Clèves. C'est une hypothèse mais je n'ai trouvé aucunes infos concernant la scène représentée ^^'

Je vous souhaite une agréable lecture :)


14. Confessions sur l'oreiller (1)


Quand Gigi ouvrit les yeux, la chaude lumière de l'aube perçait le voile rouge du drap de satin qui lui couvrait le front. Comme au cœur d'un brasier, enveloppée d'une ardente chaleur, elle se réveilla avec la sensation d'étouffer. Le visage enfoui contre la peau brûlante d'un torse de chair et de granite rose, elle commençait à suffoquer. Chaque fois qu'elle essayait laborieusement d'inspirer de grandes bouffées d'air, l'odeur délicieusement envahissante de Giorno venait frapper ses narines.

Son beau vénitien la tenait contre lui au point de lui bloquer la respiration. Son corps recouvert de sueur tressaillait dans son sommeil et il s'échappait de ses lèvres des balbutiements incompréhensibles et apeurés.

Gigi tenta de se soustraire à lui, de remuer ses membres encore alanguis, sans succès. Les bras et les jambes de Giorno n'avaient fait que se resserrer plus sûrement autour d'elle, si bien qu'elle ne pouvait désormais plus bouger d'un pouce.

Ce n'était clairement pas comme ça qu'elle avait idéalisé son réveil auprès de son prince. S'il continuait à la serrer si fort, il allait immanquablement la faire défaillir, encore...

Sans ménagement, elle enfonça ses ongles dans sa peau et lui érafla le torse pour le faire réagir. Il eut un bref mouvement de recul et elle parvint alors à libérer son visage pour lui hurler :

- Giorno ! Hé ho ! Réveille-toi où jte jure que j'hésiterais pas à te chiquer !

Sa voix criarde mais dénuée de colère le tira de son sommeil. Dans un spasme violent, Giorno émergea, la face encore toute vermeille, comme si les flammes de ses visions s'étaient incarnées sur ses joues. Les cheveux roux de sa belle qui le chatouillaient sous le menton et les lacérations sur son torse le ramenèrent progressivement à la réalité. Et en réalisant soudain que Gigi se tenait contre lui, bien vivante à en juger par son ardeur à le griffer, il laissa échapper un long soupir de soulagement.

- Gigi. Grazie Dio. Tu es en vie, marmonna-t-il d'une voix enrouée en posant ses lèvres sur le sommet de son crâne.

- Plus pour longtemps si tu continues à m'étouffer comme ça... railla sa bella, le souffle court.

Confus, Giorno ouvrit aussitôt ses larges bras pour la libérer.

- Perdonami. J'ai eu un sommeil agité... confessa le beau vénitien en l'observant rouler sur le dos pour reprendre sa respiration.

- Un cauchemar ? demanda-t-elle, totalement apiamie.

Sans une parole, la mine soucieuse, il se contenta d'hocher la tête.

- Dans lequel je mourais je présume ?

Un voile de colère et de frustration traversa l'émeraude de ses yeux et il acquiesça une seconde fois.

- Je vois... Et on te coupait la langue aussi dans ton cauchemar ? Fit-elle, le coin de ses yeux strié par la malice.

Ô comme il aimait la retrouver d'attaque et goguenarde de si bon matin. Sa remarque ne manqua pas d'arracher à ses lèvres pleines un mince sourire et il ne put s'empêcher d'aller l'embrasser pour lui prouver que sa langue était bien à sa place.

En le voyant se précipiter sur elle, Gigi poussa un cri affolé :

- Non ! Je me suis pas lavé les den... Mmmph !

Malgré ses protestations, la bouche du beau vénitien s'écrasa sur la sienne et elle n'eût finalement ni la réserve ni la volonté nécessaires pour lui résister. Leurs souffles étaient certes plus chauds que la veille mais le baiser n'en était pas moins délicieusement grisant.

- Je t'ai déjà dit hier que je n'avais aucun problème avec ton haleine. Ta bouche est plus suave que le miel bella mia.

- Et tes répliques sont encore plus mièvres que celles des romans à l'eau de rose, répliqua-t-elle sans pour autant dissimuler sa joie de le sentir à nouveau contre elle.

Alors qu'il se redressait contre les oreillers, relevant son opulente chevelure de boucles blondes, elle le regarda langoureusement avant de venir se blottir contre sa large poitrine. En un geste protecteur et instinctif, il l'accueillit contre lui, un bras autour de ses épaules et sa main recouvrant négligemment son sein d'albâtre. Il pouvait sentir son cœur battre au creux de sa paume et cela suffisait à chasser de son esprit ses récentes visions. En cet instant, l'enfer n'existait plus. Et son souvenir, enfoui comme une terreur lointaine, se substituait à la divine présence de sa belle.

Les petits doigts de Gigi s'activaient délicatement sur son ventre, y traçant des cercles, des spirales, zigzaguant sur la ligne de ses abdos avec une légèreté facétieuse. Puis d'un ton innocent et détaché elle lui demanda :

- Comment je mourais dans ton rêve ?

Surpris par la question, Giorno se raidit. S'astreignant à mesurer sa réaction, il la serra un peu plus contre lui.

- Dans mes bras... souffla-t-il, la gorge serrée.

- Oh alors ça y est, tu as déjà envie de me tuer ? Remarques, tu as presque réussi cette nuit... Plaisanta la jeune femme par pure malice.

À cette évocation, elle sentit soudain les muscles du beau vénitien se tendre et se figer.

- Je suis désolé Gigi. J'aurais dû me contrôler et te ménager...

Son ton résolument morne et contrit avait fait se redresser la jeune femme. Et comme s'il avait été un vieux camarade, elle lui agrippa l'épaule.

- Hé je rigole Giorno. Je suis en parfaite santé et bien plus solide que j'en ai l'air. Si tu avais voulu me tuer, il aurait fallu que tu redoubles d'ardeur. Fit-elle en se gaussant.

Son œil droit lui adressa un de ces clins d'œil dont elle avait le secret. Le menton audacieusement relevé, elle redressa le buste, comme pour lui montrer tout l'aplomb dont elle se vantait. Elle ne le remarqua pas, mais en faisant cela, on aurait dit qu'elle exposait fièrement la longue traînée de suçons qui paraît son cou et descendait jusqu'à sa poitrine comme un collier de perles pourpres.

Giorno effleura son cou, dissimulant une partie des marques sous sa large main et alors que Gigi se tendait délicieusement sous la caresse, il confessa d'une voix lourde :

- Je ne plaisante pas. Quand tu t'es évanouie, j'ai cru un instant que je t'avais tué. Si tu savais comme j'ai eu peur. Comme je m'en suis voulu...

La belle fronça les sourcils avant de l'interrompre :

- Peut-être que tu as cru que j'étais une petite chose fragile. Laisse-moi te dire que c'est pas le cas. C'est vrai que coucher avec toi devrait être considéré comme un sport extrême mais pas de là à tuer qui que ce soit...

Désormais il s'échappait de ses lèvres un petit rire clair et contenu, signe avant-coureur qu'elle allait encore essayer de le vanner :

- Tu imagines si à chaque fois que tu y allais un peu fort tes partenaires finissaient par mourir sous tes coups de boutoir... Je te vois déjà obligé de te débarrasser des corps, les jeter négligemment dans le canal. Tu défrayerais la chronique et dans les gros titres il y aurait écrit : le sexual killer de Venise a encore frappé !

L'innocence de son rire le fit pâlir. Un tueur. Si elle savait...

Pour faire bonne figure, il esquissa un semi-sourire qui ressemblait plus à une grimace et il lui répondit :

- Je ne te connaissais pas encore ce goût pour l'humour noir mia bella.

- Il faut dire qu'il y a deux jours, nous étions encore des inconnus.

- C'est vrai. Et je regrette que nous n'ayons pas plus pris le temps de discuter. Je comptais le faire hier mais tu ne m'en as pas vraiment laissé l'occasion.

Gigi roula aussitôt les yeux au ciel, feignant une parfaite innocence :

- Je ne vois pas de quoi tu parles... Mais j'imagine qu'il n'est pas trop tard. Tiens ! Et si tu commençais par me raconter ton cauchemar. Que je sache ce qui peut bien perturber un homme comme toi.

En s'asseyant en tailleur à son côté, elle avait passé un doigt sur le front de Giorno, comme pour exprimer son désir de pénétrer les mystères que renfermait son esprit. Le beau vénitien lui sourit, entourant doucement sa petite main :

- Si on doit en venir à parler de nos tourments alors j'exige d'abord que tu me dises exactement ce qui s'est passé à l'Oro. Que je sache ce qui a bien pu faire pleurer une femme comme toi.

Puis en achevant sa phrase, il déposa un baiser d'une infinie légèreté dans le creux de son poignet.

- Oh... à la réflexion on ferait peut-être mieux de parler de trucs plus anodins... Hum tu veux pas savoir quelle est ma couleur préférée par exemple ?

Ne se laissant aucunement distraire par sa question enfantine, Giorno planta un regard invasif dans l'océan de ses yeux.

- Je dirais le bleu, affirma-t-il, sûr de lui. Et j'insiste, je veux vraiment savoir ce qui s'est passé.

- Gagné ! Et toi c'est quoi ? Attends laisse-moi deviner. Le rouge ! Ou peut-être le noir ?

- Perdu, le blanc. Et maintenant revenons au sujet initial si tu veux bien...

Devant ses tentatives infructueuses d'évincer le sujet en question, Gigi lui offrit une moue boudeuse et résignée avant de finalement céder. Elle même ne savait pas pourquoi, mais il avait le pouvoir de lui faire déroger à sa réserve naturelle. Et si elle devait d'abord se dévoiler pour en apprendre plus sur lui, alors elle ne reculerait pas.

- Bon d'accord, je vais te raconter. Il a intérêt à être intéressant ton cauchemar !

Elle rabattit ses genoux sous son menton et d'une petite voix, elle alla chercher les mots capables de raconter ce qu'elle avait toujours tenu sous silence :

- Quand j'avais six ans, ma mère est partie à Venise... Commença-t-elle.

Et devant l'écoute attentive de Giorno, elle se surprit à ne plus pouvoir s'arrêter de parler. Comme si le lit avait été un divan et le beau vénitien son psy, elle lui raconta absolument tout : des espoirs d'une année qui s'étaient soldés par la découverte de la tombe du jardin, en passant par le silence de son père, et finissant par la pitoyable scène de retrouvailles au restaurant. Trop emportée par son récit, elle n'avait pas négligé d'évoquer son trouble, ses doutes, ainsi que les sentiments qui l'avaient traversée. C'était peut-être la première fois qu'elle racontait à quelqu'un, avec autant de détails et d'introspection, cette part obscure et encore non élucidée de son histoire personnelle. Et même si elle avait envie de pleurer, ça faisait simplement du bien.



Voilà pour la première partie de ce chapitre où nos deux protagonistes prennent enfin le temps de parler et de faire un peu connaissance. Comme pour le reste, entre eux tout va très vite. Les confidences peuvent paraître un peu précipitées, mais j'ai vraiment besoin qu'il se livrent l'un à l'autre.

Ici, pas vraiment de descriptions, de poésie ou de références littéraires ou artistiques. ça m'a peiné, mais je ne voyais pas comment forcer la chose. J'ai voulu privilégier les dialogues et même si j'adore ça, ça n'a jamais été mon fort. J'espère quand même que ce n'est pas trop long ou trop ennuyeux à lire car la deuxième partie sera du même acabit ^^' (avec la dynamique inverse, où Gio se dévoile un peu plus à Gigi. )

Comme j'ai pris un peu d'avance, je posterais la suite dès la semaine prochaine et j'aurais le plaisir de vous partager un adorable fanart de Gigi.

Encore merci à vous de me suivre, de me lire et de me donner votre avis. Ça me permet d'avancer et de me motiver :)

Prenez bien soin de vous ! <3

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