Chapitre 8


J'espère que vous allez bien.

Je viens vers vous pour parler un peu du livre en cours. Je sais que vous n'avez pas l'habitude de voir un personnage aussi sombre que Silas et certains craignent pour le déroulement de cette histoire d'amour et comment celle-ci va naître. Faites-moi confiance je sais ce que je fais. Nous en sommes qu'au début de l'histoire et elle ne manquera pas de rebondissement. Et pour répondre à une question qui revient souvent, oui Silas reviendra sous l'apparence du tueur au masque sans visage et c'est une révélation qui le fera renaître. N'oubliez pas le titre.

J'ai hâte de poursuivre cette histoire.

Gros bisous. ❤️



Interdite, Abby attendait l'avis de Margaret Stones avec nervosité. En lui confiant ce que lui avait proposé Silas Balthazar Azarov elle espérait que Margaret l'aide à prendre la bonne décision, mais contre toute attente elle restait silencieuse.

- Je pensais que vous seriez d'une grande aide, mais il se trouve que j'avais tort.

Alors qu'elle saisissait ses affaires pour partir la thérapeute se redressa d'un bond.

- Attendez ! Je vous prie de m'excuser, j'étais seulement dans mes songes.

Dans ses songes ?

- Est-ce le moment alors que je vous confie une peur, une hésitation, une inquiétude ?

- Non, vous avez raison, admit-elle avec un sourire forcé. Je suis juste un peu inquiète pour nos séances. Si vous résidez là-bas, nous ne pourrons pas avancer Abby.

- Alors c'est tout ce qui vous intéresse ? Que je continue mon histoire ? S'enquit Abby consternée.

- Vous avez accepté ces séances pour que je puisse vous aider à répondre à vos questions, mais au lieu d'affronter vos tourments vous essayez de les fuir.

- Je ne fuis pas ! S'emporta Abby en se levant d'un bond.

- Dans ce cas pourquoi vous avez annuler notre séance ? Vous étiez bien partie Abby, mais depuis plus rien.

Une colère émergea jusqu'à lui brûler l'estomac.

- Que voulez-vous savoir au juste ? Que j'ai été enfermée dans une chambre où il n'y avait pas de fenêtre ? Que je n'étais pas attachée parce que de toute façon je n'avais aucun moyen de fuir ?

- Oui par-exemple c'est un bon début, ou alors m'expliquer ce qui vous ronge et qui vous amène à vous poser des questions auxquelles vous n'avez pas de réponse.

Abby se passa une main dans les cheveux, les lèvres tremblantes.

- Pourquoi il m'a gardé en vie, dit-elle presque en chuchotant.

Une larme coula le long de sa joue et elle l'essuya avec l'index en secouant imperceptiblement la tête.

- Je veux que nous continuions nos séances Abby, cependant rien ne vous empêche de faire ce test si vous considérez qu'il peut vous être utile.

- J'ai peur.

- Monsieur Azarov est un professionnel, un homme très charmant.

- Et d'apparence glaciale, ajouta Abby.

- Quand on a un regard proche sur ce genre d'horreur il est difficile de ne pas devenir froid et distant. Si vous voulez travailler pour lui alors je suis pour. C'est un bon moyen de savoir ce qui vous paralyse pour avancer et dépasser vos peurs.

Margaret Stones se leva en lui souriant.

- Acceptez Abby.

Un froid glacial se forma dans sa nuque et elle essaya de le réprimer au mieux en quittant le bureau.

Elle ignorait où cela la mènerait, mais quelque chose d'étrange la poussait à accepter. Deux jours plus tard Abby tournait en direction d'un chemin abandonné et son esprit la poussa à donner un coup de frein. Elle serra le volant de toutes ses forces pour se donner le courage de se remettre en route seulement le paysage lui faisait penser de manière horrible à cet endroit qui avait détruit sa vie avant que les ténèbres la prennent.

Elle traversa le chemin sillonné de grands arbres dont les branches et les feuilles s'entremêlaient ensembles jusqu'à effacer le ciel et au bout de ce chemin se trouvait un grand portail.

Ce dernier s'ouvrit lorsqu'elle rapprocha la voiture et elle leva le pied de la pédale d'accélérateur tout en levant les yeux sur les bribes de pierre qu'elle voyait se dresser au loin. Quand elle dépassa les grands arbres de l'allée elle découvrit un manoir très ancien et imposant tant par sa structure que par son style architectural Tudor.

Son pouls s'accéléra subitement et elle quitta la voiture avec un sentiment étrange qui fit fourmiller son visage. Un vent léger s'engouffra dans les feuilles des grands chênes et elle s'entoura de ses bras pour réprimer les frissons d'inquiétude qui commençaient à affluer sur sa peau.

Elle sursauta en étouffant un hoquet lorsque derrière le bruissement des arbres elle perçut un lourd grincement.

Abby dévia son regard en direction du manoir et vit l'homme émerger dans l'encadrement de la grande porte. Il portait un pull gris anthracite et un pantalon noir, une tenue plus décontracté qui se différenciait de son long manteau noir. Il descendit l'escalier à sept marches pour la rejoindre et Abby eut envie de faire demi-tour lorsqu'il arriva à sa hauteur.

- Je constate que vous avez trouvé sans difficulté.

- À vrai dire je me suis perdue à trois reprises, admit-elle en forçant un sourire. Vous êtes...très loin de la ville.

- J'aime la solitude.

Son regard si naturellement menaçant lui donna l'impression qu'elle suffoquait. Il l'enveloppait avec son regard comme s'il cherchait à lire ses pensées. Étrangement, elle décela dans ses yeux que quelque chose avait changé. Une profonde satisfaction habitait son regard noir aux reflets presque métallique.

- Vous avez beaucoup de bagages ? Demanda-t-il en se dirigeant vers le coffre.

- Oh euh...juste un sac.

Silas ouvrit le coffre à la hâte pour récupérer son sac alors qu'en lui commençait à muer le début d'un nouveau chapitre. C'était un combat qu'il était prêt à mener pour comprendre de lui-même pourquoi le cœur de cette fille battait encore. Pourquoi il l'avait sauvé.

Un flashback le saisit alors.

Ce jour d'hiver, quelques semaines après son enlèvement, Silas se trouvait devant la porte blindée et arpentait les recoins du sous-sol imprégné de rage. Ses mains violemment fermées en poings avaient fini par faire craquer le cuir de ses gants jusqu'à en faire émerger ses phalanges blessées.

Il s'était alors élancé dans la pièce obscure et avait allumé la lumière blafarde pour affronter la jeune fille rousse allongée sur le lit. En découvrant que l'assiette qu'il lui avait généreusement servie était encore pleine comme les précédentes une colère noire s'était alors abattue sur lui et sur elle.

Il s'était élancé droit sur elle, et l'avait soulevé d'un seul bras pour la jeter sur son épaule. Au lieu de se débattre elle s'était laissée conduire à l'étage supérieur et il l'avait assise de force sur une chaise en bois.

Durant toute sa captivité, pas une seule fois la fille avait entendu sa voix mais elle était parvenue à comprendre ses émotions froides.

- Ça fait des jours que vous essayez en vain d'assouvir votre vengeance sur moi, avait-elle déclaré d'une voix faible. Je vous en prie faites-le. Par pitié faites-le mais je...je ne veux pas mourir de cette façon.

Derrière son masque, Silas avait ignoré son regard terrifié qui l'implorait de la tuer rapidement et il avait lié ses poignets à la chaise.

Sa captive refusait de s'alimenter de peur de mourir par empoisonnent et de façon lentement, mais sans s'en rendre compte elle bafouait sa clémence.

- Coupez-moi ce que vous voulez ! Tuez-moi mais...je...

Elle s'était interrompue en sanglotant quand Silas avait encore une fois essayer d'abattre cette grande lame sur son poignet mais qui au lieu de l'atteindre, la lame s'était violement plantée sur la table en bois.

Impossible et irréalisable jusqu'à le rendre fou.

" Pourquoi ! " avait-il eu envie de lui hurler en passant ses mains autour de son cou.

Pourquoi n'arrivait-il pas à faire ce geste qui ne lui avait demandé aucune seconde de réflexion pour les autre coupables. Abby Miller faisait partie des noms en bas de la liste, les noms de ceux qui se trouvaient dans la maison le soir où sa sœur avait été torturé sans que personne ne s'y oppose lorsqu'elle avait été sortie de force de la maison sous les yeux de tous. Sous les rires, les fausses consternations, les encouragements. Silas avait alors décidé de les punir en leur coupant une main...celle qui leur avait servi pour certains d'entre eux à filmer la scène.

Abby Rivera Miller faisait partie de cette liste et c'était pourtant simple. Un coup de hache, un coup de couteau précis et il l'aurait libérée comme il l'avait fait pour les autres.

Alors pourquoi il ne parvenait pas à le faire jusqu'à lui donner l'envie de la tuer pour en finir définitivement avec cette torture incessante qui l'empêchait de terminer son œuvre ?

Silas lui avait prit le menton violemment pour la forcer à s'alimenter de force au lieu de la laisser dépérir. Et le plus terrible c'est que chaque cuillère que la fille acceptait d'avaler sous la contrainte apaiser la noirceur de sa colère comme s'il refusait que la fille lui échappe et que la mort la lui prenne.

Parce qu'il était le seul à pouvoir décider de son sort.

- J'espère que ça ne vous posera pas de problème si je dois me rendre en ville quelque fois ?

Silas s'arracha au passé et planta son regard sur elle en le sachant presque assassin.

- Non, bien sûr que non, dit-il en dessinant un sourire rassurant sur ses lèvres qu'il brûlait pourtant de déformer en rictus.

Il ferma le coffre et se rapprocha d'elle pour poser ne serait-ce que la naissance de ses doigts dans son dos.

- Venez, il fait froid, rentrons à l'intérieur.

Bien qu'elle s'appliquait à le suivre Silas pouvait clairement sentir qu'elle était tendue et hésitante à entrer.

Il ne pouvait pas se permettre de la voir reculer et le fuir car il n'était pas sûr de pouvoir maintenir enfermé en lui l'ensemble des ténèbres qui rêvaient d'émerger sur chaque parcelle de son visage.

Ce qu'il voulait c'est saisir ce que le destin lui offrait pour enfin trouver une réponse à l'obsession de ne pas comprendre pourquoi il l'avait épargné de toutes souffrances.

Après avoir passé le seuil de la porte, Abby fut captivée par les décors d'un ancien temps qui épousaient chaque mur de l'entrée. Subjuguée elle en oublia presque l'angoisse latente et opaque qui lui nouait l'estomac.

- Vous avez choisi ce manoir pour son côté ancien ?

- J'aime l'architecture telle que celle-ci, expliqua-t-il en posant son sac près du grand escalier. Suivez-moi je vais vous faire visiter.

Abby inspira difficilement en le suivant dans le vaste manoir. Son cœur s'emballa d'une façon indescriptible lorsqu'il la conduisit dans le grand salon. Un air d'opéra se mêlait au crépitement du feu de la cheminée et il y avait des cartons alignés le long d'un mur.

Les vestiges qui s'y trouvaient la captivèrent immédiatement et elle s'approcha d'un tableau ou plutôt une œuvre saisissante et troublante.

- Elles sont à vous toutes ces œuvres ? Demanda-t-elle en se pivotant les talons pour le regarder.

Abby réprima un sursaut quand elle découvrit qu'il était là, juste devant elle à quelques centimètres...si proche que sa poitrine effleura son torse. Il la regardait avec sa paire d'yeux aux reflets cendrés sans un mot et son rythme cardiaque s'affola.

- Non, l'ancien propriétaire les a laissé accrochées au mur, finit-il par répondre en levant la tête vers celle qui se trouvait derrière elle. Je suppose qu'il n'en voulait plus.

Abby déglutit en essayant péniblement de trouver un espace pour respirer et c'est lui qui le lui donna en s'éloignant en direction d'une autre porte fermée.

- Poursuivons mademoiselle Rivera.

- Respire, s'ordonna-t-elle d'un murmura en le suivant.

Tout au long de cette visite Abby éprouva autant de fascination que de crainte car le manoir possédait des dédales de couloirs mystérieux et parfois anxiogène.

- Voici votre chambre, annonça-t-il en ouvrant une porte troisième étage.

La porte grinça lorsqu'il l'ouvrit, et elle s'avança à l'intérieur avec hésitation. Elle était ravissante dans cet ensemble boisé et épuré. Le lit à baldaquin trônait au centre de la pièce qui vivait une histoire grâce aux meubles au style Tudor avec un soupçon de modernité.

- Est-ce qu'elle vous plaît ?

- C'est parfait monsieur Azarov, déclara Abby en marchant sur la paquet parfois grinçant.

Elle se dirigea vers la fenêtre et écarta le rideau pour admirer le paysage très verdoyant et presque mystique.

- J'ignorais qu'un tel lieu existait à Mercer Island, dit-elle en faisant retomber le rideau.

Elle se retourna pour le regarder dans les yeux mais sa voix semblait s'éteindre chaque fois qu'elle arrimait son regard au sien.

- Vous serez bien ici, dit-il d'une voix très gutturale. En fait je crois que vous avez besoin de ça.

Pour l'heure elle ne savait pas si elle avait pris la bonne décision, mais il fallait essayer.

- Que dois-je faire maintenant ?

- Rien. Pour l'instant il est préférable que je vous laisse vous installer et trouver vos marques. Nous parlerons du reste au dîner de ce soir.

Ce n'était pas un suggestion mais un ordre qu'elle décela dans sa voix incroyablement sombre et implacable.

- Le plus important c'est que vous soyez là, ajouta-t-il avec un éclat pénétrant dans les yeux.

Et un sourire indéchiffrable...

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