Chapitre 7 - Love me, love me, love me

De petits couinements résonnaient dans la pièce plongée dans l'obscurité, suivis d'un long râle puis d'une respiration saccadée.

Une certaine chemise serrée contre lui, les joues prises de teintes rosées, le jeune garçon essayait de reprendre son souffle. Ce dernier, brûlant, percutait le tissu du vêtement qu'il avait en main pour l'imprégner de son odeur, de sa présence. Sa fragrance vanillée qui se mêlait à celle du possesseur originel du linge désormais souillé d'un liquide blanchâtre reconnaissable.

Aah, Izuku, si tu voyais ce qui arrivait aux affaires que tu laisses sans surveillance, nul doute que tu ne saurais où te mettre, tant tu en serais gêné.

A cette pensée, un gloussement enfantin remonta des cordes vocales de Kuklya, avant qu'il ne se lève de son lit dans un long soupir. Il se hâta de se revêtir de son caleçon, ainsi que de son short, entamant quelques pas de danse improvisés dans la petite pièce qui lui servait de chambre. Qu'est-ce qu'il pouvait aimer Izuku.

Aimer, était-ce le bon mot ?

Il n'en était pas certain. Les seules personnes qu'il eut jamais aimées étaient ses parents, desquels il ne lui restait que si peu de souvenirs. Des visages souriants, un timbre de voix des plus doux. C'était tout ce qu'il possédait encore d'eux, dans sa mémoire endommagée.

Ah, non. Il y avait aussi cette dernière image qu'il avait eu d'eux. Ces corps ensanglantés, si peu reconnaissables, se faisant lécher par les flammes ravageant leur maison. Cette vision aussi, lui semblait bien floue. Mais la douleur qu'il ressentait à chaque fois qu'il y pensait était assez vive pour lui permettre de ne pas totalement oublier.

Ses doigts remontèrent machinalement vers le nœud rose pâle ornant son torse, qu'il caressa avec nostalgie, dernier objet qu'ils lui avaient offert. S'il ne lui restait plus grand-chose de ses géniteurs, mentalement parlant, on ne pouvait pas dire que la situation était différente, matériellement. Il ne lui restait que si peu d'éléments, les concernant. Et pourtant, il s'accrochait à eux, en proie à la sourde angoisse de finir par ne plus se souvenir de rien à leur sujet, un jour.

Et pourtant, malgré ce vide les concernant, il aimait profondément ses parents.

Peut-être que, concernant Izuku, le terme de « désir » était plus approprié ? Certainement. Il ne voulait pas y réfléchir. Il ne demeurait pas suffisamment stable dans ses émotions pour parvenir à mettre des mots sur chacune d'entre elles. Et puis, de toute façon, pourquoi perdre son temps à les nommer ? Il les ressentait, c'était le plus important, non ?

Attrapant la chemise traînant sur son lit, il sortit de la pièce, puis descendit au rez-de-chaussée, après avoir pris soin de lancer le vêtement sale dans le bac à linge situé dans la salle de bain commune. Sautillant de marche en marche, il arriva dans le bar servant de QG à la Ligue des Vilains, saluant joyeusement Shigaraki Tomura, Kurogiri, et Dabi, qui s'y trouvaient déjà. Seul le barman le lui rendit. Il était habitué. Les deux autres, concentrés sur la télévision, ne lui jetèrent même pas un regard. Kuklya s'approcha, pour voir ce que l'on pouvait bien y raconter de si intéressant.

A l'écran, une journaliste parlait de la disparition inquiétante de deux héros, à savoir celles de Ground Zero, ainsi que Red Riot. Un sentiment de fierté envahi l'albinos, alors qu'il songeait au fait qu'il en était à l'origine. Cela n'aurait tenu qu'à lui, il se serait rendu sur ce plateau télévisé, et aurait capté l'attention des caméras pour leur raconter en détail l'état dans lequel les deux représentant du bien se trouvaient.


« Vous pouvez toujours les chercher, vous les trouverez pas de sitôt, rit le Russe.

- T'es sûr que c'était une bonne idée de capturer Red Riot ? l'interrogea soudainement Dabi, mettant fin à ses fanfaronnades. S'attaquer à deux héros pros de cette renommée en moins d'une semaine, c'est assez risqué.

- T'as peur de quoi ? demanda Kuklya en se tournant vers lui. Personne connait cet endroit. Et puis, c'est Izu qui me l'a demandé.

- Et si « Izu » te demandait de te livrer à la police, tu le ferais ?

- Nan, ça, il serait capable de le faire tout seul, sans l'aide d'Izuku. » les coupa Shigaraki.


Sous le coup d'une impulsion...probablement. De manière triomphante, en exposant chacun de ses crimes. Mais cela, il ne le ferait que lorsqu'il aurait terminé ce qu'il avait à faire. Cette mission qu'il s'était imposé à lui-même. Cette vengeance qu'il avait à mener, et qui représentait sa raison de vivre toute entière. Il passa une main sur la sangle ornant son cou.


« Je vous en prie, arrêtez ! »


C'était pour la mener à bien qu'il avait accepté ces modifications corporelles, l'implantation de cet alter.


« Maman... Papa... Venez me chercher... »


Enfin, cela, il ne s'en souvenait pas.


« J'en peux plus... S'il vous plaît... »


C'était Izuku qui lui avait dit.


« Tuez-moi... »


Et Kuklya lui faisait confiance.


« Tuez-moi ! »


Quel intérêt posséderait-il à lui mentir, de toute façon ?


« AaaaaAAAARGH ! »


Pour quoi d'autre aurait-on pu lui permettre de changer ses bras en lames ?


« Q-qu'est-ce que vous m'avez fait ?! »


Pour le plaisir ?


« C'est quoi, ces lames ?! »


Non, la Ligue n'avait pas que cela à faire. Elle voulait seulement l'aider. L'aider à se venger de cet homme qui avait assassiné ses parents. Endeavor.


« J'en veux pas ! Enlevez-les-moi ! Ramenez-moi à la maison ! N-non, attendez ! C'est quoi, cette seringue ?! Non, plus de drogue ! J'vous en prie ! Non !! »


... Endeavor.

Penser à ce nom réveilla une vive colère en lui. Comment est-ce que quelqu'un comme lui pouvait encore se considérer comme un héros ? Et ce 'symbole de la paix', All Might, qui n'avait rien fait pour sauver ses géniteurs, qui avait même couvert leur assassin, selon les dires du leader de la Ligue. Comment pouvait-on aduler de telles personnes ? Faire confiance à ceux que la société appelait injustement 'héros' ?

Il souffla. Il devait cesser d'y penser. Pas lorsqu'il n'avait rien pour défouler sa haine, pour lui permettre de se lâcher. Certes, il y avait bien toutes ces personnes retenues prisonnières, au sous-sol, sur qui il pouvait passer ses nerfs. Mais bien trop souvent Shigaraki l'avait réprimandé, parce qu'il finissait par les tuer en leur tranchant la tête, après les avoir lacérés, déchiquetés, assez profondément pour que, parfois, leurs organes ne finissent exposés, voire même par traîner au-dehors, devant eux, tandis qu'ils agonisaient, criaient, pleuraient, bavaient. Quel spectacle enchanteur cela représentait à ses yeux ! Quelle magnificence ! Quelle beauté, tout ce sang capable de s'écouler d'un corps humain ! Le simple fait d'y songer lui occasionna un frisson.


« Tiens, au fait, elle est pas là, Himiko ? » demanda-t-il, en tournant sur lui-même, pour s'offrir une vue d'ensemble du bar.


Himiko Toga faisait également partie de la Ligue. Elle partageait son amour pour le sang, pour la torture. Et de ce fait, il l'appréciait particulièrement. Pas au point de la désirer, au même titre qu'Izuku, non, Kuklya ne ressentait pas ce genre de choses envers la gente féminine. Mais au moins pouvait-il la qualifier d'amie. Ou quelque chose dans le genre.


« Non, elle est sortie y'a une bonne demi-heure. Elle a dit qu'elle avait des choses à faire. » répondit Dabi.


Oui, donc, elle était certainement en train de traquer de pauvres innocents sans défense.


« Dommage, j'aurais bien voulu qu'on inaugure notre nouveau prisonnier ensemble !

- Evite de l'abîmer trop rapidement, celui-là. Je suis toujours d'avis que ce n'était pas la meilleure des idées de le capturer juste après Ground Zero, mais maintenant qu'il est là, il peut nous être utile.

- Oui, oui, t'en fais pas Dabi ! »


L'albinos s'approcha de lui d'un pas léger, et ponctua sa phrase en déposant un baiser sur sa joue, se mettant sur la pointe des pieds pour atteindre celle-ci. Cela arracha une grimace au concerné, qui repoussa Kuklya d'une main, visiblement las. Ce garçon était bien trop tactile à son goût. Le Russe le savait, mais cela l'amusait toujours de voir les expressions du vilain à l'alter de feu, lorsqu'il entrait en contact physique avec lui.

Il en fit de même avec Shigaraki, qui grogna, maugréant des menaces tout bas, comme quoi si cela ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà réduit en cendres. Cela lui arracha un petit ricanement, tandis qu'il s'approchait de la porte menant au sous-sol.


« D'ailleurs ! Si vous voyez Twice, dîtes-lui que je vais avoir besoin de lui, prochainement ! » lança-t-il, avant de s'engouffrer dans les escaliers menant aux différents sous-sols.


Arrivé au niveau de celui où sa cible était retenue prisonnière, il avança dans le long couloir jonché de portes, sautillant comme un enfant, chantonnant une comptine sans queue ni tête. Il finit par se placer devant l'une d'elle, et l'ouvrir afin de pénétrer à l'intérieur de la salle vide à laquelle elle donnait accès.

Vide ? Pas exactement.


« Bonjour ? » se lança Kuklya, d'un ton empli d'une innocence inégalable.


La personne présente aufond de la pièce, attachée comme l'était Katsuki Bakugou, leva lentement sonregard vers lui. Des iris rougeoyantes devant lesquels retombaient des mèchesde la même couleur.

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