Chapitre 25 - Happy End
La lueur pénétrant dans la petite salle avait commencé à se faire plus faible, orangée. L'après-midi touchait à sa fin, laissant peu à peu le début de soirée s'installer. Et pourtant, aucune nouvelle ne lui était parvenue. Izuku s'était dit qu'il ne connaitrait pas le verdict le concernant ce jour-ci, contrairement à ce qu'on avait pu lui annoncer. Ou alors, ce silence signifiait qu'il était hors de question de lui rendre sa liberté. Résigné, il avait laissé sa tête se pencher vers l'arrière, entrer en contact avec le mur froid se trouvant derrière lui. Ses yeux s'étaient fermés, de ses lèvres entrouvertes s'échappa un long soupir. Au moins, la prison ne pouvait pas être pire que ces années qu'il avait passé au sein de la Ligue avant d'en devenir membre. L'on ne s'amuserait pas à le mutiler mentalement, à le priver des libres mouvements de son corps. Il devait voir le positif : il pourrait s'y reposer, se tenir loin de tout ce qui pouvait toucher à la torture. Certes, Katsuki lui manquerait, il ne pourrait s'empêcher de s'inquiéter pour Kuklya mais... Mais le blond lui rendrait visite, pas vrai ? Et puis, il lui demanderait de veiller sur l'albinos pour lui. Et lui n'aurait plus qu'à attendre. Attendre le jour de sa libération. Après tout, il était l'auteur de choses atroces, qu'il le veuille ou non. De ce fait, il était normal pour lui de recevoir un châtiment adéquat. Il était prêt à l'accepter.
Quelques minutes de plus s'étaient écoulées. Et puis, du bruit se fit entendre dans le couloir. Quelqu'un qui s'approchait, faisant ouvrir une paupière au vert qui se mit à scruter la porte de sa cellule. Les pas résonnèrent pendant ce qui sembla être une éternité jusqu'à venir s'arrêter devant l'endroit où était retenu Izuku. Ce dernier, intrigué, plissa les yeux avant de se redresser afin de se tenir bien droit sur le petit banc sur lequel il demeurait assis, s'interrogeant sur l'identité de son visiteur. Il entendit le son familier du trousseau de clé, de la serrure se déverrouillant pour finalement voir entrer Uravity dans la cellule. Un léger sourire apparut sur son visage lorsque ses iris se posèrent sur le prisonnier qui, lui, l'observa d'un air plus ou moins impassible, autorisant tout de même une lueur inquisitrice au cœur de ses prunelles.
« Tu as de la visite ! » annonça-t-elle avant de légèrement se décaler pour l'inciter à la suivre hors de la cellule.
De la visite ? Ah, il s'agissait certainement de Katsuki. Tout du moins l'espérait-t-il. Une autre possibilité lui venant en tête lui souffla qu'il était sur le point de se retrouver face à Celsius et à sa sentence. Mais clairement, il préférait envisager la première option. Izuku se contenta alors de hocher la tête et de se relever en attrapant sa béquille pour sortir de la petite pièce, se retrouvant ainsi à cheminer le long du corridor aux côtés de la jeune femme aux cheveux bruns. Ils n'échangèrent aucun mot, aucun regard. Celui du vert demeurait focalisé sur la bifurcation face à lui qui le ferait sortir de cette partie de l'agence où se retrouvaient regroupés tous les vilains dans la même situation que lui, attendant de se faire transférer ou non selon la gravité de leurs actes – ceux dont l'alter ne leur permettait pas de s'échapper d'une telle cellule en tout cas. Et bon sang, ce virage semblait se trouver à des kilomètres, il avait l'impression de ne pas progresser malgré chaque pas ! Comme lorsque l'on se retrouve dans un cauchemar et que l'on tente d'avancer pour sortir d'un endroit dans lequel l'on est piégé, ou que l'on cherche à s'enfuir d'un danger et que, peu importe combien l'on essaye, notre corps fait du surplace, complétement désolidarisé de nos jambes.
Mais, contrairement à lors de l'un de ces songes, Izuku finit par arriver à cette bifurcation. Il ne s'était pas rendu compte, jusqu'alors, du rythme auquel battait son cœur, affolé dans sa cage thoracique comme s'il voulait s'en échapper, ni de la tension retenue dans ses muscles à cause de l'appréhension. Alors, avant d'avancer davantage pour se révéler, il prit quelques secondes pour s'arrêter et laisser son corps se détendre, relâchant ses épaules, desserrant ses mâchoires, soufflant un bon coup... Tout allait bien se passer. Il était prêt à toutes les éventualités. Rien ne pouvait le surprendre, l'atteindre.
Rien.
Sauf peut-être la vue d'un visage qu'il n'avait plus eu le loisir de contempler depuis maintenant des années. Arrivant finalement dans la pièce dans laquelle menait le virage, il se figea soudainement, toute sa tension revenant au sein de son organisme comme si elle ne l'avait jamais quitté. Il devait...très certainement être en plein rêve. Oui, il devait s'agir de cela. Ce qui expliquerait cette impression de lenteur, plus tôt, dans le couloir. Il avait dû s'endormir en attendant les nouvelles. Pas moyen que face à lui se trouve...
« Izuku ! »
Avant même que son cerveau ne parvienne à assimiler la chose, à comprendre ce qui lui arrivait, il vit cette femme se lever de sa chaise, en pleurs, pour courir vers lui. Elle manqua de trébucher mais se rattrapa pour atterrir contre lui avec force, l'obligeant à reculer de quelques pas pour ne pas lâcher sa béquille et tomber, entourant son corps de ses bras. Elle le serra comme s'il constituait un élément essentiel à sa survie, l'enveloppant avec elle dans une sorte de cocon sécurisé, sensation bien lointaine, oubliée depuis si longtemps déjà, mais pourtant si familière. Elle était bien plus petite que lui, certainement plus fragile et pourtant, il avait la conviction qu'elle serait capable de s'opposer au monde entier pour le protéger. Son odeur le frappa. Une fragrance similaire à la sienne, apaisante, de forêt après la pluie. Il ne parvenait pas à discerner son visage, enfoui dans son torse, sanglotant. Mais il reconnaissait sa chevelure entre mille, ses longues mèches sapin, certaines rassemblées en une courte et haute queue de cheval à l'arrière de son crâne.
De là où elle venait, observant la scène avec émotion, se tenaient Katsuki en compagnie d'Eijirou – bientôt rejoints par leur collègue aux cheveux bruns. Un sourire encourageant sur le visage, ils demeuraient silencieux, se contentant d'assister à ces retrouvailles des plus inattendues par les concernés. Le blond hocha la tête lorsque son regard croisa celui d'Izuku qui semblait demander de manière tacite s'il s'agissait bien de la personne à laquelle il pensait – même s'il connaissait déjà la réponse. Celle-ci restait contre lui, répétant son nom encore et encore, comme un enchantement, comme si elle craignait qu'il risquât de s'évaporer si jamais elle se détachait de son corps. Et ses pleurs redoublèrent lorsqu'elle sentit les bras du jeune homme l'étreindre à son tour. En temps normal, il aurait très certainement fini par laisser un flot de larmes couler le long de ses joues, lui aussi. Mais pour le moment, il se sentait encore trop surpris, trop sonné.
« ... Salut, maman. » parvint-il à murmurer.
Inko Midoriya avait été appelée à l'agence par Katsuki, qui lui avait annoncé posséder de bonnes nouvelles sans chercher à lui donner davantage de détails. Ce n'était pas faute de lui en avoir demandé, mais le héros aux explosions tenait à ce qu'elle constate de ces nouvelles par elle-même. Au fond d'elle s'était alors mis à reluire un espoir. Un espoir lui soufflant que, enfin, son fils avait été retrouvé ! Malgré le temps passé, même si la possibilité qu'Izuku soit mort lui avait souvent traversé l'esprit, elle avait continué, encore et encore, de croire qu'il se trouvait encore vivant, quelque part.
Elle avait cependant décidé d'enfouir cet espoir en se rendant à l'agence, ne voulant pas se retrouver face à la déception de constater que non, il ne s'agissait pas de son fils.
Et pourtant... Pourtant, c'était bien lui, qu'elle avait dans les bras. C'était bien son cœur qu'elle entendait battre, là, dans sa poitrine. C'était bien sa chaleur, son visage... Son fils se trouvait là. Vivant. Un peu maigre, visiblement épuisé. Son regard avait changé. Mais il demeurait son Izuku. Son fils. Son trésor. Sa raison de vivre. Elle était tellement heureuse de le retrouver qu'elle en tremblait, en avait du mal à respirer, laissant toute la peine accumulée au fil des années la quitter à l'aide de ses pleurs incessants.
« Izuku... Izuku, tu es... Tu es là... Tu es vivant... Izuku...
- Je suis là. Je vais bien.
- O-où est-ce que... Qu'est-ce qui t'est... Izuku... Tu... Izuku...
- C'est une longue histoire, maman. »
Eijirou s'était mis à sangloter, lui aussi, touché par la scène se déroulant devant lui. Il effaçait ses grosses larmes du revers de la main, du mieux qu'il pouvait, reniflant et chouinant bruyamment. Katsuki se trouvait à rien de finir dans le même état à en juger par la manière dont il clignait des yeux, se frottant parfois ceux-ci comme si une poussière était venue s'y loger.
« Tu sais, tu as le droit de pleurer, lui murmura Ochako.
- La ferme. Pourquoi je pleurerais ? »
La brune leva les yeux au ciel, amusé. Ouais, bon, elle s'y était attendue.
« On sait ce qui l'attend, du coup, ou ils se sont pas encore décidés ? demanda le blond après un raclement de gorge.
- Oui, le verdict est tombé : il a été assigné à résidence.
- Tu veux dire...
- Qu'il a été placé sous ta surveillance, Katsuki. Il va certainement devoir être suivi par la psychiatre qui l'a vu ces derniers jours. Il a subi beaucoup de choses, doit en porter de lourds traumatismes et a très certainement adopté un comportement en accord avec la manipulation auquel il a été sujet. La surveillance sera levée quand il aura été estimé qu'il va mieux à ce niveau-là.
- Mec, c'est trop bien !! Merde, je suis trop content pour toi ! » s'écria Eijirou, ses sanglots n'en finissant pas.
Il prit Katsuki dans ses bras pour le serrer contre lui avec force, à tel point que le blond se retrouva dans l'obligation de se débattre afin de ne pas finir étouffé. Il ne le montrait pas mais, bon sang, son cœur était en fête ! Il allait pouvoir rentrer avec Izuku ! Cette histoire allait enfin se terminer, ils allaient pouvoir être ensemble, abîmés mais heureux ! Oh, lui qui était persuadé qu'il n'y avait plus aucune chance pour son ami d'enfance après que celui-ci ait essayé de s'enfuir avec lui !
Ochako se mit à rire franchement avant de se faire interrompre par la sonnerie de son téléphone. Distraitement, elle sortit celui-ci de sa poche pour voir de quoi il s'agissait et constata qu'elle recevait un appel de Shouto. Tiens, il devait toujours se trouver à l'hôpital, pourtant ? Est-ce qu'il s'était passé quelque chose ? Peut-être que le vilain s'était finalement réveillé. Elle s'éloigna de ses collègues pour prendre l'appel, les laissant profiter de cet instant de pure joie.
Essayant toujours de se défaire de la constriction d'Eijirou, Katsuki lança un coup d'œil au vert qui avait visiblement, lui aussi, entendu la nouvelle quant à sa libération, au vu de la manière dont il le regardait par-dessus l'épaule de sa mère, ce large sourire aux lèvres. Sourire auquel le blond répondit.
Chacun d'entre eux se libéra de l'étreinte dans laquelle ils avaient été pris, Izuku plus délicatement que Katsuki. La joie et l'émotion que pouvaient ressentir les quatre personnes présentes étaient palpable tant elles emplissaient la pièce d'une enivrante tension. Les deux protagonistes se rapprochèrent l'un de l'autre sans se quitter un seul instant des yeux, sous le regard bienveillant – et larmoyant – d'Inko et Eijirou, jusqu'à ce qu'il ne restât plus que quelques petits centimètres pour les séparer. Ce fut alors à leur tour de s'enlacer dans une accolade amoureuse, bien méritée après toutes les péripéties auxquelles ils s'étaient retrouvés confrontés.
Leurs lèvres s'effleurèrent délicatement, avant de venir se poser de manière tendre et assurée l'une contre l'autre. Ils échangèrent ainsi plusieurs baisers, chacun d'entre eux provoquant de véritables vagues de chaleur les traversant dans leurs entièretés.
Puis, Katsuki les détachèrent pour placer son front contre celui de son ami d'enfance, de la personne comptant le plus au monde pour lui. Ils demeurèrent silencieux un temps, profitant simplement de la présence de l'autre, présence qu'ils avaient tant recherchée depuis qu'ils s'étaient retrouvés, qui les complétait, les faisant s'attirer l'un à l'autre.
Oh, il en faudrait du temps à Izuku, pour assimiler tout cela, pour trouver les émotions adéquates tant il avait oublié à quoi pouvait ressembler la joie, après toutes ces années. Mais aux côtés de Katsuki et de sa mère, il y arriverait. Il retrouverait sa vie perdue, jetée aux orties. Cette sensation... Cet élan d'amour et de bonheur... Il ne voulait plus jamais la perdre.
« On va enfin pouvoir rentrer à la maison, Deku.
- Mhm.
- Me laisse plus jamais, d'accord ?
- Je te le promets. »
Comment avait-il pu mettre si longtemps à le réaliser ? Peu lui importait de devenir un héros, de finir vilain ou de ne vivre qu'en tant que citoyen ordinaire, tant qu'il pouvait rester auprès des personnes qu'il aimait, qui coloraient son monde au quotidien.
« Je t'aime, nerd.
- Moi aussi, Kacchan. Ilnous en aura fallu du temps mais, crois-moi, moi aussi je t'aime. Et je telaisserai plus jamais en douter. »
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Bonjour, bonsoir!
J'espère que vous allez bien?
J'espère que ce chapitre final vous aura plu! :D J'ai eu quelques difficultés à l'écrire, j'ai dû le modifier plusieurs fois car je n'étais pas du tout satisfait-e de la façon dont il se finissait... >__<
Ah, mais ne partez pas tout de suite ; il reste un épilogue à venir (et, si j'ai la foi - et si vous le voulez - un chapitre bonus qui sera assez...NSFW)!
Ca me fait bizarre de me dire que je terminerai cette histoire à peu près pile un an après l'avoir commencé? Aaah, mais je garde les grands discours de remerciements larmoyants pour après l'épilogue, uh uh!
Bonne journée / soirée à vous tou-te-s! ♥
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