Captain's Fate : Argentina

David mord sa lèvre inférieure quand il arrive sur le lieu du rendez-vous. Il ne sait absolument pas ce qu'il peut se passer, il ne sait pas qui l'a invité et qu'il y va y trouver, mais il ne pouvait pas résister à l'envie d'en savoir plus. Il n'est pas loin de Buenos Aeres, alors il peut dire qu'il connaît plutôt bien les lieux, ayant habité et grandi à Chabas, il a pu faire quelques déplacements entre les deux villes. Mais David n'est jamais venu ici. Il ne connaît pas ce restaurant, ni pourquoi on veut qu'il s'y rende. Il a laissé Alfonso à Timmy et Gonça, Martin voulait venir avec lui, mais c'était hors de question de lui faire courir des risques si quelque chose se passait mal, alors son coéquipier est resté à Francfort. David prend une inspiration avant de pousser la porte du restaurant et d'entrer, il ne peut pas rester les bras croisés devant la façade à se demander ce qu'il peut se passer jusqu'à ce que ce soit trop tard. Ses pas ne sont pas totalement assurés, mais il fait en sorte de paraître serein alors qu'il avance dans le bâtiment à la recherche de la table qu'on lui a indiquée. Près de comptoir et de la porte-fenêtre donnant sur la terrasse. David s'arrête avant de comprendre tout. Il y a déjà Lionel Messi à sa table. Ils ne se sont pas vus depuis l'équipe espoir de l'Argentine. Il tourne légèrement la tête pour voir avec qu'il parle. Estefania Banini, capitaine de l'équipe féminine argentine. Oh, la lettre ne devait pas être pour lui, il n'a rien à faire ici... Leo ne doit plus se souvenir de lui de toutes façons, il n'y a aucune raison pour qu'il ait un quelconque lien avec eux.

Mais ça n'empêche pas l'attaquant de lui faire un geste du menton pour qu'il vienne s'asseoir avec eux. David n'a aucune idée de quoi dire ou faire pour que tout se passe bien, il n'a jamais parlé avec Estefania, même s'il l'a regardée jouer pendant la coupe du monde et connaît son niveau, et Lionel est un lointain souvenir de coupe du monde. C'est étrange qu'ils soient tous les trois convoqués ici, pour parler, ils n'ont vraisemblablement pas grand-chose en commun, et aucun d'eux ne joue en Argentine. David reste sur ses gardes même s'il devrait se détendre pour ne pas paraître trop étrange aux yeux des deux autres invités.

« Parle-nous un peu de toi David, autant faire connaissance en attendant de comprendre pourquoi on se retrouve ici. » Estefania lui demande en le regardant, David avale la boule dans sa gorge, même si des trois il est très clairement le plus grand (et largement), il est plutôt timide malgré sa carrure

« Eh bien, je suis défenseur central à Francfort, et je suis le capitaine là-bas, depuis bientôt trois ans. »

« Un autre capitaine argentin alors, bienvenue au club hermano. » Leo lui sourit doucement en tapotant son épaule, gagner au moins un peu de sa considération est beaucoup trop pour ce qu'il est par rapport à lui... David force un sourire malgré le rougissement qui s'installe sur ses joues, et le manque d'aisance qui s'installe chez lui

« Tu as un surnom là-bas ? Leo est évidemment le Goat, et on me surnomme la Messi féminine, alors tu dois bien avoir quelque chose. »

« On m'appelle Capitano la plupart du temps. » David a un léger sourire en coin, ce n'est pas énorme mais c'est un surnom qu'il apprécie de plus en plus depuis qu'il a une date pour sa retraite

« Enchanté, Capitano. » Estefania lui tend la main, David la regarde quelques millièmes de secondes avant de comprendre et de la serrer, il n'est vraiment pas à l'aise avec le fait de se retrouver parmi des cadors du football, masculin comme féminin

Ceux qui les ont invité n'ont pas l'air de vouloir venir, alors ils finissent par commander des plats et des boissons, même si David aimerait que tout se termine le plus rapidement possible pour qu'il retrouve le chemin de l'hôtel avant de retourner à l'aéroport pour revoir Martin et Alfonso. Il ne comprend toujours pas pourquoi ils sont là, pourquoi on l'a fait venir alors qu'il n'a rien de spécial, mais il fait en sorte de cacher du mieux possible son appréhension en écoutant Lionel et Estefania parler. Peut-être qu'il n'a juste rien à craindre et que tout va bien se passer s'il ne cherche juste pas à devenir paranoïaque. David ne peut pas réellement savoir, mais il a cette intuition que quelque chose cloche, mais il ne veut pas en parler avec les deux autres argentins, pour ne pas les inquiéter, pour ne pas avoir l'air complétement fou. Il aurait peut-être dû prendre Hinti avec lui...

David détourne le regard de son assiette pour remarquer les joues rouges de Lionel et Estefania, c'est étrange, les deux autres capitaines n'avaient pas l'air timides au premier contact. Il a de plus en plus chaud d'ailleurs. David ouvre légèrement sa chemise avant de prendre son verre de bière, mais avant de poser ses lèvres dessus, il remarque quelque chose qu'il aurait préféré être faux. Une espèce de poudre blanche en train de se diluer dans la mousse. Il avale la boule de sa gorge en reposant le verre après avoir fait semblant de prendre une gorgée. Ils sont probablement surveillés depuis le début, et Lionel, Estefania et lui ont dû boire de cette chose sans s'en rendre compte. Ce n'est que son deuxième verre, alors il en a probablement moins bu que les autres, mais il peut sentir un mal de tête lui monter en compagnie de sa soudaine montée de chaleur. David mord sa lèvre inférieure en se levant pour aller aux toilettes, il a besoin de se passer de l'eau sur le visage pour retrouver ses esprits. Il jette un rapide regard aux caméras de surveillance, il n'a pas confiance en cet endroit.

David mouille son visage rapidement, avalant de l'eau pour passer ce qu'on a mis dans son verre, et envoyant un rapide message à la police pour qu'elle vienne le plus rapidement possible. Il ne sait pas ce qu'il peut se passer ici, mais il ne veut pas le découvrir. Il mord sa lèvre jusqu'au sang pour se concentrer sur la douleur et pas sur ce que la drogue ou le médicament ou n'importe quoi d'autre essaye de lui faire sentir. Il ne sera pas le gars stupide des films d'action. David prend une grande respiration alors que ses mains agrippées à l'évier commencent à trembler. Il doit rester fort pour pouvoir repartir d'ici, Estefania et Lionel avec lui. Mais son cœur lui fait défaut alors qu'il entend plus de voix que prévu dans le restaurant, et des bruits de couverts, vaisselles sur le sol. David entrouvre légèrement la porte des toilettes pour voir des espèces de soldats porter ses deux collègues argentins vers il ne sait où. Il écoute leurs discussions en restant caché. « Y'en avait pas trois à récupérer ? » David sent son cœur tressaillir une nouvelle fois dans sa poitrine alors qu'ils sont évidemment aussi à sa recherche. Il referme discrètement la porte avant de jeter un regard au conduit d'aération au-dessus de l'une des cabines. Il y arrivera, et il n'a pas beaucoup de temps, alors il ne va pas se poser beaucoup de questions ! Il ferme la petite porte derrière lui et pose ses pieds sur la cuvette pour se donner plus de hauteur, heureusement il est déjà grand de base. Il n'a rien pour dévisser le grillage, alors il ne peut que sortir ses clés et tourner les deux vises du haut, il entend les pas qui se rapprochent de lui alors qu'il a précédemment bloquer la porte des toilettes, il sauvera Messi et Banini, mais pour le moment il doit sortir d'ici. Il a tellement chaud, la sueur coule sur son front alors qu'il réussit enfin à ouvrir. Il pousse sur ses jambes en s'appuyant sur la réserve d'eau, il y arrivera.

Quand David est dans le conduit, il referme la grille du mieux qu'il peut, la porte des toilettes s'ouvrant. Il voit rapidement trois hommes couverts d'un équipement militaire débarquer, mais il n'a pas envie de rester ici alors qu'il commence à se tortiller dans le conduit pas pour les gens de sa taille, ce qu'il a vu dans les films était un ramassis de mensonge et maintenant il le saura alors qu'il rampe du mieux possible sans faire trop de bruits. Au diable son costume. David sent son cerveau fondre à cause de ce qu'il y avait dans son verre, mais il ne compte pas abandonner alors qu'il parcourt les mètres d'acier jusqu'à apercevoir une lumière. Il y a un grillage qui donne sur la cuisine juste en dessous. David serre son poing alors qu'il continue d'avancer, s'il descend ici, il est sûr de tomber sur les pseudos soldats à sa recherche. Il en voit enfin le bout quand il glisse sur la tôle jusqu'au local poubelles. Il reprend une grande expiration d'air frais, avant de reprendre ses esprits. Il doit retrouver Lionel et Estefania, même si la police n'est toujours pas arrivée. Il se faufile dans l'ombre de la nuit venant tout juste de se poser, mordant continuellement sa lèvre pour garder son attention sur la douleur et ne pas se laisser aller. Il ne regrette plus de ne pas avoir pris Hinti avec lui. Il espère que son autrichien et que son fils vont bien, mais il n'a pas le temps de sortir son téléphone quand il entrevoit un camion blindé. C'est là qu'ils doivent être. David se glisse jusqu'à une voiture semblant appartenir au même groupe à côté de lui, avant de rentrer dans le coffre. Il est stupide, mais il ne va pas les laisser tomber.

À suivre...