4 ~ Café
- Tu as rencontrée un garçon ! S'exclama Ninon
Je ris devant son air ahuri et je répondis :
- Oui.
- Où ? Quand ? Comment ?
- Tu m'as l'air bien enthousiaste. Dis-je
- Oui ! Raconte-moi tout, je veux des détails !
Nous commencions une heure plus tard que d'habitude aujourd'hui donc elle m'avait retrouvée chez moi pour parler d'hier. On papotait, allongées dans mon lit.
- Et bien, je suis allée au café, comme certains soirs, mais il n'y avait plus de place. Sauf à la table de ce garçon. Je lui ai demandé si la place était prise et il m'a invité à m'assoir.
Je vis apparaître sur le visage de Ninon un sourire en coin :
- Intéressant... Il était comment ? Il était mignon ?
J'éclatais de rire.
- En effet, il était vraiment pas mal. Il est grand, il a les cheveux châtains, courts, des yeux verts et des lunettes carrés.
- Oulala ! Vas-y, continu !
- J'ai commandé un cappuccino et il a... comment dire... approuvé.
- Comment ça « approuvé » ?
Je m'arrangeais pour prendre une voix un peu plus grave que la mienne et je lu sur le carnet où j'écrivais mon livre :
- Le cappuccino, l'équilibre parfait entre l'expresso, le lait, la mousse et une pointe de chocolat en poudre. Le bonheur.
Elle éclata de rire. en guise de réponse.
- Ensuite, continuais-je, je me suis rendue compte que j'avais oublié de prendre un stylo pour écrire. Du coup, je lui ai demandé s'il en avait un. Et quand il m'en a passé un, nos mains se sont effleurées.
- T'as fait exprès ? Me taquina-t-elle
- Même pas ! Ensuite, j'ai écris ce qui s'est passé. Et quand j'ai eu fini... il était parti !
- Nan !
Je sortis le stylo de ma poche.
- Il ne te l'a même pas demandé ? S'étonna Ninon
- Si mais j'ai refusé de lui rendre.
Ninon pencha la tête sur le côté et leva un sourcil en souriant.
- À ton avis ? Demandais-je
- D'accord, me charrie pas ! Ce que les films et les livres d'amour m'ont appris, c'est qu'il a fait exprès de te laisser le stylo pour que vous puissiez vous revoir !
- Tu crois ?
- J'en suis sûr ! Alors, tu y retournes quand au café ?
- Je pensais y aller ce soir.
- Très bonne idée. Tu me tiendras au courant.
Je soupira en souriant.
- Si tu veux.
- T'as intérêt !
Nous riions de plus belle. La chose que je ne lui disais pas, c'est que j'y retourne seulement pour lui rendre son stylo. Je ne voudrais pas apprendre à le connaître. Évidement que j'en ai envie, mais se serait égoïste de ma part puisque j'allais mourir. Alors pourquoi je lui racontais ? Parce que elle adore les histoires croustillantes sur les garçons.
- Et toi, t'as personne en vue en ce moment ? Demandais-je pour changer de sujet
- Non. Mais bon, je ne suis pas pressée. Me répondit-elle
Elle regarda ensuite sa montre.
- Bon, on devrait y aller si on ne veut pas être en retard.
- Ouaip !
On se releva, on enfila nos manteaux et on pris notre sac avant de sortir de l'immeuble pour se rendre au lycée.
Pendant les cours, je pensais au garçon du café en tripotant son stylo. Et mon grand regret, je rêvassais plus que je n'écoutais le cours. Il fallait que j'arrête de penser à lui ! Pourquoi est-ce que j'y pensais encore ? Je ne peux pas sortir avec ce garçon ! Ce ne serais pas juste ! Et puis, pourquoi est-ce que j'y pense, si ça se trouve, il s'en fiche de moi... Je ruminais comme ça pendant toute la matinée.
Le midi, avec Ninon, on se retrouvait à la cantine et on parlait de garçons.
- C'est quoi ton type de mec ? Demandais-je à Ninon
- J'adore les garçons aux cheveux bruns et aux yeux bleus ! Mais toi, c'est pas la peine de te demander ton type.
- Comment ça ?
- Ton type de mec c'est le garçon du café !
Je m'empourprais.
- Quoi ? N'importe quoi...
- Menteuse ! Tu es ma meilleure amie Julie, je sais quand tu mens ! Surtout que tu mens très mal... Je t'ai vue en classe, tu avais la tête ailleurs et tu tripotait son stylo !
Je levais les mains en signe de rédition.
- Tu m'as démasquée.
Nous riions. Nous finissions ensuite de manger en papotant. Le reste de la journée j'arrivais un peu mieux à me concentrer.
En rentrant avec Ninon, nous avons bavardé sur le chemin du retour.
- Donc, tu vas au café ce soir ou pas ? Demanda-t-elle
- Oui !
- Tu...
- Oui Ninon, je te tiens au courant.
- Allez, bonne soirée... dit-elle d'une voix pleine de malice
- Bonne soirée, à demain. Répondis-je
On rentrait chez nous tranquillement. Quand j'arrivais à mon appartement je m'exclamais :
- Je suis rentrée !
- Je suis dans le salon ! Répondis ma mère
Je posais mon sac à l'entrée et je pris un sachet de gâteaux au chocolat avant d'aller dans le salon.
- Coucou maman.
- Bonjour ma chérie. Ta journée c'est bien passée ?
- Super, et la tienne ?
- Ça va, mais pas beaucoup de clients.
Ma mère était libraire, elle a toujours eu une passion pour les livres, ça doit être grâce à elle que j'aime tant écrire. Et aussi de mon père qui était bibliothécaire. Ils s'étaient rencontrés à un salon du livre.
- Cool. Je vais au café, je rentre vers dix-neuf heures.
- Encore ? Bon, d'accord, à ce soir, je t'aime !
- Je t'aime aussi maman. M'exclamais-je avant de sortir
Je pris l'ascenseur en fredonnant sur la musique agaçante. Je me rendis ensuite au café. Il n'y avait presque personne et je ne vis pas le garçon. J'étais déçue... Je m'assis à la même place qu'hier et je commandais un cappuccino. J'envoyais un message à Ninon :
Moi « Il n'est pas là... »
Ninon : « Dommage. Peut-être un autre jour ! »
Je commençais à écrire avec son stylo en buvant quand une voix m'interpella :
- Excusez-moi, est-ce que cette place est libre ?
Je relevais la tête et je souris en voyant LE garçon. Je regardais autour et je vis que le café était presque vide.
- Oui, allez-y.
Il sourit puis s'assit.
- Merci.
Il commanda un cappuccino et je dis :
- Se serait sans doute un peu bizarre si le cappuccino était l'équilibre parfait...
Il éclata de rire :
- Oui, je pense.
Je souris en le regardant. Je sortis tout d'un coup de ma rêverie et je lui tendis son stylo :
- Euh votre stylo...
- Non, gardez-le.
- Vraiment ?
- Oui, avec plaisir.
- D'accord, merci. Ça tombe bien, j'avais oubliée de prendre un autre stylo.
Il sourit.
- Je m'appelle Thomas Bertheau.
- Julie Rosier.
Nous nous serrons la main.
- On peut se tutoyer. Proposais-je
- Avec plaisir. Répondît-il
Tout d'un coup, je me mis à tousser sans pouvoir m'arrêter. C'était vraiment pas le moment ! Mes poumons me brûlaient.
- Ça va ? Il faut t'accompagner à l'hôpital ? Demanda Thomas en plaisantant à moitié
J'arrivais enfin à m'arrêter.
- Non... c'est... mon cancer...
- Ostéosarcome ? Demanda-t-il, sérieux
Je le regardais, plus que surprise.
- Oui ? Comment tu le sais ?
- C'est comme moi. Je me suis pas fait amputer pour le fun, même si c'est efficace pour perdre du poids.
Il dit ça en soulevant le bas de son pantalon où je pu voir une jambe droite artificiel.
C'est énorme comme coïncidence ! Une maladie rare qui tombe sur deux personnes dans la même ville ! Quelles étaient les chances pour que ça arrive ?
- C'est exactement ce qu'à dit Augustus Waters ! M'exclamais-je
- Tu connais Nos étoiles contraires ?
- Bien sûr !! C'est le livre à la fois le plus triste et le plus beau du monde !
- Je suis totalement d'accord !
Nous nous sourions
- Euh, est ce que tu fait de la chimio ? Le questionnais-je par curiosité
- Non...
- Moi non plus.
Il y eu un moment de silence gênant.
- Tu savais que le chocolat « Van Houten » existait vraiment ? Demandais-je pour égayer la conversation
- Nan ! Sérieusement ?
- Oui ! J'étais curieuse donc j'ai cherché sur internet !
- J'adore quand Isaac casse les trophées d'Augustus ! S'exclame Thomas
- Moi aussi, j'en ris à chaque fois !
Nous sourions ensuite en nous regardant simplement. Mes yeux tombèrent sur sa montre.
- Merde ! Euh pardon, il est dix-huit heures cinquante-cinq, je dois rentrer chez moi.
Il regarda sa montre.
- Oui, déjà ! Julie, j'aimerais beaucoup continuer cette conversation avec toi, est ce que tu voudrais que on s'échange notre numéro ?
- Avec grand plaisir Thomas. Répondis-je un peu trop vite
Il sourit et on s'échangea notre numéro avant que je rentre chez moi.
Avant de me coucher, j'envoyais un message à Ninon :
Moi : « Finalement il est venu ! On a parlé et on s'est même échangé notre numéro. »
Ninon : « C'est super ! Et alors, comment il s'appelle ? »
Moi : « Thomas. »
Ninon : « Sympa ! »
Moi : « Il adore Nos étoiles contraires et... il a le même cancer que moi. »
Ninon : « Histoire d'amour tragique ;) Sacré coïncidence ! »
Moi : « Tu m'étonnes ! Bon, à demain. »
Ninon : « À demain. »
J'écrivis un peu sur mon ordinateur portable et je décidais d'envoyer un petit message à Thomas :
Moi : « Bonne nuit Thomas. »
Il me répondit quelques minutes plus tard.
Thomas : « Bonne nuit Julie. »
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