Chapitre 23
Le retour d'Elizabeth sur le Black Pearl fut l'occasion de faire une immense fête qui dura deux jours entiers, poussant le gouverneur de Marseille à enjoindre le navire pirate d'aller continuer la fête plus loin dans la rade afin que les habitants du port cessent de se plaindre du bruit.
Enfin, il fut temps de partir et de reprendre la route pour Tortuga.
— J'ai tellement hâte de revoir Thibault !
— Moi aussi, répondit Jack. Vous m'avez tant manqué, Elizabeth, j'ai cru que je vous perdais pour de bon... Encore une fois.
La jeune femme sourit en ouvrant le lit. Elle s'y glissa et Jack l'y rejoignit un instant plus tard. Il la prit aussitôt dans ses bras et elle gloussa.
— Doucement, mon amour, j'ai encore quelques séquelles de mon enlèvement...
— Pardon, mais je commence à en avoir un peu assez de vous perdre chaque année ou presque depuis que vous m'avez rejoint !
Elizabeth haussa un sourcil.
— C'est la dernière fois, c'est promis, répondit-elle. À partir de maintenant, vous allez devoir me supporter jusqu'à la fin de nos vies !
— Je ne demande pas mieux ! répliqua le pirate.
Il se mit ensuite à rire et Elizabeth se coula entre ses bras en soupirant. Elle posa sa tête sur son torse et le silence s'installa.
— Dès que notre mariage sera officiel, nous essayerons de faire un bébé, dit-elle alors. Nous avons perdu trop de temps, et notre vie nous contraint à faire les choses rapidement.
La jeune femme se releva sur un coude et Jack l'observa, pensif.
— Vous avez raison, dit-il alors. Mais je ne veux pas que vous disiez cela parce que vous vous y sentez obligée.
— Je désire vraiment avoir un bébé avec vous, Jack. Je n'ai pas tout perdu pour rien, même si j'ai une nouvelle famille, Thibault, votre père, l'équipage... Vous savez que ce n'est pas pareil à un bébé avec la personne que l'on aime.
— Je le sais, mais vous avez passé des mois dans une geôle sans nourriture avec la perspective de devenir une esclave sexuelle...
— Et tout ceci est désormais derrière nous, acheva la jeune femme.
Jack demeura silencieux puis Elizabeth souffla la bougie et ils s'installèrent pour dormir quelques heures, laissant le soin à l'équipage de nuit de mener le navire à bon port.
.
Le voyage de retour jusqu'à Tortuga fut interminable. Le Black Pearl essuya une violente tempête en plein milieu de l'océan, ce qui était très rare, et une trombe marine manqua également de peu de les avaler pour les recracher plus loin en petits morceaux...
Observant l'horizon, Elizabeth était fébrile. Selon Gibbs, il leur restait encore trois ou quatre jours de voyage avant de voir Tortuga et la jeune femme ne tenait plus en place. Son fils lui manquait, elle ne se souvenait presque plus de son visage et quand elle l'avait dit à Jack, il était allé chercher un portrait du jeune garçon qu'il avait emmené avec lui dans cette optique. Depuis, Elizabeth ne lâchait plus le dessin et son instinct maternel la faisait presque souffrir.
— Elle va bien ?
Jack tourna la tête et observa son Second.
— Ouais, répondit-il. Elle veut rentrer et je la comprends. Elle a encore pas mal souffert cette fois et j'espère vraiment que c'est la dernière fois. Ça devient risible...
Gibbs rigola doucement en hochant la tête.
— Promettez-moi qu'on va se poser quelques mois, dit-il alors.
— Promis. Au moins deux ans.
— Ah ouais, quand même. J'en demandais pas tant...
Jack sourit. Il reporta son attention sur Elizabeth et soupira.
— Si tu savais à quel point j'aime cette femme... Elle me rend dingue, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de l'embrasser toutes les dix secondes... Norrington a perdu tellement à ne pas s'occuper d'elle !
— Norrington est un homme trop précieux pour une femme comme Elizabeth. De plus, si j'ai bien compris, il ne peut pas avoir d'enfants, alors c'est encore pire...
Jack soupira. Il ne s'était jamais posé la question s'il pouvait ou pas avoir des enfants. Chez un homme, la question ne se posait jamais, en fait, ils ne faisaient pas grand chose, la femme faisait tout et si un problème survenait, cela provenait très certainement d'elle...
S'ebrouant, le pirate révéla a Gibbs qu'Elizabeth et lui allaient tenter de faire un bébé dès qu'ils seraient officiellement mariés.
— Ça ne peut que vous faire du bien, répondit le Second. Elle est une femme magnifique, forte, elle a prouvé qu'elle était capable de résister à presque tout et qu'elle n'hésitait pas à mettre sa propre vie en danger pour sauver celle des autres. Vous n'avez pas peur que son mensonge éclate aux oreilles de Norrigton ?
Jack haussa les épaules.
— Quand bien même ? Il va épouser sa troisième femme, s'il ne sait pas lui faire un bébé, alors il devra se rendre à l'évidence.
Gibbs grimaça.
— Un bébé Sparrow... souffla-t-il alors. Et avec la plus belle femme du monde, en plus ! Tu te refuses rien, quand même !
— Elle m'est tombée dans les bras, je j'allais pas la renvoyer chez elle, si ?
— Tu serais retourné la chercher !
Les deux hommes se mirent à rire et furent interrompus quand la vigie hurla soudain un mot espéré presque viscéralement par tout matelot.
— Terre ! Terre !
Jack s'empara aussitôt de sa longue vue sourit.
— Bienvenue à la maison, les gars ! s'exclama-t-il alors. Tortuga est droit devant ! En avant toute, monsieur Gibbs !
— A vos ordres, Capitaine !
Jack sauta alors sur le pont inférieur et rentra dans la cabine. Il trouva Elizabeth en train de lire, pelotonnée devant le fourneau.
— Vous avez entendu, mon amour ? demanda-t-il. Nous sommes en vue de Tortuga.
— C'est vrai ? Enfin !
Elizabeth ferma son livre et Jack se baissa devant elle pour l'enlacer. Quand il recula, elle l'embrassa et Jack se releva alors en la mettant debout. Lorsqu'il l'a hissa sur sa taille, elle se laissa faire et il l'emporta dans leur chambre. Lorsqu'il l'a jeta sur le lit, la jeune femme le regarda s'avancer sur elle et déglutit...
— Jack, ce n'est pas...
— Au diable les coutumes ! grogna l'homme en se débarrassant de son baudrier d'armes. Trois ans, Elizabeth, je vous attend depuis trois ans !
La jeune femme inspira et se mordit la lèvre. Il l'embrassa alors et, comme si quelque chose s'était rompu en elle, elle décida de tout envoyer balader et lui rendit son baiser tandis qu'il farfouillant entre eux à la recherche des boutons de son pantalon...
.
— Ils sont où ?
— En bas.
— Depuis longtemps ?
— Assez, ouais, pourquoi ?
— Pour savoir...
Anamaria fit un clin d'œil à Gibbs qui fronça les sourcils.
— T'es sérieuse ? demanda-t-il. Ils sont...
— Ouais, quand je suis remontée des latrines, la porte de leur chambre était fermée... J'ai pas écouté, hein, mais à mon avis, leur bébé, ils l'auront bientôt !
Gibbs esquissa un sourire puis secoua la tête en grognant.
— Cap sur Tortuga, Monsieur Coton ! s'exclama-t-il ensuite. Je veux rentrer chez moi, retrouver ma femme et ne plus bouger de mon pieu pendant deux ans !
Anamaria rigola puis regagna son poste en songeant à sa meilleure amie. Enfin, ils consommaient cet amour qui les rongeait depuis si longtemps ! Enfin !
La jeune femme sourit et éprouva soudain une pointe de jalousie. Non pas parce qu'Elizabeth avait enfin l'homme qu'elle aimait, non, mais parce que elle, Anamaria, n'avait personne depuis tellement d'années ! Oh, les matelots à bord tentaient bien leur chance de temps en temps, mais elle les avait toujours repoussés, elle n'était pas devenue matelot pour jouer la pute de service, si elle avait voulu faire ça, elle serait restée à terre et aurait été engagée au bordel...
.
La tension monta d'un bon quand Tortuga faut enfin en vue. Elizabeth ne tenait plus en place et l'idée même de retrouver son fils avait fait passer à la trappe le fait que Jack et elle avaient enfin consommé cet amour qui les consumait depuis des années. Au grand damn d'Anamaria.
— Mais si, c'est important !
La jeune afro suivait l'anglaise partout sur le pont depuis le matin. Elle voulait tout savoir, tout le croustillant, mais Elizabeth lui avait confié ne pas s'en souvenir...
— Je suis terriblement déçue, tu sais ?
— Pourquoi, parce que j'ai tellement hâte de revoir mon fils que je n'ai pas imprimé en lettres de feu dans ma mémoire ma première nuit passée avec mon mari ?
— Oui ! s'exclama Anamaria. C'est honteux et je serais à la place de Jack...
— Mais tu n'es pas ma place, Ana, répondit un homme.
Les deux jeunes femmes levèrent la tête et Jack descendit du pont supérieur de sa démarche chaloupée. Elizabeth en profita pour prendre la tengeante.
— Arrête d'embêter Elizabeth avec ces potins de bonnes femmes, Anamaria, dit-il ensuite. Elle aura encore des dizaines de nuits avec moi à te raconter et...
— Et ça ne te fais rien, Capitaine, qu'elle ne se souvienne pas ?
— Non. Parce que ce n'était pas prévu, ça s'est fait comme ça, et c'était presque normal... Bien sûr, moi je m'en souviendrai toute ma vie, mais Elizabeth n'a qu'une envie, rentrer chez nous.
— C'est légitime, mais quand même...
— Oublie là un moment, tu veux ? Si tu es son amie, alors laisse lui de l'air. Ma famille a besoin de se retrouver, est-ce que tu comprends ?
Anamaria se mordit la lèvre.
— Fut un temps où c'était nous, ta famille, Capitaine...
— Et c'est toujours le cas, mais Elizabeth et Thibault passeront avant vous désormais.
La jeune matelot baissa le nez ; Jack posa une main sur son épaule et lui posa une question silencieuse. Elle hocha la tête.
— À présent, rejoins ton poste, matelot !
— Aye, Capitaine !
Anamaria tourna ensuite les talons et Jack soupira. Il répéra Elizabeth à la proue du navire, les mains sur le bastinguage, et la rejoignit.
— À quoi pensez-vous ? dit-il en l'entourant de ses bras, l'adossant à lui.
— À Thibault, au fait que cela fait bien trop longtemps que je suis partie à sa place... C'est lui qui m'a fait tenir, en prison, vous savez ?
— Pas moi ?
— Si, bien sûr, mais je pensais souvent à Thibault, à ce qu'il pouvait faire avec vous, avec Papa Teague...
Jack sembla se renfrogner et Elizabeth lui fit face.
— Je n'ai pas passé beaucoup de temps avec notre fils, avoua-t-il. Je suis parti immédiatement après qu'ils vous aient enlevée, mais le temps d'armer le Pearl, nous avions déjà perdu votre trace...
— J'ignore combien de temps nous avons navigué, des jours, des semaines, je ne sais pas... Et puis nous sommes arrivés sur une île, ils m'ont jetée dans une chaloupe et nous nous sommes engouffrés sous un immense édifice de pierres grises. Quand je me suis enfuie, avec l'aide d'Adam, nous avons suivi des passages souterrains et nous avons débouché sur une plage, nous l'avons suivie, nous avons volé des vêtements sur un fil à linge, puis nous avons voulu nous faire passer pour un couple normal, mais nous sommes rapidement entrés en collision avec ce couple de Français... La suite, vous la connaissez.
Jack plissa le nez.
— Je ne connais aucune île de commerce mondial qui abriterait une prison fortifiée... Du moins si, il y en a beaucoup, mais pas appartenant à Manchesky...
— Sans doute est-il connu des marchands sous un autre nom ?
— Très probablement. Mais n'y pensons plus ! Dans quelques jours, nous allons retrouver notre fils, nous allons nous marier en grande pompes avec tous les pirates, on fera la fête pendant des jours, puis on...
— Doucement ! Doucement ! s'exclama Elizabeth, hilare. J'aime la vie à la pirate, mais il n'est pas question que mon futur mari se mette sur le toit pour moi !
Jack grimaça.
— Pour votre gouverne, je n'ai quasiment pas bu depuis que vous avez été enlevée !
— Ah oui ?
— Ouais, M'dame !
Elizabeth rigola puis Jack la prit dans ses bras et observa l'île qui approchait. Il avait tellement hâte que cette ancienne potiche bourgeoise soit enfin la sienne devant Dieu ! Alors certes, les pirates avaient une foi assez délétère, mais peu importe, certains y croyaient du comme fer, comme Elizabeth, d'ailleurs, donc il fallait faire les choses correctement !
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