Chapitre 13

Lorsqu'elle sauta de la barque, Lizzie plongea les deux pieds dans l'eau et grimaça. Elle tira ensuite ladite barque jusqu'au sable, aidée par Anamaria, puis elles rejoignirent les hommes sur la plage qui avaient déjà monté un campement.

— Vous avez déjà un peu exploré ? demanda Elizabeth.
— Non, pas encore, mais je suis sûr et certain de ne pas connaître cette île, répondit Jack. C'est la première fois que je la vois... et je ne suis pas vraiment rassuré.
— Allons, un grand pirate comme vous qui a peur d'une île ?
— Vous savez parfois, on peut y trouver des choses bizarres...

Elizabeth sourit. Elle s'éloigna ensuite vers le feu de camp et sourit à Gibbs en acceptant la tasse de café.

— On passe la journée ici, on regarde un peu partout puis on s'en va, dit-il. Ça nous changera un peu les idées.
— Oui, admit la jeune femme. C'est vrai. Mais il y a quelque chose de bizarre avec cet endroit, j'ai l'impression que cela m'est familier alors que je sais que je ne connais aucune île, et encore moins une île inconnue d'un pirate tel que Jack Sparrow...
— Moi, je ne la connais pas, pour sûr ! répliqua le Second du Pearl. Elle n'est sur aucune carte et elle n'était pas là hier soir alors...

Il haussa les épaules et Elizabeth s'assit près de feu en servant une tasse de café. Elle observa ensuite les alentours et se mordit les lèvres, intriguée par le fait que cet endroit lui était familier sans pour autant qu'elle n'y soit jamais venue.

— Je vais faire un tour, annonça-t-elle soudain. Je vais pas loin.
— Prenez un couteau, au cas où.

La jeune femme prit l'arme que lui tendit Gibbs puis s'éloigna vers les bois où un chemin semblait avoir été tracé.

— En tous cas, ça ne peut pas être une île éphémère, il n'y aurait pas de tels arbres sinon.

Elizabeth s'enfonça alors dans la dense forêt et après après quelques minutes de marche, elle déboucha sur une clairière avec une étrange formation rocheuse en son centre.

— Qu'est-ce qu'un autel fait ici ?
— Tu viens chercher des réponses ? entendit-elle soudain.

La jeune femme bondit de frayeur et pivota sur elle-même, couteau en avant, mais il n'y avait personne.

— Qui est là ? Jack, Ana ? Gibbs, c'est vous ?

Personne ne répondit, puis il y eut un caquetement et la jeune femme se retourna. Sur l'autel de pierre se trouvait maintenant un gros oiseau noir ressemblant à un corbeau, mais beaucoup plus imposant.

— Ne me dis pas que c'est toi qui a parlé !
— Et si, c'est moi. Oui je sais, un oiseau qui parle, c'est bizarre, mais ici tout est bizarre. Tu ne dois faire confiance qu'à tes mains ici, si tes oreilles ou tes yeux se trompent, alors touche les choses et tu sauras !

Elizabeth demeura silencieuse, choquée. L'oiseau l'observa un moment de ses yeux noirs puis pencha la tête et recula en sautillant. Il se percha sur un bâton planté dans le sol et Elizabeth s'approcha, à la fois inquiète et intriguée.

— Tu es venue chercher des réponses, répèta alors l'oiseau. Tu as plein de questions dans ta tête qui tournent sans cesse...

Elizabeth deglutit.

— Oui, je me pose pleins de questions, mais pourquoi trouverais-je leurs réponses ici ?
— Allons, tu ne sais pas où nous sommes ?
— Non, pas du tout... Je suis censée connaître cet endroit ?

L'oiseau se secoua et siffla.

— Peut-être bien que oui, peut-être bien que non !
— Bon l'oiseau, ça suffit, tu m'agaces avec tes énigmes ! Qu'est-ce que tu sais sur moi, qu'est-ce que je fais ici ?
— Oh la la, les humains n'ont aucun sens de l'humour ces dernières années ! se plaignit alors l'animal.

Il ronchonna, s'ebroua puis siffla une courte note en regardant l'autel. Elizabeth fit un pas en avant et observa la surface gravée. Elle ne reconnut aucun des dessins et se demanda si ce n'était pas une sorte de magie noire.

— Les symboles qui sont devant toi représentent des idées, dit alors l'oiseau. Formule ta question en les touchant. Fait simple. L'autel va te répondre.
— C'est de la magie, c'est dangereux...
— Tout est dangereux, Elizabeth... Tu aurais pu te casser quelque chose en te levant ce matin. Ou bien te couper en préparant un repas...

La jeune femme demeura silencieuse. Elle osberva les symboles et la première question qui s'imposa à son esprit fut celle concernant les enfants.

— Voilà un œuf, pour les enfants... dit-elle en posant son doigt sur trois œufs gravés. Et celui-là, le sablier, pour représenter le temps qui passe...

L'oiseau l'observa et plissa les yeux. Soudain, l'autel brilla et Elizabeth se protègea d'un bras. Quand la lueur disparut, un symbole unique brillait.

— Un sablier ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Toi seule le sait. Le sablier veut tout dire et rien à la fois, il peut indiquer que le temps passe, ou bien qu'il faut attendre... Tu es la seule à savoir ce qu'il représente au fond de toi. Quelle question as-tu posée ?
— Si j'aurais des enfants un jour.

La jeune femme recula alors et s'assit sur le sol avec un soupir. Le corbeau l'observa puis sauta sur le sol et s'approcha d'elle.

— Tu as déjà un fils, Elizabeth, dit-il en pointant la plage de son bec.
— Thibault est trop grand... J'ai seulement huit ans de plus que lui... Je ne peux pas être sa mère.
— Et pourquoi pas ? Cela ne se fait pas d'adopter des enfants dans ta caste ?

Elizabeth serra les mâchoires.

— Bien sûr que si, mais...
— Pose une question à l'autel, proposa alors le corbeau.
— Laquelle ?
— Celle qui te taraude.

La jeune femme plissa les yeux puis se releva et s'approcha de l'édifice de pierres. Elle fouilla les symboles des yeux, mais n'en trouva aucun pour désigner sa question.

— Je ne trouve pas, dit-elle à l'oiseau perche sur son bâton.
— Que veux-tu demander ?
— Si Jack accepterait Thibault comme son fils.
— Hm, je vois... Essaie celui-ci.
— Les deux ronds qui sont collés ? Ils représentent quoi ?
— L'union, la famille, les relations...

Le corbeau claqua de son bec. Elizabeth toucha le symbole, puis celui de l'œuf pour indiquer les enfants. Elle chercha ensuite un autre symbole pour préciser sa pensée et dénicha une pomme, mais elle hésita.

— Pour moi, la pomme est synonyme du Pêché Originel, dit-elle en regardant le corbeau. Est-ce qu'avoir un bébé est un pêché selon toi ?
— Toi dépend de la motivation précédant cette procréation.

Elizabeth pinça la bouche puis effleura le symbole de la pomme et recula. L'autel s'illumina un instant puis s'éteignit et seul le symbole avec les ronds demeura éclairé un moment.

— Est-ce que cela signifie que Jack va accepter Thibault comme son fils si je le lui demande ?
— Toi seule connaît la réponse...

La jeune femme grimaça.

— Tu ne sers à rien, tu sais ? grogna-t-elle. Tu es incapable de répondre à une simple question...
— Je ne suis qu'un guide, je ne suis pas là pour répondre à tes questions sur ton futur. Toi seule...
— Oui, je sais, moi seule connaît les réponses à mes questions, mais parfois, j'aimerai bien qu'on me les dise à haute voix, tu vois !
— Ah, vous autres les mortels, vous êtes tellement pressés ! Votre vie est si courte que vous la passez à courir au lieu d'en profiter, et quand vient l'heure de partir, vous regrettez de ne pas avoir eu le temps de tout faire...

Elizabeth plissa un œil.

— Est-ce que je dois comprendre que tu me conseilles d'aller parler à Jack et de lui demander d'adopter Thibault dès à présent ?
— Eh bien, il se pourrait que oui, en effet... répondit l'oiseau noir en penchant la tête sur le côté. Cela fait deux années que tu as quitté ton père pour vivre la vie que tu t'es choisie, tu aurais déjà pu être mère plusieurs fois, mais les choses ont fait que tu n'as pas eu cette chance... Aujourd'hui, un enfant a besoin d'une maman, d'une famille, et même si ce n'est pas une famille idéale, ce sera la sienne. Thibault a vu mourir les siens dans d'atroces souffrances, Elizabeth, il a besoin qu'on lui change les idées, qu'on relègue ces souvenirs tout au fond de sa mémoire, et pour cela, seuls des nouveaux parents peuvent le faire.
— Jack et moi sommes les pires parents qui puissent exister dans ce monde...
— Crois-tu ?

Elizabeth pinça les lèvres. Elle soupira ensuite en s'appuyant des deux mains sur l'autel, observant sans les voir les nombreux symboles qui y avaient été gravés.

— C'est quoi, cette île ? demanda-t-elle alors.
— C'est une île magique, elle apparaît aux navigateurs perdus, elle leur permet de se reposer quelques heures, quelques jours, et une fois qu'ils reprennent la mer, elle disparaît.
— Elle est donc magique...

Le corbeau s'ébroua et Elizabeth se traita d'idiote. Bien évidement que cet endroit était magique, rien qu'un corbeau qui parle aurait du lui mettre la puce à l'oreille...

— Je suis la seule à te voir ?
— Tous ceux qui ont des questions peuvent me voir. Les autres non.
— Je vois. Je vais retourner au campement alors, et j'aviserai sur la chose à faire concernant Thibault. Je dois lui poser la question avant d'en parler avec Jack.

Le corbeau inclina la tête puis Elizabeth recula d'un pas avant de tourner les talons. Au moment de quitter à clairière, elle se retourna, mais il n'y avait plus ni d'autel, ni de corbeau...

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