Face au miroir

En ce jour de novembre, je me lève avec le même manque d'entrain que les autres jours. Je dois avouer que mon existence n'est pas toujours des plus simples. A moins que ce ne soit moi qui en fasse encore des caisses. Ces derniers temps, je suis incapable de voir le bon côté des choses comme si j'étais voué à ne voir que le verre à moitié vide. Plongé dans une sempiternelle routine, elle me broie sans la moindre pitié. Elle me détruit peu à peu et je ne peux rien y faire. Rien, mis à part tenter de lutter pour garder la tête hors de l'eau. Je tente chaque jour de trouver un objectif qui me donnerait envie de me relever et d'aller de l'avant. Volonté de fer pour m'en sortir, mais même elle faiblit de jour en jour. Je me sens pris au piège alors que rien ne me retient. Rien excepté ma conscience que je ne sers à rien. Après tout, je ressemble de plus en plus à une vulgaire machine, cantonné à esquisser les mêmes mouvements. Peu à peu, je me perds dans ce dédale temporel. Et je me délaisse car mon âme se mortifie toujours plus.

Las de tout ce cirque, je me force tout de même à m'habiller. Histoire d'être présentable dans ce monde où l'apparence prime. A moins que ce soit pour éviter de ne pas effrayer les passants qui me guetteraient dans la rue. Ou pour empêcher quiconque de voir à quel point je suis détruit de l'intérieur. Après tout, quand l'on porte un masque bienséant et avenant, personne ne se pose de questions sur les tourments qui agitent l'esprit de cette personne. Alors que je me prépare, je fais tout pour me débrouiller sans me confronter à ce miroir que je m'évertue tant à éviter. J'en ai tellement pris l'habitude que je sais pertinemment à quoi je ressemble. Cela peut paraître bizarre pour les autres, mais j'ai passé ma vie à fuir mon reflet que me renvoie cet objet infect. Et ce matin, je reproduis la même erreur : celle de fuir ma peur.

Oui, je crains de me regarder dans le miroir. J'ai peur de me retrouver face à toutes les imperfections qui habitent mon corps. Son regard m'effraie car il demeure toujours honnête et intransigeant. Il ne loupe jamais rien et me pousse à me remettre en question. J'en ai peur car il me renvoie tout ce que je déteste chez moi. Tout ce que j'aimerais modifier, mais que je ne parviens pas à changer. Il me rappelle tous les complexes que j'ai développé. Cet ennemi de toujours me rappelle à quel point je me déteste et me mésestime. Son jugement ne devrait pas m'importer. Après tout, ce n'est qu'un objet inanimé. Pour être honnête, c'est mon propre regard qui me paralyse toujours d'effroi. Il me maintient inerte et me rappelle que je suis si insignifiant. Il me rappelle ma solitude et mon dégoût de ma propre personne. Si je me regardais en face, je pourrais demeurer figé plusieurs heures à énumérer tous les détails qui ne vont pas chez moi. Je ne ferais que me dénigrer et me détruire un peu plus.

De ce fait, j'ai pris l'habitude d'éviter son regard horrible et désagréable à souhait. Aussi lâche que cela puisse paraître, j'ai appris à le contourner et à faire fî de son objectif premier. Hélas, à force de me concentrer sur ma mission, je ne regarde pas où je mets les pieds. Et je finis par trébucher sur un tee-shirt que j'ai laissé traîner par terre. Je me maudis de ne pas faire plus attention et de ne pas savoir ranger ma chambre. Je soupire, désespéré par mon côté bordélique et tête en l'air qui ne s'arrange pas avec le temps. Je crois que j'ai mis ce tee-shirt la semaine dernière. Je soupire parce que cette inattention m'a fait tomber et m'a fait perdre de précieuses secondes. Naturellement, je me relève assez vite, mais je commets une grosse erreur. Par mégarde, mes prunelles viennent se poser sur cet objet maléfique, relique de mon âme. En le comprenant, je reste bouche-bée une seconde avant de tenter de m'éclipser et de fuir ce démon de glace. Hélas, une force inconnue me plaque et m'empêche de me mouvoir librement. J'ai beau tout faire pour me débattre, je ne parviens nullement à me défaire de cette emprise. J'ai beau mobiliser toutes mes ressources, je ne peux me défaire de cette puissance qui me cloue sur place. A croire que j'ai eu raison tout ce temps sans le savoir : cette chose est bien démoniaque. Un pouvoir inhumain l'habite pour m'empêcher de m'enfuir et de sauver ma peau. Il annihile tout instinct de survie ou d'espoir qui pourrait sauver ma peau. Il me condamne à demeurer sur place. Il s'oppose à ma volonté. Si bien que je ne peux pas changer de chemin ni passer à autre chose. Résigné, je me fais à l'idée que me sauver est inenvisageable. Malgré l'effroi qui me tort les entrailles, je finis par faire face à la paroi de glace qui se tient face à moi. Je n'aurais dû y voir que mon reflet et sincèrement, j'aurais aimé ne voir que cela.

Celui qui se trouve face à moi ne me ressemble pas en tout point. Il semble être animé d'un souffle vital qui lui serait propre. Comme s'il s'agissait d'un clone emprisonné derrière cette vitrine si commune. Tandis que je le détaille, je remarque ce qui ne va pas. Il a beau tenter de m'imiter à la perfection, son apparence le trahit. Ce qui lui sert de globe oculaire se trouvent envahis par une sorte de démence inexplicable et inexpliquée. Celle qui inspire une folie destructrice plutôt qu'un simple égarement de l'esprit. Et son teint est beaucoup plus livide que le mien. Pâle comme la mort, il oscille entre le spectre et le démon. A moins qu'il ne soit un savant mélange des deux : un ectoplasme vengeur venu pour déferler sa haine au monde entier. A priori fragile et éphémère, il dissimule une puissance dévastatrice qui ne demande qu'à s'exprimer.

Cette projection de mon âme me fixe avec un air empli d'indifférence. Cet air neutre me glace le sang de terreur. Je crois que mon cœur rate un battement et je peine à respirer. J'ignore combien de temps cette peur altère mon état physique, mais il semble le ressentir. Je ne tremble pas ni ne montre d'autre signe des émotions qui me traversent. Pourtant, il comprend ce qui m'agite et cela le fait sourire. Non pas un sourire joyeux ni innocent. Oh que non, c'est plutôt une fine demi-lune malsaine qui vient orner ses lèvres. Pire, ses prunelles s'allument d'une étincelle obscure et maléfique. Bordel, mais sur quel type de monstre suis-je tombé, me demandé-je en mon for intérieur. Cette affreuse créature paraît percevoir mes pensées puisque c'est le moment qu'elle choisit pour se manifester. Jusque-là silencieuse, elle finit par m'interpeller d'une voix d'outre-tombe :

<< Joshua, où espères-tu t'envoler comme cela ?

— Aaaaaah, au secours, ce truc parle !!!!!

— Non, je ne parle pas, c'est dans ta tête, se moque-t-il.

— Vraiment ? Mais alors, est-ce que je suis devenu fou ?

— Rah ces humains, ils sont toujours aussi idiots ! Bien sur que non, je ne suis pas dans ta tête. Et non, tu n'es pas fou.

— Quoi ? Mais non...c'est impossible ! Ce n'est pas réel, tu ne peux pas être réel !!!

— Pourquoi pas ? Après tout, je ne suis que ton double. D'ordinaire, les reflets possèdent une vue sur votre monde vu que vous passez votre temps à vous contempler le nombril. Sauf toi. Non, toi, tu passes ton temps à m'éviter et je t'avoue que ça commence à m'énerver.

— C'est une hallucination, j'ai juste avalé un truc de travers...ou la fatigue...ou une bière périmée....

— Faix. Encore faux. Et toujours faux, dit-il en souriant. Ce n'est pas parce que tu ne m'as jamais parlé que je n'ai jamais pensé. J'existe depuis ta venue au monde, mais tu m'as forcé à rester tapi dans l'ombre...

— Si tu es réel...

— Je suis réel, me coupe-t-il sèchement.

— Si tu dis vrai, depuis quand existes-tu ?

— Rah, t'as vraiment un problème d'écoute ma parole ! râle-t-il. Je suis là depuis toujours donc ça fait dix-huit ans. Enfin, si on est tatillon, ça en fera dix-neuf dans trois jours.

— Je...non. C'est impossible. Tu n'existes pas. Tout ça est une vaste blague. Je suis en train de rêver. Oui, c'est ça, je rêve ! Et tu es un affreux cauchemar !

— Cogne-toi contre quelque chose.

— Hein ? Pardon ? demandé-je d'un ton ahuri.

— Cogne-toi contre quelque chose. Si tu rêves, tu n'auras pas mal. ».

J'hésite un instant lorsqu'il me donne cet ordre. Je dois avouer que cela fait sens. Son raisonnement n'est pas aussi stupide qu'il en a l'air. Je devrais lui obéir sans hésiter, mais je n'y arrive pas. Je ne suis pas certain de vouloir le savoir. S'il a raison, cela veut dire que toute cette merde est réelle. Et je ne veux pas que cela arrive. Cela ne peut pas arriver. Il en est hors de question. Un miroir qui parle, ça n'existe pas ! Pourtant, il me regarde avec impatience comme si remettre en doute sa parole relèverait du pur blasphème. Après plusieurs secondes d'indécision, je finis par donner un violent coup de pied dans le miroir. Assez pour que cela me blesse, mais pas assez pour qu'un bout de verre ne s'y incruste. Et je dois avouer que ça fait un mal de chien !!! Tant est si bien que les larmes me montent aux yeux.

Cela veut dire qu'il ne me ment pas. Pourtant, je ne veux pas y croire. Je ne peux pas y croire ! Pourquoi une espèce de miroir démoniaque viendrait déverser ses foudres sur moi ? Je n'ai jamais rien fait de mal !!! Je ne vois pas pourquoi je mériterais qu'une telle chose m'arrive. Tremblant de tout mon saoul, je fonds en sanglot. C'en est trop pour moi !!! Paradoxalement, cela me soulage car mes yeux embués par la peur m'empêchent de voir ce qui se dresse devant moi. Je mets plusieurs minutes à reprendre mes esprits. Peut-être que j'ai mis quelques heures. Quoiqu'il en soit, je me suis fait une raison. Je délire. C'est la seule explication rationnelle que je possède. Et je dois faire avec. Une fois que j'ai repris mon calme, je reprends la parole :

« Soit, j'admets que tu existes. Sauf que je peux très bien nager en plein délire. Donc le fait que tu sois une pure invention de mon esprit se tient parfaitement.

— Comme tu voudras. Après tout, ce n'est pas moi qui ait un problème...

— Qu'est-ce que tu insinues là ?

— Que je ne parle pas à mon reflet dans le miroir.

— Connard !

— Surveille ton langage, jeune homme.

— Et toi tes paroles, je peux très bien t'exploser en mille morceaux, réponds-je la voix empreinte de colère.

— C'est mignon de croire que tu as le contrôle ! Je te ferais remarquer que tu n'as plus eu de prise sur ton corps à la seconde où tu m'as regardé. C'est si triste...mais il faut se rendre à l'évidence : tu es terrorisé !

— Ne dis pas n'importe quoi ! Je n'ai pas peur !!! affirmé-je d'une voix tremblante.

— Je t'en prie, sois plus convaincant quand tu tentes de mentir. Tu as la chair de poule et tout ça à cause d'un reflet. C'en devient pathétique !

— La ferme !!! C'est même pas vrai !!!! Tu dis vraiment que de la merde ! Miroir de merde !!!

— Tu sais que j'ai raison. Tu ne fais que te voiler la face ! C'est ce qui te rends faible, et ce, à tel point que tu n'affrontes pas tes propres complexes. Tu crains de m'accorder ne serait-ce qu'une œillade par peur de n'y voir que tes imperfections.

— Je n'en possède pas davantage que les autres Hommes ! Ce que tu dis ne tient pas la route !

— Bon, tu veux nier ce point, soit. Parlons donc de ton manque de confiance en toi. Tu te sous-estimes tant que tu en viens à te détester. Ce qui n'est pas très étonnant lorsque tu passes tes jours et tes nuits à énumérer ce qui cloche en ta personne. ».

Mes yeux s'écarquillent face à l'évidence que vient d'exprimer cette glace. Sans vergogne, elle m'expose tout ce qui cloche en moi. Rien que pour cela, je souhaiterai la briser en mille morceaux, mais j'en suis incapable. Ce n'est pas la volonté qui me manque, loin de là. Je crois que c'est une sorte de force surnaturelle qui me paralyse et m'empêche de lui faire du mal. Celle-là même qui m'empêche de m'enfuir et de faire triompher ma sempiternelle lâcheté. J'aimerais pouvoir mettre tout ça derrière moi. Faire comme si ce cirque n'était rien d'autre qu'un cauchemar. Hélas, ce n'est pas possible. Je suis condamné à regarder la réalité en face sans possibilité de protéger mon égo. Chose si fragile pour quelqu'un qui a passé sa vie à se dénigrer. L'entité malfaisante n'a pas tort, je me hais pour toutes les choses qui clochent en moi. J'aimerai me défaire de toutes ces imperfections qui me collent à la peau. J'aimerai davantage ressembler aux autres et être normal. Pour une fois dans ma vie, j'aimerai me sentir comme les autres et être libre de mes mouvements. Je voudrais juste me défaire de ce poids qui écrase ma poitrine. Chaque seconde de mon existence me parait inexorablement longue car je ne possède aucun contrôle. Depuis le début, je ne fais que regarder ce qui m'arrive sans oser interagir avec le monde qui m'entoure. Ce miroir possède autant de force sur moi que n'en possèdent les autres. Simplement parce que je laisse la peur dicter mes actes. La crainte et la douleur de ne pas être comme je voudrais régissent inéluctablement chacun de mes faits et gestes. C'est sûrement pour cela que cette chose qui me fixe me manipule si facilement. Au fond de moi, je suis conscient que je ne lutte pas plus que cela. Si c'était le cas, je serais différent et je ne serais pas coincé face à ce démon qui me scrute froidement. Il a raison. Je le sais. Il le sait également. Pourtant, je ne veux pas le reconnaître. Après quelques secondes de silence pesant, je me décide à reprendre d'un ton hésitant :

« Je....ne suis juste pas mégalo.

— Allons, tu peux être plus convaincant que cela...

— Je te dis que je ne suis pas mégalo !!!!

— Certes, tu ne l'es pas. Sache cependant qu'il existe une ligne bien distincte qui sépare la mégalomanie du rabaissement de soi. Et je suis au regret de t'informer que tu l'as franchie.

— Tu n'es qu'un monstre !!!!

— Ce n'est pas très poli ce que tu dis là. Et c'est loin d'être vrai.

— Dans ce cas, qu'es-tu ?

— Je ne suis que le reflet de ton âme.

— Si c'était le cas, tu ne te jouerais pas de moi, grogné-je.

— Je ne te mens pas. Tu demeures simplement dans le déni. Tu refuses d'admettre les défauts qui te composent ta personne. Tout ce qui fait que tu te répugnes et que tu m'évites.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, stupide glace !

— Vraiment ? Veux-tu que je te rappelle que tu détestes chaque partie de ton corps et de ton esprit ? Veux-tu que je te fasse remarquer que tu hais ton existence ? Que je te rafraichisses la mémoire sur le fiat que tu te considères comme une erreur ?

— Tu me fais chier à la fin !!! Que veux-tu que je dise ??? m'emporté-je dans un élan de rage.

— Que tu assumes ne pas être naturel, répond-il calmement.

— Personne ne l'est entièrement, soupiré-je.

— Essaie encore.

— Je te déteste...

— Tu évolues, affirme-t-il en souriant.

— T'es chiant putain !!!!! T'es vraiment qu'une merde !!!! J'en ai marre de toi, tu me fatigues !!!!! Meurs. Meurs. Meurs !!!!! ».

Je me retrouve à hurler de rage contre cette surface lisse qui me toise du regard. Je le déteste tellement que j'aimerais le briser en mille morceaux. Quoiqu'au fond de moi, je prends conscience qu'il dit vrai. Ce n'est pas lui que je méprise tant, mais ce qu'il tente de me dire. Je comprends qu'il ne m'a jamais menti. Depuis le début, il m'expose une vérité que je refuse de voir. Que je refuse d'assumer. Au fond, il ne fiat que me dévoiler ce que je tente de cacher depuis tout ce temps. Et me le rappeler me blesse plus que de raison. Ses dernières paroles achèvent de me convaincre lorsqu'il prononce d'un ton atone :

« Ne te trompe pas de pronom. Ne te trompes pas d'adversaire. Ce que tu vois dans ce miroir n'est pas un démon aux yeux rouges. Ce n'est pas un esprit vengeur étranger venu t'agresser. Celui que tu vois dans ce miroir n'est ni le bien ni le mal. Ce que tu vois dans le miroir reflète tes erreurs, tes blessures, tes impostures, ta rancœur, tes mensonges ainsi qu'une infime part de songes. Ce que tu vois ne peut être que malhonnête car une cage de verre le renferme. Mais toi, être libre et altier, tu connais la vérité, alors ne te la caches pas. Plonge tes yeux dans les miens. Dis-moi ce que tu vois, dis-moi qui tu y vois. Oses dire que tu ne sais pas de quoi je parle, oses me renier mais dans le fond, ce que tu vois, c'est...

— Moi, être abject empli de monstruosité, déchet rejeté de l'humanité. Je me répugne à tel point que j'évite ton regard. Je ne te supportes plus, je ns me supporte plus. Je nous confonds, je me perds. Je m'éloigne de la réalité et je rejoins Lucifer. Banni, banni de ce monde, banni de cette société, banni de leurs cœurs, banni du mien, banni de mon âme...

— Calme-toi. Respire. Refrène-toi, ralentis la cadence. Tu vas trop vite pour nous.

— Tu as tort, tu peines juste à suivre la musique de mon cœur détruit qui s'affole. Au fond, ça a toujours été la même cadence, je me suis juste évertué à le nier. Tu m'as ouvert les yeux. Grâce à toi, je vois plus clair désormais. Je nettoie enfin la merde que j'ai dans les yeux, je me rends compte de ma stupidité ! Je ne me suis jamais senti bien. Enfin j'ose l'avouer. Pourrais-je l'être ? Être...bien ?

— Oui tu peux l'être, mais tu le refuses. Tu vas trop loin. Tu t'infliges d'innombrables tortures inutiles alors que tu pourrais simplement aller de l'avant. Repentis-toi pour devenir meilleur. Et pardonne-toi pour enfin être libéré de tous les fardeaux qui asphyxient ton âme.

— Tais-toi ! Tu m'embrouilles l'esprit ! J'aurais cru que tu serais là pour me renvoyer toutes mes erreurs en pleine figure ! Si ça a été ton but, bravo, tu as réussi. Désormais, laisse-moi aller jusqu'au bout. Arrête de freiner mes ardeurs, laisse-moi tomber. Cesse de me retenir. Cela ne servira à rien, je suis prêt.

— Tu t'es trompé sur mon rôle, petit. Si je suis là, c'est pour te dévoiler qui tu es. J'en ai eu marre de t'entendre geindre intérieurement chaque jour ! Je suis là pour que tu comprennes que tu te sous-estimes et que tu vaux beaucoup plus que tu ne peux l'imaginer.

— Tes belles paroles ne me font rien. Si je te croyais, tu ne ferais que me faire tourner en bourrique ! C'en est assez. Je ne peux plus supporter tout cela.

— Non ! Ne fais pas ça ! Je suis là pour t'aider, idiot ! Je sais ce que tu veux faire et c'est la pire idée que tu n'aies jamais eu ! Bats-toi et reste en vie. Si ton existence n'en valait pas la peine, je ne me serais pas réveillé. Écoute-moi...Non mieux, écoute la vie, entends ce qu'elle a à t'offrir. Ouvre-lui ton cœur et tes sens. Tu sais qu'elle t'appartient, tu ne peux pas la renier...

— Je n'ai que faire de tes paroles ! Tu n'es rien de plus qu'un spectre et tout ce que tu diras n'aura aucun effet sur moi ! Tu ne m'empêcheras pas de me libérer. ».

Sur ces paroles effrontées, je sors de ma chambre sans m'attarder sur les cris de ce monstre. J'ai été sincère : mon choix est fait. Je ne renoncerai pas. Je m'élance donc vers la cuisine. Une fois que je me retrouve dans cette pièce qui sert à nourrir, je me retrouve livré à moi-même. Tremblant légèrement, je décide d'ouvrir le tiroir pour me munir d'un grand couteau tranchant et aiguisé. Hésitant, je me mets à le fixer. Je ne peux reculer sinon je lui donnerais raison. Cela m'est impossible, je ne veux plus avoir affaire à ce connard. Et c'est le seul moyen que je possède pour m'en défaire. Par cet acte, je veux lui prouver qu'il ne sait rien de moi et qu'il n'a aucune emprise sur mes actes.

Plus pour le provoquer qu'autre chose, je ne vais pas m'achever ici. Je vais le faire devant lui. Rien que pour lui prouver son impuissance ! Emportant la lame aiguisée avec moi, je remonte dans ma chambre avant de me poster face à mon indigne reflet. Cette fois, il ne peut plus m'immobiliser et cela me fait sourire. Enfin, j'ai gagné, il ne peut plus rien faire. Je fixe le miroir qui tente de me résonner. Il n'a plus que sa voix pour canaliser mes pulsions suicidaires. Cela est inefficace. Je n'en ai plus rien à faire de lui. Au lieu de l'écouter, je ferme les yeux tout en collant le métal froid et coupant contre ma gorge. Mon dernier souvenir demeure cette lame aiguisée qui s'enfonce dans ma chair tandis que mon sang gicle sur le miroir et l'inonde de mon hémoglobine. 

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