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Hey,

Je suppose que vous êtes surpris de voir ce message.

Peut-être autant que moi lorsque j'ai reçu celui-ci :

J'avoue que le mail m'informant de ce nouveau commentaire m'a surprise. Il est vrai que cela tranchait entre les énièmes messages informant d'un colloque universitaire sur tel thème ou un message de LinkedIn m'informant que des personnes avaient visité mon profil (je ne sais pas d'ailleurs ce qui aurait pu les intéresser dessus car il est plus vide qu'une feuille blanche).

Mais j'avoue que ce message m'a surprise.

Cherchant d'abord à comprendre ce qui avait bien pu faire penser que j'étais active, j'ai vu que mon compte affichait un nouveau vote actif. Après un court "désolé", mon petit frère m'expliqua qu'il s'était trompé de lien sur notre ordinateur familial, cliquant sur le lien Wattpad toujours connecté à mon compte (oui, je sais que ce n'est pas bien) et par curiosité, avoir ouvert un livre au hasard, votant avant de se rendre compte, pas habitué à l'interface orangé, que c'était avec mon compte qu'il venait de le faire.

Il n'empêche, avec cette explication (d'un banal désespérant), le mystère est parti. Toutefois, les quelques mots sont restés, eux.

Et il m'a trotté dans la tête. Longtemps.

De ce genre de pensée qui hante sans trop de raison. Avec votre cerveau y revenant inlassablement, une sorte de ressac mental.

Ou alors peut-être parce qu'il éveillait un écho de d'autres pensées, presque enfouies en arrière-plan de ma vie. Pourtant, elles sont toujours là.

Mes idées pour Nox.

Mes blagues que je veux vous partager.

Mes histoires ne demandant qu'à être appliquées sur le papier.

Mais justement, désormais elles sont en arrière-plan de ma vie. Et ce message est une occasion pour moi de vous donner une explication qui a trop tardé, tout simplement parce que je n'y avais pas le cœur. J'exècre exposer mes problèmes et je considère que cela outrepasse les échanges entre mon semi-statut d'écrivaillon (quelque peu enterré) et vous, mes lecteurs (en précisant que distingue les messages privés et ce genre de publication qui comme son nom l'indique, est publique). Toutefois, pour vous donner une réponse un peu satisfaisante et surtout, cohérente, je vais devoir le faire. D'avance, je vous prie de bien vouloir m'excuser. De plus, puisque ce contenu tranche vivement avec mon (ex)habituel ton, je précise que ce n'est en aucun cas une obligation de lire ce post (déjà parce que vous êtes libres, heureusement) qui n'annonce pas de reprise imminente.

C'est un message pour, comme évoqué dans ce message plus haut, ceux qui ont demandé de mes nouvelles et celles de Nox.

Bref, commençons donc.

Il y a près d'un an et demi maintenant, j'ai aussi reçu un mail, dont le ton dénotait franchement. En effet, ce court message m'annonçait avec des mots concis et très formels que j'étais acceptée dans le cursus de double diplômes "d'excellence" de l'université Paris II Panthéon-Assas, nom des plus longs que j'appris rapidement à abréger en Assas.

C'était un chamboulement, une chance inespérée. Car la particularité de cette université, c'est que c'est la meilleure licence en droit de France. Or comme toutes les universités, elle recrute ses élèves dans ses environs, disqualifiant automatiquement tous les petits provinciaux comme moi.

Mais il existe une voie pour se faufiler tout de même, et c'est une que je conseillerai à tout ceux voulant rentrer dans une université particulière, ce sont les doubles-diplômes. Dans mon cas, au vu de mon dossier balafré d'un échec de Première S en dépit d'une Terminale ES toute radieuse, je savais que je n'avais aucune chance sur un pur examen de dossier et avais passé un test de logique pour rejoindre le "Collège de droit" qui avait pour principal avantage de recruter uniquement les mentions "Très Bien" au Bac.

Autant vous dire qu'entre ma mention Très Bien obtenue à 0,11 près (oui, oui), mon dossier peu flamboyant et mon lycée tout sauf parisien, je ne m'attendais pas à y être acceptée. Mais contre toutes attentes, ce fut le cas.

Mon objectif depuis le lycée avait toujours été de partir de chez moi, faire des études hors de mon foyer, non pas parce que je n'aimais pas ma famille au contraire mais parce que je voulais me forcer à grandir.

Et quoi de mieux que d'être acceptée dans une grande fac parisienne pour cela ?

Dans l'allégresse familiale d'avoir sa fille promise à de belles études, nous nous lançâmes dans la recherche d'un logement et, par chance, nous le trouvâmes.

Première expérience parisienne, désormais j'allais quitter ma maison familiale pour une chambre de bonne de 9m² avec toilettes sur le palier. Affectueusement renommée "ma cage à hamster" sur conseil d'une amie, je pris conscience de ma chance. Car c'était petit (la limite légale en fait) mais c'était très bien organisé avec une vraie hauteur de plafond, un lit en mezzanine dégageant suffisamment de place pour une douche individuelle, un lavabo, un mini canapé et une cuisinette, en plus d'être dans un (trop ?) bon quartier à un prix défiant le marché (de Paris évidemment, lorsque j'en parle à mes amis provinciaux, ils me demandent si je suis folle. Les parisiens, eux, me demandent si j'ai vendu mon âme pour une telle affaire #truestory).

Ainsi étais-je prête pour débuter mon aventure parisienne. Et elle débuta, tardivement par rapport aux autres rentrées, en octobre. Petite particularité dont je ne me rendrai compte des épines cachées un peu plus tard. Tentant de me faire de nouveaux amis puisque j'étais la seule personne de mon cercle d'amis à être allée sur Paris, je me rapprochais de quelques personnes de ma promo.

Nous étions 1800 dans ma promo. Mille huit cent. Un chiffre qui me donnait le vertige, encore lorsque je pénétrais pour la première dans l'amphi capable de tous nous accueillir avec des allures de salle de spectacle.

(oui, le truc blanc au dessus m'a toujours plus fait penser à une manette de console inversé qu'à autre chose)

Mais un autre chiffre me donna rapidement le vertige. 40%. C'était le plus haut taux de réussite auquel on pouvait espérait, le taux de la promo qui passerait en L2 (sachant que certaines années cela descend plus bas pour flirter avec les 30%). Ayant globalement réussi mes études sans trop me forcer (ce qui est très présomptueux ainsi dit mais rassurez-vous, je n'ai jamais été première de classe, zonant plus aux alentours de la médaille de bronze), et étant en plus dans un double cursus "d'excellence", je n'avais aucune raison d'échouer !

Longue histoire, court résumé : je n'avais aucune idée du rythme de la fac, encore moins d'une fac d'excellence (et je ne comptais pas les heures supplémentaires dues à ce fameux deuxième diplôme ayant permis de rejoindre cette université), la rentrée en octobre se révélant être une mauvaise amie (car pas de vacances de Toussaint, des vacances de Noël ... suivies une semaine après par les partiels puis une sorte de vacances informelles avant de repartir jusqu'aux vacances de Pâques, trois semaines avant les partiels cette fois-ci. Bref, autant vous dire que lorsque les grandes vacances arrivent, cela est très étrange et salvateur).

Et les résultats du premier semestre tombèrent.

10.00. 10 pile. Un point de plus ou un de moins et c'était un échec. Ce fut une claque. En effet, pour pouvoir rester dans mon double diplôme, il me fallait avoir une moyenne sur les deux semestres. Autant avais-je envisagé plus d'une fois de potentiellement échouer à mon double diplôme, autant échouer à la licence simple m'avait semblé jusque là alors impossible (oui, c'était TRÈS présomptueux de ma part, je vous promets que j'ai appris de cette erreur).

Ce fut une claque d'autant plus grande que je l'ai vécue juste après avoir appris que certaines de mes amitiés tissées en début d'année m'avaient tout simplement tournées le dos pour d'autres personnes qui médisaient sur moi depuis quelques mois. Alors lorsque vous recevez votre note de justesse, esseulée dans une mégapole loin de votre famille et les quelques personnes encore avec vous se congratulant pour une excellence de résultats que vous êtes bien loin d'atteindre (comme une de mes amies qui se révéla être... major de promo. Si, si), la solitude ne fait que s'appesantir.

Clarifions les choses. Je ne veux pas de pitié, j'ai conscience d'être chanceuse. En bonne santé, un toit sur ma tête, une famille qui m'aime, pas de problème d'argent (même si je suis loin d'égaler une partie importante de la fac, tirée du 16ème, 17ème et autres), j'étais toujours dans la course pour avoir ma première année.

Toutefois, même en sachant cela, c'est dur de ressentir une sensation d'accomplissement lorsque après avoir travaillé de longues heures, sacrifiant votre temps libre, sacrifiant tout votre temps libres (vous savez, ce moment où vous culpabilisez parce que vous avez lu un livre ou regardé un épisode de série au lieu de travailler), cela laisse un goût amer.

Cependant, pas le temps de remettre en cause le monde, si je n'avais eu que 10/20, cela signifiait que je devais avoir 13/20 au second semestre pour rester dans mon double diplôme (oui, les matheux tiqueront mais c'est une curiosité : ce sont des moyennes de notes sur plus de cent points et le second semestre compte plus de points que le premier, comptant donc plus en terme de moyenne). Cela signifiait donc abandonner mes espoirs de me remettre à Umbra (vous savez ce petit moment de "oh, je vais essayer de sortir sept nouveaux segments !", il a été enterré très vite sous le travail à faire).

J'ai donc bossé plus, essayant de faire mieux, avec peu de résultats. Heureusement, entre temps j'avais rencontré de nouvelles personnes, créant un cercle d'amis bien plus sain et joyeux que mes errances amicales du premier semestre, même s'il restait très studieux.

Et Umbra resta ainsi, dans un état de pétrification partagé avec mes autres passions, mes autres projets. Lorsque j'éclatais (car oui, à faire que bosser et habitant un 9m², vous éclatez un moment ou un autre), mon fichier "Notes divers et variées pour Nox" s'épaississait de quelques lignes sans que l'histoire n'avance.

Voilà comment j'avançais tant bien que mal jusqu'aux partiels du second semestre. Et ils furent... pour le moins particulier. Je prendrais pour exemple le QCM que nous eûmes en Relations Internationales (le professeur était par ailleurs très intéressant mais pas un professeur, plus un conférencier avec bien plus de culture générale que de méthodologie) dont je mets quelques exemples car il a réussi l'exploit de me faire rire en plein milieu de l'épreuve :

Question 4

Trafiquant d'armes de haut vol, poursuivi par des tueurs lancés à vos trousses par de redoutables concurrents tchetchéno-kosovars, vous êtes enfin parvenu en un lieu que vous situerez sur la carte au milieu du chiffre 4 ; c'est là, à trente kilomètres environ à l'ouest du grand lac de Kossou [situé au-dessus de Yamoussoukro], que vous avez mis à l'abri un ULM [= un aéronef ultraléger motorisé] particulièrement « performant » et jouissant d'une extraordinaire autonomie de vol. Vous souhaitez aller vous mettre à l'abri dans un camp situé dans la région de Zaria, à deux centimètres, sur la carte, au nord-est du chiffre 9, chez vos grands amis du groupe Boko Haram – ceux-ci vous réserveront bon accueil car ils sont persuadés que vous êtes allé ces derniers temps exercer vos multiples talents dans les rangs de la succursale de l'État islamique au Khorassan. Vous ne voulez pas prendre la voie la plus directe, pour un motif que vous n'avez confié à personne – et que j'ignore donc hélas –, mais voler en ligne droite du point 4 au point 8, puis du point 8 à la région de Zaria. Quels pays allez-vous successivement survoler, en incluant le pays de départ et celui d'arrivée :

A La Côte d'Ivoire, le Mali, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad, le Niger

B Le Ghana, le Mali, le Bénin, le Mali, le Niger, le Cameroun

C La Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Togo

D La Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Ghana, le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria

Question 49

Le sabre [vous apaiserez un instant encore votre palefroi et cocherez la réponse qui ne vous agrée pas]

A peut être droit

B est arme autant d'estoc que de taille

C doit plutôt être utilisé par le cuirassier chargeant comme arme d'estoc que de taille [en dépit de ce qu'évoque le mot « sabrer »]

D passe pour avoir atteint une sorte de sommet d'équilibre avec le modèle réglementaire de l'an XI

E n'est pas évoqué une seule fois, très curieusement, dans l'extrait des Misérables que j'ai présenté sous le titre « Le chemin creux d'Ohain »

Question 50

Attention, ne vous trompez pas surtout. Quelle est la réponse ?

La réponse à cette cinquantième question est A. Cochez A s'il vous plaît. Merci

... voilà, voilà (petite fierté personnelle, c'est une des matières que j'ai le mieux réussi avec 9,5/10 avec des paris absurdes de ma part qui ont fonctionné, mais c'est un détail).

Dans le genre "fun", mon autre meilleure note (aussi à 9,5/10) a été obtenue alors que j'ai, calendrier des épreuves oblige, révisé la matière en très exactement 24 heures (et 95 pages A4 caractère 11, c'est un vrai bon-heur).

Bref, je conclus donc ce semestre miraculeusement à 12,94 mais ce n'était pas suffisant pour correspondre à la moyenne requise pour rester dans mon double diplôme... sauf qu'ils eurent pitié de moi (ou firent une erreur, je ne sais pas et ne saurais sans doute jamais).

Enfin les vacances, repos bien mérité !

...non.

Car si il y a bien quelque chose que j'avais appris vite, c'est qu'à la fac, on ne dira jamais ce qu'il faut faire, uniquement ce que tu aurais du faire... Ainsi par exemple, faire des stages pendant les vacances, avoir une vie associative, passer des diplômes de langues, voire même faire de courtes formations à l'étranger pendant tes vacances.

Dans mon cas, ce fut stage et une formation pour étudiants en droit à l'étranger (où nous avons été logés dans un 9m²... pour deux. Comme quoi, y'a des habitudes qui ne se perdent pas). Et c'est là que j'ai découvert, très curieusement, après avoir occupé juridiquement trois de mes mois de vacances sur quatre que j'étais atteinte du syndrome de la page blanche, incapable d'écrire une ligne.

J'ai essayé, repris des vieux textes, divisant la tâche pour qu'elle semble plus facile, élaborant des plans (alors que je n'en avais jamais fait de précis), m'imposant des quotas de temps ou de mots à écrire mais rien n'y faisait.

Pourtant j'étais encore capable d'écrire des trucs puisqu'à la demande d'une amie, j'organisais le scénario d'une sorte de mini cluedo interactif à thème Harry Potter pour un événement dans le bar dans lequel elle bossait.

Mais bientôt je dus m'y résoudre, je n'arrivais pas écrire si cela comptait pour moi. Dès l'instant qu'il s'agissait d'un texte de commande, aucun problème mais autrement, rien. Incapable.

La fatigue, la peur de la reprise et une relation sentimentale interrompue n'y ont sans doute pas été très encourageantes non plus.

Désormais, j'ai repris depuis près de deux mois la fac. Nous ne sommes plus 1800, désormais nous atteignons les 1200 environ avec les 40% ayant réussis la L1, les redoublants et les étudiants (souvent majors) venus de d'autres facs.

La L2, c'est l'année la plus dure et je le sens.

Dans le rythme de travail effréné.

Dans mes horaires se prolongeant toujours plus tard dans la nuit.

Dans les rares notes rendues peinant à atteindre ne serait-ce que la moyenne.

Dans les retards accumulés car trop de choses à toujours faire en même temps.

Dans les notes des années précédentes murmurés fiévreusement dans les couloirs (6/20 de moyenne l'année dernière dans une de nos matières principales, 3/20 dans une autre supposée nous aider à rattraper notre moyenne).

Dans les craquages autour de moi (une amie éclatant en pleurs en plein milieu de révision, un autre accumulant les insomnies, une autre ne venant plus en cours, une s'effondrant à la sortie d'un cours, etc ...).

Un suicide il y a quelques semaines. Le pire, c'est que plusieurs ont déjà eu lieu l'année dernière.

Peu réjouissant mais c'est le prix de l'excellence me dira t-on.

Certes, mais j'en viens à questionner le prix. J'irai jusqu'au bout de cette licence bien que je n'ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard et que la fac me dégoute peu à peu du droit, mais je me demande ce que cela me coûtera, ainsi qu'à mes autres camarades.

Les étudiants en prépa riront sans doute à ce message, témoignant d'horaires également lourds si ce n'est plus (bien que peu d'établissements peuvent se targuer d'avoir des cours finissant à 22h ou des longueurs 8h de cours d'affilée sans pause pour ne serait-ce que manger), de notes bien pires et potentiellement d'une ambiance de travail exécrable (car au moins, même si pour certains superficiels, les Assassiens restent abordables et y'a une sorte d'ambiance "tous dans la galère/en retard dans tout").

Sans doute mais cela ne m'empêche pas de trouver regrettable ce mode de vie supposé être synonyme d'excellence. De trouver déplorant l'absence d'encadrement, les notes volontairement rabaissées, le surchargement de travail, le mépris des professeurs, l'absence de valorisation de l'étudiant, l'élitisme affecté, que pour être bon il faut y consacrer plus que sa vie (mon amie major de promo est fan de droit, dort maximum 5h par nuit et enchaîne les insomnies à bosser, en plus d'avoir une prépa privée à côté) etc... Mais c'est ainsi je suppose.

Voilà pourquoi je n'ai rien écrit et publié en dépit de mes promesses.

Voilà pourquoi je ne publierai sûrement pas cette année encore.

Voilà pourquoi je ne vais plus sur Wattpad, j'ai (trop) peu de temps et malheureusement peu de choses intéressantes à y conter. Cependant, dans mon cœur, j'ai fait cette promesse d'y revenir finir d'y écrire mes histoires et elle est aussi solennelle que possible.

Pour autant, même si le rythme s'accélère, même si les notes baissent, même si les exigences augmentent, si jamais vous vous inquiétez pour moi (ce qui est d'une certaine façon étrange car nous nous sommes fort probablement jamais rencontrés, même si j'aimerai bien. Cependant, est-ce que les mots ne sont pas parfois plus révélateurs que les visages ?), je vous demanderai de ne pas le faire.

Car dans cette existence studieuse, maigre en estime de soi et accomplissement, je le répète encore, aussi dure peut elle sembler, j'ai énormément de chances. Même si cela m'arrive de craquer, de ne pas avoir ma famille le soir, de faire 1h20 de transports en commun par jour pour habiter ma cage à hamster, j'ai de la chance. Je suis en bonne santé, un appart correcte, pas de problèmes d'argent, ma famille au téléphone. J'ai des amis qui me soutiennent (et tout le soutien que je pourrai leur fournir en échange ne sera jamais suffisant) et avec qui nous tentons tant bien que mal de passer cette nouvelle année, en échangeant cours, copies et mêmes de droit (j'avoue être plus brillante sur le dernier) dans un sentiment d'entraide génial.

Donc si jamais, par un quelconque hasard, vous envisagez la fac et particulièrement celles se voulant élitiste, ne soyez pas découragés (je sais, dur à dire). Certains aiment, d'autres adorent, beaucoup endurent. Mais toujours, quelque soit la voie, on devrai sacrifier quelque chose, que ce soit notre temps, nos ambitions, notre temps perso. Il faut juste en avoir conscience.

Merci de m'avoir lue, en espérant que vous n'êtes pas trop déçus et en vous souhaitant tout le meilleur du monde, car je ne saurai vous souhaiter autre chose, si ce n'est d'être heureux ;)

Quant à moi, je retourne à mes arrêts de droit administratif et mes quatre interros de demain et après-demain, en espérant pouvoir apprendre ce fichu cours correctement.

<3 sur vous,

Affectueusement et chocolat,

Kelewana

(en bonus, quelques extraits d'une nouvelle que j'avais commencé à écrire l'année dernière sur le thème d'Umbra et Noël ainsi qu'à la fin des mêmes de droit pour les juristes égarés)



Note : Ce bonus ne se passe pas dans la trame actuelle, ni même passée de Nox. Considérez cela comme un chapitre hors du temps. Pour plus de commodités et d'humour, les pouvoirs de la Ténébreuse ont aussi subi une augmentation et votre arbalétrière préférée est donc beaucoup plus puissante que d'habitude. En espérant que la lecture vous plaira !

Lorsque je m'étais levée ce matin, je n'avais qu'une seule envie : remplir ma plus grande tasse du meilleur (et presque seul) café de mon placard. Ce fut donc toujours vêtue de mon pyjama que je me traînais difficilement hors de mon lit à l'heure beaucoup trop matinale du goûter. Et ce fut avec encore plus de difficultés que je réussis à descendre le petit escalier menant à mon espace à vivre. Toujours à moitié comateuse, ma main droite parvint par miracle à attraper une dosette de café et sa collègue gauche à appuyer sur le bouton pour mettre la cafetière en route. Puis, animée par le contentement bienheureux d'un drogué attendant sa dose, je me postais devant la machine rutilante pour voir couler ce miracle aux reflets bronzés dans mon mug favori.

Et ce fut à ce moment, alors que les premières gouttes s'échappaient dans un nuage de vapeur, que mon cerveau me fit gentiment remarquer qu'une étape avait été oubliée dans le processus.

La tasse.

Et merde.

N'ayant d'un dixième de seconde avant que le désastre n'arrive, je renonçais à me précipiter vers mon placard pour en extraire mon Graal en porcelaine. Même avec ma vitesse d'Umbra, cela ne serait pas assez rapide. Alors je fis la seule chose me permettant encore d'épargner mon plancher (presque) propre : à l'aide de mes pouvoirs, je tentais de matérialiser une ombre en la modelant pour former un réceptacle.

Grâce à l'habitude, perfectionnée par des milliers d'heures d'entraînement, une étincelle d'animus traversa mon corps et sous l'emprise de ma volonté muette, rassembla les ténèbres environnantes. Et à une vitesse trop élevée pour l'œil humain, elles formèrent la réplique sombre de ma tasse favorite. Cela eut lieu en une fraction de temps suffisamment infime pour que la première goutte heurte des ombres compactes plutôt que mon parquet stratifié.

Un soupir de soulagement quitta mes lèvres. Une fois de plus, je venais d'échapper à la catastrophe. Et afin de ne pas gâcher tout mes efforts au dernier instant, je me hâtais d'attraper ma tasse (en porcelaine cette fois-ci) puis fit flotter avec précaution son clone maléfique. Plissant les yeux, comme si cela aidait à me concentrer, ma volonté impulsa une parcelle supplémentaire pour l'amincir et la faire épouser les contours du modèle originel. Une fois assurée qu'aucune parcelle de mon précieux breuvage n'échouerait contre le sol, je relâchais mon attention, laissant les ombres se dissoudre dans l'éclat tamisée de la journée mourante. Avec ma satisfaction courbée sur mon visage, je saisis mon mug avant d'avancer d'un pas décidé vers mon salon afin de savourer ce liquide exquis en contemplant le crépuscule sur les toits de Prague.

Mon appartement était une curiosité coincée au sein d'une ancienne maison baroque subdivisée en deux, la délimitation ayant été opérée si longtemps auparavant qu'elle avait échappé à toute législation. L'ancien propriétaire m'avait expliqué que nul ne savait trop pourquoi elle existait et que l'explication la plus logique semblerait être celle d'un héritage s'étant très mal passé. Si bien qu'en avait résulté ce bâtiment séparé en deux par un épais mur de briques en plein milieu de la pièce à vivre mais aussi de l'étage supérieur. Lorsque j'avais visité la moitié de la ville (si ce n'est plus, et encore, je ne compte pas la banlieue) à la recherche d'une habitation, cette excentricité improbable m'avait immédiatement plu. Quasiment invendable car trop chère pour une bourse étroite du à sa position proche du centre-ville, mais trop petite pour permettre à une famille de s'y installer, l'organisation des pièces à vivre était un désavantage supplémentaire. En effet, le rez-de chaussée était partagé entre un salon trop grand et une cuisine trop petite pour tenter de s'accommoder de la séparation murale tandis que l'on accédait à l'étage que via un minuscule escalier engoncé dans un coin sombre. La partie supérieure en elle-même était le reflet de son confrère plus bas, avec une chambre immense et une salle de bain minuscule où se chevauchait avec difficulté un lavabo, une douche antique et des toilettes. Un grenier mal isolé et une cave humide achevaient de compléter la magnifique habitation dont j'étais l'heureuse propriétaire.

Avançant en traînant mes chaussons lapins (beaucoup trop douillets pour être abandonnés), je laissais mon regard errer dans le salon. L'ensemble avait bien changé depuis mon achat, et si autrefois l'intérieur était sombre, désormais un savant jeu de miroir, lumières additionnelles et penture blanche avait permis d'éclaircir cet intérieur. Les quelques fenêtres percées dans la façade n'étaient pas suffisantes pour les critères modernes, aussi avais-je en plus fait poser des vasistas au plafond me permettant de contempler les étoiles. Ces changements, nécessaires, avaient d'abord été initiés dans ma cuisine avant de contaminer le reste de la bâtisse. Sans doute était-ce paradoxal que la Ténébreuse vive dans l'équivalent d'un bloc opératoire, mais que voulez-vous : si j'étais logique, cela se saurait depuis longtemps.

Un canapé quasiment (presque) intact en velours bleu récupéré dans une brocante, un fauteuil si vieux qu'il avait été abandonné dans le grenier, une table basse Ikea à trois pieds et un écran géant parachevaient la décoration. Quelques cadres égayaient bien les murs, cependant je n'avais toujours pas enlevé les photos du magasin. Ainsi avais-je la joie de contempler les visages d'une famille visiblement sous crack pour être aussi souriante en quatre exemplaires parfaitement identiques, un pour chaque mure de la pièce. Ou plutôt presque parfaitement identique car la « moi-bourrée-rentrant-à-quatre-heures-du-mat'-et-armée-d'un-marqueur-indélébile » avait trouvé amusant de rajouter des moustaches, lunettes, cornes et autres accessoires indispensables ainsi que des remarques nécessitant un degré d'alcoolémie nettement supérieur à la moyenne russe pour être comprises. M'arrêtant devant le plus proche en sirotant machinalement, je me demandais tout de même si le mot « Kehzeuh » avait eu un sens ne serait-ce qu'un bref instant au cours de ma vie ou alors si c'était un plan machiavélique élaboré par la même « moi-bourrée-rentrant-à-quatre-heures-du-mat'-et-armée-d'un-marqueur-indélébile-MAIS-avec-une-capacité-de-raisonnement-suffisante-pour-emmerder-sa-moi-future ». Savourant un peu plus ma boisson chérie, j'en vins à me demander quel jour étions nous. Un coin de mon cerveau clamait que Jana, ma voisine, m'avait prévenu qu'aujourd'hui était important. Cependant mon diable de cerveau n'arrivait pas à se rappeler l'origine de cette importance. Levant une nouvelle fois la tasse en porcelaine à mes lèvres, j'espérais qu'en plus de dissiper les dernières brumes du sommeil, le café arriverait aussi à réveiller ma mémoire. L'optimisme, une de mes plus grandes qualités.

Mais un énorme fracas résonna, mettant fin à mes questionnements et me fit sursauter. Sans même y penser, j'invoquais instinctivement mon armure de ténèbres ainsi que ma dague shinyi tout en effectuant un volte-face pour affronter cette menace. Et alors que je regrettais d'avoir laissé mon arbalète chérie à l'étage, je dus m'y reprendre à plusieurs fois pour ne pas laisser ma mâchoire échouer sur le sol face à la scène surréaliste s'offrant à moi. Une énorme hotte s'était écrasée sur ma pauvre table de salon, l'achevant d'un coup sec et fatal. Des paquets aux couleurs aussi vives que brillantes avaient été propulsés hors de cette dernière pour s'éparpiller à travers tout mon salon. Néanmoins, le plus surprenant était les jambes courtaudes chaussées de bottes sombres et habillées d'un pantalon rouge criard dépassant de mon écran. Les deux membres, loin d'être morts, se débattaient avec vigueur pour arriver à faire passer à travers la limite de mon écran... une énorme bedaine. Une fois cette étape dépassée, le reste suivit et en moins de temps qu'il ne faut pour dire WTF, un vieillard en sortit pour s'effondrer sur le plancher face au cadavre de ma table basse.

Mes yeux écarquillés devant cette absurdité, je vis l'homme soupirer lourdement avant de se relever. Enfin, avant de tenter de se relever. Son premier essai se solda par un échec, le paquet environnant qui lui avait servi d'appui s'étant effondré sous son poids. Ce fut donc après moult péripéties que l'intrus parvient, laborieusement, à se redresser, me permettant de finalement l'observer dans toute sa splendeur.

Approchant les deux mètres, sa haute stature était compensée par une proéminence ventrale développée. Cette surcharge compressait sa silhouette, le rapetissant et le faisait ainsi paraître moins imposant qu'il ne l'était, accentuant l'impression d'être face à la représentation humanoïde d'une sphère. Sa veste et son pantalon écarlates, rebrodés de fourrures aussi blanches que la longue barbe reposant sur son abdomen, le rendaient difficile à manquer. Crispant mes yeux pour survivre à cette douloureuse vision, je me rendis compte que mes mains étaient vides. Animée d'un mauvais pressentiment, mon regard se baissa pour découvrir les fragments éparses de mon ancienne tasse favorite ainsi que le liquide brunâtre les tachant en plus de mon parquet.

Je ne sais pas qui était cet individu mais il allait payer. Et cher.

La colère m'emplit et je la laissais s'étendre à travers ma chair. Dans la pièce, les ténèbres réagirent à mon brusque changement d'humeur, commençant à se dilater à travers l'espace. Les lueurs vespérales, qui perçaient à travers les fenêtres, s'éteignirent, étouffées par mes fidèles ombres. L'individu écarlate sentit l'ambiance s'altérer et leva un regard inquiet dans ma direction.

— Ho ho, il ne faut pas vous énerver comme ça ! Vous allez causer une crise de frayeur à un vieil homme !

Je laissais la Ténébreuse apparaître dans mes yeux. Froide, inhumaine et sacrément en colère. On ne touchait pas à mon café, encore moins après que l'eut sauvé d'une mort certaine.

— C'est le but.

Ma réplique, sèche, déconcerta mon interlocuteur. Pas suffisamment cependant pour qu'il ne se gratte pas la bedaine et n'extrait un insolite bonnet de sa poche, mais assez pour le faire hésiter sur ses mots.

— Vous êtes bien la Ténébreuse ? Finit-il par me demander en juchant son couvre-chef sur le sommet de son crâne déplumé.

Si l'on me demandait ainsi, il allait me voir. Puisant un peu d'animus, j'amplifiais mon armure et y ajoutais d'épais volutes sombres du plus bel effet. Lorsque je lui répondis, ma voix résonna depuis l'ensemble des ténèbres de la pièce.

— Cela dépend qui la demande, répliquais-je avec un rictus.

— Le Père Noël.

Sa réponse coupa court à mes envies de meurtre, la confusion se dessina dans mes pensées. Autour de moi, les ombres se réduisirent et j'absorbais les excroissances de mon armure.

— Le... le Père Noël ? Arrivais-je néanmoins à bafouiller.

Mon soupçon ne parvient qu'à enraciner la confiance nouvellement acquise du vieillard. Gonflant le torse de fierté, ce fut d'une voix claire et forte qu'il renchérit :

— Oui, le Père Noël. Aussi connu sous les doux noms de Santa Claus, Papai Noël, Viejo Pascuero, Dun Che Lao Ren, Julemanden, Joulupukki, Pai Natal, Noël Baba, Ded Moroz ou encore, mon petit préféré, Hoteiosho ! Votre fidèle serviteur pour vous servir, conclut-il avec cette inutile répétition et l'esquisse d'une courbette.

OK. Que faire lorsqu'un hurluberlu se prenant pour le Père Noël atterrissait dans votre salon après avoir traversé votre écran, éparpillant des dizaines de colis à travers la pièce et causé la mort de mon mug favori ?

Vous, je ne sais pas, mais moi, je fis demi-tour sans lui accorder un regard supplémentaire. Paniqué, je l'entendis se précipiter aussi vite que ses jambes courtaudes lui permettaient.

— Attendez ! Que faites-vous ?

Pilant net, j'arrêtais ma route. D'un geste, mes ombres enlacèrent mon poursuivant, l'empêchant de me percuter, emporté par son élan.

— Quoique vous ayez à me dire, lui assénais-je avec une œillade meurtrière pour appuyer mon propos, il est trop tôt pour que je le supporte sans ma dose de caféine.

Laissant les balbutiements de celui se prétendant Père Noël derrière moi, je passais l'encadrement de porte séparant mon salon de ma cuisine et, après avoir sorti ma deuxième tasse favorite, me fis un également deuxième café. Mon mug chaud coincé entre mes deux mains, je fis l'exact chemin inverse, repassant devant l'hurluberlu rouge, m'affalant dans mon fauteuil puis bus une gorgée. Le breuvage était suffisamment bon pour apaiser ma colère, mes ombres relâchèrent donc leur proie.

— Parlez, intimais-je à mon interlocuteur en avalant une nouvelle lampée.

Quelque peu déconcerté par mon attitude, le vieillard hésita un instant, ne sachant que faire. Agacée de son indécision, mes ténèbres dessinèrent un trait sombre sur le sol jusqu'au canapé me faisant face. Comprenant l'ordre muet, il se mouva en suivant scrupuleusement mes instructions, évitant d'écraser le cadavre de ma précédente tasse héroïquement morte au combat. L'hurluberlu s'assit à son tour, avec toutefois plus de délicatesse que moi. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour rassembler ses pensées et son courage épars avant de déclarer d'une voix grave :

— J'ai besoin d'aide.

Sirotant ma boisson, ma réponse se fit tarder. Il me regarda. Je le regardais à son tour. Il continua de me regarder avec insistance, attendant visiblement que je prenne la parole. Haussant mon sourcil droit, je laissais le silence s'étirer inconfortablement. Mal à l'aise, le vieillard s'agita dans son siège.

— C'est à ce moment là que vous me demandez les détails.

Un rictus fut mon unique réponse. Il avait cassé ma tasse favorite, mit mon salon sans dessus-dessous et maintenant il osait demander de l'aide. Je n'allais pas lui faciliter la tâche.

— C'est ce que je ferai si j'en avais quelque chose à faire, lui accordais-je toutefois en réponse.

Le malaise émanant de mon interlocuteur minait désormais le peu de confiance ayant survécu à mon comportement.

— Écoutez, je suis quand même le Père Noël, avança t-il avec une maladresse prévisible. Vous devez m'aider.

Mon second sourcil rejoignit le premier tandis que mes mains s'abaissaient avec brusquerie, manquant de m'éclabousser de mon breuvage.

Devez? Repris-je en insufflant des nuances dangereuses au mot. Non, je ne vous dois rien, au contraire. Vous débarquez chez moi, ruinez mon salon, exigez mon aide et surtout, pire encore, vous avez cassé ma tasse favorite. La seule raison qui me retient de vous expulser manu militari, ce sont les restes de mon savoir-vivre assortis d'un instinct de survie envers ma deuxième tasse !

Se ratatinant dans les profondeurs élimées de mon canapé à chaque nouveau mot, l'hurluberlu leva les mains, dans une risible tentative d'en appeler à ma pitié.

— Je comprends que nous sommes partis d'un mauvais pied, esquissa t-il en glissant sur les mots. Cependant, j'ai vraiment besoin de votre aide.

Son ton suppliant ne suffisait pas.

— Et j'ai de plus en plus envie de vraiment vous expulser.

Ma réplique sembla ôter ses derniers espoirs, relâchant sa posture et l'autorisant même à soupirer. Je faillis lui proposer une tasse de café en guise de réconfort, mais pour cela il eût fallu qu'il me reste encore une dosette de café. Et que je ressente une quelconque empathie à son égard. Le paquet de café moulu et ses filtres dans mon placard me soufflèrent qu'une des deux conditions était plus déterminante mais de là à savoir laquelle...

— Puisque vous m'obligez...

Sa réponse désabusée me tira hors de mes pensées plus efficacement qu'un LEGO de mon intégrité physique. Le Père Noël attrapa la hotte reposant sur les débris de ma table basse et, après des marmonnements indistincts, en retira un bonnet de noël ainsi qu'une immonde contrefaçon d'arbalète au rose vif repoussant les limites du bon goût pour les faire coïncider avec celles de la stupidité humaine. Rien qu'à sa vue, mes lèvres se retroussèrent de dégoût.

— Quelle est donc cette... chose ?

Je ne pouvais pas attribuer de nom à cette horreur, Gentillesse m'en aurait voulu pendant des semaines pour cela. Et il aurait fallu encore quelques mois supplémentaires pour la honte cesse.

— Grâce à ma hotte, je peux exaucer les rêves des enfants. Cette arbalète était donc l'un des vôtres. Prenez-la.

— Hors de question.

— Vous devriez, nous allons en avoir besoin.

— Je vous ai déjà dit que je ne vous aiderai pas.

— Peut-être, mais je suis sûr que votre Moi-Enfant sera plus que ravie d'assister le Père Noël.

D'une vitesse surprenante pour sa corpulence, le vieillard s'élança vers moi et enfonça sur ma tête le bonnet sorti de sa hotte. Aussitôt, je tentais de réagir mais une étrange sensation m'envahit alors. Des frissons me parcoururent, partant de la racine de mes cheveux pour ensuite dévaler jusqu'à l'extrémité de mes orteils. Ma tasse m'échappa de nouveau, et aurait connu le même sort funeste que sa consœur si le vieillard ne l'avait pas rattrapé aussitôt. J'eus l'impression de tomber dans un trou tandis que mes vêtements devenaient subitement trop grands pour moi. En moins d'une minute, tout était fini.

Me retournant vers le Père Noël, je hurlais :

— Qu'est-ce que c'était que cela !

Saisi d'un instinct, il me tendis mon mug en un geste de réconciliation. Par réflexe, je l'attrapais et bus une gorgée.

— Pouah ! Mais c'est immonde !

Écartant les bras, le pouvoir de Nox fusa hors de moi.

QUE M'AVEZ-VOUS FAIT !

Grimaçant, il leva les bras pour se protéger de ma colère.

— Vous devriez envisager de réduire votre consommation de caféine, c'est très mauvais pour votre santé et pire encore pour la mienne.

J'avais toléré son intrusion dans ma maison, sa destruction de mon salon, ses élucubrations, mais là c'était trop. Le vieillard avait dépassé les limites étroites de ma gentillesse, il était pour lui de payer. Plissant les yeux, j'invoquais de nouveau ma dague shinyi en l'assortissant cette fois-ci d'une armée d'ombres aux crocs de rasoirs. Quant à mon armure de ténèbres, des trous noirs flottaient autour de moi, n'attendant que mon ordre pour étendre leurs gueules voraces.

Le Père Noël éclata de rire.

Il. Éclata. De. Rire.

— Désolé, mais si vous vous voyez, c'est hilarant ! Être menacé par une petite fille d'un mètre trente, c'est beaucoup trop drôle.

Soudainement je pris conscience. De mes manches trop grandes, de ma robe de chambre sur laquelle je marchais, d'à quel point je devais lever la tête pour observer le vieillard. Horrifiée, je levais mes mains à hauteur de visage, les découvrant petites et encore empâtées par la jeunesse.

— Qu'est-ce que vous m'avez fait ?

— Puisque la Ténébreuse adulte ne voulait pas m'aider, j'ai fait appel à la Ténébreuse enfant. Je peux faire appel assez littéralement à l'enfant en chacun d'entre nous.

~À suivre~

Et bonus pour les juristes :

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