7ème flashback
Assise à même le sol, une toile posée juste devant moi, je me laisse guider par mon imagination, ne sachant absolument pas où cette dernière me mènera. Je suis dans l’appartement de ma meilleure amie. Elle s’est absentée pour faire une course. Acheter je ne sais plus trop quoi. Indispensable et vital pour la finition de sa robe. Vu son air catastrophé lorsqu'elle est partie de cette pièce, je ne peux que la croire. Une heure minimum pour m’occuper.
J'ai besoin de me détendre suite à cet énième essayage. Octavia va me rendre complètement dingue. J’admets cependant que la robe qu’elle a créée est sublime et me nargue là, sur ce mannequin installé juste sous mon nez. Elle brille tellement sous la lumière du soleil qu’elle éblouit toute la pièce projetant sur les murs un milliers de points dansants. Dorée, légère et longue. Elle est à la fois élégante par les matières choisies mais aussi très sexy, notamment avec son jeu de transparence et de dentelle. Une grande ouverture sur le devant laissera entrevoir mes jambes lors du défilé. Octavia voulait me donner l’allure d’une reine, d’une déesse. Tel était son objectif. Je ne suis toujours pas convaincue d’être la personne qui réussira à mettre cette merveille en valeur mais je lui ai promis de le faire et je ne reviendrai pas sur ma parole.
Même si je ne peux plus compter sur Finn… Repenser à lui me donne envie de vomir et mon coeur se serre, souffrant encore de sa trahision.
Il m'a au moins ouvert les yeux... L'amour est une faiblesse.
J'essaie de chasser de mon esprit, mon inquiétude sur la personne qui voudra bien passer la soirée avec moi.
Octavia complote derrière mon dos à ce sujet, me répétant qu’elle va trouver la solution. Situation sous contrôle. Je ne sais pas si le fait qu’elle ne me fasse pas part de ses plans, ne devrait pas plus m’inquiéter. Je lui fais confiance et je pense savoir qui sera le plan b… Mon père, qui d’autre.
J’entends la porte d’entrée claquer et reconnais tout de suite le pas lourd de Bellamy.
- Octavia ? appelle-t-il depuis le salon.
- Partie.
Il me rejoint et s’appuie contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur son torse.
- Elle est partie faire une course, l’informé-je tout en continuant à peindre, elle reviendra dans peu de temps.
Il hoche la tête et vient me rejoindre. Il s’allonge sur le dos, s’appuyant sur ses coudes et ferme les yeux pour profiter un peu de la chaleur du soleil. Ses tâches de rousseur sont de plus en plus présentes. Je meurs d’envie de les toucher du bout des doigts.
Un long silence s’installe entre nous mais ce silence est loin d’être gênant. Bien au contraire, il est apaisant. Il reste à mes côtés alors que mes coups de pinceaux s’activent sur la toile. Un peu de noir, de rouge et de bleu. Je n’arrive plus à m’arrêter et cela me fait un bien fou.
- Elle va te tuer.
Son index pointe mes jambes et je grimace en réalisant qu’elles sont couvertes de peintures. Octavia va m’arracher les yeux en me découvrant dans cet état. Mon short et mon débardeur noir n’ont pas été épargnés. Je me suis installée le plus loin possible de ses affaires afin d’éviter une catastrophe mais je ne crains que cela suffira à la calmer. Pas grave, elle n’en saura rien. Je serai toute propre avant son retour.
Pour seule réponse, je lui tire la langue en haussant les épaules.
- Je ne savais pas que la peinture était si sexy, dit-il un brin moqueur.
- Ca te donnera des idées pour tes prochaines parties de jambes en l’air.
- Je prends note, rit-il.
Il pose son doigt sur le bout de mon nez et me retire une tâche de peinture rouge.
- Hé, m’exclamé-je alors qu’il s’essuie sur mon short.
- Au point où tu en es tu n’es plus à une tâche près.
- Alors laisse-la sur mon nez ! ronchonné-je de mauvaise fois. Tu es prêt pour tes examens ?
Je reprends soigneusement de la peinture et le voit un peu hésitant, malgré son attitude nonchalente.
- On peut dire ça.
- Tu vas y arriver Bellamy. Je n’en ai aucun doute, lui dis-je en sentant son regard sur moi.
- Tu es plus confiante que moi en tout cas. Je vais tout faire pour réussir. Advienne que pourra.
Il me vole mon pinceau et se penche vers ma toile.
- Ne penses même pas à la toucher! le menacé-je, paniquée à ce qu’il gâche ma peinture en quelques secondes.
- Ok, capitule-t-il, le pinceau à juste quelques millimètres du soleil couchant.
Je respire à nouveau, soulagée, et tend la main pour récupérer le pinceau. J’écarquille les yeux lorsqu’il éloigne vivement sa main, m’empêchant d’atteindre mon but. Je râle mais comme à son habitude, cela le rend complètement indifférent. Au contraire, il me cherche. Je me mets sur les genoux et tente vainement de le récupérer. Il est toujours allongé sur le dos et son bras est tendu au dessus de sa tête. Je devrais normalement avoir l’avantage sur lui dans cette position mais non car il me tient fermement la taille de son autre main pour que je ne puisse pas me lever. Son sourire arrogant commence à me taper sur les nerfs. La force de son bras m’empêche de bouger. Je me penche et m’affale sur son corps. Mes doigts ne sont plus qu’à quelques centimètres ce sa main. J'y suis presque. Son bras me serre encore plus fermement la taille pour m’arrêter. Un électrochoc me secoue et des frissons me parcourent l’échine. Je réalise alors dans quelle position nous sommes. Moi, sur lui. Mon débardeur remontée jusqu’au niveau de mon nombril. Sa main posée sur la peau nue de ma hanche. Ma poitrine pressée contre la sienne.
Je rougis comme une adolescente, frappée par ma gêne. Les flashs de certains rêves où nous sommes loin de faire causette, reviennent me taquiner diaboliquement.
Clarke, tu n’es qu’une perverse.
Je me ressaisis et tente cette fois de m’éloigner en pausant fermement mes paumes sur son torse pour m’extraire de son bras.
- Je vais alors changer de support, dit-il joueur, ne se rendant même pas compte de mon trouble.
Il se redresse rapidement et m’attrape la cheville. Sous la surprise de son geste, je n’ai pas le temps de réagir. Il tire ma cheville vers lui et me fait basculer. Je tombe en arrière et mon crâne vient heurter le parquet. A califourchon sur moi, ses jambes bloquent ma taille et mes jambes. Je suis de nouveau prisonnière et cela m’agace de constater ma faiblesse face à lui.
- Arrête de gigoter princesse, dit-il en maintenant fermement ma jambe.
- Si tu crois que je vais gentiment t’écouter Blake ! Tu rêves !
- On dirait un petit chaton en colère, avec ses griffes acérées, prêt à me sauter à la gorge, se moque-t-il. C’est mignon.
- Tu sais ce qu’il te dit le chaton. Vas-te faire foutre.
Je me débats inutilement. Ma colère augmente en même temps que son sourire qui s’agrandit. Sa main se plaque sur mon cou et étale fièrement de la peinture sur ma clavicule. Je pousse un petit cri. Il va me le payer cher. Je le repousse de toutes mes forces mais je n’y arrive pas. Il continue sa torture en descendant lentement le long de mon bras gauche. Je me contorsionne dans tous les sens et tâtonne à l’aveugle jusqu’à ce que mes doigts rencontrent enfin du liquide. Jamais je ne baisserai les bras face à Bellamy Blake.
J’abats fièrement ma main sur sa joue et ses yeux s’écarquillent sous la surprise.
- Tu vas me le payer, sourit-il alors que j’éclate de rire.
Il tente de récupérer à son tour de la peinture mais je l’en empêche en agrippant fermement ses cheveux.
- Aïe ! hurle-il
- C’est le chaton qui sommeille en moi.
- Chaton ? Je retire ce que je t’ai dit... Tu es une tigresse !
Son rire grave raisonne dans tout l’appartement. Il s’éloigne mais je l’en empêche. J’encercle sa taille de mes jambes. Les rôles sont inversés. Il ne m’échappera pas. Je vais lui faire bouffer ma peinture.
Il me lance un regard de défi.
- On ne joue pas dans la même cour, princesse, dit-il provocateur.
- Je suis bien d’accord avec toi, rétorqué-je en lui tenant tête alors qu’il hausse un sourcil interrogateur.
- Content que tu t’en rendes enfin compte.
- La force n’est pas tout Blake. Tu vois j’ai quelque chose que tu n’as pas.
- Des seins ? lâche-t-il alors que je lève les yeux au ciel.
- Entre autres mais le plus important c’est que moi, j’ai des neurones.
- Ouch, dit-il en posant une main sur le cœur, libérant ainsi mon bras.
Je profite de ce petit moment de liberté pour pousser son torse et le faire reculer. Peine perdue. Il se fout carrément de ma gueule et plonge sur moi. Je crie à nouveau quand il frotte sa joue pleine de rouge contre la mienne. Sa barbe me gratte et son chemin continue jusqu’au creux de mon cou. Mon ventre se serre car cette sensation est loin de me déplaire. Bien au contraire.
Je l’imagine dans cette même position mais sans tee-shirt, ni pantalon et encore moins avec un boxer.
Je me flagelle mentalement, honteuse. Mais après tout, c’est de sa faute à lui ! Depuis son « baiser » et sa tenue d’Adam le lendemain matin, je n’arrête pas de l’imaginer, de nous imaginer très proches. Trop proches…
Perverse ! Perverse ! Perverse !
Soudain, la sonnerie de mon téléphone nous stoppe dans notre petite guerre.
- Temps mort, lui dis-je en me redressant un peu afin de récupérer mon téléphone.
- On n’est plus à la maternelle, dit-il en arquant un sourcil railleur sans toutefois bouger.
Je tend la main vers mon sac posé au sol tout en ne quittant pas Bellamy du regard, de peur qu’il ne m’attaque. Il n’a jamais eu aucune pitié. Tous les coups sont permis. Son corps me surplombe, ses mains de chaque côté de ma tête. Ses muscles roulent sous sa peau bronzée tandis qu’il prend appui sur ses bras pour ne pas m’écraser sous son poids. Je déglutis et tourne la tête à la recherche de mon portable. Je dois arrêter de le dévisager comme une pauvre fille en manque. Je farfouille et l’attrape enfin.
Je le met entre nos deux visages pour faire barrière et lorsque je vois le nom qui s’affiche, mon corps se met à trembler. Ma gorge devient sèche. La dernière fois que je l’ai vu date de deux mois. Je pensais qu’il avait fini par abandonner…
Me laisser enfin tranquille. Je me trompais sur toute la ligne.
- C’est Finn ? me demande sèchement Bellamy.
Pire... son père.
- Non, lui répondé-je d’un ton ferme. Un numéro inconnu.
- Me prends pas pour un con, s’énerve-t-il, la mâchoire serrée. Clarke, ce n'est pas la peine de me mentir, Murphy m’a dit qu’il n’arrêtait pas de te harceler depuis votre rupture. A croire qu’il n’a pas retenu ma leçon d'hier.
- Hier ? Comment ça hier ! M’énervé-je
- Là n’est pas le sujet ! rétorque-t-il, autoritaire. Réponds-moi ! C’est lui ?
- Ce n'est pas lui!
Je m’en veux de lui répondre si sèchement, je sais qu’il veut me protéger mais là, il n’est pas question de Finn. Mon ventre se tord rien qu’à l’idée qu’il découvre mon mensonge. Si Bellamy savait que son père était en contact avec moi… Cela s’est joué à quelques secondes. Combien de temps vais-je tenir ?
- Je vais dans la salle de bain pour me nettoyer, chuchoté-je en évitant de croiser son regard sombre qui me sonde avec insistance.
Il hoche simplement la tête et s'éloigne aussitôt de moi. Mes mains tremblent toujours quand je repose mon téléphone au sol. Du coin de l’œil, Bellamy reste immobile, crispé, ses sourcils froncés à l’extrême.
D’un pas traînant, je me dirige dans la salle de bain et ferme la porte délicatement derrière moi. Mon esprit est tourmenté. J’appuie ma tête contre la porte et souffle en fermant les yeux, peinant à reprendre ma respiration. Je me ronge les ongles, nerveuse, à l’idée de revoir cet homme qui me fait chanter pour avoir son argent. Nerveuse de mentir à mes amis depuis si longtemps.
Je me met face au miroir et fait couler l'eau du robinet. Mon visage est marqué par l’inquiétude. Le rouge vif étalé sur mes joues n’arrivent pas à cacher cette émotion.
Pendant combien de temps ce petit jeu va-t il encore continuer avec son père ? La dernière fois, il m’a demandé le double de ce que j’avais l’habitude de lui donner. J'ai même dû voir Mr Taylor pour obtenir une avance sur mon salaire. Une bonne partie de l'argent que je gagne lui revient. Mon père est également la cible de mes mensonges. Il s’est aperçu que je faisais de gros retraits sur mon compte en banque.
J'ai honte.
Je n'ai pas la moindre idée de comment je vais bien pouvoir me sortir de là.
Je ne sais pas si je serai encore assez forte pour tenir plus longtemps.
Dois-je avertir mon père?
Je suis presque sûre qu'il va en parler à Bellamy.
Je me frotte frénétiquement les bras et les jambes pour enlever les tâches. Je me punis en me griffant le corps, histoire de soulager cette colère que je ressens contre moi. Je me sens faible…J’attrape la serviette posée sur la baignoire. J’insiste comme une forcenée, passant inlassablement aux mêmes endroits, ma peau devenant écarlate. Ma main se stoppe dans son agression et je reste interdite quand mon portable sonne à nouveau.
Et si…
Mon portable... Je l'ai laissé par terre... vers Bellamy...
Non, non, non.
Pitié, faites que ce ne soit pas son père.
Paniquée, je me précipite dans la pièce. Si ce n’est pas lui, il va me prendre pour une folle d’accourir aussi vite pour un simple appel et cela ne fera que confirmer ses doutes. Mais cela m’est égal. Il pensera que c’est Finn. Jamais il ne saura.
Pourtant, quand je vois son visage fermé, ses yeux rivés sur mon écran, je sais que c’est trop tard.
- Tu m'expliques? me demande bellamy trop calmement, en me tendant mon téléphone.
Le nom de son père me nargue. Ses poings se serrent. Le calme avant la tempête. Il va bientôt éclater.
Je reste sans voix. Une boule reste coincée dans ma gorge ne sachant pas quoi lui répondre. Je me déteste.
L’atmosphère est tendue, bien loin de notre insouciance de tout à l’heure. A croire qu’elle n’a jamais eu lieu. Rapidement chassée par la colère.
-Je t ai posé une question Clarke, crache-t-il. Pourquoi mon père t'appelle?
Je ne plus lui mentir...
- Pour me rencontrer, soufflé-je.
- Et pourquoi devrait-il te rencontrer?
- Bellamy...
- Réponds putain!
- Pour que je lui donne de l'argent...
- Tu te fous de ma gueule Clarke! Tu n'as pas a lui donner du fric! Éclate-il, pitié dis-moi que ce n'est pas vrai. Ne me dis pas que pendant tout ce temps, tu prenais le risque de le voir, seule.
Il est comme un lion en cage, prêt à bondir. Ses yeux lancent des éclairs. Il se tourne et frappe violemment son poing contre la commode.
- Non mais t’es complètement inconsciente et stupide!
- Ne me traites pas de stupide ! Je veux bien que tu m'en veuilles mais je ne te permets pas de me parler comme ça.
- Putain, Clarke tu te rends compte de la connerie que tu as faite. Si il t’avait fait du mal? Qu’est-ce que je serai devenu. Tu ne le connais pas !
- Oui! Hurlé-je. Satisfait?
- Oui ? Et tu ne t’es pas dit qu’il serait peut-être temps d’arrêter ?
Les larmes me montent aux yeux, menaçant de couler. Je suis à deux doigts de craquer devant lui. Comme une gamine.
Il me fixe longuement et attend certainement que je lui donne une réponse.
- Je... je voulais... juste vous protéger... qu'il vous laisse tranquille, lui dis-je d'une voix à peine audible. Si vous protéger est une connerie alors oui je l'assume et je le referai si cela était nécessaire, continué-je en cédant mes derniers remparts.
On ne peut pas toujours contrôler ses sentiments, n'est-ce pas... Je me mets à pleurer comme une madeleine. Jamais je n'ai été dans cet état face à Bellamy. Si... Juste une fois, lors du décès de ma mère...
Je n'arrive plus à me contrôler et m'en veux d'être si faible, qu’il me voit si démunie.
Nous ne nous lâchons pas du regard. Nous nous fixons comme deux idiots, nos pieds figés au sol. Moi, vers la porte et lui, au fond de la pièce, devant la fenêtre.
Tout à coup, il traverse la pièce d’un pas décidé, fonçant droit sur moi. Il pose sa main sur ma nuque et me tire vivement à lui. Ses doigts se glissent dans mes cheveux et fait pression sur l’arrière de ma tête, pour caler mon visage dans le creux de son cou.
Mes pleurs redoublent de plus belles. Je m'accroche désespérément à son tee-shirt.
- Ne pleures pas Clarke. Je déteste te voir pleurer. Murmure-t-il suppliant, ne le revois plus s’il te plaît. Pour une fois, ne t’entêtes pas et écoutes moi. Je ne veux pas qu'il t'approche. Si il t'arrive la moindre chose, je deviendrai dingue. Jamais, je ne me le pardonnerai. Promets-le moi, me souffle-t-il dans mes cheveux, me pressant contre lui, de peur que je ne m’échappe.
- Bellamy…
- Promets-le moi... me supplie-t-il.
Je lève les yeux pour le regarder et hoche la tête pour lui faire cette promesse.
- Il ne vous lâchera pas Bellamy et il va peut-être vouloir prendre contact avec ta soeur.
- A partir de maintenant, c'est à moi de gérer mon père. Tu en as assez fait pour nous. Me dit-il en prenant mon visage en coupe. Ses pouces viennent effacer délicatement les traces sur mes joues. Merci Clarke... Merci.
Un bruit sourd nous fait sursauter et nos visages se tournent au même moment vers la source de ce fracas. Un sac renversé. Son contenu s’éparpille sur le sol.
Je découvre effarée, ma meilleure amie sur le pas de la porte, sous le choc. Décomposée.
Elle nous a entendu...
Elle sait...
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Et voilà un nouveau chapitre!
J'ai fait tout mon possible pour le publier rapidement. J'espère qu'il vous plaira.
Plus que deux flashbacks. 😉
A bientôt!
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