Candide

Lily tournait autour de l'arbre au tronc noueux. Ses cheveux roux flamboyants étaient secoués par ce mouvement. Vêtue de sa chemise de nuit blanche, la petite fille avait l'air tout droit sortie d'un conte de fée pour enfant, où les lutins vont danser sous le clair de lune après minuit.


Peut-être était-ce visage au menton pointu, au nez en trompette, aux tâches de rousseur et aux lèvres roses qui la faisait ressembler à ces lutins farceurs.

Lily s'était assise au pied de l'arbre et comptait patiemment les secondes ; un peu comme si elle jouait à cache-cache avec elle-même. Elle espérait du moins que personne ne viendrait la chercher ici...

La rosée sur l'herbe à ses pieds la chatouillait, mais elle n'osait pas rire ; on ne devait pas la trouver. Elle ramena ses genoux contre elle et essaya de ne pas penser à sa maison, toute proche, dont seulement deux lumières étaient allumées.


Elle entendit un cri mais ne se retourna pas. Elle savait ce qu'il se passait ; c'était toujours pareil lorsque Papa buvait trop ? Tout d'abord, il se servait une bière, puis enchaînait les verres de rhum et de vodka. Alors, il devenait rouge et violent : sa mère tentait de le calmer. Lily se réfugiait dans sa chambre et se cachait sous son lit.

Aujourd'hui néanmoins, Papa n'était pas redevenu normal. Il avait asséné un coup brutal à Maman, qui s'était affaissée sur le sol telle une vulgaire poupée de chiffon. Lily, sous son lit, fermait les yeux.


Papa avait alors commencé à monter les marches de l'escalier une à une, avec lenteur, en grommelant : « où est-elle ? Où est-elle ? ». Lily s'était recroquevillée un peu plus, se faisant minuscule. Sa peur de voir Papa, les yeux injectés de sang, le nez rouge, la regarder sans vraiment la reconnaître, la terrifiait. Son angoisse atteint son paroxysme lorsque sa porte s'ouvrit brutalement sur le pas lourd de son père. Elle entendit alors Maman crier d'en bas d'une voix emplie de détresse : « Sauve-toi, Lily ! Cours ! ».

La petite avait traversé la porte et dévalé les marches en courant, persuadée de sentir l'ombre pesante de son père dans son dos.


Elle s'était alors assise sur le tronc noueux de l'arbre en espérant secrètement voir de jours meilleurs.


Demain serait beau.

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