Vendredi

Il semblerait qu'hier j'ai gagné le gros lot. Me voilà malade comme un chien à cause de la pluie. J'arrive à peine à bouger pour sortir de mon lit, je me demande encore comment j'ai fait pour aller jusqu'aux toilettes dans la matinée, je n'ai rien mangé à midi, je ne sais même pas si mon estomac le supporterait, et comble de tout ... il est là, devant moi.

Je me suis endormi vers treize heure je crois, enfin rendormi pour la troisième fois serait plus juste, et lorsque j'ai ouvert les yeux, il était simplement assis par terre, son visage à une vingtaine de centimètres du mien. Si je n'étais pas autant malade, j'aurais sûrement hurlé. Quoi que ... je dois avouer que je me sens un chouilla mieux que ce matin. Ca doit être pour ça d'ailleurs que Yeon Jun n'était pas là. Je ne devais pas être assez en forme pour le faire apparaître.

Finalement, j'aurais peut-être préféré rester proche de la mort pour qu'il continue de me laisser tranquille.

J'attrape mon téléphone pour regarder l'heure. Dix-sept heure. Moi qui pensais avoir fait une sieste, c'est plutôt un coma. Et malheureusement, je m'en suis réveillé pour voir Yeon Jun devant moi. Je soupire avant d'aller voir mes messages. Il y en a trois. Beom Gyu m'informe avoir réussi à récupérer mes cours de la journée et qu'il me les donnera dès qu'on se verra. Kai, quant à lui, me dit qu'il a acheté des médicaments, qu'il est venu et vu que j'étais dans les vapes, il me les a fait prendre. Ca explique pourquoi je me sens mieux. Le dernier message est de Tae Hyun. A priori, il serait venu avec Kai et m'aurait préparé à manger dans la cuisine pour lorsque j'irai mieux.

— A manger ? je chuchote en pensant aux très maigres talents culinaires de Tae Hyun.

— Un porridge de légumes.

— T'étais là quand les garçons sont venus ?

— Ils ...

— Laisse tomber. J'espère juste que Tae Hyun n'a pas foutu le bordel dans la cuisine ... et qu'il n'a pas fait brûler le riz comme il le fait toujours.

Je me relève difficilement, sous le regard presque compatissant de Yeon Jun, et me dirige vers la cuisine. Ca sent bon ... très bon. J'ouvre le couvercle et ... ouais, ça sent vraiment bon ! Et même visuellement, ça me donne envie. Ce serait bien une première venant de Tae Hyun. D'aussi loin que je le connais, il n'a jamais réussi une seule fois à faire un plat qui soit beau et, surtout, qui soit bon. J'attrape un bol et me sert. C'est à ce moment là que mon estomac choisit de gronder.

— Tu n'as pas mangé de la journée ? me demande Yeon Jun, manquant de me faire mourir sur place d'une crise cardiaque.

— Fait moi vraiment penser à t'acheter une clochette.

— Est-ce que tu as mangé aujourd'hui ? me redemande-t-il.

— T'as vu ma tête ? Tu crois que j'étais en état de manger ? Et encore plus, de me faire à manger ? Heureusement que Kai et Tae Hyun sont venus pour me donner des médicaments et cuisiner. Eux au moins servent à quelque chose, contrairement à ..., je continue en faisant mine de réfléchir. Ah, à toi !

— A mourir de rire. Allez, mange maintenant.

J'hésite à lui tirer la langue et me réfugier dans la chambre mais je dois être honnête avec moi-même, j'ai beaucoup trop faim pour me permettre de faire l'enfant. J'attrape la cuillère, la plonge dans le porridge avant de l'enfourner dans ma bouche.

— Mmm ! Whoua !

— C'est bon ? me demande Yeon Jun.

— Je crois que c'est le meilleur porridge aux légumes de ma vie ! Je comprends même pas comment Tae Hyun a réussi à faire ça alors qu'il a jamais été foutu de faire cuire du riz correctement !

— Il a peut-être pris des cours ? propose-t-il.

— Tu parles ! Le prof l'aurait surement renvoyé au bout de dix minutes. Non, soit il est devenu un génie, soit il l'a pas fait lui-même ! Et ça c'est extrêmement probable. Dans tous les cas, c'était le mieux à faire ! J'imagine même pas s'il s'était occupé de mes médicaments ! Je pense que je serais toujours dans mon lit si ça avait été le cas. Raide. De toute façon, tu l'as bien vu quand tu apparais sans prévenir dans ma voiture, ils sont pires que des enfants.

— Tu les apprécies tant que ça ?

— Bien sûr ! Ceux sont mes meilleurs potes ! Je pense que je deviendrais fou sans eux tellement je serais seul ! Enfin ... je les ai et ça ne m'a pourtant pas empêché de me créer un ami imaginaire, je réponds en le toisant du regard. Nan mais sérieusement ... pourquoi tu es là ?

— Euh ... parce que tu es malade ?

— Non, je te parle pas de ça ! En plus je vois même pas l'intérêt de venir alors que tu veux rien faire pour que je guérisse ! Ce que je veux dire, c'est ... pourquoi j'ai un ami imaginaire ? Et surtout, pourquoi toi ? Désolé de te le dire comme ça, mais à choisir, j'aurais pris n'importe qui sauf toi et si tu ne l'avais pas déjà compris, c'est que t'es un crétin.

— Je sais pas, me dit-il en haussant les épaules. T'as peut-être besoin de quelqu'un comme moi dans la vie ?

— Quelqu'un comme toi ? Un emmerdeur tu veux dire ?

— Un beau gosse plutôt ! Peut-être que je suis un moyen supplémentaire pour toi de te sentir moins seul !

— Et en quoi j'aurais besoin d'un beau gosse du coup ?

— Pour que tu tombes amoureux de lui !

Il me fait un clin d'œil, se fichant totalement de me voir déstabilisé par ce qu'il me dit. En quoi tomber amoureux m'aiderait en quoi que ce soit ? Et surtout en quoi tomber amoureux de LUI m'aiderait en quoi que ce soit ?

— Des conneries !

— Comment ça ? Tu vas oser dire que je ne suis pas beau gosse ?

Est-ce que je peux le lui dire ? Ce serait totalement faux ... et je sais parfaitement que ça l'est ! Mais est-ce que ça me donne pour autant envie de le lui dire ? Absolument pas ! Même si, si on se base sur notre discussion, il n'est pas aussi détestable que je peux le dire, ça n'empêche qu'il me court quand même sur le haricot par sa moindre présence. Nan franchement, il me saoule assez pour qu'en plus je lui fasse des compliments !

Alors est-ce que je peux le lui dire ?

— Tu es d'une laideur à faire vomir. Si ce porridge n'était pas aussi bon, je pense que tu pourrais même me couper l'appétit.

— Sympa ... et moi qui prends du temps pour venir te voir alors que t'es malade. Je devrais venir plus souvent pour que tu t'habitues à ma présence ! Et que tu ...

— Que je tombe amoureux de toi c'est ça ? je le coupe, blasé.

— C'est exactement ce que j'allais dire. On dirait que tu lis dans mes pensées !

— Comme si c'était compliqué ..., je continue en levant les yeux au ciel.

— Oh arrête ! Tu me connais si bien que ça maintenant ? Ne commence pas à me montrer trop d'intérêt, sinon c'est moi qui tomberai amoureux de toi ... en plus de tes fossettes.

J'ouvre la bouche pour lui répliquer quelque chose mais les mots se coincent et refusent de passer le seuil de mes lèvres. Son visage est trop près du mien, comme s'il voulait ... bref, il est trop près ! Je pourrais presque sentir son souffle et entendre les battements de son cœur s'il était vivant. A la place, c'est mon souffle que j'entends s'alourdir et les battements de mon cœur accélérer. Je ferme les yeux pour ne plus faire face à cette vision alors qu'un rire s'échappe des lèvres de Yeon Jun.

— Ta fièvre est remontée ou alors tu succombes enfin à mon charme ?

— La fièvre ... je te hais ... je te débecte ... Va maudire quelqu'un d'autre.

Je débarrasse mon bol et pars dans la chambre. Par réflexe, je passe ma main sur mes poches et ... super ... j'ai laissé mon téléphone dans la cuisine. Alors, j'y vais, je ne le regarde pas, s'il me parle je ne réponds pas et puis ce sera bon. Je fais donc demi-tour, direction la cuisine mais lorsque j'y arrive, la pièce est vide, seul mon téléphone est sur la table.

Est-ce que je suis simplement à nouveau totalement malade pour réussir à imaginer Yeon Jun et le faire apparaître ? Il semblerait ... Dans tous les cas, quelle que soit la raison, on va simplement aller se coucher et en profiter. Voilà.

Bon dieu que je le déteste !

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