46 | Fucked up

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Alec Bradwell

«Comment ça t'es en couple?!» sont les derniers mots que l'on m'a adressés ce matin.

Je titube vaguement sur le parking devant la maison de Kage en plaçant ma main droite en visière pour atténuer la lumière du jour qui agresse mes yeux rougis. De ma main libre, je me rattrape à une voiture garée sur mon chemin pour souffler un peu. En me réveillant doucement au fil des minutes, j'embrase d'un regard la place à la recherche de mon propre véhicule.

Qui évidemment n'est plus là.

Je soupire. Effectivement, j'avais confié les clés à Spencer en début de soirée comme il semblait aller bien mieux que moi. En essayant de garder le contrôle de moi-même et de ne pas paniquer, je tâtonne les poches de ma veste et de mon pantalon pour en sortir mon portable et appeller un taxi.

Et évidemment, il n'est pas là non plus.

Je me prends donc le visage à deux mains en poussant une longue plainte dans l'espoir qu'après ça, je me sente mieux et que tout rentre dans l'ordre. Mais étrangement rien ne se produit de la sorte. Je suis toujours debout au milieu d'un parking pratiquement vide, vêtu d'un t-shirt souillé par une grosse tâche d'alcool ainsi que de mon jean troué et saignant au niveau de mon genoux et pour souligner le tout, de mes chaussures poisseuses sur lesquelles j'aurais apparement renvoyé mon repas. Je suis affaibli, je suis sale et je dégage une odeur pestilentielle. Au bout du compte, heureusement que je n'ai pas l'occasion d'appeler un taxi; le conducteur m'aurait pris pour un clochard alcoolique et ne m'aurait jamais laissé entrer. Alors en prenant mon courage à deux mains, je me mets en marche en enfoncant mes mains dans mes poches.

Durant ma longue marche jusqu'à la villa, des bribes de la veille me reviennent à l'esprit. Je me souviens m'être beaucoup ennuyé en début de soirée et puis j'ai commencé à boire un verre par-ci, par-là... Ce fut l'élément déclencheur; mon état d'ivresse moyen m'a fait accepter ce joint que jamais je n'aurais du fumer. Je me l'étais promis. Plus jamais je ne ferais ce mélange d'alcool et de cannabis. Peu importe ce que les gens de mon campus disaient de moi, faisant courir que j'étais un fêtard habitué qui savait se gérer; c'était totalement faux. Je n'ai jamais vraiment tenu l'alcool et mélanger la boisson avec la fumette m'a fait passer par un bon nombre de black out. L'alcool fait faire des choses que la raison ne saurait expliquer, c'est indéniable. Après de telles soirées je ne comptais plus le nombre de fois où je me réveillais dans des lits inconnus, un jour Spencer m'a fait croire que la maison dont je suis sorti par effraction l'an dernier pour ne pas croiser son propriétaire au petit matin était un homme. Mais aujourd'hui, approchant de la vingtaine et ayant rencontré la fille qu'il me faut, je n'aurais pas pensé que ce genre d'incident arriverait à nouveau. Quand je me suis réveillé en sursaut ce matin à l'entente d'une porte qui se refermait, je suis tombé nez à nez avec cette jeune fille que nous avions rencontrés à la plage, Maeva. Elle est sorti de la salle de bain avoisinant une chambre d'ami de Kage, son corps enveloppé dans une serviette blanche. Quand ses yeux ont croisés les miens alors que je me demandais ce que je fichais là, la soirée à subitement défilé dans ma tête, trouble mais assez claire pour me faire comprendre ma bêtise. Elle m'a regardé avec un air inquiet en s'approchant, je me suis redressé sous les draps avant de constater que j'étais tout à fait nu.

Imaginez un seul instant à quel point une explosion provoquée par le feu au contact de l'hydrazine peut-être impressionnante et destructrice. Vous visualisez? Et bien c'est exactement ce qu'il s'est passé dans ma tête à cet instant précis, reduisant mon cerveau en miettes. Elle m'a d'abord demandé si j'allais mieux car d'après elle j'ai du sortir en urgence de la soirée pour vomir avec le soutien de Nate. Ils m'ont ensuite tous les deux débarbouillés et s'est ensuite produit l'inévitable. En lui demandant de se retourner, j'ai enfilé mes vêtements avec rapidité tout en lui expliquant le plus calmement possible que j'aimais quelqu'un et que j'étais donc déjà en couple, que tout cela était une erreur. Même si Noa et moi n'avions encore rien officialisé, elle n'avait pas besoin de le savoir. Devinez ce qui s'en suit? Un claque évidemment. Et pas n'importe laquelle. Avec ses longs ongles en gel, la douleur risque de perdurer encore une bonne semaine. À ce souvenir, je me frotte la joue avec une légère grimace.

Comme à l'heure qu'il est, je ne suis pas le type le plus chanceux de Malibu, la rue par laquelle je dois passer pour rejoindre la villa est bondée. Je sens bien les regards qu'on me lance mais au fond de moi, je m'en fiche pas mal. Perdre mon téléphone, devoir rentrer à pied, me prendre une claque; je le mérite. Plus j'y repense, plus un immense mal être grandit en moi. J'ai joué à l'enfoiré, je me suis laissé influencer.

Je me dégoûte.

Noa ne me mérite pas. Je suis terrifié à l'idée de rentrer et de la croiser. Si elle n'est pas au courant, peut-être va-t-elle se soucier de moi et vouloir me dorloter pour me remettre en état de fonctionner... Mais jamais je ne pourrais accepter son aide. Je ne la mérite pas. Après cet épisode je risque de la perdre plus que tout mais peu importe, jamais je ne pourrais être avec elle en la laissant dans l'ignorance. Il va falloir que je lui parle, que je lui explique ce qu'il s'est passé durant cette soirée. Si je suis assez honnête avec elle, soit ne voudra-t-elle plus jamais m'adresser la parole -ce qui est fort probable-, soit pourra-t-elle me pardonner en comprenant la sincérité de mon erreur et de mes sentiments.

Je sers les poings rien qu'à l'idée de devoir la perdre, jamais je ne le supporterais. Tout allait si bien. Je l'aime beaucoup trop pour affronter ça. Mais je l'aime aussi beaucoup trop pour pouvoir lui cacher.

Après une bonne heure de marche, ce qui est plutôt normal étant donné la vitesse à laquelle je progresse, j'atteins enfin la villa. C'est avec les mains tremblantes que je baisse la poignée de la porte qui semble avoir été laissée ouverte pour moi. Tout est d'un calme profond, bien trop calme. Seuls de légers éclats de voix proviennent de la cuisine, ce qui n'est pas réellement habituel. Notre routine était jusque là plutôt bruyante; la télé diffusait une émission que personne ne regardait jamais, la musique jouait à l'étage, Jasper et Christopher se disputaient un jeu vidéo, les autres un match de basket dans le jardin. Tout a toujours été si actif qu'à présent le vide de la villa se fait ressentir dans mon coeur. Je sens mon moral baisser un peu plus. J'avance alors jusque dans la cuisine où je retrouve non sans surprise Nate et Spencer. Quand j'arrive, il s'arrêtent brusquement de parler et se tournent vers moi. Nate semble ravi de me voir tout comme étonné, Spencer quant à lui me regarde avec son habituel sourire en coin.

-Alec! Tu vas mieux?? T'as bien dormi?? demande Nate en accourant vers moi avec un verre d'eau.

Je regarde ce qu'il me sert alors qu'un comprimé effervescent se dissout dans l'eau. Je hoche vaguement la tête en le remerciant avant d'avaler le contenu du verre d'une seule traite en grimaçant. Nate soupire de soulagement en reprenant le verre et me confie quelque chose; mon portable.

-Tu l'as fais tomber sur le parking et hm... Il va falloir aller changer l'écran.

En effet, l'écran est totalement brisé. Je ne dis rien même si au fond de moi ça m'agace et le range dans ma poche arrière; j'ai d'autre soucis à régler pour le moment. Prendre une douche et me changer par exemple. Cette marche semble m'avoir réveillée même si progresser en plein soleil avec une gueule de bois n'a rien d'agréable.

-T'es aussi tombé en même temps, ton genou va mieux? dit-il en se penchant pour observer les dégâts.

C'est à cet instant seulement que je remarque le sparadrap collé sur mon genoux, bleu avec de flocons de neige signé Disney. Je ne vais pas me plaindre, ce serait déplacé.

-Merci de t'être occupé de moi, Nate. Vraiment je...

-Oh, c'est rien! Tu dois remercier ta petite amie, elle en a beaucoup fait elle aussi.

Je manque de m'étrangler et recule sur quelques pas. Noa était là?

-Ma petite amie?

-Bah oui! Maeva, t'as passé toute la soirée avec elle.

-Et toute la nuit apparemment, ricanne Spencer qui est appuyé contre le plan de travail.

Je me pince l'arête du nez en secouant négativement la tête.

-Hm, non, vous comprenez pas. C'est pas ma petite amie, j'ai deconné...

Mais Nate ne semble pas m'écouter car il sautille sur place en me coupant la parole.

-Tu savais que Spencer aussi a une petite amie? Il allait me raconter. Hein Spenc? Raconte!

Je tourne la tête vers le concerné qui sourit à pleines dents en regardant le sol avec un hochement de tête. Fronçant les sourcils, de plus en plus curieux, j'attends de connaitre toute l'histoire.

-Ouais... hm, c'était hier soir. Une fille qui me plait depuis un moment. On a dansé ensemble un moment, on a rigolé et puis au final on s'est embrassé. C'était génial.

-Et c'est...? je demande en haussant les sourcils, plutôt content de le voir sourire de la sorte.

Il rit et prend une inspiration, pourtant Nate le coupe à nouveau. Il ne sait pas tenir en place.

-C'est Noa! C'est trop bien non? On a un couple dans la villa!

Je perds le fin sourire qui avait réussi à franchir mes lèvres quand je réalise le sens de ses paroles. Il parle de Noa, ma Noa. Nous ne vivons pas avec plusieurs Noa à ce que je sache.

-Quoi? dis-je, incrédule. C'est vrai?

Je me rourne vers Spencer qui hoche la tête en me regardant droit dans les yeux.

-Ouais, c'est vrai. Elle a directement craqué. Après, je vous raconte pas la suite mais disons que c'était plutôt torride, rit-il sans me quitter des yeux.

Il adopte un ton détaché mais dans ses yeux et dans son attitude, je perçois presque un air de défi. Sans m'en rendre compte, je m'approche de mon ami au fil de ses paroles.

-Torride?

-Oui Alec, torride. Par là je veux dire qu'on a couché ensemble, il fronce les sourcils avec un air rieur. Quoi? Tu veux que je te fasse un dessin?

Plus aucun doute, son ton est provocateur. Je sens ma mâchoire se serrer, mes poings suivent rapidement. J'enfonce mes ongles dans mes paumes tant la colère prend le dessus.

-Pourquoi est-ce qu'elle aurait couché avec toi?

-Hey! C'est plutôt insultant mec, dit-il en riant avec un air arrogant. Elle en avait envie, je ne vois pas d'autre explication. C'est pas comme si elle avait un mec, pas vrai?

-Alec? Ça va?

La voix de Nate me parvient à peine à cause du bourdonnement qui s'installe dans mes oreilles. Mes joues et mes oreilles doivent être rosées, voir fumantes. Les jointures de mes poings craquent et blanchissent.

-Quelque chose ne va pas Alec? dit Spencer d'une voix doucereuse.

Son ton narquois me met la puce à l'oreille; il sait tout. Sans savoir me contrôler plus longtemps, j'envoie voler mon poing en plein dans sa joue. Un craquement retentit. Il pousse une exclamation de douleur tandis que Nate pousse un cri auquel je ne prête nullement attention. Le châtain titube sous le coup que je lui ai attribué en se tenant la joue. J'y ai été si fort qu'un filet de sang s'écoule de son nez. Quand il se relève vers moi, je n'hésite pas une seule seconde avant de m'emparer du col de son t-shirt et de le plaquer contre le frigo. Ma poigne est forte et violente; il semblerait que je me sois à nouveau perdu dans le vague. Contre toute attente, malgré le regard noir qu'il me lance, il ricanne comme si rien ne s'était passé, comme si une marque violette ne soulignait pas déjà son oeil légèrement gonflé.

-Tu savais tout.

-TU savais tout, Alec, crache-t-il.

Je fronce les sourcils sans être certain d'avoir bien compris quand Nate intervient en essayant de me faire reculer, mais je tiens bon.

-Qu'est-ce que cous foutez?! s'exclame-t-il.

-Nate, dégage. C'est pas le moment, dis-je un peu trop sèchement.

-Mais...

-Nate, insiste Spencer.

Le concerné pousse un soupire colérique et s'en va en faisant claquer une porte. Je ne lache pas Spencer une seule seconde et le cogne un peu plus au frigo qui tremble avant de lui demander;

-Explique toi. De quoi tu parles?!

-Tu savais que Noa me plaisait et tu l'as embrassée. Je vous ai vu, dans la cuisine, juste avant de partir. Tu veux toujours être au dessus de moi, pas vrai? Tout ce que je voudrais, tu t'arranges pour l'avoir avant moi.

-Tu comprends pas, dis-je dans un grognement frustré sans savoir si je dois lui dire ou pas.

Ma colère et la fierté m'empêchent de me calmer et de lui laisser une raison de se défiler. On ne touche pas à Noa, encore moins mon sois disant meilleur ami.

-Y a rien à comprendre Bradwell. J'ai fais ce qu'il fallait pour t'empêcher d'à nouveau me cacher dans ton ombre.

C'est là que je percute. Je lâche ma poigne sur Spencer sans pour autant lâcher son col, cherchant comme une explication dans ses yeux bleus presques transparents.

-Le joint, les boissons... C'était pas un hasard, pas vrai? dis-je dans un souffle.

Il sourit à nouveau.

-Tu percutes vite.

-La présence de Maeva non plus.

-Bravo Einstein. Il te faut un prix à présent?

-C'est plutôt à toi qu'il faudrait décerner le prix du plus gros connard de tous les temps, dis-je avec fureur en le lâchant brusquement avant de le repousser contre le frigo.

Spencer réplique en s'avançant vers moi, s'imposant de toute sa hauteur.

-Le pire connard? C'est toi qui roule une pelle à la fille qui me plaisait en essayant de te la faire alors que je t'avais dit un peu avant ce que je voulais.

Je reste stoïque, mes yeux lançant des éclairs. J'ai réellement l'impression que mon cerveau bouillonne dans mon crâne.

-Et toi tu me drogue pour pouvoir de te la tapper sans avoir affaire à moi?!

-Exactement.

-T'es quel genre d'ami?

-Je te retourne la question.

Alors que j'allais répliquer, la porte d'entrée s'ouvre. Si Jasper et Christopher sont déjà à la maison, il ne peut s'agir que d'une seule personne. Le châtain et moi échangeons un dernier regard haineux avant de nous tourner vers la porte du salon qui s'ouvre à son tour.

Nous tombons nez à nez avec Noa.

Ses cheveux blonds sont relevés en une queue de cheval, elle ne porte pas de maquillage et un simple t-shirt blanc sur un short, son sac pendant à son épaule. Elle semble fraîchement sortie d'un sommeil profond et d'une douche parfumée, pourtant son regard trahi ses émotions. Je déglutis difficilement. Nate arrive derrière avec curiosité, ses yeux innocents alternants entre nous trois. Mais les yeux de Noa sont bloqués avec les miens, je ne sais pas ce qu'elle essaie de me faire passer à travers ce regard mais quelque chose me dit que la situation ne va pas tarder à se corser. Elle avance enfin avec une démarche déterminée, Spencer s'approche et attrape son épaule, geste qui me fait tressaillir de plus belle.

-Hey...

La blonde se tourne brusquement vers lui avec un regard meurtrier et dégage sa main se son épaule avec violence.

-Toi, ferme la.

Elle se retourne à nouveau vers moi en ignorant Spencer, complètement béat. J'essaie de ne pas penser au fait que je sois satisfait de sa situation car quand Noa s'arrête devant moi avec ses yeux ardents, je me retrouve à perdre toute ma colère et à avoir envie de disparaître de la surface de la terre.

-Suis moi.

Elle attrape fermement mon poignet. Pas un bonjour, pas un sourire. Cet air doux qui caractérise d'habitude son visage a disparu. Elle ouvre la baie vitrée et la referme sur Nate qui essaie tant bien que mal de calmer le jeu. À nouveau elle se plante devant moi sur la terrasse et croise les bras. Je ne la reconnais plus. Ses traits sont fermés, une ride de soucis se creuse entre ses sourcils froncés et ses yeux verts me paralysent. La beauté qu'elle dégage n'est plus douce et élégante comme celle que je connais d'habitude; elle est imposante, autoritaire et sévère. Comme une reine dans un conte de fée, sauf que cette fois, je suis loin de vivre un moment magique.

-Maintenant écoute moi et laisse moi parler jusqu'au bout sans m'interrompre une seule fois. Si tu le fais tout ce que tu risques c'est de perdre de façon permanente tes foutus bijoux de famille qu'apparement tu ne sais pas porter comme un véritable homme est censé le faire. De plus, ta voix m'irriterait beaucoup trop alors ne l'ouvre surtout pas.

Je me fige, terrifié, me sentant comme un enfant qu'on gronde.

-Tu sais comment je te voyais? Je te voyais comme un garçon très différent des autres. Après, tu me diras qu'à chaque fois qu'on tombe amoureux, on a ce sentiment. On a l'impression que son partenaire est unique alors qu'en fait, pas du tout. Non, je me rends compte que tu n'as rien d'unique. Je trouvais ça mignon ces rendez-vous secrets, je me sentais un peu comme un personnage fictif qui vivait son petit conte de fée dont personne n'était au courant. Je pensais qu'on avait notre bulle rien qu'à nous deux, notre secret bien gardé qui renforçait nos liens, qui nous rapprochait comme rien d'autre n'aurait pu rapprocher qui que ce soit. Alors qu'on se connaissait à peine je t'ai donné mon coeur, toute ma confiance, je t'ai confié ma vie et mon corps. L'amour rend aveugle pas vrai? Il faut croire que l'amour m'a complètement crevé les yeux dans ce cas. Cette bulle n'était qu'un jeu et en l'espace d'une soirée tu as réussi à l'éclater comme si il ne s'agissait que d'un fragment infime de ta vie et non pas un tout. Je m'en veux d'avoir pu ressentir tout ça et je me sens tellement idiote de te le confier maintenant que je sais que rien n'était réciproque, que tu te fichais de moi. En fait, tu ne vaux pas mieux que n'importe quel autre garçon qui bave devant une paire de seins parce que si je comprends bien, c'est tout ce que je suis à tes yeux. Notre relation était un jeu et j'étais ton jouet. On dit que dans un couple, l'ennui engendre l'infidélité. Alors je me suis dit que peut-être tu t'ennuyais et puis je me suis rendue compte que toi et moi, nous n'étions même pas un couple. Tu n'as jamais eu le courage de me demander officiellement si tu voulais être avec moi. Peu importe si c'était évident à tes yeux, ça ne l'a pas été aux miens. Je ne t'ai jamais entendu me dire je t'aime. Maintenant je comprends mieux pourquoi.

Ses yeux sont pleins de larme qui ne coulent pas, à vrai dire, les miens aussi. Je ne bouge pas et déglutis avec difficulté, la respiration difficile; j'ai le sentiment de suffoquer alors qu'elle reste droite. Elle est si sincère, si puissante; elle m'arrache le coeur de la poitrine et le piétine rien que par ses paroles. Et chaque fois qu'elle ne fait qu'effleurer mon coeur, une douleur intense me parcour et me réduit un peu plus en cendres.

-Je suis navrée de le dire comme ça mais tu me dégoutes. Et ce n'est pas seulemenr à cause du t-shirt répugnant que tu portes, termine-t-elle en me détaillant de haut en bas.

Je sens que si j'ouvre la bouche, je vais me mettre à pleurer comme un enfant.

-Oui, je t'ai vu Alec, avec cette fille. Si tu pensais passer inaperçu... elle éclate de rire alors qu'une larme s'échappe finalement de ses yeux et roule sur sa joue.

Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour pouvoir tout lui expliquer, pour pouvoir briser cette infernale distance entre nous et essuyer cette fichue larme qui brille sur son visage. Aussi féroce soit-elle, je ne peux m'empêcher de me dire que je l'aime. Elle peut me crier dessus à plein poumons, elle peut me haïr pour le restant de ses jours du plus profond de son âme; je continuerai de mourire intérieurement pour elle. Elle est tout a fait justifiée. Pas moyen de la contredire. C'est elle qui a raison et je ne suis qu'un minable qui se sent si petit face à cette jeune fille devenue subitement une femme impressionnante qui m'écrase sous le poids de ses mots.

J'enrre ouvre les lèvres en cherchant sur son visage le moindre signe de faiblesse, la moindre issue pour m'en sortir, le moindre échappatoire. Quelque chose qui me dirait parle moi et je te pardonnerai. Parle moi et tout rentrera dans l'ordre. Parle moi et on s'aimera. Mais il n'y a rien, rien mis à part de la rancoeur et une tristesse enveloppée par la colère. Je recule, aucun son ne sort de ma bouche. Il n'y a que la mer et ses vagues qui frappent la plage au loin pour briser ce silence entre nous.

Et mon téléphone qui se met à vibrer dans ma poche.

Avec lenteur je le sors pour voir à travers les éclats de verre de mon écran le nom de Maeva s'afficher.

-Je crois qu'on a besoin de toi ailleurs.

Levant les yeux vers la blonde, je remarque qu'elle observe mon ecran qui vibre avec dégoût. Ses yeux croisent une dernière fois les miens et son expression me fait sursauter. Sur ce, elle se retourne et trace devant Nate après avoir ouvert la baie vitrée en l'ignorant.

Je reste debout à fixer la vitre, la regardant passer la porte qui mène vers l'esclalier.

Elle y disparait.

Et j'ai l'impression que plus jamais je ne la reverrai après cet épisode.

C'est donc ça que l'on appelle avoir le cœur brisé?

Ma vision se concentre sur mon reflet dans la vitre; je n'ai pas fiere allure. Une larme brille sur ma joue, je la chasse d'un furieux coup du dos de la main. Mon visage est grimaçant, comme si je venais de me prendre une horde de coups.

Je me sens sale dans mon propre corps.

Un bruir retentit au dessus de ma tête, je mets un instant avant de lever le menton pour finalement tomber nez à nez avec Jasper. Et merde. Il était la dernière personne que j'avais envie de voir après ce coup dure. Un sourire désolé flotte sur ses lèvres alors qu'il est accoudé à la fenêtre de sa chambre, le menton reposant dans la paume de sa main.

-Et tu me disais qu'il ne se passait rien entre vous? C'est plutôt comique.

Sur ce, il secoue la tête en riant jaune et ferme la fenêtre d'un coup sec. Nate n'est plus dans la cuisine, Spencer non plus.

Je me retrouve seul pour de bon.



***
Hey! Dédicace à @enireves !

Bon, vous devez savoir que j'ai juste KIFFÉ ÉCRIRE CE CHAPITRE. Non, vraiment j'ai adoré wouh ça défoule.

Mais je me suis violemment brisé le coeur aussi parce que Alec est un des personnages que j'ai créé et que j'aime le plus.

D'ailleurs je voudrais savoir, après avoir lu ceci, quel est votre avis sur Alec?

Vous pensez toujours qu'il est horrible?

Bon, Spencer hm hm

Jasper, je m'excuse d'être une auteure pareille, tu mérites mieux.

La confrontation Alec x Spencer?

Le discours de Noa?

Que pensez-vous de Noa à présent?

J'espère que ça vous a plu! À dimanche! ❤️

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