29 | Don't say anything

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Noa Sparks

Cette ambiance me met de bonne humeur. Même le travail se trouve être amusant entre amis! De plus que la présence de Mary me réjouit au plus haut point, à présent je peux la considérer comme une amie à part entière. Je sens justement un coup de coude dans mon bras de la part de celle-ci, tournant la tête, je remarque Alec revenir vers nous, l'air dépité. Je fronce les sourcils en le regardant venir, il fixe le sol en avançant, les poings serrés. Je regarde aux alentours pour essayer de comprendre ce qui a pu le mettre dans un tel état mais rien ne me vient à l'esprit; Nate éclabousse Spencer et les ouvriers prennent une pause, un soda à la main. J'attends alors qu'il vienne à nous, peut-être pourrais-je lui en toucher un mot pour qu'il m'explique plus clairement ce qui ne va pas. Où alors est-il juste penseur? Stressé?

Le voilà à notre niveau. Mais sans un regard vers nous, il continue de tracer sa route. Je reste figée et le regarde s'avancer vers les dunes. D'habitude, j'ai toujours droit à un regard de sa part, comme si il essayait de me dire sans mots qu'il était toujours là, qu'il pensait tout de même à moi même si nous n'étions pas l'un à côté de l'autre. Je me retourne vers Mary, légèrement confuse par son attitude.

-Tu crois que je devrais...? je commence à voix basse sans trouver mes mots.

-Fonce! me dit-elle avec un sourire rassurant dont elle a le secret.

Je hoche la tête en lui rendant tant bien que mal son sourire et me dirige vers Alec. Du coin de l'oeil, je la vois entourer les épaules de Christopher et Jasper pour les emmener plus loin, hors de ma portée. Je le vois gravir les dunes de sable et continuer sa marche sur le parking, mais il ne s'arrête pas à la voiture, non, il continue en empruntant la route.

-Alec!

Il s'arrête brusquement et se retourne vers moi avec lenteur. Ses sourcils sont froncés, il semble contrarié, voir énervé. J'approche de lui, il baisse les yeux sans desserrer la mâchoire.

-Qu'est-ce que tu fais? Pourquoi tu t'en vas?

Secouant la tête, semblant à court de mot, il soupire bruyamment et tourne les talons.

-Laisse moi.

Je reste paralysée par la froideur de ses paroles, le regardant continuer son chemin sans culpabiliser.

-Alec, reviens ici. Explique moi ce qui ne va pas, dis-je en sortant de ma torpeur pour le rattraper à nouveau.

-Je t'ai dis de me lâcher Noa, laisse moi tranquille bordel.

Son regard se plonge dans le mien, ses iris foncées semblent encore plus noires que d'habitude et surtout, brillantes d'une lueure qui m'était jusque là tout à fait inconnue. Je recule de quelques pas, l'expression de mon visage virant au cramoisie tandis qu'il reprend son chemin. Je reste là jusqu'à ce qu'il disparaisse au tournant de la route, sous le choc.

Que vient-il de se passer? Est-ce que... Est-ce que je viens de me faire larguer? À vrai dire, non, je ne me suis pas faite larguée étant donné que nous ne sommes pas ensemble de façon officielle. Alec ne m'a jamais demandé si je voulais devenir sa petite amie et me connaissant, jamais je n'oserais faire le premier pas. Pendant un instant je me demande si tout ça est réel, si ce que j'ai vécu avec lui s'est réellement passé et si il a jamais réellement eu des sentiments à mon égard. C'est vrai, il ne m'a jamais vraiment dit ce qu'il pensait de moi. L'espace de quelques secondes, je me questionne sur moi-même. Suis-je assez bien?

Après ce qui me semble avoir duré une éternité, je rebrousse chemin en direction de la plage avant de m'arrêter devant les dunes de sable. Je regarde Christopher, Jasper et Mary se faire des passes avec un ballon de plage en riant et je me demande si j'ai envie de les rejoindre. Non, je me sens vidée de l'intérieur, complètement. C'est comme si je venais de perdre la personne à qui je tiens le plus au monde car c'est vrai, c'est Alec qui a enjolivé ces vacances à Malibu. Pourquoi tout gâcher maintenant? Alors je tourne une énième fois les talons comme l'indécise que je suis et prends la même route qu'Alec à emprunté il y a peu. Celui-ci doit être déjà loin devant, il y a peu de chance que l'on se rencontre, peu importe où il soit allé. Je n'arriverai pas à faire semblant que tout va bien devant Jasper et Christopher tout comme je n'ai nullement l'envie de ruiner la journée de Mary.

Alors je me dirige vers la ville en enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles le temps du trajet dans le but d'aller me réconforter avec un yaourt glacé ou encore un café frappé.

C'est certainement la seule solution pour le moment.

Je ne parle pas souvent de mon passé, de ma vie à Portland, de ma famille, de mon père, de ma mère et de leur séparation. Je ne parle jamais des amis que j'ai laissé en Oregon ou encore ceux qui sont toujours à Seattle. Je ne parle jamais de mes projets d'avenir, de mes rêves d'enfant, de mes anecdotes d'adolescence. La raison est simple; je suis à Malibu et je vis l'instant présent. Tous les soucis que j'ai laissé à des heures d'ici n'ont pas à venir s'immiscer dans mes vacances. Non, je n'ai pas un passé difficile comme toute héroïne de roman devrait avoir, je n'ai pas été battue, harcelée ou rejetée. Mes parents m'aimaient, j'avais de bonnes notes et on m'acceptait dans toutes les écoles que j'ai pu fréquenter. Bien entendu, qui n'a pas ses petites galères au quotidien? J'ai eu les miennes, mes instants de faiblesse, l'équilibre de ma routine qui a été plus d'une fois perturbé et évidemment j'ai eu le coeur brisé. Dans ma vie et dans celle de tout être humain sur cette Terre, il y a énormément de petites choses qui m'ont ennuyées au quotidien, comme le bruit des ongles sur un tableau, le réveille qui ne sonne pas, avoir eu de mauvais points à un test qu'on a passé la semaine à réviser et le coca qui ne pétille plus. Et puis il y a ces ennuis qui ont plus d'ampleur que d'autres comme des disputes fréquentes entre ses parents, les déménagements et les séparations dans un couple. J'ai eu mon premier petit ami à la fin de mes quinze ans, quand j'allais sur mes seize. C'était à la base une petite amourette banale entre adolescents, rien qui n'était destiné à devenir sérieux et pourtant, nous en avons étonné plus d'un. William et moi nous aimions réellement pendant un an et demi, une merveilleuse complicité s'était installée entre nous, sans jalousie, sans sérieuses chamailleries... Nous aimions tout simplement passer du temps ensemble,  s'adonner à toutes les activités possibles et rire, s'amuser comme des enfants. Cette période de ma vie était comme... Parfaite, de plus qu'il s'entendait à ravir avec Jasper et Christopher. Ce sont ces deux là qui m'ont fait rencontrer Will quand je suis arrivée à Seattle.

Et puis tout à changé, tout m'est tombé dessus d'un seul coup. William a dû déménager, non pas à deux heures de chez moi mais à une dizaine d'heures en avion, en Europe. C'est pour moi un souvenir déchirant car ce ne fut pas une séparation due à une dispute ou une mauvaise entente, non, nous étions toujours fous l'un de l'autre... Mais nous savions pertinemment que nous ne pourrions pas entretenir une relation à distance, je ne pouvais pas le suivre et il ne pouvait rester. Le plus sage était de se séparer en bonne conditions et de ne jamais s'oublier. Pourtant le temps estompe les cicatrices et je garde dans mon coeur un bon souvenir de William, mais je ne me sens plus amoureuse de lui comme à l'époque. C'est peut-être cruel et surtout, ce n'est peut-être pas le cas de beaucoup de gens mais j'ai une certaine facilité à oublier les gens, comme à les pardonner. Je savais au fond de moi que je ne devais pas me tuer avec cette séparation, que c'était une bonne séparation malgré qu'elle aie été triste. Alors c'est ce que j'ai fais, j'ai oublié mon ex petit ami en gardant de lui une image d'un bon ami que je serais ravie de revoir un jour. Mais il a fallut du temps.

Dès les jours qui suivirent le départ de William, mes parents se sont finalement séparés. Nous avions ma mère et moi découvert qu'il sortait secrètement avec une jeune femme d'à peine vingt ans qu'il avait rencontré sur Internet. Sachant qu'elle aurait pu être sa fille, le divorce en fut encore plus violent. J'ai évidemment tenue avec ma mère. Qui aurait cru qu'il aurait pu un jour dans sa vie la tromper? Notre vie de famille avait toujours été merveilleuse et aimante. La preuve qu'on ne connait jamais réellement les gens jusqu'à ce qu'ils nous fassent du mal. Alors j'ai décidé de ne plus jamais le revoir, il me dégoûtait tout simplement. Le mal qu'il a causé à ma mère ne faisait que renforcer ce dégoût que j'éprouvais pour lui car l'année qui a suivit jusqu'à aujourd'hui, elle a vécu et vit toujours un enfers par sa faute. Après tout c'est vrai, quand ce genre de chose arrive, on ne peut que se demander si on est réellement assez bien et ce qui ne va pas avec nous. Si c'est notre faute, notre personnalité, notre physique... Ma mère s'est transformée en une brume de doute qui ne faisait que croitre au fil du temps, se noyant dans son travail et dans des feuilletons ringards tout en refusant formellement mon aide. Il faut croire que cette période de ma vie était la plus horrible que j'ai pu vivre , mais Jasper et Chris étaient là pour moi.

Et puis il y a cet appel. A croire que quand tout va bien, je suis destinée à attendre qu'une salve de problèmes me tombe dessus en une seule fois.

Allongée sur un transat de la piscine déserte, je lis mon bouquin du moment qui parle d'une société utopique renfermant pourtant de sombres secret. Mais l'envie n'y est pas, malgré que le roman soit passionnant. J'ai passé une affreuse journée à tourner dans Malibu, visitant des coins que je ne connaissais pas avant de rentrer à la villa, épuisée et les pieds en compote. Mary m'avait appelée, je lui ai assurée que tout allait bien, que je me sentais juste nauséeuse. Elle doit bien se douter que la raison de ces nausées n'est autre qu'Alec mais elle a gentiment raconté aux garçons que le soleil m'avait tappé trop fort sur le crâne ce matin.

Je me dis qu'il serait temps pour moi de rentrer et rejoindre ma chambee, j'irais dormir tôt car le sommeil est mon seul véritable échappatoire à toutes ces pensées qui m'assaillent.

Alors que je referme mon roman, mon téléphone se met à vibrer. Je regarde l'écran et y voit inscrit le nom de ma mère. Je prends immédiatement l'appel et essaie d'adopter une attitude détachée.

-Allô maman? Tu vas bien?

«Bonjour... Noa

Je reste un instant figée et  éloigne le téléphone de mon oreille, horrifiée. Ce n'est pas la voix de ma mère.

-Papa? dis-je hésitante.

«Hm, oui. Je vais bien et toi? Tu passes de bonnes vacances?»

Je cligne plusieurs fois des yeux sans réaliser ce qu'il se passe. Que me réserve encore cette journée?

-Pourquoi tu m'appelles du téléphone de maman? Et... Pourquoi tu m'appelles tout court?

Il se racle la gorge et hésite un instant avant de reprendre.

«Chérie, je...»

-Ne m'appelles pas chérie, dis-je sèchement, la surprise laissant place à la colère.

«Bien, Noa, je voulais te parler avant ton retour de Malibu et je savais bien que si je t'appelais depuis mon portable tu n'allais pas répondre.»

Bien vu. Je me contente de grogner et me redresse sur mon transat en position assise, regardant la surface de l'eau briller sous le soleil couchant, calme et reposée.

-Qu'est-ce que tu veux?

«Noa, je reviens à la maison

Étant donné qu'il est resté à Portland, je ne me réjouis évidemment pas de sa présence à Seattle. J'assimile l'information et soupire.

-C'est bien pour toi.

«Non, tu ne comprends pas. Je rentre à la maison, avec ta mère, avec... Toi.»

Et c'est là que je manque de m'étouffer.

-Attends. Quoi?!

Mon coeur bat à cent à l'heure. Je me remémore cet étrange appel de la part de ma mère que j'avais rapidement oublié par la suite. Elle était en présence de quelqu'un. Alors ce quelqu'un... C'était mon père?

-Depuis quand? Depuis quand vous vous revoyez?

«Ça fait deux mois. Et nous nous sommes remis ensemble au début des vacances...»

-Et donc c'est toi qui me l'annonce? Par téléphone? Et puis quoi en...

«Ecoute moi une seconde! On a décidé de refaire un essai, j'ai changé, je te le promets. Quand on a pris la décision d'emménager ensemble, c'était la semaine dernière. Il fallait qu'on te le dise avant ton retour pour ne pas que tu me trouves dans le salon sans rien savoir... Il n'y avait que ça comme solution.»

-Non... dis-je dans un souffle, il y avait une autre solution. Celle que maman ne te revoit plus jamais après ce que tu lui as fais! Et ta gamine de vingt ans t'en fais quoi?!

Il pousse un hoquet de surprise suivit d'un soupire désespéré.

«Noa, tu me blesses, vraiment...»

-Et tu crois que j'en ai quelque chose à foutre? Toi aussi tu m'as blessée papa. Quand tu nous as laissées pour une fille qui avait presque mon âge et que tu as brisé le coeur de maman. Quand l'année qui a suivit j'ai dû vivre seule car maman était trop plongée dans son travail pour s'occuper de moi. Dis à maman que je ne veux pas te voir chez nous quand je rentrerai. Bonne soirée.

Et je raccroche. Les larmes me montent aux yeux, il faut que je bouge avant de pleurer réellement. Je n'arrive toujours pas à y croire. J'en veux à mon père mais j'en veux aussi à ma mère pour m'avoir caché une chose pareille. Alors je me lève et me dirige vers la villa en courant, passant derrière le sofa où trainent tous les garçons... Sauf Alec. Alors que j'emprunte les escaliers, les yeux humides,
Jasper m'interpelle.

-Noa? Tu...

Remarquant certainement mon air abattu, il s'interrompt et me détaille un instant.

-Tu voudrais venir avec moi à un petit concert en ville...? J'ai envie de sortir.

Je baisse les yeux, le remerciant intérieurement de ne pas poser de questions. Alors je finis par accepter en me disant que ça pourrait me changer les idées.

Tout se déroule dans un vaste garage, l'entrée est gratuite mais il y a peu de monde. Le trajet s'est déroulé en silence et j'en suis reconnaissante à Jasper. Il sera toujours là pour me réconforter et je ne pourrais jamais assez le remercier. Malgré ce que Alec m'a dit des sentiments qu'il aurait pour moi, je les range dans un coin de ma tête et essaie de ne pas y penser. Il finira par oublier ce qu'il ressent pour moin si c'est vrai, c'est certain. Parfois je me dis que je ne mérite pas une personne comme Jasper; je ferais une petite amie horrible.

Je me laisse glisser contre le mur du fond, un verre de limonade à la main quand le groupe se met à jouer. La guitare est le premier instrument qu'on entend, elle résonne dans la salle qui révèle une superbe acoustique.

-Noa?

-Hm?

Jasper se laisse glisser à mes côtés et s'approche de moi de façon à ce qu'on puisse s'entendre. Le sol se met à vibrer au fur et à mesure alors que le son empli à présent la salle.

-Je vois bien que ça ne va pas. Et je voulais savoir... Est-ce que tu es réellement indifférente à Alec?

-Jasper, dis-je en fermant les yeux, épuisée.

-Tu étais avec lui? C'est pour ça que vous êtes partis tous les deux?

-Pas du tout non.

-Dis moi la vérité.

Je soupire en posant mon verre sur le sol, croisant mes bras sur mes genoux. Je sais que Alec préférerait que je nie jusqu'au bout mais je n'en ai pas la force

-Jasp'... Mon père est revenu.

-Oh.

Je sens son regard sur moi alors que mes yeux restent fixés sur le guitariste, jusqu'à glisser sur la batteuse et puis le chanteur.

Jasper connait mon histoire et mon passé, il était là pour moi dès que j'avais le moindre soucis.

Alors il se contente de passer un bras autour de ma nuque sans rien ajouter. Je pose ma tête sur son épaule et nous restons là en silence à écouter jouer le groupe.

***
Hey! Dédicace à @GrandeSchtroumpfette ! Merci de suivre la fiction!

Tout d'abord... NE ME TUEZ PAS.

Ensuite, qu'avez-vous pensé de ce chapitre?

Le comportement de Alec?

Noa s'est-elle faite "larguée"?

Ses anecdotes du passé, William et son père?

L'appel et l'annonce de son père?

Que va faire Alec et que vont-ils devenir?

La suite mercredi... :3 Commente si tu n'as pas encore eu de dédicace! Passez un bon début de semaine! ❤️

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