23 | Sing with me
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26.04.17 double chapitre à l'occasion des 4K de vues! Deux chapitres seront donc oubliés à la suite.
Noa Sparks
-Un frappé vanille et caramel s'il vous plait.
Je trifouille mes écouteurs en regardant le serveur s'activer derrière son comptoir.
-À quel nom?
-Noa.
Il hoche la tête et déjà les bruits sourds des machines se font entendre. Une odeur de café torréfié et de chocolat flotte dans l'air, le peu de gens assis aux tables contre les fenêtres discutent en créant un léger brouhaha mêlé à celui de la file qui s'allonge derrière moi. Il me tend un gobelet en plastique de taille moyenne, je le remercie en lui donnant le compte juste et sors du Jamie's, le petit café que j'ai découvert il y a un moment. C'est une fois à l'extérieur que je lève les yeux au ciel en remarquant que pour la énième fois mon nom est écorché sur le gobelet.
Ça fait un moment que j'ai pris l'habitude de sortir le matin, dans les environs de neuf heure pour aller courir à l'extérieur, juste en bas de la côte où nous habitons. Le Jamie's est un tout petit endroit où ils font d'excellents cafés à emporter, particulièrement fréquenté par les gens pressés qui ont à se rendre au travail. J'enfonce à nouveau mes écouteurs dans mes oreilles et laisse place à la marche au lieu de la course. À Seattle, j'allais courir trois fois par semaine. En fait, j'aime beaucoup la course à pied, ça me détend et ça me fait penser à autre chose. Quand j'étais dans l'état de Washington, je faisais non seulement ça pour essayer de trouver un certain équilibre dans mon corps mais aussi pour ne plus avoir à penser à mon école, à mon appartement. La vérité restera toujours que je n'ai jamais spécialement apprécié Seattle. C'est une ville froide, dénué de chaleur à mes yeux, que ce soit au sens propre ou figuré. Ici je ne cours plus pour me vider l'esprit mais pour voir autre chose, de nouveaux paysages, de nouveaux gens.
Et ça me fait un bien fou.
À chacun de mes passages, j'aperçois quelque chose de différent que je n'avais pas vu la veille. Aujourd'hui je ne fais pas l'impasse sur le caramel dans mon café, je l'ai bien mérité. Sirotant ma boisson froide qui s'écoule dans ma gorge en me faisant serrer les dents à la première gorgée, je regarde l'écran de mon portable pour changer la musique; j'opte pour Lemon Tree de Fool's Garden. C'est une des chansons favorites de Jasper et ça me rappelle la fois où nous étions partis en voyage scolaire. Toute la semaine, nous n'avons fait que la fredonner. Ça me fait sourire, heureusement que personne ne fait attention à moi. Mon portable vibre entre mes doigts et une photo de ma mère s'affiche sur l'écran, je prends immédiatement l'appel, la musique se coupe d'elle-même.
-Allô maman?
«Salut ma belle, tout va bien?»
Je souris, c'est inexplicable.
-Parfait. Et de ton côté?
Elle pousse un soupire, mais je sais reconnaitre un soupire agacé et un soupire rêveur; j'opte pour la seconde hypothèse.
«Oh, pour moi aussi. Tu me manques beaucoup!»
C'est étrange. Très étrange.
À vrai dire, ça fait presque deux semaines qu'elle m'appelle régulièrement, que le ton de sa voix est enjoué et surtout qu'elle me répète souvent que je lui manque. Mais depuis quand est-ce que je manque à ma mère? Depuis le départ de mon père, elle n'a plus jamais fait très attention à moi et s'est concentrée sur son travail avec un acharnement incroyable. Quand elle a commencé à prendre de mes nouvelles assez souvent, ne n'ai pas posé trop de questions; ça me faisait du bien et ça m'en fait toujours.
-J'allais rentrer à la villa, dis-je simplement.
«Pourquoi? Tu n'y es pas?» demande-t-elle précipitamment.
Je me pince les lèvres en éloignant mes écouteurs qui me servent de micro de mon visage. Et merde.
-Oh, hm, non. Je suis avec Jasper et Chris en bas de la rue, dis-je en essayant de garder un ton détaché.
Peut-être ne faisait-elle plus trop attention à moi mais pourtant, en ce qui concerne ma sécurité, elle reste intransigeante. Si elle savait que je me balade presque tous les jours seule dans Malibu, une grande ville qui m'est inconnue, elle prendrait le premier vol pour me rejoindre et m'attacherait dans ma chambre jusqu'en septembre.
Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil.
«Dis leur bonjour de ma part.»
-J'y tacherai, dis-je simplement en shootant dans un caillou.
«Qu'est-ce que tu as fais ces derniers temps?»
-Hier, on a été à la plage. J'ai rencontré une fille, Mary. On s'entend bien.
Elle pousse une exclamation de joie qui me fait sursauter. Je fronce les sourcils et l'appelle pour qu'elle me dise ce qu'il se passe.
«Ce n'est rien! C'est juste que... Enfin! J'ai cru que tu allais rester la seule fille parmis tous ces fauves et je...»
-Maman. Ce ne sont pas des "fauves"! je m'exclame.
«On ne connait pas les trois autres!»
-Jasper et Chris sont avec moi. Les trois autres, ce sont le frère de Jasper et ses amis. Ils sont dignes de confiance...
J'ai presque envie de rire à mes propres paroles. C'est vrai qu'on peut leur faire confiance mais disons... Tout dépend de la situation. Laisser Nate gérer une soirée? Mauvaise idée.
«Ils restent des garçons!»
Un silence se fait, c'est comme si elle avait coupé le son de son téléphone, plus aucun bruit parasite ne gêne la ligne. Je fronce les sourcils.
-Maman?
Quand le son revient à nouveau, je l'entends rire. Je m'arrête brusquement de marcher.
-Maman? T'es avec qui?
Elle pousse un petit oh et rit à nouveau plus bas.
«Hm, personne chérie.»
-Et la vérité?
«Je... On en parlera plus tard, d'accord?»
-Pourquoi pas maintenant? Qu'est-ce qu'il se passe? Mamaaaan?
«Bisous ma chérie, je te rappelle demain!»
-Mais je...
Elle a raccroché. Je fixe mon portable, la musique se remet à jouer automatiquement alors que je reste debout sur le trottoir, perplexe. Le téléphone vibre à nouveau; c'est Christopher.
[Chris:] SOS, Nate a des idées foireuses! Besoin d'un cerveau intelligent supplémentaire à la maison!
Je me pince l'arrête du nez et me dirige vers la première poubelle que je croise pour y jeter la carcasse de mon gobelet vide. Me revoilà en route vers la villa en trottinant; j'augmente le volume de la musique pour éviter que les questions m'assaillent l'esprit.
⁂
La première chose que je vois en arrivant est Nate en tenue de cuisinier.
Inutile de préciser que si seulement je comprenais quelque chose à la situation, je serais déjà en train de m'esclaffer. Sa toque est mise de travers et son tablier blanc traine sur le sol. Je me demande où il a pu trouver sa panoplie. Il se dirige vers la terrasse en ne semblant pas m'avoir vue, je le suis et oberve la scène depuis le pas de la baie vitrée. Dans le jardin, l'activité est à son summum. Les garçons semblent avoir déniché un panier de basket qu'ils ont accroché à un arbre. Spencer, Alec et Jasper se disputent la balle orange qui rebondit n'importe comment dans l'herbe; c'est assez catastrophique comme match. Peu importe la qualité du jeu, mes yeux s'attardent sur Alec, torse nu qui rit aux éclats en prenant le ballon des mains de son ami pour aller le mettre dans le panier. Il lâche tout et lève les bras en poussant un cri de victoire, le front luisant de sueur, apparement essoufflé mais heureux.
Ses yeux se posent sur moi, une lueure nouvelle brille dans ses iris, je lui souris discrètement avant de reporter mon attention sur Nate pour que personne ne me voit sourire ainsi à Alec. Christopher et Mary sont de le jacuzzi, blottis l'un contre l'autre, ils discutent er rient doucement, le téléphone de Christopher posé sur une chaise à côté de lui.
-Bon, déjà vous deux vous arrêtez vos câlineries nianians et vous sortez de ce bouillon, on a du travail!
Christopher soupire avec exaspération en levant les yeux au ciel et remarque ma présence. Son expression semble me dire "Enfin!".
-Allez les gars! Je fais bien d'interrompre votre match parce que franchement, ça piquait les yeux!
Spencer rit jaune en lançant le ballon en l'air, le rattrapant et répétant encore le mouvement.
-Tu te sens d'humeur à clasher ton monde ou quoi?
-Non! D'humeur végétarienne!
Son interlocuteur hausse les sourcils et lance la balle sur un transat.
-C'est quoi encore ces conneries? demande Alec en enfilant un t-shirt.
-Je veux juste qu'on m'explique comment on se sent d'humeur végétarienne, demande Mary en attachant le noeud de son peignoir autour de sa taille.
Nate semble satisfait d'avoir attiré l'attention, il se poste sur la marche légèrement surélevée devant la baie vitrée.
-Aujourd'hui, on va cuisiner ensemble! J'ai été faire les courses ce matin.
Il rentre en nous laissant tous perplexe à l'extérieur, Christopher passe près de moi en murmurant un "Je te l'avais dis...".
C'est ainsi que nous nous retrouvons tous les sept dans la cuisine à essayer de suivre les ordres très peu convaincants de Nate. Au moins, maintenant, j'ai ma réponse à ma question de pourquoi Nate porte une tenue ridicule. Peut-être n'aurait-il pas du nous faire confiance pour cuisiner et surtout, peut-être n'aurait-il pas dû confier la tâche du mixeur à Jasper et Christopher.
-Des carottes, fait, dit Jasper. Des brocolis... Attend, franchement, ça se bouffe ça? demande-t-il en toisant le légume d'un oeil mauvais.
-Oui Jasper, t'en apprends des choses aujourd'hui! lance sarcastiquement son meilleur ami en lui prenant le légume pour le mettre dans le mixeur.
-Des choux... Rah nan, laisse tomber, y a assez de trucs verts là-dedans, dit-il avant d'appuyer sur le bouton d'activation du mixer.
-Jasper attends, le...
Trop tard. Je pense que ça va nous prendre l'après-midi pour nettoyer sa bêtise. Un ronronnement bien trop prononcé s'échappe de l'engin, les légumes tournent rapidement à l'intérieur en se transformant en une bouillie très peu ragoûtante, remonte à la surface et se projecte vivement partout autour de la machine. Je me baisse instinctivement derrière le bar pour éviter de me retrouver couverte de substance verdâtre. Une exclamation de surprise générale s'élève du groupe. Quand j'ose enfin me relever, il y a des tâches vertes partout sur les meuble et surtout, sur Jasper et Christopher, paralysés sous une couche de purée de légumes.
-...le couvercle, répète l'asiatique dans un souffle.
Je pouffe de rire, rapidement imitée par Mary alors que les deux garçons entament une dispute complètement stupides, rapidement suivie par un bombardement mutuel d'éponges trempées.
Nous essayons tant bien que mal de réparer les dégâts, je continue de préparer le repas avec Nate tandis que les autres s'adonnent à cette tâche encore plus ennuyante que de devoir cuisiner avec des idiots. Il me faut des tomates, le brun aux cheveux longs m'indiquent qu'elles se trouvent dans le frigo.
Je commence réellement à me demander si je ne rêve pas.
En l'ouvrant, j'en sors le paquet de farine et tout le monde se retourne vers moi quand je me racle bruyamment la gorge pour me faire entendre. Je tend devant moi le paquet qui n'a pas exactement sa place dans ce frigidaire.
-Vraiment... Qui a fait ça?
⁂
Alec Bradwell
J'enchaîne les trois premiers accords de la chanson; le A mineur, le G et le C. J'ai tout d'abord un peu du mal à reprendre le rythme et mes anciennes habitudes mais au bout de quelques essais, elles reviennent comme si jamais je n'avais arrêté de jouer. Avec mon ukulele entre les mains, je joue à présent l'introduction de cette chanson que nous affectionnions tant jouer ensemble, George, mon père et moi. À vrai dire, quand j'étais plus jeune, nous passions beaucoup de temps au café Riley's Ride au bord de l'eau avec les amis surfeurs de George et mon père qui lui aussi s'entendait bien avec eux. Je venais toujours avec mon père dans ce café qui diffusait des airs de Jazz à l'intérieur. Pour un enfant de dix ans, ça pourrait paraitre étrange! J'étais censé m'ennuyer, entouré de tous ces adultes qui parlaient de leur vie, de l'océan et de tout autres sujets adultes inintéressants aux yeux d'un jeune enfant. Mais je venais pour la simple et bonne raison qu'il y avait ces instruments, ces guitares et ces ukuleles qui m'intriguaient tant. Je regardais George laisser glisser ses doigts de haut en bas le long des quatre cordes de son petit instrument alors que mon père, lui grattait sa guitare. Nous allions sur la terrasse, là où la musique ne nous parvenait plus pour jouer. Sans une parole, seule la musique brisait le silence... Et c'était bien comme ca. Personne ne semblait s'ennuyer, ils fumaient, ils buvaient et s'écoutaient. Rapidement, George en plus de m'enseigner le surf a pris soin de m'apprendre les bases du ukulele alors que mon père me faisait déjà prendre des leçons de guitare à la maison. J'ai entre les mains mon second ukulele, le premier ne sonne pas aussi bien et je l'ai laissé à Seattle.
C'est comme si Malibu me faisait revivre. Revivre des souvenirs du passé, les plus beaux instant de ma vie, mais cette fois avec plus de recul. J'ai l'impression de me redécouvrir tout entier et Dieu sait à quel point je voudrais que ce sentiment perdure.
Bas, bas, haut, bas, haut. Je répète ces mouvements sur mes cordes en rythme. Tout me revient; les paroles, les accords, la mélodie tout entière. Je devais avoir quinze ans quand j'ai appris cette chanson pour la première fois, elle est toujours restée ma favorite à jouer. Riptide de Vance Joyce, un classique du ukulele.
-Alec d'amouuur?
Je m'interrompt et lance un regard désespéré à Spencer qui me sourit jusqu'aux oreilles, un sourire bien trop forcé pour être sincère. Il est posté à la baie vitrée tandis que je suis sur la terrasse dans un des fauteuils en osier d'extérieur
-Hm?
-Tu joues très bien, c'est pas ça le problème. C'est juste que ça colle pas trop avec le type qui se fait torturer dans notre film.
Je hausse un sourcil en me penchant sur le côté pour remarquer qu'en effet, Nate et lui sont en train de regarder un film mis sur pause.
-Je vois. Tu sais pas où sont Jasper et les autres?
Spencer secoue négativement la tête.
-Tout le monde est partit de son côté ce soir.
Je me pince les lèvres. J'aurais espéré voire Noa en privé aujourd'hui mais je n'ai aucune idée d'où elle se trouve et je pourrais facilement me mettre dans une situation délicate si je me mettais à la chercher dans toute la maison. Nous n'avons plus jamais eu une conversation normale depuis cette soirée... Je me lève pour éviter que Spencer ne voit mon visage se décomposer en y repensant.
-Bon... Je vais faire un tour et... Jouer plus loin? dis-je comme si il s'agissait d'une question.
Il lève les pouces et sourit sincèrement cette fois-ci.
-T'es un amour mon roudoudou!
Je lui lève mon majeur alors qu'il éclate de rire et je m'éloigne en direction de la plage. Là, il n'y aura personne pour m'entendre jouer, nous n'avons pas de voisins sur la côte et la plage est fermée par une immese roche. Rares sont les fois où nous voyons passer un bateau au loin. Me sentant chanceux d'avoir toute une plage rien que pour moi, j'essaie de ne plus penser à la blonde et à ce que je pourrais lui dire et atteind déjà le sable chaud.
Peut-être que je n'aurais pas tout de suite dû oublier Noa.
Je la vois assise un peu plus loin sur un tas de roche au pied de la falaise. Elle est penchée sur son téléphone et ses cheveux sont humides. Une planche de surf est appuyée contre les hautes roches de la falaise, j'en déduis qu'elle a été surfer. L'occasion est bien trop belle, c'est presque un miracle. Si tout se passe bien, personne ne pourra venir nous déranger. J'approche d'elle sans qu'elle me voit, ses écouteurs sont enfoncés dans ses oreilles, son pied tappe doucement en rythme dans le sable en créant un léger nuage de poussière. Quand je me poste en face d'elle, elle sursaute et me regarde comme si j'étais une bête de foire tant la surprise se lit dans ses iris.
Je lui souris et elle retire lentement ses écouteurs en silence; un sourire se dessine progressivement sur son visage. J'ai le temps de regarder l'écran de son portable, elle est sur son profil instagram et semble hésitante. Je prends place à ses côtés, elle se décale pour me laisse un peu plus d'espace.
-C'est... C'est vraiment beau! dis-je sans quitter l'écran du regard.
Elle semble sursauter une seconde fois et regarde à présent son portable.
-Je veux dire, tes photos. Elles sont superbes. Tu as tout pris ici?
Elle rit légèrement et hoche positivement la tête.
-Je ne quitte pas mon appareil photo... Hm, merci?
Je lui prends des mains en douceur en laissant l'appareil glisser de ses doigts. C'est comme si j'effectuais chaque geste avec précaution, de peur de briser quelque chose d'invisible qui m'est précieux. Pas quelque chose de matériel, c'est bien quelque chose qui flotte dans l'atmosphère, c'est confortable et très fragile. Je ressens le besoin de le conserver même si je ne sais pas exactement de quoi il s'agit.
J'appui sur la dernière photo qu'elle a posté et observe la plage qu'elle a prise en photo lors de notre dernière expédition. Je vois une photo du Malibu Caffee et des photos plus banales faites avec son portable mais toujours aussi jolies, d'elle toute seule ou avec Christopher et Jasper. Je souris, c'est vraiment superbe. L'une d'entre elle attire mon attention, celle où elle se trouve être seule avec mon frère. Mon coeur se sert, je ne sais pas encore quelle décision prendre ni même si il va falloir en prendre une, si Noa et moi allions continuer sur cette voie ou non.
-Noawesome, dis-je sur un ton taquin.
-Pour ma défense, c'est ton frère qui a choisi. Je me demandais laquelle poster maintenant... Tu préfères celle-ci où celle-là?
Elle fait défiler deux photos différentes de Malibu Country Market et d'une fleur d'hibiscus. J'opte pour la deuxième sous prétexte que les couleurs collent mieux avec celles des autres photos. Elle acquiesce et range son portable avec un sourire aux lèvres.
-Tu joues du Ukulele? demande-t-elle finalement en se penchant vers l'intrument posé à mes côtés. Je ne t'ai jamais vu en faire.
-C'est normal, je viens de recommencer. J'ai l'impression de revivre tout ce que j'ai vécu ici il y a des années alors... Je me suis senti obligé de l'emporter, dis-je en passant une main dans ma nuque.
-Tu me joues quelque chose?
En la regardant, je vois un sourire joueur dessiné sur ses lèvres. Je m'attendais plutôt à ce qu'elle veuille me parler de la dernière fois et suis plutôt surpris. Malgré tout j'accepte avec plaisir, assez intimidé malgré moi.
Je pose mes doigts sur la première corde et la gratte deux fois en bas, une fois en haut, une fois en bas, une fois en haut et recommence les mêmes mouvements avec le second accord. J'aime tellement jouer ce morceau, pourtant la présence de Noa m'empêche d'être à cent pour cent concentré dessus. Je m'interrompt brusquement en baissant la tête.
-Riptide, souffle-t-elle.
Je la regarde, étonné.
-Tu connais?
Elle lève les yeux au ciel en riant.
-Non Alec, je viens de te donner le titre...
Je fronce le nez et m'approche inconsciemment d'elle.
-C'était ma préférée il y a quelques années. Je l'aime toujours bien sûr.
-Parfait, tu m'accompagnes alors?
-Quoi? dit-elle sans comprendre.
-Si tu la connais alors il n'y a pas de problème pour que tu chantes les paroles pendant que je joues.
Elle prend son visage entre ses mains en secouant la tête.
-Alec, je n'ai jamais chanté devant personne.
-C'est l'occasion, je suis un très bon public à moi tout seul tu sais?
Elle hausse les sourcils en regardant mon instrument. C'est comme si depuis le début de cette conversation elle n'avait pas osé lever les yeux vers moi pour croiser mon regard.
-Alors joue, dit-elle doucement.
Satisfait, je me lance quatre fois dans l'introduction et entame enfin la partie chantée.
-I was scared of dentists and the dark...
Elle pouffe de rire alors que je l'encourage à continuer. Je n'ai pas eu réellement assimiler le timbre de sa voix mais je pense qu'elle est jolie, imparfaite, certes mais douce et chaleureuse.
-I was scared of pretty girls and starting conversations, oh, all my friends are turning green. You're the magician's assistant in their dream.
Je ne me suis pas trompé, sa voix est absolument adorable. Je sens mon coeur gonfler dans ma poitrine, c'est un moment absolument merveilleux. Jouer accompagné de Noa, sur une plage sauvage déserte et pour couronner le tout, sous un couché de soleil. Je me croirais en plein cliché romantique et ce n'est pour me déplaire. Les couleurs orangées qu'a prit le ciel donne un aspect mystique à l'oceau, calme et reposant. La lumière est d'or, elle illumine le visage de la blonde en la rendant plus belle que jamais si seulement c'est possible.
Le refrain arrive, je décide de joindre ma voix à la sienne. J'aime beaucoup chanter même si ce n'est pas mon point fort. Ma voix est bien moins belle que celle de Noa, c'est certain.
-Lady, running down to the riptide, taken away to the dark side, I wanna be your left hand man.
Je la regarde en cherchant son regard, enfin ses yeux croisent les miens. J'ai l'impression que le début des paroles qui suivent collent à ce que je pense en ce moment.
-I love you when you're singing that song and I got a lump in my throat 'cause you're gonna sing the words wrong.
Elle sourit sans me quitter des yeux. Je souris de plus belle et me loupe même sur une corde, ma concentration a apparement décidé d'aller voir ailleurs. Elle pouffe de rire alors que je sens qu'elle n'a plus peur de chanter devant moi. Il y a quelque chose qui nous lie, quelque chose de fort qui nous enferme tous les deux dans notre petite bulle de confort, comme les dernières fois où j'ai pu me trouver seul en sa présence. Sauf que contrairement à ces fois précédentes, nous étions envahis par une forme de désir, une simple attirance. Alors qu'à présent, je sens qu'autre chose se crée entre nous deux. Quelque chose de plus personnel.
Des souvenirs.
Nous en sommes presque à la fin de la chanson, elle me laisse chanter cette partie seul.
-I just wanna, I just wanna know, if you're gonna, if you're gonna stay. I just gotta, I just gotta know. I can't have it, I can't have it any other way. I swear she's destined for the screen. Closest thing to Michelle Pfeiffer that you've ever seen, oh...
Je frissonne quand je sens sa main se poser sur ma cuisse. Elle me regarde avec des étoiles dans les yeux. Je me sens tellement différent, comme si j'étais quelqu'un d'autre. La distance entre nous s'est tant réduite, je me demande comment j'ai fais pour ne pas le remarquer.
Nous reprenons ensemble le dernier refrain;
-Oh lady, running down to the riptide, taken away to the dark side, I wanna be your left hand man. I love you when you're singing that song and I got a lump in my throat 'cause you're gonna sing the words wrong.
Je ralentis le rythme avec douceur.
-And I got a lump in my throat 'cause you're gonna sing the words wrong...
Ni une, ni deux, je laisse mon ukulele tomber sur mes genoux et attrape son visage à deux mains pour déposer mes lèvres contre les siennes. Elle semble surprise au commencement mais se laisse facilement aller. Nos genoux se touchent, je ne lâche pas son visage, c'est la dernière chose dont j'ai envie.
Notre baiser est plus doux, plus émotif que les fois précédentes où ils étaient désireux, passionnés et précipités. A nouveau, j'ai ce sentiment de créer des souvenirs, des souvenirs bien moins flous que nos précédents moments intimes. Des souvenirs encore plus authentiques. Ses lèvres s'entre-ouvrent en me laissant l'accès à sa langue tandis qu'une danse légère s'entame entre elles. Je ne demande rien de plus que le goût de ses lèvres sucrées, que la sensation de l'avoir auprès de moi et surtout, rien qu'à moi. Tout s'efface autour de nous l'espace d'un instant, l'océan tout entier, les kilomètres de plages n'existent plus. Il n'y a qu'elle.
Quand enfin notre étreinte prend fin, on se regarde un long moment. Mon pouce carresse sa joue et ses lèvres son gonflées, ses yeux brillants.
-Ça m'avait manqué.
-Et moi donc...
Sans demander son reste elle s'avance à nouveau vers moi pour recommencer a nouveau ce que je voudrais ne jamais arrêter. Elle se retrouve par je ne sais quel moyen sur mes genoux à la fin de la soirée, une jambe de chaque côté de ma taille. Je ne fais que lui voler quelques baisers sous ses rires doux et sincères. Le soleil s'est déjà couché depuis un moment maintenant... Je voudrais pouvoir rester là toute la nuit à échanger des banalités avec elle, à l'embrasser et à rire pour un rien.
Simplement encore et toujours apprendre à la connaitre un peu plus.
C'est seulement dans les environs de vingt-deux heure que nous rentrons. Sur ce coup il faut dire que nous avons été imprudents. En allant me coucher, j'allume une dernière fois mon portable. Mon premier réflexe est d'aller m'abonner au compte Instagram de Noa. Je vois qu'elle a posté sa dernière photo il y a peu et en appuyant dessus, mon coeur se sert.
Une bonne nuit, je vais passer une bonne nuit.
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Heeey! Dédicace à UnicornQueen2503 pour quand tu seras arrivée à ce chapitre ptit kk
Tchoukie_18 tu l'as ton double chapitre pff
Que pensez-vous de celui-ci?
Nate en média pour vous faire plaisir! :3
La conversation téléphonique avec sa mère?
Leur plat un peu foireux?
Noa et Alec qui chantent ensemble?
La photo de fin?
Les manips?
La suite tout de suite! Rendez-vous dans le prochain chapitre :3
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