02 | My favorite place
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Alec Bradwell
Malibu est mon endroit favoris depuis tout petit.
C'est ici que j'ai appris à surfer avec Nate et son père quand nous partions en vacances ensemble. J'allais avec mon frère et mes parents rendre visite à mes grand-parents qui avaient depuis longtemps emménagés dans le coin après leur retraite. Oui, mes grands-parents sont pleins au as. Ça vous étonne? Moi aussi. J'ai toujours vécu à Seatlle avec ma mère, mon père et mon frère dans un petit appartement, un immeuble moyen que je n'ai jamais vraiment apprécié. Nous étions loin d'être en difficulté financière, certes, mais la différence de situation entre nous et les parents de ma mère était et reste aujourd'hui flagrante. C'est pour cette raison que règne depuis toujours une certaine forme d'hypocrisie dans notre famille, une ambiance très peu honnête qui me dérange depuis que j'ai plus ou moins quatorze ans, l'âge où j'ai commencé à m'en rendre compte. Nous allions chaque été chez eux à Malibu, organisant nos vacances la même semaine que le père de Nate organisait les leurs, étant donné qu'ils avaient un appartement en bas de la côte où se trouve la villa. J'ai toujours passé là les plus belles vacances de ma vie. Et puis j'ai compris que les sourires et les bribes de conversations échangées entre mes parents et ceux de ma mère quand on se réunissait à table n'avaient rien de sincères. J'entendais d'un côté mes grands-parents parler dans le dos de mes parents quand je n'entendais pas de l'autre côté mes parents se plaindre des plus âgés. Avec le recul, je comprends et admets le fait qu'ils soient des gens très superficiels et vieux jeu, je dirais même détestables, parfois. Ils vivent encore dans leur temps, ne s'adaptant pas à notre époque, trouvant encore révoltant que de nos jours deux hommes se tiennent par la main ou encore qu'un homme noir puisse avoir une bonne place dans son métier. Je vous l'ai dis, détestables. Mais à l'époque, je ne voyais pas ces facettes de leurs personnalités. C'est certainement pour ces nombreuses raisons que la dispute a éclatée, une question d'argent selon ce que j'ai pu comprendre du peu que ma mère ait bien voulu m'en raconter. Nous ne sommes plus allés là-bas en vacances depuis deux ans, ça fait du bien de sentir à nouveau l'air marin de Malibu ébouriffer mes cheveux sous ce ciel d'un bleu unique qui m'avait tant manqué.
Je me retourne pour regarder derrière moi mes deux fidèles amis qui montent la côte avec une difficulté non dissimulée. Ils gémissent et trainent des pieds tout en tirant derrière eux leurs valises et leurs sacs pesant lourd, encore plus par une telle chaleur.
-Spencer... t'aurais pas dû dire au chauffeur que son taxi sentait la merde.
-Mon chère Nate, ça fait bien vingt fois que tu me répètes ça. J'ai compris. Mais honnêtement, c'était carrément horrible cette odeur...
Je lâche un rire amusé face à leur bêtise en épongeant mon front du revers de la main. Nate et Spencer sont mes meilleurs amis depuis presque dix ans. Ensemble, on a vécu les quatre cent coups depuis nos neuf ans sans jamais s'en lasser. Et j'ai la chance aujourd'hui de pouvoir vivre avec eux, ayant enfin quitté le cocon familial qui m'étouffait pour m'installer en colocation non loin de mon université. J'étudie les langues à Seattle depuis un an et vivre avec mes deux meilleurs amis est une expérience extraordinaire, riche en surprises, en engueulades et en soirées jeux vidéos. Passer mes vacances avec eux sera encore une aventure qui je l'espère, ne fera que resserrer nos liens, si seulement c'est encore possible. Passer un peu moins de deux mois à se prélasser au soleil et à faire la fête nous changera de la routine des études et de la vie en colocation.
Nous arrivons enfin en haut de la côte alors que je sors les clés que m'a confié ma grand-mère, jointes avec la lettre qu'elle m'a envoyée deux semaines plus tôt. Dedans elle me disait qu'elle et mon grand-père s'étaient envolés pour Hawaii durant une durée indéterminée, peut-être bien une année. Voulant certainement essayer de se racheter auprès de leurs petits enfants, ils nous ont autorisés à résider là autant de temps que nous le souhaiterons. Ça ne me déplaît pas, au contraire. Évidemment, j'ai dis à Jasper que sa présence ne me dérangerait pas... Malgré qu'il en ai profité pour inviter d'autres amis avec lui. Je ne peux pas lui en vouloir, il n'allait tout de même pas passer ses vacances en notre compagnie! L'avoir toujours dans les pattes m'aurait à ce moment là ennuyé, je dirais qu'il est trop différent de moi pour partager mes activités. J'aime les soirées, il préfère rester à la maison. J'aime flirter, il rêve d'une relation stable. J'aime ne pas'me prendre au sérieux, lui garde son humour innocent et démuni de ces touches sarcastiques que j'affectionne. Au moins, avec ses amis, il pourra passer du temps avec eux au lieu d'être avec moi et puis, ce n'est pas la place qui manque dans cette villa. Nous entrons, exténués et ne prenons pas la peine de ranger nos affaires; nous voilà tous les trois dans le canapé du salon à regarder autour de nous. Comme dans mes souvenirs, c'est une maison moderne, sophistiquée et sobre à la fois.
-Sympa, lance Spencer en rejetant la tête en arrière.
-Ouais. D'ailleurs ils viennent quand ton frère et ses amis? demande Nate.
Je m'enfonce profondément dans le sofa en posant mes coudes sur le dos du mobilier, essayant de mettre mon cerveau en marche avec une immense peine; la chaleur me donne mal au crâne.
-Hm... Demain matin normalement. On a l'après-midi pour aménager la maison avant qu'ils arrivent pour montrer qu'on est des adultes responsables.
-Vieux, on a dix-neuf ans, le mot responsable n'est pas encore paru dans notre vocabulaire, renchérit Spencer.
Je ris et passe une main dans mes cheveux humidifiés par la sueur.
-On dirait presque que t'as du mal avec le sarcasme. Tu vois, on doit au moins faire comme si c'était le cas.
Nate soupire en faisant voleter une mèche de ses cheveux mi-longs.
-Même ça c'est trop dur.
-Les gars, pensez à toutes les nanas qui nous attendent sur la plage... Des filles de Malibu, c'est pas beau ça? lance Spencer en changeant de sujet avec son éternel sourire narquois.
-C'est quand même plus marrant quand on est célibataire... lui répond Nate avec l'allure innocente qui lui est propre.
-C'est vrai, ça a ses avantages d'être seul, lui dit Spencer.
Je frappe dans la main que me tend celui-ci en riant, en tant que célibataire depuis un bon moment, moi aussi.
-Les gars... Regardez ça, je vais devenir fou! dit le brun aux cheveux longs en nous tendant son portable.
Sur l'écran est affiché le nom de sa petite amie, Cassandra, suivi d'une vingtaine d'appels manqués.
-Quand on te disait que c'était une chieuse et que tu voulais pas nous croire, s'exclame Spencer en levant les yeux au ciel.
-Mais je l'aime bien!
-T'aimes surtout bien ses jumeaux, me dis pas que tu es tombé sous le charme de sa personnalité, dis-je en faisant mine de porter une paire de seins tout en faisant s'esclaffer Spencer. On te connait.
-Roh, la ferme. Vous me faites passer pour quoi là?
-Pour l'unique Nate Turner, courreur de jupes depuis le stade de fœtus! annonce Spencer avec entrain tout en sautant sur notre ami pour lui ébouriffer les cheveux.
Celui-ci proteste en le repoussant, se laissant vite aller à une bagarre amicale. Je sens alors dans ma poche, mon téléphone se mettre à vibrer. Mon regardant dérivant sur l'écran, je comprends qu'il s'agit d'un appel de ma mère.
-Fermez la, c'est ma mère, dis-je en me levant pour m'éloigner de ces énergumènes.
Spencer s'arrête et se met à jouer des sourcils en me fixant avant de m'envoyer des baisers avec sa main. Je lève les yeux au ciel et prend l'appel.
-Allô 'man?
«Chéri! Tout va bien? Comment s'est passé le vol? Vous êtes à la villa? Il ne fait pas trop chaud?»
Je lâche un rire amusé en faisant les cent pas dans l'entrée, le téléphone collé à l'oreille.
-Étant donné que je te réponds, le vol s'est bien passé. On vient d'arriver à la villa et tu sais, à Malibu il fait chaud, logiquement.
«Arrête de te moquer de ta pauvre mère qui s'inquiète!» dit-elle en me grondant.
-Je ne me moque pas maman, je t'aime.
Du coin de l'oeil, je vois Spencer et Nate à la porte qui me font des grimaces bourrées de sensualité, ondulant du bassin pour m'agacer.
-Eh, Alec! T'as rangé où le shit? crit Spencer assez fort pour que sa voix résonne dans le couloir.
-Tu veux dire la Marijuana? enchaîne Nate.
Je leur montre mon plus beau doigt en bouchant le micro avec ma main, leur faisant communiquer du bout des lèvres de déguerpir.
«Alec? Qu'est-ce qu'il se passe? Qui est Marie?»
Je retiens mon rire en fermant les yeux.
-C'est... La voisine, maman. Elle est venue nous dire bonjour.
«Oh! Et elle est jolie?»
-Maman! Elle a ton âge! je mens, un sourire aux lèvres.
«Dommage, j'espère que tu ramèneras dans ta valise une jolie Californienne malgré tout!»
-Mais, je t'ai déjà dis que...
«Taratata, je veux des petits enfants moi!»
Je soupire sans répondre et éponge à nouveau mon front, rêvant d'une douche froide qui me ferait enfin me sentir propre. Sous cette sueur, j'ai la sensation d'être nappé comme une glace, fondant petit à petit au soleil.
«En parlant de filles, n'oublie pas que la petite Noa sera des vôtres dès demain.»
-Noa? La petite copine de Jasper?
«Ne l'ennuie pas avec ça Alec!» renchérit-elle en me grondant à nouveau.
-C'est bien la fille dont il parle tout le temps mais que personne n'a jamais vu? J'ai toujours cru qu'elle était imaginaire.
«Alec Bradwell, un peu de respect pour ton petit frère. Et je te signal que tu es le seul à ne jamais l'avoir vue! Tu n'es jamais à la maison, c'est pour ça! Moi je l'ai déjà rencontrée plus d'une fois, enfin!»
-Désolé 'man, les amoureuses de Jasper c'est pas le truc qui m'intéresse le plus.
«Alec!»
-Je rigole! Et donc?
«Tu veilleras à ce qu'elle se sente à l'aise, toute seule au milieu d'une bande de garçons sauvages... La pauvre... N'oublie pas que ton frère et ses amis sont sous ta responsabilité. En tant que parents on était hésitants, ne nous fais pas regretter.»
-Enfin maman, tu me connais mieux que personne, je suis un gentil petit garçon, dis-je niaisement, puis il a dix-huit ans...
«Bien sûr mon chérie, désolé, je suis inquiète, comprends moi.» répond ma mère en riant, «je ne me ferais jamais au fait que vous soyez déjà deux grands garçons...»
Nate arrive en tournant autour de moi, sautillant comme un enfant.
-Gentil petit garçon à sa maman!
-Oh! Alec! Encore! Plus vite! Ah! s'exclame exagérément Spencer en s'attaquant au combiné.
Je dégage mes deux imbéciles d'amis de mes bras en ouvrant la première porte à ma disposition, me retrouvant à l'intérieur des étroites toilettes.
«Qu'est-ce qu'il se passe encore?» demande-t-elle, visiblement inquiète.
-Rien, ils ont allumé la télé... dis-je, les joues rosées et légèrement agacé, on va devoir aller préparer les chambres. Bisous 'man, je t'aime.
«Rappelle moi au plus vite!»
J'affirme et raccroche, sortant des cabinets en fusillant mes amis du regard.
-Bande de cons.
Ils rient et montent à l'étage avec ces sourires d'enfants conscients de leurs bêtises imprimés sur leurs visages. Je secoue la tête en signe de désapprobation et les rejoins dans l'escalier. L'été s'annonce déjà bien.
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Hey! Alors, vous en pensez quoi de cette bande d'amis? Ça sent la connerie non? x) Laisse un petit vote si tu as aimé ou tout simplement pour remercier la mère de Bob Morley pour avoir mis au monde un humanoïde aussi parfait.
Le prochain chapitre ce week-end!
Bisous !
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