01 | A small break never hurts

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Noa Sparks

C'est peut-être vrai après tout, une petite pause ne fait jamais de mal. Quand je regarde par la fenêtre de mon immeuble, les toits des hauts bâtiments plongés dans la grisaille de cette matinée maussade, mon envie de m'en aller ne fait que croître. Je ne sais pas si c'est dans ma tête ou si tous pensent comme moi, mais le temps parait devenir de plus en plus mauvais de jours en jours. Washington n'a jamais été aussi triste. Dans cet état qui est le miens, dans un coin perdu de Seattle, j'essaye d'encaisser le coup, de me dire que ces vacances pourraient être bien. Mais il fait croire que le ciel se joue de moi quand alors la brume semble s'épaissir et que la pluie s'abattat lentement sur la ville. Avec un long soupir découragé, j'arrête de rêver de palmiers, de plages et de bikinis en fermant la fenêtre de ma chambre. Mon ordinateur est encore ouvert sur mon lit et se moque ouvertement de ma petite personne en affichant sur l'écran les photos Instagram des célébrités américaines qui semblent prendre leur pied en Floride ou encore à Hawaii sans penser à nous, petits êtres insignifiants pour qui ces longues plages de sable fin ne sont qu'une belle utopie. Alors c'est ainsi que je vais à nouveau passer mes vacances; à baver sur les photos de coktails, le pieds du verre enfoncé dans le sable et quelque fruits exotiques flottants à la surface de la boisson. Je regarderai les vlogs de ces superbes Youtubeuses qui exhiberont leurs nouveaux maillots de bain aux bras de leurs petits amis séduisants aux sourires Colgates. Caméras en mains, elles partiront vivre mille et unes aventures dont je rêve mais que je ne vivrais peut-être jamais, dévoilant au public leurs trouvailles d'une session de shopping ou encore en faisant le tour de leurs somptueuses chambres d'hôtel. Oh oui, tout ça pendant que je serai affalée sur mon lit, écouteurs enfoncés dans les oreilles, une barre de céréales à la main en détruisant tout le travail que j'ai effectué durant le court des années pour me sculpter un corps digne de porter le plus beau des maillots deux pièces. En me lançant sur le matelas, jetant un dernier coup d'oeil à l'extérieur, je me dis immédiatement que les jolies lunettes de soleil rondes à la mode en ce moment, ne seront pas faites pour moi, un été encore.

Alors que je ne cesse de me languir en trouvant ma vie des plus désespérante dans l'immédiat, mon ordinateur portable émet un son provenant de Facebook. Je me redresse, les yeux plissés par la clarté de l'écran illuminant ma chambre plongée dans l'obscurité. Un matin, en juillet, il fait sombre à l'extérieur. Je vois le nom de Jasper s'afficher en bas de mon fil d'actualité qui me désintéresse totalement. Contente d'avoir l'occasion de discuter avec mon meilleur ami, je clique sur son nom pour ouvrir la conversation.

[Jasper:] Hey Sunshine, tu vois la même chose que moi dehors?

Je souris en laissant mes doigts filer sur le clavier pour lui répondre au plus vite.

[Noa:] Tu veux dire, pluie, nuages et désespoir?

Les trois petits points de suspension s'animent en m'apprenant qu'il est en train de répondre.

[Jasper:] Exactement. Tu viens à la fenêtre? C'est plus marrant.

Sans prendre la peine de répondre, j'enfile rapidement un t-shirt par dessus mon débardeur en restant dans mon short de nuit, coiffant mes cheveux en une queue de cheval pour éviter qu'il voit mes noeuds dûs au sommeil et sors de ma chambre avec mon ordinateur dans les bras. Je traverse l'étroit couloir allant de ma chambre jusqu'au bureau et entre en vérifiant que ma mère n'y soit pas. La voie est libre, je déboule dans la pièce en ouvrant d'un geste théâtrale les larges rideaux couvrants la plus grande fenêtre de mon appartement; celle qui donne directement à l'appartement de Jasper. La première chose que j'aperçois distinctement est sa silouhette postée devant la fenêtre, assis comme à son habitude sur un pouf bleu. En levant les yeux, il me voit à son tour et me fait un signe de la main, accompagné d'un sourire. Je lui réponds avec douceur en prenant place sur la banquette qui borde cette grande fenêtre et pose mon ordinateur sur mes genoux.

[Jasper:] Toi, tu viens juste de te réveiller.

[Noa:] Ça se voit tant que ça?

[Jasper:] Quand tu fais cette coiffure, c'est signe que tu ne veux pas qu'on voit que tu ne t'es pas coiffée! Paresseuse, il est presque midi.

[Noa:] Tu me connais trop bien, je te maudis Jasper Bradwell.

Une nouvelle notification accompagnée d'un tintement s'affiche sur mon écran à côté de la fenêtre de discussion entre Jasper et moi. Je clique sur la discussion de groupe entre Jasper, moi et Christopher, apparemment imitée par mon voisin d'en face. Christopher est l'élément qui complète notre inséparable trio; un jeune garçon aussi âgé de dix-huit ans, d'origine asiatique. Il connait Jasper depuis bien plus longtemps que je ne les connais tous les deux et se trouvent être les deux meilleurs amis que cette terre aie jamais habitée.

[Christopher:] Alors, on part quand?

Intriguée, je fronce les sourcils et lance un regard interrogateur à la fenêtre de Jasper. Il ne me regarde pas et continue de tapper sur son clavier en se pinçant les lèvres.

[Jasper:] Je n'ai encore rien dis imbécile!

[Christopher:] Oops...

À nouveau j'essaye de capter le regard du brun qui lève enfin les yeux vers moi. Je plisse les yeux avec insistance et il se contente de lever les siens au ciel en me faisant ébaucher un léger sourire.

[Noa:] Qu'est-ce que tu étais censé me dire?

J'écris en ajoutant un emoji à l'expression aussi suspicieuse que la mienne.

[Jasper:] Si Chris est si impatient, il n'a qu'à de le dire!

[Christopher:] D'accord! On va à Malibu dans une semaine, c'est cool non?

[Jasper:] C'était du sarcasme triple bouffon!

Je ne me résous pas à sourire devant leurs enfantillages. Quelque chose me tracasse. Pourquoi tiennent-ils à me dire qu'ils s'en vont pour Malibu? Ça signifie simplement que moi, je resterai seule. Voilà qui m'attriste encore plus en faisant de ma journée un véritable cauchemar.

[Noa:] C'est super pour vous!

Bon, je n'allais pas leur dire qu'en réalité ça me déprimait plus qu'autre chose.

[Jasper:] Ou plutôt pour nous!

Ne comprenant pas, je tourne la tête vers le brun qui me regarde fixement en souriant. Je commence à assembler les pièces dans mon esprit et un fin sourire s'imprime sur mon visage. Le coeur battant, je reporte mon attention vers le portable.

[Noa:] Mais comment ça?

J'attends un instant avant que Christopher ne réponde.

[Christopher:] En gros, moi, toi et l'autre imbécile, on part pour Malibu.

Je vois sur la discussion s'afficher un message disant que Jasper vient de changer le surnom de Christopher.

[Triple bouffon:] Quel humour Jasper, on admire cette belle maturité.

[Jasper:] La ferme Grey.

[Noa:] Bon les deux débiles profonds, y en a pas un pour m'expliquer c'est quoi cette blague?

[Triple bouffon:] Une blague ne s'explique pas, elle se comprend.

[Jasper:] Et ça s'improvise philosophe...

[Noa:] Les gars!!

[Jasper:] Tu connais mon grand frère Alec?

[Noa:] Tu m'en as déjà parlé. Celui qui vit en colocation?

[Triple bouffon:] Yup.

[Jasper:] C'est lui. Il a eu 19 ans y a un mois et mes grands-parents lui laissent leur villa à Malibu. Il veut bien qu'on vienne avec lui car il y a assez de place pour nous tous.

Je manque de m'étrangler et tourne automatiquement la tête vers Jasper, il sourit en gardant les yeux rivés vers l'écran. Je ne dis rien, mes doigts ne se résolvent pas à tapper sur le clavier. Je reste sans mot pendant un instant en sentant le regard de Jasper sur moi malgré les quelques mètres et le vide qui nous séparent. Mon coeur bat fort, j'ai peur de me faire trop d'espoirs pourtant je ne peux que sentir la joie s'emparer de moi en s'attaquant d'abord au creux de mes entrailles. Le fait que Christopher change mon nom sur le groupe me ramène à la réalité.

[Triple bouffon:] Madame est sur le cul n'est-ce pas?

[La muette:] Wow, depuis quand tes grands-parents ont une villa là-bas?

[Jasper:] Depuis qu'ils se sont mariés là-bas. Je l'ai jamais dis, je pensais pas que mes grand-parents vous intéresseraient.

[Triple bouffon:] À partir du moment où ils ont une baraque à Malibu mon gar, ils nous intéressent.

Je souris en secouant la tête, l'esprit vaguement brouillé.

[Jasper:] Alors, t'en dis quoi?

[La muette:] Je sais pas quoi dire, c'est genre... Trop, trop, trop génial.

Je vois une lueur d'espoir briller dans mes yeux que je croise grâce au reflet que me renvoit le portable. Je regarde vers l'extérieur et soudainement, Seattle ne me semble plus si gris et je remarque par la même occasion que la pluie à cessée. Si le soleil décide de se lever sur l'état de Washington, il décide aussi de dégager les nuages de mon coeur grâce à ses rayons chauds et pleins de promesses.

[Triple bouffon:] T'es des nôtres?

Je ne peux m'empêcher de hocher la tête bien qu'il ne puisse pas me voir. Subitement je me sens stupide en réalisant ce que je suis en train de faire, je tourne automatiquement la tête vers Jasper qui est en train de pouffer. Si Chris ne m'a pas vue, lui en aura eu pour son argent.

[La muette:] Quelle question! On se casse de Seatlle!!

Je regarde à nouveau Jasper qui lève son pouce en l'air en grimaçant. Je lui réponds de même en levant les bras avant de me laisser tomber en arrière, le dos sur la banquette. Je ramène mon ordinateur sur ma poitrine en fixant la porte fermée du bureau. Il me reste une seule chose à régler; ma mère.

Ma mère, Sabine, est une grande stressée. Depuis que mon père est parti avec une autre seulement âgée de quelques années de plus que moi - en sachant que j'ai dix-sept ans, dix-hui fin août-, elle se noie éperdument dans son travail. Elle n'est pas beaucoup présente pour moi, j'aimerais parfois passer plus de temps en sa compagnie, m'adonner à des activités que mère et fille font ensemble habituellement... Mais bon. Au final, je ne m'inquiète pas beaucoup de sa réponse. Avec ou sans moi à l'appartement, elle ne verra pas la différence, mis à part le fait que la télévision sera plus souvent libre qu'avant.

Je regarde à nouveau l'écran et remarque que j'ai manqué une discussion de Jasper et Christopher parlant des filles sur les plages de Malibu. Je lève les yeux au ciel et tappe mon message.

[La muette:] Donne moi toutes les infos. Je vais soumettre tout ça à ma mère... Priez pour moi.


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Voilà le premier chapitre de posté! J'espère que ça vous plait! La suite arrive la semaine prohaine, laisse un petit vote si ça t'a plu. Bis ❤️

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