Epilogue : La mort frappera deux fois


Une semaine. Sept jours. Voilà le temps qui s'était écoulé depuis les derniers événements survenus à la Cour des Lumières. Une semaine que Kieran avait été libéré et tentait, avec l'aide de son compagnon, de réunir les deux Cours du Petit Peuple pour plus d'harmonie et de respect entre ses sujets. L'elfe aux cheveux bleus changeant se montrait être un souverain plus que digne et compétent pour remplir ce rôle et il travaillait en coordination avec l'Enclave et avec Jem, le présent Consul, pour établir un nouvel accord entre les Nephilims et le Petit Peuple. La Paix Froide ayant fait trop de dégâts, chacun souhaitait la voir abolie en faveur d'une Paix plus clémente et durable. La reine, quant à elle, avait été jugée presque immédiatement après son arrivée à Alicante et avait été condamnée à perpétuité à être enfermée avec les Soeurs de Fer à la Citadelle Imprenable pour mettre à contribution sa magie dans la fabrications des armes en adamas qui faisait leur réputation. Une semaine, également, qu'Emeraude était née et que Simon et Isabelle avançaient main dans la main, ensemble, comme autrefois. La Chasseuse d'Ombre avait retrouvé la mémoire de ce qui lui était arrivé neuf mois plus tôt, des flash de son agression et de son viol lui revenant régulièrement en mémoire, mais elle acceptait désormais le contact de son mari avec plus de sérénité, maintenant qu'elle pouvait mettre un nom sur ses craintes. Leur petite puce, quant à elle, était un véritable ange et Zaya pouvait passer des heures entières avec sa petite sœur qu'elle aimait déjà de toutes ses forces. Une semaine, également, que Max avait été libéré du démon qui le possédait. L'immortel au coeur pur se regardait encore longuement dans le miroir à la recherche d'un quelconque signe de changement maléfique et il avait prit la mauvaise habitude de s'excuser pour tous en permanence, veillant à ne jamais froisser personne et paniquant dès qu'il ressentait la moindre petite émotion négative chez les autres. Pourtant, avec l'aide de ses pères, de sa famille, de Rafael et de leurs enfants, le sorcier réapprenait à avoir confiance et surtout à se pardonner à lui-même. Après tout, son Ayah avait raison : il n'avait rien fait de mal et avait subi tout autant qu'eux les manipulations et les pièges de la reine. Aussi, pour se remettre de leurs vives émotions, Rafael avait décidé d'emmener son mari en lune de miel sur l'île que possédait Magnus et où ils partaient autrefois en vacances d'été.

Après tout, entre la naissance des enfants et la disparition de l'Argentin quelques mois plus tôt, ils n'avaient toujours pas eu droit à leur lune de miel et s'étaient dit qu'il était enfin temps de prendre un peu de temps pour eux. Le plus difficile avait cependant été la séparation avec les jumeaux. Mis à part pour le sauvetage de Kieran, les jeunes parents n'avaient jamais été séparés longtemps de leurs bébés et gaga comme ils l'étaient, leur dire au revoir avait été particulièrement complexe. Heureusement, Mae et Lysaëlle avaient été confiés à Magnus et Alec qui s'étaient montrés plus qu'heureux de pouvoir passer du temps avec leurs petits enfants. Et cela permettait notamment à Enoch de ne pas avoir à les garder avec lui plus que de raison. Malgré tout, Alec connaissait suffisamment son ami Silencieux pour savoir que derrière son agacement se cachait la fierté et la reconnaissance d'avoir reçu la confiance des deux époux pour prendre soin de leurs bébés. Il était donc un peu moins de dix-neuf heures ce soir-là à l'appartement des Lightwood-Bane, à Brooklyn. Mae et Lysaëlle avaient déjà prit leur biberon du lait tiré par Max et dormaient paisiblement dans leur berceau. Leurs pères étaient partis dans l'après-midi pour deux semaines de vacances en tête à tête bien méritées et Alec finissait de préparer le repas dans la cuisine tandis que Magnus avait filé sous la douche pour se rafraîchir. Le Grand Sorcier de Brooklyn semblait avoir constamment chaud depuis leur retour, mais le noiraud ne s'en étonnait pas vraiment. A la Cour des Lumières il faisait bien plus frais et avec tout le froid emmagasiné il était normal que la différence de température semble plus importante. Malgré tout, il espérait que le phénomène ne devienne pas un symptôme supplémentaire de la maladie de Magnus. Depuis leur retour, l'asiatique n'avait pourtant pas montré de signes aggravant. Il n'avait eu de saignement anaux qu'une seule fois de plus et en dépit de quelques nausées passagères, il s'en sortait admirablement rien. Si bien que ni Max ni Rafael n'avaient remarqué quoi que ce soit jusqu'à présent. Cela n'empêchait pas les deux hommes d'être soucieux pour l'état de santé du plus vieux. Il était déjà passé par un cancer, et le revivre une seconde fois les effrayait tous deux. Comme promis, Ragnor et Madzie avaient gardé le silence. Ils le diraient à leur famille et aux enfants à leur retour de lune de miel, après que Magnus ait passé des examens pour vérifier l'étendue des dégâts. Perdu dans ses pensées, Alec sursauta lorsqu'une paire de bras musclés lui serra la taille doucement.

- A quoi tu penses, Sayang ? Chuchotta Magnus en embrassant sa nuque délicatement.

- A toi, je pense toujours à toi, avoua le noiraud en se retournant pour lui faire face. Tu as moins chaud ? S'enquit-il alors en posant, par réflexe, une main sur le front de son aîné.

- Oui ça va mieux, et non je n'ai pas de fièvre j'ai déjà vérifié, l'informa le plus vieux en lui volant un baiser. Je me sens juste un peu nauséeux mais je n'ai rien mangé depuis quelques heures alors c'est sans doute ça.

- Il faudrait vraiment aller passer les examens à l'hôpital, soupira Alec en baissant les yeux tristement. Je déteste ne pas savoir...

- Ne pas savoir combien de temps il me reste à vivre ? Comprit le sorcier en glissant deux doigts sous le menton de son amant pour lui faire relever la tête. Écoute, je sais que tu as peur, et moi aussi, mais je ne crois pas que j'ai envie de savoir. A quoi ça servirait de toute façon ? Qu'est-ce que ça changerait ? Alexander, que je sache ou que je ne sache pas combien de temps il me reste à vivre, ne m'empêchera pas de mourir. Et je préfère cent fois vivre comme si j'allais mourir demain plutôt que de redouter jour après jour l'arrivée de la mort. Je comprends que tu sois anxieux, et si vraiment tu veux savoir s'il me reste trois mois, six mois, ou un an, je passerais ces examens...mais je ne veux pas connaître ce qu'ils diront, d'accord ?

Le noiraud hocha la tête lentement en murmurant un merci à peine audible et serra son homme dans ses bras. Il comprenait la volonté du sorcier à ne pas connaître son temps à vivre, sachant qu'il avait de toute manière passé les presque neuf cent dernières années à ne pas savoir combien de temps il vivrait encore. Mais lui voulait savoir, il le voulait désespérément. Ils se mirent donc d'accord pour aller à l'hôpital le lendemain matin après le petit déjeuner afin de laisser Catarina pratiquer tous les examens dont elle aurait besoin pour faire le diagnostic. Quand se posa la question d'un éventuel traitement, la réponse du Grand Sorcier resta dans la lignée de son premier argument. Sachant qu'il allait mourir de toute manière, il ne voulait plus faire de chimiothérapie ni prendre un quelconque autre médicament. Il vivrait, pleinement, intensément, et quand bien même ce serait de courte durée, il préférait vivre peu mais heureux, que vivre longtemps en dépérissant. Une fois les choses mises au clair, les deux hommes purent se détendre autour du repas qu'avait préparé le Chasseur d'Ombre et qui était le préféré de Magnus : un curry de saumon à l'indonésienne ! L'immortel se lécha les lèvres avec appétit en humant les odeurs qui en émanait et poussa un soupir presque obscène de bonheur qui fit instantanément oublier à Alec ses précédentes angoisses. Tous deux mangèrent avec appétit en se racontant des petits riens, évoquant des souvenirs avec les enfants, plus drôles les uns que les autres, et ils finirent la soirée en grignotant avec leurs doigts un gâteaux au chocolat et des bonbons en tous genres tout en regardant de vieilles photos qu'ils avaient conservé depuis les vingts dernières années. Les heures défilèrent à une vitesse folle et proche d'une heure du matin, ils commencèrent tous deux à ressentir la fatigue de la journée écoulée. Ce fut donc dans les bras l'uns de l'autre qu'ils se dirigèrent dans leur chambre conjugale pour se laisser tomber dans leur lit King Size que l'asiatique affectionnait tant. Poussant un soupire de soulagement lorsque son corps s'affaissant dans le matelas, le descendant d'Asmodée sourit tendrement à son homme qui se plaça face à lui, une main sur sa taille et l'autre caressant ses épis sombres aux reflets bleutés, ainsi que sa mèche blanche. Les yeux dorés à la pupille fendue de Magnus reflétaient sa fatigue, certes, mais aussi et surtout son bonheur et sa quiétude. Il se sentait en paix, tout allait bien.

- Alexander, j'aimerai que tu me fasses une promesse, commença-t-il en laissant courir ses doigts vernis sur la peau pâle de son cher et tendre.

- Tu me fais toujours peur quand tu me dis ça mais demande moi toujours.

- J'aimerais que tu trouves quelqu'un après moi, lança Magnus dans un soupir. Je sais ce que tu vas me dire mais...La première fois tu menait une vie humaine. Là tu es immortel, et crois moi, passer l'éternité seul n'a rien d'attrayant. Alors s'il te plait, ne reste pas seul quand je serais parti...

- Mais si personne ne me convient, tu y a pensé ? Les Nephilim n'aiment qu'une fois, Magnus, c'est reconnu et avéré. Et je te rappelle que tu es mon âme sœur, je n'aimerais jamais personne comme je t'aimerais toi !

- Je ne te demande pas de me remplacer, Sayang, le détrompa le plus vieux. Je te demande juste de ne pas rester seul...même si ce n'est que quelques conquêtes ici et là, même si ça ne dure que quelques années, s'il te plait, ne reste pas seul...Je ne veux pas partir en sachant que tu vas passer l'éternité en hermite.

Alec soupira mais, face à l'air presque suppliant de son cher et tendre, accepta en l'embrassant tendrement. Magnus, rassuré, mêla ses jambes à celle de son époux et lui rendit son baiser délicatement alors que sa langue venait chercher la sienne amoureusement. Le noiraud poussa un sourire de bonheur inouï et déboutonna patiemment la chemise du sorcier qui frissonna fébrilement d'envie en se collant à lui. Les époux n'avaient pas fait l'amour depuis un peu plus de trois semaines, au bord du Lac Lyn. Avec leur brève séparation, le manque ne s'était pas réellement fait sentir, mais à présent qu'ils étaient seuls chez eux, s'unir une nouvelle fois dans les affres du plaisir leur apparaissait comme la meilleure et la plus douce des tentations. L'Indonésien déshabilla son amant à son tour, lui soulevant le t-shirt et caressant du bout des ongles ses muscles parfaitement dessinés et qui lui plaisait tant d'admirer. Alec soupira en se cambrant légèrement contre la pulpe de ses doigts et glissa une jambe encore vêtue entre celles du plus vieux qui ronronna en frissonnant de la tête aux pieds. Ses mains glissèrent sur le ventre du sorcier qui lâcha un glapissement en se tendant quelque peu. Alec s'arrêta, les sens en alerte, prêt à toutes les éventualités. Face à lui, Magnus semblait avoir pâlit drastiquement et il déglutit difficilement alors que ses yeux félins lançaient un regard coupable à son mari.

- Je suis vraiment désolé de gâcher ce moment mais...Tu vas devoir m'excuser une minute, souffla-t-il en quittant le lit avant de trottiner jusqu'à la salle de bain où il se laissa tomber avant de rendre le repas qu'il venait d'avaler.

Alec grimaça et soupira en se passant une main sur le visage. Visiblement, même faire l'amour était trop beau pour être vrai. Le noiraud s'apprêta à se rhabiller quand il entendit un fracas monumental en provenance de la salle de bain. Appelant après son époux, le noiraud se précipita vers la pièce d'eau lorsqu'il ne reçut aucune réponse. Là, il sentit son sang se glacer, ne faire qu'un tour, et son cœur rater un battement. Magnus venait de s'écrouler au sol, inconscient, et du sang s'écoulait de sa tempe. Comme un automate, le Chasseur d'Ombre sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro des urgences, avant qu'il ne soit trop tard...

De l'autre côté du monde, sur la plage d'une île privée de l'archipel Indonésien, Max et Rafael s'embrassaient comme s'il n'y avait plus qu'eux sur terre, ce qui était quelque part le cas tant qu'ils resteraient sur cette plage. Enfin les deux amants se retrouvaient pleinement, après tant de temps séparés. Il fallait dire que depuis deux ans leur quotidien avait été plus que mouvementé. Après tout, ils s'étaient mariés alors que Magnus était possédé par Asmodée. Il avait ensuite été tué, ramené à la vie mais amnésique, puis Alec avait fait sa Poussée et sa Majorité magique, Rafael s'était sacrifié et leurs bébés avaient vu le jour. Enfin, cependant, ils allaient pouvoir prendre du temps pour eux, loin du monde et de ses difficultés. Le sorcier à la peau bleue soupira de bien être contre son homme et caressa son visage amoureusement en lui souriant. L'Argentin, tout aussi tendre que d'ordinaire, les cheveux détachés et flottant au vent, posa quant à lui sa main sur le cœur et le ventre de son mari. Max avait gardé un petit ventre de grossesse qu'il commençait à perdre peu à peu mais chaque fois que Rafe posait sa main dessus, il ressentait l'amour inconditionnel de son cher et tendre et il repoussait un peu plus la décision de le perdre totalement. Après tout, son corps avait porté la vie, il n'y avait aucune honte à en garder une trace, permanente ou non.

- Tu m'as manqué, souffla l'Argentin avec un sourire. Ton sourire m'a manqué, ta voix m'a manqué, ton amour, ta tendresse, toi, tout entier. Je suis heureux qu'on se retrouve enfin.

- Et moi heureux de ne plus être un monstre, soupira tristement le plus jeune.

- Tu n'en as jamais été un, Corazon. C'était un maléfice, un démon, pas toi. Toi tu n'as jamais été comme ça et tu ne le seras jamais. Si tu étais un démon tu n'aurais pas culpabiliser, hors je sais que tu t'en veux encore maintenant. Mais je ferais tout mon possible pour te permettre de réaliser que tu es parfait, mi corazon.

- Je suis quand même heureux, avoua Max en se redressant sur un coude. Si jamais je dois encore me retrouver dans cet état, tu sauras m'affronter et protéger les enfants. Merci pour ça, Kelinci. Je t'aime, Rafe.

- Te quiero, Corazon, répondit le plus vieux avec un sourire étincelant. Et maintenant, j'ai très très envie de te faire l'amour !

Le plus jeune éclata de rire face à la spontanéité de son compagnon mais se laissa tout de même faire lorsque ce dernier s'allongea tout contre lui, entre ses jambes. Max frissonna et l'Argentin garda une main sur son ventre tout en baladant l'autre sur sa corne droite, lui arrachant un gémissement d'envie. Se mordant la lèvre dans un soupir de plaisir, le plus jeune observa son amant qui continuait de le stimuler avec malice. Il se sentait si bien, paisible, comme à la maison. Le sorcier ressentait pleinement la force de son amour, de leur nouveau lien de magie qui les unissait. Les deux jeunes pères n'avaient pas encore eu l'occasion d'expérimenter ce nouveau lien, ni les conséquences que cela aurait sur le quotidien, mais ils préssentaient déjà tous deux que cela aurait un impact certain, espéraient-ils utile à l'avenir. Mais aucun d'eux ne voulait y penser. Pas là, pas maintenant. Ils voulaient s'unir, faire l'amour, oublier tout ce qui n'allait pas, et rêver à un avenir plus doux, plus beaux, sans plus aucun souci pour venir le troubler. Un suçon sur sa corne gauche ramena Max au moment présent alors qu'un gémissement de plaisir lui échappait. Rafael sourit victorieusement et continua de stimuler son cher et tendre en ondulant quelque peu contre lui, l'envie brûlant ses veines comme un feu ardent. Sa main se glissa sur l'entrejambe de son amant qui gémit et dont le désir se dressa contre sa paume. Rafael l'embrassa avec passion et commença à leur retirer leurs maillots de bain respectifs. Alors que Max commençait à se laisser pleinement aller dans les bras de son homme, la sonnerie stridente de son téléphone résonna, leur arrachant un gémissement de frustration.

- Non, ne décroche pas, geignit le plus jeune en voyant son compagnon empocher le téléphone.

- Il fait nuit à New York, on ne nous appelait pas si ce n'était pas vraiment urgent. Allô...? Que....Attend...Dad...Dad calme toi ! S'écria-t-il en se redressant, la mine grave. Dad, respire, je ne comprends rien. Il n'arrête pas de pleurer, je ne comprends pas ce qu'il se passe, informa-t-il Max avant de revenir à la conversation. Il s'est passé...Quoi...? D'accord mais...Où es-tu, il y a quelqu'un avec toi ? Oui...D'accord, on prend nos affaires et on va venir...Non, Dad pas de mais, on rentre à New York ! On te retrouve là-bas, te quiero, souffla-t-il en raccrochant.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? S'enquit Max en se redressant. Il s'est passé quelque chose ?

- Ils sont à l'hôpital, Ayah a eu un accident il...Tante Catarina doit lui faire passer des examens. Il est malade...Son cancer est revenu...Il va mourir, Corazon...Ayah va mourir...

***********

A suivre dans le tome 12, The Three of Love...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top