Chapitre 7 : La lettre
Trois jours. Cela faisait trois jours que Max et Alec étaient partis avec la Chasse Sauvage. Trois jours, et Rafael avait l'impression que c'était il y a quelques heures encore à peine. Le jeune homme ne voyait pas le temps filer, alors que ce dernier semblait s'accélérer d'heure en heure, au fur et à mesure que l'absence de son père et de son époux se prolongeait. Il aurait pu se languir d'eux, attendre désespérément de leur départ, ou même encore passer ses journées à broyer du noir et à s'inquiéter en espérant qu'il ne leur arrive rien, que tout se passe bien pour eux et que Kieran soit vite retrouvé, mais l'Argentin ne pouvait pas s'offrir ce luxe. Non, aujourd'hui il était père et ses deux petits anges comptaient sur lui pour prendre soin d'eux, alors le jeune homme, depuis le départ de son compagnon, s'était entièrement tourné vers leurs enfants. Il les levait, les habillait, les nourrissait, jouait avec eux. Quand ces derniers faisaient leur sieste, les trois quart du temps, il en profitait pour s'entrainer, faire un peu de rangement et veiller sur son Ayah, aussi, puis il reprenait son rôle de père et veillait sur ses trésors. Le jeune Chasseur d'Ombre aurait pu demander l'aide de son aîné, mais depuis les trois derniers jours, Magnus ressemblait plus à un fantôme qu'au sorcier qu'il était d'ordinaire. Aussi rapide et réactif qu'un damné, l'Indonésien était devenu un véritable zombie, tout en pleurs et en sanglots. Dans son esprit se rejouait encore la dernière scène du drame de sa vie, quand Alec lui avait annoncé qu'il voulait une pause entre eux. Les deux hommes avaient déjà traversé bien des épreuves, et ils s'en étaient toujours sortit, ensemble, mais cette fois même lui se demandait si ce n'était pas la fin de tout. Le pire de tout, c'est que Magnus ne parvenait pas à comprendre ce qu'il avait pu faire de mal. Il avait tout fait, absolument tout ce qui était en son pouvoir pour prendre soin de son homme après que ce dernier soit devenu un sorcier. Il comprenait qu'Alec soit effrayé par sa nouvelle situation, mais l'asiatique ne l'avait pas laissé tomber une seule fois, alors pourquoi maintenant ? Pourquoi rompre ? Car même si la séparation n'était supposément que temporaire, l'immortel en avait déjà suffisamment vécu pour savoir qu'avec le temps, elle finirait indéniablement par devenir définitive. Et ça, Magnus le refusait complètement. Il s'était battu tant et tant pour pouvoir enfin être heureux avec son homme; pourquoi tout gâcher maintenant ?
Assis dans le canapé du salon, complètement amorphe, le Grand Sorcier de Brooklyn cogitait sans discontinuer, ses pensées plus sombres les unes que les autres se bousculant dans son esprit torturé. Rafael, lui, aurait bien voulu aider son père, mais ce n'était pas quelque chose qu'il pourrait faire tant qu'il devrait gérer tout le reste. L'Argentin avait l'impression d'être revenu au temps où Alec s'était fait passer pour mort et qu'il avait pris sa place au sein de leur famille, prenant soin des autres plutôt que de lui-même, et il craignait que ça ne recommence si leur famille volait une nouvelle fois en mille morceaux. Au loin, il entendit ses bébés se réveiller de leur sieste en pleurant, signe qu'ils avaient sans doute également faim et que leur couche était à changer. Le Chasseur d'Ombre aux traits androhyne se rendit donc dans leur chambre pour les changer et les ramener à la pièce de vie pour les nourrir. Il changea donc leur coucher, les habilla d'un body propre tout en leur murmurant des mots doux et apaisant, à la fois en espagnol et en anglais, et il les ramena auprès de son père pour qu'il garde au moins un oeil sur eux pour lui laisser le temps de préparer leur biberon. Rafael chauffa donc le lait que Max avait produit et congelé et revint au canapé pour nourrir Mae et Lysaëlle. Le Nephilim se mit à fredonner leur berceuse "A la claire fontaine", et il n'en fallut pas plus à Magnus pour fondre brusquement en larmes, se recroquevillant dans un coin, les bras passés autour de son corps. Prenant sa réaction comme une invitation à faire de même, les jumeaux, qui s'étaient pourtant calmés après leur réveil, pleurèrent de concert alors que Rafael soupirait de lassitude. Lorsque le jeune homme sentit ses propres larmes, de colère, de fatigue et de frustration, s'accumuler dans ses yeux chocolat, il décida qu'il était temps d'agir. Il sortit donc son téléphone de sa poche et envoya un message rapide à son parrain et à son oncle Ragnor pour les appeler en renfort afin qu'ils viennent le soutenir et l'aider, autant avec les enfants qu'avec son père. Seul, le jeune homme ne pouvait rien faire.
Heureusement, les deux hommes arrivèrent bien vite pour lui porter secours. Toquant par respect, ils pénétrèrent tout de même dans l'appartement sans attendre de réponse et firent face au bien triste spectacle qui les attendait. Rafael faisait les cents pas, ses bébés dans les bras, essayant de calmer ces derniers du mieux qu'il le pouvait en leur fredonnant une berceuse douce, évidemment autre que A la Claire Fontaine. Ses longs cheveux sombres étaient un peu emmêlés et la fatigue se lisait sur ses traits, malgré le maquillage qu'il portait. Des larmes contenues brillaient dans ses yeux couleur chocolat et un immense soulagement apparut dans ses pupilles à la vue de son parrain et de son oncle. Jace lui sourit affectueusement pour lui montrer qu'il était là et que tout irait bien, tandis que Ragnor portait son regard vers son enfant. Magnus faisait peine à voir, recroquevillé ainsi dans le canapé, roulé en boule avec ses bras passés autour de son corps dans une veine tentative de se rassurer. Des torrents de larmes coulaient comme des rivières sans discontinuer sur ses joues et ses yeux étaient rougis de chagrin. Sa respiration était courte, saccadée, sifflante, les sanglots toujours plus nombreux se bousculant dans sa gorge et déchirant sa poitrine, l'empêchant de reprendre son souffle correctement. L'ancien Grand Sorcier de Londres sentit son cœur se briser de peine mais garda son calme et son sang froid. Il devait avoir les idées claires pour aider son enfant. L'immortel fit donc signe au Chasseur d'Ombre d'aller voir avec Rafael pendant qu'il se chargerait de Magnus. Tandis que Ragnor prenait place dans le canapé auprès de son fils pour prendre ce dernier dans ses bras, le dernier Herondale se dirigea vers son neveu, l'invitant à le suivre avec les jumeaux dans la chambre de ces derniers. Une fois le parrain et le neveu hors de la pièce, l'immortel à la peau verte serra son fils contre son cœur, le berçant tendrement pour tâcher d'apaiser son âme et de soulager son cœur. Le britannique n'avait pas vu son fils dans un tel état depuis que Rafael avait été déclaré en état de coma magique. Et même encore, l'Indonésien arrivait plus ou moins à gérer son chagrin. Mais évidemment, il n'y avait qu'Alec pour mettre l'immortel dans cet état. Rafael avait prévenu les membres de leur famille que les époux Lightwood-Bane s'étaient disputés et qu'il était préférable pour le moment de ne pas rappeler la douloureuse situation à l'asiatique, mais Ragnor savait voir au delà de la réalité, et il savait que c'était bien plus grave que ne le laissait entendre le jeune homme. Malheureusement, si Alec ne se réconciliait pas rapidement avec Magnus, il ne donnait pas cher de la peau de son enfant.
- Mon bébé, si joli..., fredonna le sorcier cornu à voix basse pour le calmer comme quand il était petit,...papa veille, mon petit...Ne craint rien, sèche tes pleurs, viens sur mon cœur, mon tout petit....Tu auras bien le...Magnus ? S'interrompit-il brusquement en sentant son cadet s'agiter entre ses bras.
Relâchant sa prise sur lui, Ragnor vit le Grand Sorcier de Brooklyn, pâle comme un linge, détaler rapidement en direction de la salle de bain, la porte de cette dernière claquant dans son dos. Le plus vieux fronça les sourcils sans comprendre mais se redressa, aux aguets, en entendant des hauts-le-cœur en provenance de la pièce d'eau. Il se leva d'un bon et rejoignit son fils en trottinant, inquiet au possible. Là, agenouillé sur le carrelage froid de la salle de bain, Magnus avait plongé sa tête dans la cuvette des toilettes, encerclant cette dernière de ses bras tremblants, régurgitant le maigre contenu de son estomac dans un son écoeurant. Ragnor retroussa son nez, fit la moue, mais s'agenouilla tout de même aux côtés de son cadet, passant ses mains dans son dos pour tracer des cercles apaisants, diffusant sa magie en lui. L'immortel aux yeux de chats avait sentit un pincement à son cœur et à son estomac depuis le départ de son époux et il se sentait régulièrement malade et épuisé. Alors que les crampes se calmaient, au moins temporairement, Magnus sentit un frisson de terreur remonter le long de son échine alors que son esprit le ramenait plus d'un an en arrière. Son cancer. Il n'avait pas été malade aussi violemment depuis qu'il avait été diagnostiqué avec son cancer. Mais ça ne pouvait pas être ça, n'est-ce pas ? Après tout, il était en rémission et Lilith avait repris le contrôle d'Edom, plus rien ne pouvait lui arriver...Pas vrai ? Il ne pouvait pas être malade, pas encore ? Ce ne pouvait être qu'un coup de fatigue et d'angoisse, créé par le chagrin de sa séparation avec Alexander, n'est-ce pas ? Mais avant que le descendant d'Asmodée ait pu se pencher sur la question, les contractions de son estomac reprirent et il continua de soulager ses nausées, les yeux brillants de larmes contenue, l'angoisse de savoir ce qui ne tournait pas rond chez lui lui serrant le coeur douloureusement. Ragnor, attristé de l'état de son cadet, reprit sa berceuse en massant son ventre, espérant faire passer sa nausée. De l'autre côté de l'appartement, dans la chambre duveteuse de Mae et de Lysaëlle, Rafael essayait de calmer ses enfants dont les pleurs avaient redoublés en même temps que les haut-le-coeurs de son Ayah, inquiétant Jace qui essayait lui aussi de les calmer, sans grand succès cependant.
- Pourquoi est-ce qu'ils ne se calment pas ? S'enquit le blond en essayant de ne pas parler trop fort pour ne pas aggraver la situation.
- Ils pleurent dès que l'état de l'un de nous empire..., soupira tristement l'Argentin en essuyant les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux aux reflets chocolats. J'en ai discuté avec Max, et on pense qu'ils ont hérité de son empathie, et comme en ce moment Ayah ne va pas très bien...
Le Chasseur d'Ombre ne termina pas sa phrase, mais Jace n'en avait pas besoin pour comprendre son désarroi. Le blond soupira et vint serrer son fils de cœur dans ses bras, ce dernier se laissant aller, pour une fois, à relâcher la pression et à pleurer sur son épaule. Jace sentit son coeur se briser en entendant les sanglots de son cadet, tout d'abord légers et discrets, devenir de plus en plus déchirants et nombreux. Craignant tout de même qu'il ne s'effondre entre ses bras, le plus vieux relâcha son neveu quelques instant pour coucher temporairement les jumeaux dans leur berceau, puis il le reprit dans ses bras en le serrant comme si sa vie en dépendait, lui apportant ainsi tout le soutien dont il pouvait avoir besoin. Rafael passa ses bras tremblant autour du torse de son aîné et nicha son visage dans le col de son t-shirt pour pleurer comme lorsqu'il était petit garçon, ses épaules secouées de soubresauts. Il n'était pas du genre à craquer de la sorte, au contraire même. L'Argentin avait subi beaucoup plus que n'importe qui dans sa jeune vie. De ses quatre à ses sept ans, il avait vécu seul dans les rues d'Alicante, survivant du mieux qu'il le pouvait dans le froid et la faim avant de se faire recueillir par Alec et Magnus. A quatorze ans, il avait subi en silence le coma de son Ayah, puis pendant les six années suivantes, après la mort de son Dad, il était devenu malgré lui son remplaçant, veillant sur son père et son frère avec force et courage, gardant secrètes ses craintes et ses angoisses. Puis, alors que la vie avait décidé de lui accorder un peu de répit, les catastrophes s'étaient enchainées : le jeune homme avait subi la malédiction d'Hannahaki, le cancer de Magnus, l'état végétatif de Max, il était mort plusieurs fois de la main d'Asmodée avant de renaître puis de se sacrifier de nouveau pour sauver la vie d'Alec. Et enfin, enfin maintenant qu'il était père et pouvait profiter du bonheur que lui accordait l'existence, Kieran disparaissait et il était seul pour gérer deux nourrissons, sans son époux, et avec deux parents absents chacun à leur manière. Repensant subitement à ses enfants, le jeune homme s'écarta brusquement de son parrain comme si son contact l'avait brûlé et s'empressa de reprendre ses bébés dans ses bras tremblants.
- Attends, laisse-moi t'aider, souffla Jace avec compassion, prenant délicatement Lysaëlle entre ses bras pour la changer.
- Désolé, c'est pas dans mes habitudes d'être comme ça, marmonna le plus jeune en secouant la tête, changeant son fils lui aussi. Quand Max sera revenu ça ira mieux, je vais gérer la situation...
Jace sentit ses larmes revenir avec force alors qu'il avait l'impression de recevoir un coup de poing à l'estomac. Cette force, cette conviction dans la voix, cette douleur muette dans ses yeux, il ne la connaissait que trop pour l'avoir vu des centaines de fois chez son parabatai. Bien sûr, à l'époque, le blond était trop jeune, trop arrogant et trop insouciant pour s'intéresser à ce genre de chose, mais il réalisait à présent que ce trait de caractère, Rafael l'avait hérité d'Alec. Le noiraud avait souffert en silence pendant des années, devenant un roc pour sa famille en l'absence de leurs parents. Il avait entraîné ses frères et soeurs, donné le meilleur de lui-même sans jamais se plaindre, et pourquoi ? Pour devenir un adolescent froid et renfermé, strict au possible, obéissant comme un bon petit Nephilim sans poser de questions. D'une certaine manière, Alec avait été un vrai con pendant des années avant de rencontrer Magnus. C'était le sorcier qui l'avait sauvé, en quelque sorte, et même si Rafael avait déjà trouvé Max et était parfaitement heureux avec lui, il ne pouvait prendre le risque que la même chose se reproduise encore une fois. Il ne pouvait pas laisser ce magnifique jeune homme au sourire pétillant et à la personnalité coloré devenir aussi terne et amer que son père avait pu l'être avant lui dans ses jeunes années. Jace déglutit difficilement, termina de changer Lysaëlle, et il se tourna vers son filleul en la berçant, attendant que le plus jeune finisse à son tour. Soupirant tristement, l'aîné des fils Lightwood-Bane se tourna finalement vers lui, surpris d'être fixé de la sorte, et il demanda à son parrain s'il se sentait bien, provoquant un rire nerveux d'une infinie tristesse au blond.
- Non, Rafe, ça ne va pas mon grand, et ça n'ira pas tant que tu continueras comme ça...
- Je vais bien, je t'assure, sourit le plus jeune comme s'il ne venait pas de pleurer, le même sourire qu'arborait Alec autrefois.
- Hey, pas de ça avec moi..., Rafe, tu as le droit de flancher, tu as le droit d'avoir des émotions et surtout tu as le droit d'avoir peur..., lui confia Jace en plantant son regard dans le sien. Mon grand, tu vas a peine avoir vingt-deux ans...C'est vrai, maintenant tu es marié et père mais...Je t'en prie, ne te forge pas cette carapace que tu essaie tant bien que mal d'ériger pour nous tenir à l'écart et ne pas laisser tes émotions te submerger. Ce n'est pas la solution...Si tu fais ça, même Max ne pourra plus t'atteindre, ce serait comme s'attaquer à une forteresse avec un cure-dent en bois...Pequeno, tu es jeune, que tu sois fort pour tes enfants je peux le comprendre, mais être parents demande du temps et surtout on y arrive pas seul...Personne ne t'en voudra d'avoir besoin d'un coup de main...
Le Chasseur d'Ombre aux longs cheveux bruns leva les yeux vers lui, son visage androgyne soudainement baigné de larmes et il s'autorisa une nouvelle fois à pleurer, se nichant contre son parrain qui l'enlaça tendrement. Épuisé, le jeune homme osa enfin demander s'il pouvait aller dormir, ne serait-ce que quelques heures, et le blond l'accompagna à sa chambre pour le border comme autrefois, lui assurant qu'il s'occuperait des jumeaux jusqu'à son réveil. Il fallut moins d'une minute au plus jeune pour s'endormir et plonger dans les bras de Morphée qui l'accueillit paisiblement pour les heures à venir. Tandis que le blond retournait à la chambre des nourrissons pour tâcher de les faire dormir eux aussi, savourant d'une certaine manière la chance d'être un papa de quelques heures, Ragnor s'occupait toujours de Magnus dans la salle de bain. Les nausées du Grand Sorcier de Brooklyn venaient enfin de se calmer et son père avait usé de sa magie pour lui rincer la bouche. Se relevant difficilement sur ses jambes flageolantes, l'asiatiaque prit appuis sur son père, un bras passé autour de ses épaules pour garder son équilibre pendant que le plus vieux le ramenait au salon. L'Indonésien se laissa tomber sur le canapé avec un soupir reconnaissant et le britannique leur prépara deux tasses de thé dont il avait le secret pour calmer les maux d'estomac. Revenant s'asseoir avec son enfant, le plus vieux lui tendit sa tasse que Magnus accepta avec un maigre sourire fatigué. Ragnor but quelques gorgées avant de soupirer et d'enfin prendre la parole.
- Très bien, maintenant que tu n'es plus en tête à tête avec les toilettes, tu veux bien m'expliquer ce qu'il se passe ? S'enquit-il avec sa pointe d'humour habituelle.
- Alexander veut qu'on fasse une pause..., soupira Magnus en baissant les yeux. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi...J'ai tout fais pour que ça se passe au mieux pour lui, avec sa magie, pour qu'il se sente aimé et accepté...Et il me chasse comme si je n'avais aucune valeur à ses yeux..., déplora-t-il en secouant la tête. J'ai peur de le perdre, papa...Et pour ne rien arranger depuis qu'il n'est plus là je me sens malade dès que je fais un effort...
- Tu peux m'en dire plus ? Demanda le plus vieux avec inquiétude.
- Des vertiges, quelques nausées, mon estomac se contracte sans raison...J'essaie de me convaincre que c'est simplement la situation qui me contrarie et que c'est une réponse naturelle de mon corps mais....J'ai du mal à ne pas penser à...
Ragnor hocha la tête, signe qu'il avait compris. Le mot n'avait pas besoin d'être prononcé, il planait déjà dans l'air, menaçant tout autour d'eux. Cancer. En théorie, Magnus, puisque deux ans n'étaient pas encore totalement écoulés, était encore en rémission. Mais Catarina avait été formelle : l'Indonésien allait parfaitement bien. Et puisque Lilith était revenue prendre possession d'Edom, la magie d'Asmodée avait un endroit où survivre et n'avait pas besoin de s'en prendre à l'asiatique comme la première fois. Mais ça, malheureusement, ce n'était que la théorie. Pourtant, Ragnor savait parfaitement que son fils n'était pas en état de faire des examens en ce moment, et encore moins sans Alec. A moins que la situation n'empire d'ici là, ils attendraient que les deux hommes se retrouvent pleinement. Quitte à apprendre une mauvaise nouvelle, autant qu'ils se soutiennent mutuellement. Décidant qu'il valait mieux remonter le moral de son cadet, le britannique claqua des doigts et fit apparaître une enveloppe qui lui tendit avec un sourire délicat.
- Pour moi ? S'étonna le sorcier aux yeux de chat en reniflant. Qu'est-ce que c'est ?
- Un cadeau que je ne devais te remettre que quand tu en aurais vraiment besoin. Et je pense que c'est ce dont tu as besoin.
- Tu sais ce qu'elle contient ? Demanda-t-il en désignant l'enveloppe.
- Ouvre la, sourit simplement le plus vieux alors que son cadet obéissait, découvrant à l'intérieur une lettre dont l'écriture était loin de lui être inconnue.
Hola papa,
Dios, tu sais que je déteste écrire, alors ce sera la seule lettre que tu auras de moi. Mais bon...Tu es quelqu'un de bien, alors je vais faire un effort pour toi. Si tu lis ça, c'est sans doute que je suis mort, encore. Je vais m'habituer un jour...Et qui sait, peut-être que je reviendrais ? Bon, ne m'invoque pas trop souvent quand même, d'accord ?
Puisque je ne suis pas fort avec les mots je vais faire court. C'est vrai, tu es père, tu es marié, tu t'es assagis, tu ne fais plus la fête comme avant et tu ne bois plus autant (Dios tu es devenu vieux en fait ?!) mais s'il y a bien quelque chose qui ne change pas, c'est qui tu es. Et tu es Magnus Fucking Lightwood-Bane-Fell. Ne laisse jamais personne te marcher sur les pieds. Tu m'as appris à être fort sans être une brute, à être gentil sans être naïf, à être intelligent sans être sournois, et à aimer tout en protégeant mon coeur. Alors pour une fois, suis tes propres conseils.
Te quiero papa,
Raphaël.
PS : Dit à Max de bien veiller sur ma croix. Fais moi confiance, les morts savent ce qu'ils disent.
L'Indonésien termina sa lecture les larmes aux yeux mais le sourire aux lèvres. Il savait que Raphaël avait entretenue un correspondance avec Ragnor pendant quelques années, mais jamais il n'aurait cru que l'hispanique lui écrirait également. Il comprenait ce qu'avait voulu dire son père en disant que ce cadeau ne devait être offert qu'en cas de besoin, mais il ne comprenait pas le sens du PS de son cadet. L'immortel savait que le temps s'écoulait différemment au royaume des morts, et il avait également entendu certaines histoires relatant d'esprit ayant eu des visions de l'avenir alors qu'eux-même étaient décédés, mais il doutait fortement que ce puisse être le cas de Raphaël. Décidant de remettre ses interrogation à plus tard, le Grand Sorcier de Brooklyn se leva d'un bon résolu et écrivit un mot qu'il déposa sur la table de la cuisine, juste avant de partir s'enfermer dans sa chambre. Il n'en ressortit que quelques minutes plus tard à peine, un sac de voyage fourre tout couverts de strass miroir qu'il tenait fermement par la poignée dans sa main droite.
- Tu compte aller quelque part ? S'étonna Ragnor avec une pointe d'inquiétude, connaissant l'état de santé précaire dans lequel se trouvait le plus jeune. Tu veux que je t'accompagne ?
- Non je dois y aller seul, affirma Magnus avec un soupçon d'hésitation dans la voix.
- Et où est-ce que tu te rends, exactement ? S'enquit-il alors que le descendant d'Asmodée ouvrait un Portail rapidement.
- Aucune idée, sourit l'Indonésien les larmes aux yeux. Mais j'irais là où je doit être, affirma-t-il en posant la main sur sa rune de mariage qui se mit à étinceler sous ses doigts bagués. Je retrouverais toujours le chemin vers Alexander, et je compte bien récupérer mon mari.
Sur ses mots, il bascula dans le Portail, et tout devint noir...
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Alors, des avis ou des théories ? Que veut dire le PS de Raphaël ? A bientôt !
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