Chapitre 14 : Savoir pardonner


La Cour des Lumières n'aurait pu être plus silencieuse. Regroupés autour des corps des deux amants, les Lightwood-Bane et leur famille pleuraient en silence la perte de Max et de Rafael. Au même titre que Magnus et Alec, si ce n'est plus, ils représentaient une véritable institution au sein de leur grande famille, un exemple même. Tout comme leurs pères avant eux, les deux jeunes hommes avaient affronté maintes épreuves, à commencer par celle de vivre leur amour au grand jour, ou encore de pouvoir fonder leur famille. Mais ils s'en étaient sortit, à chaque fois. Chaque fois, leur amour s'était renforcé, plus pure que jamais, car la sensibilité de l'âme de Max leur permettait de se comprendre bien plus aisément. Ils étaient frères, amants, amis, parabatais et époux, jamais ne se disputaient, ou presque. Leur amour était inspirant, magique, irréel et pur. Et pourtant, il avait suffit d'un rien pour qu'ils se déchirent jusqu'à la mort, leur vie se terminant dans le sang et la douleur, et rien n'y personne ne pourrait rien y changer. Le seul espoir qui leur restait était de prier pour qu'ils se retrouvent tous deux en paix au royaume des disparus et puissent s'aimer encore comme au premier jour de leur histoire. Sanglotant douloureusement, pleurant plus de larmes que ne pouvaient en contenir ses yeux rougis, Magnus se traina jusqu'aux corps de ses fils et s'y laissa tomber avec une gémissement déchirant. Ses épaules tremblaient, tressautant au rythme de ses pleurs, et il posa sa main sur le coeur de ses enfants en gémissant, appelant à lui sa magie qui se refusait à agir, priant dans toutes les langues possibles pour les ramener, relancer leur coeur, soigner leurs plaies, mais il était trop tard. Rien ni personne ne pourrait plus les ramener. Ragnor, le cœur en lambeaux, se rapprocha de son fils et le serra dans ses bras, pleurant sans honte avec lui et le berçant du mieux qu'il le pouvait en laissant sa magie les entourer pour le protéger. Alec, lui, était en état de choc. Figé, les yeux troubles, il serrait Jace et Isabelle contre son coeur, les laissant verser les larmes d'un chagrin qu'il se sentait encore incapable d'exprimer pour le moment. Leur monde venait de s'écrouler, leur famille était en deuil. L'étincelle de vie, de magie, de bonheur et de rire venait de s'éteindre dans leur cœur à tout jamais. Jamais plus ils n'entendraient la voix de leurs enfants, jamais plus la bonté de Max ne viendrait apaiser leur coeur, jamais plus la chaleur de Rafael ne viendrait illuminer leurs journées. La vie du monde était morte avec eux, ne laissant derrière eux que peine et désolation.

Le noiraud avait l'impression de ne plus toucher terre. Il ne sentait qu'à peine les corps tremblants de son frère et de sa sœur contre lui, pas plus qu'il n'entendait les cris de chagrin déchirant de Magnus, les pleurs de Clary, ceux de Simon, et de tous les autres. Le Chasseur d'Ombre ne voyait plus rien, les souvenirs de ses enfants restant le seul paysage défilant sous ses yeux. L'adoption de Max, l'arrivée de Rafael, les jeux de pirates, les entraînements, les histoires du soir, leur mariage, la naissance de leurs jumeaux. Une vague d'effrois et de désespoir envahit le Nephilim à la pensée de Mae et de Lysaëlle, leurs petits bouts, leurs petits anges désormais orphelins à peine après quelques mois de vie sur cette terre. Ce fut cette constatation qui le fit basculer et ses jambes lâchèrent brusquement, le faisant s'écrouler à même le sol. Jace et Izzy le rattrapèrent du mieux qu'ils purent mais il les repoussa en pleurant, se balançant d'avant en arrière dans une veine tentative de se bercer et de se rassurer. Morts. Ses fils étaient morts. Ses enfants, ses bébés, ses petits garçons devenus si grands. Il hurla à son tour toute sa peine et la vague de magie qui s'ensuivit déracina la végétation alentour, reflétant la puissance de sa peine. Il aurait voulu pouvoir échanger leur place, donner sa vie en échange de la leur, mais il savait que c'était impossible. L'espoir était mort avec eux, pour toujours. Alors qu'il pleurait sans plus pouvoir s'arrêter, Alec sentit une fourrure caresser sa main. Relevant ses yeux cobalts, il vit un lapereau et un loutron doré frotter leur museau contre ses doigts et lui laper la peau. Le Nephilim retint son souffle et se releva d'un bond, comme si une décharge électrique venait de le piquer subitement. Son regard se porta à ses fils et il vit alors le cœur doré tatoué dans le cou de l'Argentin briller de mille feux. La magie de leurs bébés était encore connectée à la leur. Le lapereau et le loutron gambadèrent jusqu'au corps de leurs pères en faisant scintiller l'air qui crépita comme la chaleur en plein été. Leur famille se rassembla en cercle autour d'eux, curieux et sentant l'espoir renaître en eux, pour observer la scène avec plus d'attention. La figure de Mae, le lapereau, se lova contre le cœur de Max, sur sa rune de mariage, tandis que sa sœur Lysaëlle, le loutron, se positionnait en miroir sur la rune et le cœur de Rafael. Fermant leurs minuscules yeux, ils brillèrent un peu plus fort, un peu plus intensément, et englobèrent les deux amants de leur lueur dorée, douce et chaude.

- Qu'est-ce qu'ils..., commença Catarina en secouant la tête. C'est impossible !

- Qu'est-ce qui est impossible ? Renifla Simon qui avait depuis longtemps retiré ses lunettes embuées de larmes.

- Tu te souviens du sort qu'à utilisé Magnus pour lier sa magie à son essence vitale ? Demanda Ragnor d'une voix atone. Les jumeaux sont en train de réaliser le processus inverse. Ils sont morts, mais leur magie est toujours là. En transposant leur magie à leur essence vitale, ils les ramènent à la vie. Et contrairement à Magnus, ils ne se fatigueront pas plus facilement, au contraire, ils vont partager la même magie, les mêmes pouvoirs, la même puissance...

- Mais Rafe est un Nephilim, il n'a pas de magie, contra Clary avec stupeur.

- La Prophétie l'a annoncée, sa Poussé et sa Majorité ne sont qu'une question de temps. De la magie il en a, elle est juste dormante. Je croyais aussi le processus impossible, mais visiblement les jumeaux en ont décidé autrement.

Soudainement, la magie des bébés explosa en mille étincelles dorées autour d'eux. La rune de Rafael, noire et boursouflée, retrouva son apparence lisse et brillante originelle. Les lambeaux de chair se ressoudèrent à ses membres, sa peau cicatrisant comme si leur combat n'avait pas eu lieu. La plaie à son plexus s'illumina avant de se refermer et le loutron lapa sa gorge, faisant se refermer cette dernière. Tout le corps de l'Argentin fut nimbé de lumière pure, presque céleste, et il fallut attendre plusieurs longues minutes avant que son torse ne commence à se soulever lentement, bien que ses yeux soient toujours clos. Alec trembla de tous ses membres et il prit la main de son époux dans la sienne, entrelaçant leurs doigts silencieusement. Magnus pleurait toujours mais avait cessé de hurler à la mort et contemplait le corps de ses fils avec stupeur. Malheureusement, si Rafael avait été soigné rapidement, ce n'était pas le cas de Max qui restait désespérément immobile. Voyant le lapereau se débattre avec la lame de sang qui était toujours fichée dans son cœur, l'Indonésien la retira délicatement et la magie dorée en profita pour s'engouffrer dans la plaie qui s'illumina à son tour. Tout à coup, le corps du jeune sorcier se mit à convulser, comme s'il se débattait contre un ennemis invisible mais les autres avaient compris que ce n'était pas lui qui se battait mais bien la magie de Mae qui se défendait contre l'énergie maléfique qui avait assaillit son père. Magnus serra plus fort la main de son homme, restant dans l'expectative. Max serait enfin débarrassé du parasite démoniaque qui l'habitait. L'asiatique n'y avait pas repensé, mais il n'était pas tant surpris que cette créature l'ait appelé petit frère. Asmodée ayant été un démon supérieur, il n'avait pas enfanté que des sorciers, mais aussi des démons inférieurs. Celui qui avait possédé Max était sans doute l'un d'eux. Secouant la tête pour chasser ses inquiétudes, il vit le corps de son cadet être à son tour baigné de lumière et une fumée noire et épaisse s'échappa de ses pores. Sa peau reprit sa teinte bleue étincelante, ses cheveux leur couleur naturelle. Ses griffes disparurent et ses cornes se ressoudèrent, retrouvant leur blancheur nacrée immaculée. Dans son cou, enfin, apparut un magnifique tatouage doré en forme de cœur, parfaitement identique à celui de son époux. A présent, ils étaient liés par la magie, ne faisant plus qu'un, l'un avec l'autre. Pourtant, il leur manquait encore quelque chose. Jace, comprenant de quoi il s'agissait, s'agenouilla près de Max et fit signe à Alec de se mettre du côté de Rafael.

- Ne me presse pas de te laisser partir, ni de me retrouver loin de toi, commença le blond avec émotion, posant la pointe de sa stèle sur le cœur de Max.

- Car où tu iras, moi aussi j'irai, poursuivit Alec en faisant de même sur le cœur de l'Argentin. Ton peuple sera mon peuple.

- Ton dieu sera le mien. Où tu mourras, je mourrai, et j'y serai enterré.

- Que l'Ange fasse ainsi, et qu'ainsi il ajoute.

- Qu'il n'y a que la mort qui me sépare de toi. Seule la mort nous séparera, conclurent-ils d'une même voix alors que leur stèle donna une impulsion dans leur cœur.

Sous leurs yeux effarés, les deux jeunes hommes prirent une brusque inspiration et se redressèrent d'un bond avec un cri de surprise. La respiration haletante, ni l'un ni l'autre ne semblait avoir conscience de leur environnement ni des gens les entourant. Les larmes coulaient abondamment sur leurs joues et leur cœur battait la chamade, lui qui s'était arrêté de battre si longtemps déjà. Alec sera Rafael dans ses bras, caressant ses longs cheveux et embrassant son front dans un geste protecteur, pleurant à chaudes larmes et lui soufflant des petits riens comme on rassure un enfant après un cauchemar. Magnus se joignit à eux et les trois hommes se rassurèrent mutuellement en sentant leur âme s'apaiser peu à peu. Au bout de longues minutes de cette douce et tendre étreinte, ils s'écartèrent les uns des autres et l'Argentin se tourna vers son mari, espérant qu'il serait débarrassé de son démon. Pourtant, ce fut un spectacle plus déchirant encore qui se présentait à lui. Le sorcier à la peau bleue était debout, seul et en larmes, son regard paniqué passant de ses mains tremblantes à ses proches. Le Chasseur d'Ombres aux yeux chocolats comprit immédiatement les pensées qui traversaient l'esprit de son cher et tendre, le dégoût, la haine, la terreur qu'il pouvait ressentir envers lui-même pour ce qu'il avait fait. Après tout, il avait attaqué ses proches, prononcé les pires atrocités, et tué son âme sœur sans le moindre remord. Rafe fit un pas dans sa direction, mais Max dressa un mur de glace entre eux pour l'empêcher d'avancer. Il ne voulait pas que Rafael l'approche, il ne voulait pas que qui que ce soit se tienne prêt de lui, plus jamais. Avec un sanglot déchirant, l'immortel aux cornes blanches s'enfuit loins d'eux, gelant le sol derrière lui pour les empêcher de le suivre. Tous crièrent son nom, cherchèrent à le suivre pour le rassurer, lui parler, mais d'aucun ne put le rattraper. C'est alors que la reine, qui avait été vaincue pendant le combat de Max et Rafael et menottée par les soins de Gwyn, ricana méchamment.

- Laissez-le, il réalise enfin qui il est vraiment, et ce dont il est capable.

- La ferme, siffla Clary en croisant les bras. Max est plus gentil que n'importe lequel d'entre nous, ce qu'il s'est passé était entièrement de votre faute. Et vous allez payer pour ça, vous serez jugée par l'Enclave, et la Cour des Lumière reviendra à son souverain légitime. Nous savons que vous avez séparé les deux Cours, et aujourd'hui elles pourront enfin être réunies.

- Max est le Mal incarné, vous le découvrirez bien assez tôt, se moqua la reine alors que Gwyn envoyait le signal à la Chasse Sauvage de venir les reprendre pour amener la reine à Alicante.

- Si elle continue, je crois que je vais la frapper, gronda Jace en serrant les poings.

- Et bien vas-y, qu'est-ce que tu attends ? Le charia Simon en haussant un sourcils comme un adolescent, l'air de dire "même pas cap".

- Je...J'ai pas envie de frapper une femme ! Bredouilla le blond en secouant la tête.

- Moi si, pousse toi que je lui fasse sa fête ! Lança Izzy en faisant claquer les talons de ses bottes montantes.

Malheureusement pour elle, les cavaliers de la Chasse arrivèrent avant qu'elle n'ait eu le loisir de refaire le portrait de la souveraine. Cette dernière fut emmenée, ainsi que Kieran, Mark et Cristina. Gwyn Ap Nudd savait que ses amis resteraient jusqu'à avoir récupéré Max, aussi les laissa-t-il en famille, non sans les avoir remercier de ce qu'il avait fait, tout comme Kieran, bien qu'affaiblit, qui les serra chacun dans leurs bras pour la générosité dont ils avaient fait preuve en venant le chercher. Alors qu'ils repartaient, Isabelle lâcha une supplique en se courbant légèrement en avant, son souffle se bloquant dans sa poitrine. Zaya, qui n'avait pas quitté sa mère d'une semelle, posa une main dans son dos en lui demandant ce qui lui arrivait. Il n'en fallut pas plus à Simon pour se rapprocher de sa femme et de sa fille, les sourcils froncés d'inquiétude. Autour d'eux, et malgré l'inquiétude concernant Max, le reste de leur famille venait de comprendre que quelque chose n'allait pas. En effet, Isabelle était la plus résistante à la douleur, aussi la voir se courber, s'arrêter sous l'effet de quelque douleur que ce soit était un très mauvais signe. La mère de famille se redressa lentement pour assurer à son mari et à ses proches qu'elle allait bien, mais sa phrase fut interrompue par un cri de détresse qu'elle poussa en plaquant une main sur son abdomen. Son teint avait pâlit en quelques secondes à peine et la sueur perlait déjà de son front comme si elle venait de faire un exercice intense alors qu'elle n'avait pas bougé depuis la fin du combat contre la reine. Gémissant le nom de son compagnon, elle perdit l'équilibre et se laissa aller dans ses bras. L'ancien Terrestre sentit l'angoisse monter et il l'a porta jusqu'à l'ombre d'un arbre où il l'allongea en la laissant s'y adosser pour se reposer. Catarina, Tessa, Magnus et Ragnor, qui maîtrisaient les soins magiques, et Alec qui voulait soutenir sa petite soeur autant que mettre à profit ses connaissances d'ancien Frère Silencieux, se réunirent autour d'elle tout en lui laissant suffisamment d'air pour qu'elle ne se sente pas étouffer. Inquiète pour sa mère, Zaya avait trouvé refuge dans les bras de Madzie qui la rassurait avec patience. Magnus et Ragnor, eux, posèrent leurs mains sur le ventre douloureux de la Chasseuse d'Ombre, alors que Catarina et Tessa surveillaient, bien que de manière rudimentaire, sa température et sa tension à l'aide de leur magie. Les étincelles bleues et blanches des deux sorciers cherchèrent un cause à son mal et ils finirent par se regarder dans le blanc des yeux, leur mâchoire s'en décrochant presque sous l'effet du choc de ce qu'ils découvrirent.

- Elle est....

- Toi aussi tu l'as senti ? Souffla l'Indonésien en retenant son souffle.

- Difficile de passer à côté, confirma Ragnor en déglutissant difficilement. On a pas de temps à perdre, ça va se passer très vite...

- Qu'est-ce qu'il va se passer très vite ? De quoi est-ce qu'elle souffre ? S'enquit Simon en réfrénant sa panique.

- Félicitations, tu vas être papa ! Lâcha Magnus comme une bombe, ne sachant pas lui-même comment réagir.

- Isabelle a fait un déni de grossesse, expliqua Ragnor avec plus de tact. Quand ça arrive, les accouchements sont généralement beaucoup plus expéditifs. Je suis désolé que tu aies à l'apprendre comme ça.

Aussitôt, sans perdre de temps, ils se mirent au travail en se détournant de Simon qui semblait en état de choc. Magnus et Ragnor cédèrent leur place à Catarina et Tessa qui s'y connaissaient mieux qu'eux le domaine médical. Clary, Jem, Madzie, Zaya et Rafael se tirent à l'écart par respect et pour leur laisser plus d'intimité. Simon, lui, fixait le vide d'un oeil morne, éteint, avant de se lever, abandonnant sa femme au pire moment. Les deux parabatais, eux, virent leur ami commencer à faire les cent pas un peu plus loin en marmonnant et se décidèrent à le rejoindre pour avoir une explication à sa réaction.

- Simon, qu'est-ce que tu fais, pourquoi tu ne restes pas avec Izzy, elle a besoin de toi ! S'étonna Jace le premier.

- Elle ne peut pas être enceinte...C'est impossible..., marmonna le plus jeune.

- Pourtant, elle est en train d'accoucher là ! Le contra le blond sans comprendre.

- On a pas fait l'amour depuis des mois, Jace ! Cet enfant n'est pas le mien ! hurla Simon en secouant la tête, les bras levés au ciel. D'accord ? On ne fait plus rien depuis des mois ! Par contre, les séjours auprès du petit peuple se sont étrangement multipliés....

- Tu insinue quoi, exactement ? S'agaça Alec en grand frère protecteur. Isabelle t'aime, elle ne te tromperait jamais.

- Et Meliorn alors ? Tu sais qu'elle a toujours eu quelque chose pour lui Alec, tu connais ta sœur, par l'Ange, tu sais qu'elle aime séduire ! Si c'est pas lui, alors dit moi d'où il vient ce bébé ?!

- Oh, j'en sais rien moi, peut-être du viol qu'elle a subit il y a exactement neuf mois ?! S'énerva Alec à son tour, énervé que qui que ce soit puisse sous-entendre que sa sœur serait prête à coucher avec n'importe qui.

Sa déclaration, au moins, eut le don de calmer Simon au moins quelques instants, le laissant figé sur place. Cependant, lorsque le sens de ses paroles se fit dans son esprit, le parabatai de Clary se jeta sur le noiraud, poings brandit, pour lui faire payer sa remarque. S'écartant pour l'éviter, Alec du malgré tout accepter l'aide de Jace pour maîtriser leur cadet qui donnait des coups de pieds et de poings désespérés en se débattant laborieusement contre eux, cherchant à se défaire de leur emprise.

- Simon, arrête ! Simon, stop ! L'implora pratiquement le dernier Herondale, la voix brisée.

Comme un signal de départ pour lâcher prise, Simon fondit en larmes contre ses deux amis, ses épaules secouées de sanglots. Respirant lourdement, essoufflés par leur efforts, les parabatai le serrèrent contre eux pour le laisser relâcher la pression comme il en avait besoin. Le père de famille pleura de tout son soûl, déchargeant la peine qu'il éprouvait depuis les derniers mois. Il n'avait pas menti en disant qu'il ne se passait plus rien d'intime entre eux depuis longtemps. Bien qu'elle n'ait gardé aucun souvenir de son viol, Isabelle ne souhaitait plus être touchée depuis son agression, le moindre contact prolongé lui provoquant des crises d'angoisses toutes plus violentes les unes que les autres. Il n'irait pas jusqu'à dire que leur couple battait de l'aile, mais quelque chose entre eux s'était brisé, et ni l'un ni l'autre ne savait comme passer au-delà et avancer main dans la main. Alors maintenant qu'elle allait avoir le bébé de son violeur, Simon ne savait pas comme son épouse réagirait ni si leur mariage tiendrait encore face à cette nouvelle épreuve qui lui apparaissait comme insurmontable, une fois encore. Alec, cependant, savait que l'amour entre eux était fort. Après tout, il était bien connu que les Nephilim n'aiment qu'une fois.

- Je sais que tu as peur...mais cet enfant est avant tout celui d'Isabelle, et elle a besoin de toi. Ta femme, ta fille, et ce bébé ont besoin de toi...

- Cet enfant est celui du démon qui l'a violée...comment veux-tu que je l'aime..., renifla Simon en secouant la tête. Ce n'est pas mon enfant...

- Un bon père n'est pas toujours un père de sang, contra cette fois Jace. Il n'a pas besoin d'être de toi pour être ton enfant, et tu le sais parfaitement. Va la voir...Elle a besoin de toi, Simon, maintenant plus que jamais, Alec a raison. S'il te plait...

Soupirant lourdement, l'ancien Terrestre resta amorphe quelques minutes de plus avant de finalement se lever et rejoindre sa femme. Isabelle, toujours adossée au tronc de l'arbre, semblait souffrir le martyr. La sueur plaquait ses cheveux humide à son visage rougit d'effort et son ventre était à présent légèrement bombé. Catarina lui expliqua rapidement que lors de l'accouchement après un déni de grossesse la ceinture abdominale se relâchait un peu, mais Simon n'écoutait déjà plus. D'une main tremblante, le Chasseur d'Ombre prit celle de son épouse dans la sienne, entrelaçant leurs doigts, et déposa un baiser tendre sur sa tempe. Penché à son oreille, il lui murmura des mots d'amour, des mots rien qu'à eux. Isabelle cria à la contraction suivante, serrant la main de son mari qui continua de la soutenir malgré tout sans faillir. Catarina lui prodiguait ses conseils avec patience et, contre toute attente, Max les rejoignit presque à reculons, timidement. Rafael s'avança vers lui mais le sorcier secoua la tête, lui demandant silencieusement de rester là où il était. Malheureusement, c'était mal connaître l'Argentin que de penser qu'il obéirait sans broncher. Avançant à grandes enjambées, le Chasseur d'Ombre au visage endrogyne prit en coupe celui de son amant et fondit sur ses lèvres avec douceur, lui témoignant de tout son amour et surtout de son pardon. Contre lui, Max noua ses bras à son cou en lui rendant son baiser, s'excusant inlassablement, comme un mantra, laissant ses larmes s'échapper et se perdant dans l'étreinte sécurisante des bras de son homme qui n'avait de cesse de lui rappeler à quel point il l'aimait, à quel point il était fier d'être marié à lui, et combien il lui pardonnait pour ce qu'il s'était produit. Max se détendit entre ses bras. Il savait que la conversation était loin d'être finie, et il s'en voulait toujours autant, mais pour l'instant c'était suffisant. Les voyants, Alec sourit avec émotion, serrant à son tour Magnus dans ses bras amoureusement. Ils furent cependant ramenés à la réalité par un cri venant d'Isabelle, plus puissant que les autres, alors qu'elle mettait enfin son bébé au monde. Le nouveau né pleura, à peine sortit du ventre de sa mère, et la sorcière l'emmaillota délicatement avant de la tendre à la Chasseuse d'Ombre tremblante et haletante. Isabelle lâcha un sanglot ému en voyant la petite bouille dans ses bras.

- C'est une petite fille, une petite sorcière, chuchota Catarina, avec un mince sourire. Félicitations à tous les deux.

Simon pencha la tête et observa la petite qui venait de naître avec attention. Sa peau était aussi scintillante que celle de Max, mais non pas bleue, la sienne était d'un magnifique vert précieux. Une petite touffe de cheveux noirs couvrait son crâne et elle avait déjà les yeux ouverts. Deux grands yeux marron, comme les seins. L'ancien Terrestre retint son souffle et caressa délicatement la joue du bébé qui, par réflexe, attrapa son doigts de sa minuscule main. Simon lâcha un sanglot et ses lèvres retrouvèrent celles de sa compagne pour un baiser tendre.

- C'est notre fille, murmura-t-il tout bas, comme un secret entre eux. Elle est magnifique...Notre fille...

- Oui, notre fille, et notre famille, sourit Izzy le cœur chargé d'amour en tendant une main vers Zaya qui rejoint ses parents et sa petite sœur pour une douce étreinte.

- Elle est vraiment très belle, confirma Alec, la tête sur l'épaule de Magnus qu'il serrait toujours contre lui. J'imagine que vous n'y avez pas réfléchi mais...Des idées de prénoms ?

- C'est à toi de choisir, chérie, affirma le père en souriant. Je te fais confiance.

- Et pourquoi pas...Emeraude ? Emeraude Hope Lewis....

- C'est parfait, assura son mari en prenant leur fille dans ses bras. A une condition...Max, acceptes-tu d'être le parrain ?

Le jeune sorcier ouvrit grand la bouche de stupeur, sans savoir quoi répondre, et s'apprêta à secouer la tête quand Magnus s'approcha de lui pour l'arrêter.

- Tu as été possédé, Hatiku. Je sais qu'il te faudra du temps pour te pardonner à toi-même, mais rien n'est de ta faute, et aucun de nous ne t'en veux. Tu n'étais pas toi-même. Tu es profondément bon, Blueberry. Bon, honnête, doux, et avec une âme plus pure que celle de n'importe qui en ce monde. Je t'en prie, accepte. Tu es un fils, un frère, un père formidable, et je ne doute pas que tu seras un excellent parrain. Tu as pardonné les pires atrocités à d'autres, alors pardonne-toi à toi même, s'il te plait. Moi, je te pardonne.

Levant les yeux vers son Ayah, Max sentit une boule lui obstruer la gorge. Tour à tour, chaque membre de leur famille lui accorda son pardon, en finissant par son époux qui lui vola un nouveau baiser empli d'amour et de douceur. Profondément émut et reconnaissant, le sorcier aux cornes immaculées hocha la tête lentement. Oui, il serait le parrain de la petite Emeraude Hope, leur nouvel espoir. 

****************

A suivre...

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