Chapitre 11 : Quand les ténèbres s'abattent
Bonsoir, ou plutôt bonne nuit. Cela fait un peu plus de deux mois que je n'ai rien publié du tout. Comme je l'avais dit dans mon dernier post, je me soigne tout doucement. C'est encore dur, mais j'ai redécouvert aujourd'hui la vraie passion de l'écriture, j'ai écrit énormément aujourd'hui et même si je vais prendre encore le temps pour publier et avancer, j'ai le plaisir de vous annoncer que ce tome 11 est terminé. Je publierais des chapitres régulièrement, en espérant qu'ils vous plairont. Je vous souhaite à tous une bonne lecture et vous remercie encore pour votre soutien <3
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Le silence qui suivit la déclaration de Max se fit plus lourd encore, s'éternisant alors que chaque personne présente dans le salon de l'Institut de Los Angeles se dévisageait avec effroi. La reine de la Cour des Lumières voulait-elle vraiment mettre la main sur le sorcier à la peau bleue ? Étonnant, oui, sachant qu'elle ne l'avait jamais rencontré, mais pas impossible. Tout comme ses parents avant lui, Max, ainsi que Rafael, gagnaient peu à peu en notoriété, et bien malgré eux, au sein du Monde Obscur. La nouvelle de la mort d'Asmodée et le retour de Lilith s'était répandue comme une traînée de poudre au Labyrinthe en Spiral, et le bouche à oreille concernant la réalisation de la Prophétie suivait les mêmes traces. Bientôt, tout le monde serait au courant des exploits des quatre âmes sœurs, et il n'était guère surprenant que des personnes aux intentions fort peu louables ne viennent leur chercher des ennuis. La reine de la Cour des Lumières n'était pas la première à vouloir s'en prendre à eux et, pour leur plus grand malheur, elle ne serait certainement pas la dernière. Magnus et Alec, eux, gardèrent le silence mais se prirent la main comme pour s'ancrer dans la réalité. Les deux hommes avaient l'impression que le monde s'écroulait autour d'eux, encore une fois. Ils étaient passés par tellement d'épreuves depuis qu'ils se connaissaient. Ils étaient passés par la mort, la douleur, la maladie, le doute, la séparation, même plusieurs kidnapping, mais jamais ils ne s'étaient retrouvés au bord d'une guerre diplomatique opposant la reine du Petit Peuple au roi de la Cour des Ténèbres, avec l'enlèvement de ce dernier par la première. Pourtant, ils n'étaient pas au bout de leur surprise, et la descente aux enfers n'allait que continuer à se poursuivre, et ce justement par le biais de Max, dont les prunelles bleues électriques étincelaient de détermination et de résignation.
- Je vais y aller, annonça-t-il pour briser le silence ambiant. Je vais me rendre à la Cour des Lumières et chercher Kieran. C'est à moi de le faire.
- Qu...Pardon ? S'étrangla Magnus en retrouvant l'usage de la parole, tandis qu'Alec fixait leur fils d'un air hébété comme s'il le découvrait pour la première fois. Max...Hatiku, c'est de la folie, tu ne peux pas te jeter dans la gueule du loup comme ça ! Tout ce que tu arriveras à faire, c'est à te faire tuer ! Et connaissant la reine elle s'amusera d'abord à te torturer, si c'est vraiment toi qu'elle veut...
- Mais je suis le seul à pouvoir y aller, objecta le jeune homme avec un calme et un sang froid rare. Ma magie est plus puissante que toutes les votre réunis. Même si c'est moi qu'elle veut, la reine seule ne pourra pas m'atteindre, pas si vous vous charger de neutraliser ses soldats et ses gardes avant. Moi, je ne me chargerai que de Kieran. J'y vais, je le récupère, et on rentre ici tout aussi vite. Je sais qu'on peut y arriver !
- Max, trésor..., commença Alec avec une hésitation, déglutissant difficilement,...Je comprend ce que tu veux dire, et je comprend ta motivation à le sauver mais...Tu as vu comment tu as réagi au maléfice qui pèse sur la Cour des Ténèbres ? Si c'est bien l'œuvre de la reine, alors même si sa magie est moins puissante que la tienne elle est cependant assez mauvaise et nocive pour te neutraliser totalement...Sa simple présence pourrait devenir un poison pour toi, Max...
Le jeune homme ravala avec amertume les mots qui lui brûlaient les lèvres comme du venin près à jaillir sur ses proches. Serrant les poings, il sentit une colère sourde gronder en lui, bouillonnant comme de la lave en fusion parcourant ses lèvres. Max était d'un tempérament calme, d'ordinaire, et lui-même détestait par-dessus tout toute forme d'énervement. Même lors de ses combats, il avait toujours fait preuve de calme, véritable force tranquille, aussi fluide et puissant que l'eau, sans jamais pourtant faire de vague. Alors pourquoi s'emporter aussi facilement depuis ces dernières vingt-quatre heures ? Non, pas vingt-quatre heures. C'était beaucoup plus récent. Mais au fond, qu'importe ? Ce sentiment était nouveau, déstabilisant certes, mais Ô combien tentateur également. C'était grisant, envoûtant. Le sorcier comprenait à présent pourquoi son Ayah s'était aussi souvent laissé aller à la colère, combien son cadenas avait été fascinant et magique, irréel. L'immortel aux cornes immaculées sentait cette colère vibrer en lui et prenant possession de son être tout entier. Sa magie, elle aussi, semblait vibrer, plus intensément. Se débattait-elle ? Ce sentiment était-il perçut comme un corps étranger à son âme ? Comme une maladie ? Son Dad avait parlé de poison, était-ce la réalité ? Qu'importe, c'était si bon, si fort. Il était Max Lightwood-Bane; il était invincible. Se levant pour leur faire face, il planta son regard dans le leur, l'air plus déterminé que jamais. Alec, lui, fronça les sourcils en voyant un reflet violet sombre passé dans les prunelles bleues de son fils.
- Je suis plus puissant que vous deux, que vous tous ! Lança-t-il avec une telle fougue que tous les autres eurent un mouvement de recul. J'ai décidé d'aller à la Cour des Lumières et j'irais, point final. Je suis majeur, je suis un sorcier, et vous n'êtes pas en mesure de m'arrêter ! Que vous vouliez être lâche à rester ici, c'est votre droit, mais je ne me soumettrais pas, ni à vous ni à quiconque. J'irai là-bas, je sauverai Kieran, et je vous déconseille de chercher à m'arrêter. Je retiendrais ma magie une fois, pas deux.
- Max, je rêve ou tu es en train de nous menacer ? S'indigna le noiraud en se levant à son tour, père et fils se faisant face.
- Disons que c'est un conseil avisé, sourit le plus jeune d'un air sournois, presque mauvais.
Cette fois, ce fut au tour de Magnus de froncer les sourcils avec inquiétude. Max n'était pas dans son état normal. Il fuyait la colère, il était l'être le plus doux qu'il connaissait et jamais il ne se serait permis de menacer qui que ce soit de la sorte, même ses pires ennemis. Le Grand Sorcier de Brooklyn ne comprenait pas encore ce qu'il se passait avec son fils, mais il était sûr d'une chose : quelque chose, ou quelqu'un, était en train de le contrôler et de le détruire par la même occasion. Peut-être pas une possession à proprement parler, lui-même en ayant déjà vécu plusieurs, il savait les reconnaître à des kilomètres, mais peut-être autre chose. Il n'avait pas d'objet sur lui qui ne lui appartenait pas et il n'avait pas subi de malédiction non plus, alors quoi ? Soudain, les explications de son époux lui revinrent en tête. Max avait tenté de pénétrer dans la Cour des Ténèbres qui avait été maudite. Il s'était pris la magie maléfique de la reine de plein fouet. Et si la souveraine avait placé là ce mauvais sort justement dans le but d'atteindre Max ? La magie négative agirait alors, comme l'avait si bien dit le Chasseur d'Ombre, comme un poison le tuant à petit feu, faisant de lui un ennemi redoutable pour rallier l'immortel à sa cause. L'effrois s'empara de l'Indonésien et il ouvrit la bouche pour prévenir son époux de rester en retrait ou, au moins, d'activer un bouclier pour se protéger, mais trop tard. Déjà la magie de leur cadet se mettait à tourbillonner autour d'eux, l'entité normalement gris argenté se teintant de mille nuances de violet sombre et changeant jusqu'à la prunelle de ses yeux. Le premier sors partit brusquement dans la direction du noiraud qui, heureusement, eut le réflexe de se baisser à temps.
- Max !! S'écria Magnus en se levant à son tour, se plaçant devant son mari et dressant lui-même un bouclier devant eux pour se protéger. Max, arrête tout de suite !
- Non !! Hurla le père de famille. Pas tant que vous ne me laisserez pas en paix, tous les deux ! Vous ne croyez pas que je sois assez fort ? Laissez moi vous montrer !
Magnus retint son souffle et vit son fils cadet envoyer une rafale de magie dans leur direction. Malheureusement pieux eux, la magie de l'asiatique, d'ordinaire réactive et défensive, se fendilla et explosa en mille étincelles bleutés, les projetant contre le mur opposé. Le Grand Sorcier de Brooklyn s'effondra contre le noiraud qui l'enveloppa instinctivement de ses ailes déployées. Hors d'haleine, figé de stupeur et d'inquiétude, Alec répéta le prénom de son mari comme une litanie, essayant de se rassurer. Le plus vieux caressa ses plumes du bout des doigts, signe qu'il l'avait entendu. Malgré tout, Magnus ne pouvait s'empêcher de sentir l'angoisse le gagner. Sa magie n'avait pas tenu, sa magie n'avait pas su contenir une simple attaque. Il n'était même plus capable de se défendre. Le souvenir de son cancer lui revint en mémoire, plus fort que jamais. A cette époque aussi sa magie avait fini par le lâcher et il avait dû abandonner son poste de Grand Sorcier. Au début, il ne s'agissait que des sorts les plus compliqués à réaliser qui lui posaient problèmes, mais plus le temps avait passé, plus sa magie était devenue défaillante. Il ne pouvait plus ouvrir de Portail, ni même se maquiller d'un claquement de doigts. Et le phénomène était en train de se produire de nouveau. Il était malade, il n'y avait plus aucun doute la dessus. Se relevant difficilement, Alec derrière lui, les ailes toujours déployées, le descendant d'Asmodée appela à lui toute sa magie et tenta une attaque de force, bien que non mortelle. S'attendant à ce que son sort affecte au moins un peu Max, il ne s'attendait pas en revanche à ce que sa magie transforme son sort en une nuée de bulles de savon qui fit rire le sorcier à la peau bleue à gorge déployée. Magnus sentit ses yeux de chat s'embuer de larmes et ses mains se mirent à trembler. Ses poumons se comprimèrent et l'angoisse s'insinua en lui, lui glaçant le sang et remontant le long de ses veines pour venir paralyser son cœur alors qu'un creux se formait dans son ventre, aspirant la moindre parcelle de vie présent en lui. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il avait fait une crise d'angoisse, mais celle-ci prenait déjà possession de lui et elle allait être violente. L'immortel aux yeux félins se laissa tomber sur le sol, un sanglot lui échappant alors que sa magie l'entourait pour l'isoler dans une bulle trouble aux reflets bleus étincelants. Alec sentit son cœur se pincer en le voyant, mais il tourna résolument son regard vers leur fils. Tant que Magnus resta en retrait, il ne courait aucun danger. C'était à lui de calmer Max, et à personne d'autre. Le combat risquait d'être cocasse.
- Et un de moins, ricana le plus jeune en lançant un signe de tête à son Ayah qui se balançait d'avant en arrière sous la force de sa panique, le regard dans le vide. Combien de temps tiendras le second ?
- Je ne veux pas me battre avec toi, Max. Mais si tu ne me laisse pas le choix, tu sais que je peux te battre. Je vous ai entraîné, ton frère et toi, tout ce que vous savez c'est moi qui vous l'ai appris.
- Tu as raison, oui, admit le sorcier avec une petite moue faussement innocente. Et tu nous as apprit tout ton savoir avant ou après t'être fait passer pour mort pendant six ans ? Non parce qu'aux dernière nouvelles, moi tu m'as rien appris ! Mais j'imagine que c'est ta notion d'être père ? Bel exemple en effet...
La pique blessa Alec en plein cœur mais il ravala sa fierté, ne souhaitant pas que sa parole ne dépasse sa pensée. Tout comme Magnus, il avait vu le changement dans les yeux et la magie de leur enfant. Max était envoûté par la magie de la reine du Petit Peuple. Tout ce qu'il disait et faisait était indépendant de l'être qu'il était d'ordinaire. Son âme, si pure et belle, avait été empoisonnée, corrompue, et il avait besoin de ses proches pour redevenir lui-même. S'il ne faisait rien, Alec savait qu'ils risquaient de perdre leur fils pour toujours, et ce serait entièrement leur faute. Cette fois, il ne se ferait pas avoir comme lorsqu'Asmodée avait possédé Magnus. Cette fois, il sauverait son enfant. Inspirant profondément, le Chasseur d'Ombre se campa bien sur ses pieds, comme il l'avait appris à l'entraînement et comme il l'avait inculqué à ses enfants. Ses ailes déployées dans son dos lui assuraient un sentiment de grandeur et de force, sans pourtant se placer au-dessus des autres. Le noiraud dégaina l'un de ses poignards séraphiques qui s'alluma dans sa main tandis que sa magie commençait à crépiter du bout de ses doigts. Il sentit sa propre angoisse monter, et le souvenir de son dernier entraînement lui revint en mémoire. Il ne voulait pas faire du mal à Magnus une nouvelle fois, et à Max non plus d'ailleurs, ni à aucune autre des personnes présentes dans la pièce. Quoi que...Après tout, Alec n'avait pas fait exprès de blesser Magnus la première fois, mais celles d'avant, quand il avait utilisé le pentagram de sel...Une idée germa peu à peu dans l'esprit du Chasseur d'Ombre qui repensa à ce qu'il s'était passé à peine quelques jours plus tôt encore. Le temps. Il avait figé le temps. Ragnor n'en avait pas été touché, avait-il expliqué, parce que sa magie dimensionnelle était étroitement liée à la magie temporelle. Mais Max avait une source de magie élémentaire. Il avait été figé à ce moment-là, à l'instar de tous les autres. Si le noiraud réussissait à arrêter une nouvelle fois la course du temps, il pourrait empêcher Max de tous les attaquer, si ce n'est plus. Appelant à lui tout son pouvoir, Alec sentit des volutes émeraudes, aussi délicates et douces que du velour, s'élever autour de lui en petits tourbillons. Il tâcha de maîtriser son angoisse, bien que cette dernière se fit de plus en plus menaçante de minutes en minutes, et, fermant les yeux, il attendit de sentir cet être de magie déborder entièrement de lui pour relâcher la bride et le libérer, dans toute sa splendeur. Le dernier son qu'il entendit fut le cri surpris de Cristina puis, plus rien. Jusqu'à...
- Oh, je pense que je te dois une fière chandelle, tu m'as épargné un effort supplémentaire en t'occupant d'eux à ma place !
Rouvrant subitement les yeux pour dévoiler ses orbes bleus cobalt chargée de panique et de stupeur, le Nephilim constata avec effrois que si tous ses proches, ainsi que son époux, étaient bel et bien statufiés sur place comme des oeuvres d'art, ce n'était pas le cas de Max qui lui souriait pleinement comme le diable fier d'avoir corrompu une nouvelle âme. Sa magie, qui s'échappait toujours de ses mains entrouvertes, était d'un violet si sombre qu'elle paraissait noire comme la nuit. Ses yeux, quant à eux, ressemblaient à deux billes de charbon, d'une obscurité insondable. On y voyait même plus la pupille tant ils étaient sombres. L'ancien Consul ne put retenir un mouvement de recul, transporté par la peur et le doute. Comment le démon en face de lui pouvait-il être son fils, son enfant, d'ordinaire si pur et si doux ? Il avait vu les pires horreurs qui soient un peu partout dans le monde, notamment lors de sa formation de Frère Silencieux, lorsqu'il avait adopté le nom de Manuel et qu'Enoch l'avait emmené un peu partout pour parfaire son rôle et lui permettre de s'éloigner de sa vie mortelle, soulageant ainsi, au moins un peu, la douleur de son propre deuil. Il en avait vu des choses jusqu'à ce jour, mais là, Alec pouvait affirmer qu'il avait peur. Il était terrifié même, terrifié par son propre fils. Et pourtant, il savait qu'il n'avait pas le droit de baisser les bras. Ni maintenant, ni jamais. Restait cependant un problème : comment aider Max ? Comment le libérer de cette emprise qui cherchait manifestement à les tuer tous ? Ou bien le sorcier à la peau bleue, qui tournait d'ailleurs déjà au gris sombre, était-il déjà mort de l'intérieur ? Il obtint pour son plus grand malheur une réponse lorsque la calamité face à lui reprit parole d'une voix d'outre tombe.
- Voyons, pauvre, pauvre petit Nephilim. Tu te crois vraiment aussi puissant avec ta magie de pacotille ? J'ai traversé les millénaires, et tu penses pouvoir me vaincre ? Détrompe-toi, ricana-t-il d'un air mauvais. Oh, non ne pleure pas, s'amusa-t-il alors que les larmes coulaient d'elles-mêmes sur les joues pâles du noiraud. Ton fils n'a pas souffert, et tu vas pouvoir le rejoindre très bientôt. Tu vois comme je suis clément ? Mais...Ce ne serait pas très drôle si je ne permettais pas d'abord à ton mari de rendre son dernier souffle. Regarde-le, ça le soulagerait !
Le Chasseur d'Ombre se demanda un instant s'il ne s'agissait pas d'un piège. Il avait beau avoir des années de réflexes et d'entraînement derrière lui, il n'était pas certain de pouvoir lutter contre mal s'il lui tournait le dos et que ce dernier se mettait à l'attaquer par derrière. Pourtant, un subtil mouvement du poignet de son cadet le convainquit de se retourner. D'un simple geste, Max arrivait à débloquer et rebloquer le temps, encore et encore. Cette simple manipulation magique causait pourtant nombre de dégâts à Magnus qui se mettait à trembler et à sangloter par intermittence, les yeux gonflés, rougis de larmes, le corps secoué de spasmes douloureux. Un cri étranglé lui échappa et les larmes d'Alec redoublèrent de plus belles. Il ne supportait pas de voir son homme souffrir ainsi. Magnus, son Magnus, son cher sorcier. L'immortel avait connu le suicide de sa mère, la tentative de meurtre par noyade de son beau-père, il avait combattut Asmodée un nombre incalculables de fois, survécu à plusieurs coma, à la guerre, à un cancer, à Edom. Magnus était une force de la nature qui ne cédait jamais. Il pouvait poser un genoux à terre, certes, mais toujours il se relevait. Il avait affronté les pires horreurs sans jamais cesser de croire qu'il puisse rester une peu de bonté, de magie et de paillettes dans l'humanité. Il refusait que qui que ce soit le fasse souffrir une fois de plus. Rapidement, ses larmes laissèrent place à la colère. Une colère sourde, grandissante, qui enflait dans son cœur comme les vagues montantes d'un tsunami prêt à se déchainer. Il ne voulait pas tuer Max. D'ailleurs, il ne le ferait pas. Mais il pouvait s'en prendre à lui-même. Appelant une nouvelle fois sa magie à lui, il l'aiguisa mentalement comme la lame tranchante de l'un de ses poignards séraphique et il fendit l'air d'un geste précis, chirurgical. L'épaisseur de l'air autour d'eux se dissipa dans un léger nuage vert scintillant, et, peu à peu, tout le monde dans le salon retrouva ses esprits, le temps reprenant sa course normale. Alexander Gideon Lightwood-Bane avait appris, par pur hasard, à arrêter le temps. Pour sauver l'amour de sa vie, il venait d'apprendre à le remettre en route. Reprenant lentement confiance en ses capacités, en sa magie et en lui-même, le noiraud fit avec une pointe de satisfaction le sourire mesquin de son fils se transformer en une grimace de haine et de colère. Derrière eux, Magnus venait de s'écrouler, inconscient.
Sans pouvoir avoir le luxe de s'appesantir sur la question de savoir si le descendant d'Asmodée allait bien, Alec évita de justesse une déferlante de magie dirigée contre lui. Ce n'était pas le moment de se laisser déstabiliser. Il devait arrêter Max et, si possible, l'aider. Il ne voulait même pas repenser aux paroles que ce dernier avait prononcées un peu plus tôt. Et si son fils était vraiment mort à l'intérieur ? Et s'il ne restait plus de lui que cette enveloppe charnelle ? Non. Même si tel était le cas, le noiraud ne pouvait pas se permettre de s'écrouler maintenant. Il pleurerait, crierait, s'effondrerait, oui, mais pas maintenant. C'était impossible. Évitant une nouvelle salve de magie, le noiraud se retrouva tout de même propulsé à l'autre extrémité de la pièce lorsque Max, lassé de le voir se défiler, lui envoya tout simplement son poing en pleine mâchoire avec une puissance inouïe. Déstabilisé, le Chasseur d'Ombre se releva avec difficulté mais se retrouva de nouveau au tapis sous les coups de pieds et de poings répétés du plus jeune. Max, ou plutôt l'entité possédant le sorcier, semblait déterminé à déverser sa colère sur son aîné. Alec sentit son nez se fracturer et le sang couler jusque dans sa bouche, lui donnant envie de vomir. Grognant de douleur, il se prépara au prochain coup....qui ne vint jamais. Ouvrant péniblement les yeux qu'il n'avait même pas conscience d'avoir fermé, l'ancien Frère Silencieux eut la surprise de voir Magnus, se tenant difficilement sur ses deux jambes mais pourtant debout, dressant une barrière de protection entre Max et eux. Le jeune homme, qui avait désormais la peau gris sombre, les cheveux, les yeux et la magie noir, ainsi que des cornes brunes veinées de rouge, hurla de rage et envoya son poing dans la barrière magique qui, pourtant, ne céda pas. De colère, leur fils devenu démon ouvrit un Portail et Alec eut juste le temps d'apercevoir un bout de verdure et des bocaux contenant des feux follets qu'il se referma derrière lui. Magnus, exténué, laissa tomber sa magie et s'écroula dans les bras de son époux, à bout de souffle.
- Qu'est-ce...Qu'est-ce que c'était que ça....? Demanda le sorcier aux yeux de chat d'une voix blanche, éteinte, horrifiée.
- Notre fils...., répondit Alec sur le même timbre. C'était Max...Et il est allé à la Cour des Lumières....
Dans ses bras, Magnus lâcha un sanglot épouvanté alors qu'Alec s'appliquait une iratze pour soigner son nez brisé et arrêter le flot de sang. Ils devaient s'y rendre pour libérer Kieran, mais à présent, le défis était plus important. La vie de Max était en jeu, et il craignait qu'il ne soit déjà trop tard pour lui...
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Des avis, des théories ?
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