𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟼

08 Octobre 

Aujourd'hui, ma journée a été tellement étrange, un peu comme si tout s'était bousculé d'un coup.


Aujourd'hui, pendant la pause de midi, pour la première fois depuis un moment, j'ai eu ce sentiment étrange de liberté, de légèreté. Ce n'était même pas que je me sentais bien, c'était plus comme un souffle, une espèce de calme après la tempête. Car oui, pour la première fois je ne me sentais pas stressée d'aller lui parler ou gêné par ces regards.

Non, pour une fois, tout était normale.

 Mais, bien sûr, les choses ne sont jamais aussi simples.

 Et il y a eu ce moment en salle d'informatique. 

Mon groupe était en congé, et je me suis retrouvée là, toute seule, avec mes révisions. Mais il y avait déjà un garçon révisant silencieusement sur l'ordinateur du fond. Je ne sais même plus son nom, c'est garçon que je voie tout le temps sans vraiment le connaître.

 Il fait partie du même groupe que nous en gym, on a dû faire des exercices ensemble. Des pyramides humaines et des tentatives d'équilibre. C'était intimidant, bizazre. Parce qu'on ne se connaissait pas, et puis il est un garçon, et moi, une fille. Depuis ce jour-là, on ne s'est jamais vraiment parlé. 

Je suis allée m'installer pour travailler. Je me concentrais, mais je sentais qu'il était là, comme une présence un peu... inconfortable. Et puis, il est arrivé. Lui. Le garçon dont j'avais voulu oublier l'existence. Je ne sais même pas pourquoi il est venu, mais il m'a vue. Il a vu qu'on était là tous les deux, et il a reconnu ce garçon de gym. Et là, je les ai vus, en train de discuter, de rigoler ensemble. Car oui, ils se connaissaient.

Alors, sûr de moi, je lui ai demandé, à lui qui est si fort en chimie, de m'expliquer un exercice. 

Il m'a parlé, d'un ton un peu sec, juste pour m'aider, ou pour faire semblant de m'aider, je ne sais pas. Peut-être lui avais-je poser une question si évidente ? . M'accusant d'énerver tout le monde et de prendre les personnes autour de moi de haut, de son air moqueur,  j'ai fini par lui dire  que ce n'était pas grave, que je me débrouillerais.

Cette phrase m'a profondément blessée. 

C'était si injuste. Pourtant, je n'ai rien dit. 

Je ne voulais pas qu'il voie que ça m'affectait, alors je me suis contentée de me concentrer sur ce que je comprenais encore, tout en essayant de ne pas m'attarder sur les blagues qu'ils faisaient, ces petites plaisanteries qui me mettaient encore plus mal à l'aise. Finalement, je n'ai pas pu supporter plus longtemps. J'ai rassemblé mes affaires et je suis partie, sans un mot.

Je voulais attendre mon amie à la fin de son cours pour qu'on puisse aller au suivant ensemble, mais même là, leurs voix, leurs rires, me hantaient. 

Ils continuaient à discuter, de choses qui me gênaient, de propos qui ne me concernaient même pas, mais qui me touchaient pourtant. 

Je ne voulais plus être là, dans cet endroit, avec eux. Alors, j'ai pris la décision de partir, direction mon prochain cours.

Et là, en arrivant, je l'ai vu. Lui. Encore. 


Tout seul, sans personne autour. Un moment de trop. J'étais agacée de le voir, encore une fois, là, sous mes yeux. Alors, je me suis éloignée, je me suis installée un peu plus loin, en espérant pouvoir me concentrer sur mes révisions. Je me suis mise à écouter de la musique, pour bloquer tout le reste. 

Mais, bien sûr, il est venu.

Il a commencé à me parler, mais je ne l'avais même pas entendu, noyée dans le bruit de mes écouteurs. 

Je ne comprenais même pas pourquoi il venait me parler après tout ce qu'il m'avait dit avant. Après m'avoir clairement fait comprendre qu'il ne m'appréciait pas. 

Pourtant, je l'ai écouté. Je lui ai répondu, poliment, sans vraiment savoir pourquoi. Et puis, sans réfléchir, ces mots ont franchi mes lèvres : "De toute façon, si c'est juste nous deux dans ce cours, je m'en vais. Je ne veux pas rester ici avec toi."

Il m'a regardée, surpris, comme si je venais de lui donner un coup de poing.

 "Qu'est-ce que je t'ai fait ?", a-t-il demandé. 

Ça m'a frappée, de le voir aussi perdu. Je ne m'y attendais pas. Il ne comprenait pas. Moi non plus.

Je n'avais jamais envisagé de lui répondre, mais là, ça m'est sorti sans crier gare : "Tu n'es pas très gentil avec moi. Tu dis que je prends les gens de haut, que je suis agaçante, et que je me plains tout le temps."

Il a hésité, longtemps, avant de me répondre, presque d'une voix douce : 

"Ça te dérange ? Tu veux que j'arrête ?" 

Cette question m'a totalement déstabilisée. Jamais je n'aurais cru qu'il demanderait ça. Et pourtant, je lui ai dit, presque à peine audible, "oui, s'il te plaît." Il m'a regardée, comme s'il n'arrivait pas à y croire, avant de simplement répondre : "D'accord, je vais faire un effort."

J'étais sous le choc. 

Lui, faire un effort ? Des excuses ? 

C'était comme un choc, comme une brèche ouverte dans un mur que j'avais cru infranchissable. Mais c'était bien réel. Après un silence lourd, mon amie est arrivée. J'ai réussi à me détendre un peu, bien que je me sentais toujours gênée par tout ce qui venait de se passer.

Le reste du cours a été étrange.

 D'habitude, il reste loin de moi, dans son coin de la classe. Mais aujourd'hui, il n'arrêtait pas de s'approcher. Pas pour me parler, non. Mais pour rester près de moi, juste là, à me regarder. 

Et chaque fois que je le fusillais du regard, il faisait comme s'il ne me voyait pas, comme si ça l'amusait. Je ne comprends pas. Pourquoi tout à coup il se rapproche ? Pourquoi maintenant il semble vouloir "faire un effort" ?


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