𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟻


6 Janvier


La fin des vacances. 

Enfin !

... 

ou pas.

J'aime les vacances, vraiment. Mais elles sont tellement éphémères, qu'on n'a même pas le temps de savourer leur douceur avant qu'elles ne soient déjà finies.

Aujourd'hui, c'est la rentrée. 

Six mois que je me suis habituée à ce quotidien de lycéenne. 

C'est long. Parfois épuisant. Mais au fond... 

j'aime bien.

---

Le réveil sonne. Les bips incessants résonnent dans la pièce, martelant mon cerveau encore endormi. 

Je frappe le réveil d'un coup sec, pour mettre fin à ce calvaire sonore. « Encore 30 minutes », je pense, à moitié endormie, avant qu'un éclair de lucidité me réveille.

C'est la rentrée. 

Le premier jour de l'année, certes, ce n'est pas vraiment la rentrée. Mais après le passage du Nouvel An, les résolutions sont là, et il faut briller. N'est-ce pas ?

Je me prépare lentement, presque mécaniquement. J'ai eu la bonne idée de préparer mon sac la veille, ce qui m'évite d'ajouter une corvée de plus à ce matin déjà trop chargé. 


Aujourd'hui est un jour particulier, car dans ma famille, on est orthodoxes, et demain, c'est « Noël ». La tradition veut que l'on soit végane et végétarien pendant 24 heures.

Enfin... on fait la version « soft ». D'habitude, ça dure plusieurs semaines.


Donc, pas de chocolat...

Je dis bonjour à ma mère qui se réveille, j'étale un peu de gloss sur mes lèvres gercées par le froid de l'hiver et je ferme la porte doucement derrière moi, mon casque de patinage dans une main, mon repas dans l'autre, et mon sac sur le dos.


Un sourire aux lèvres, une petite boule au ventre, je me dirige vers le lycée.

En entrant en classe, ma camarade est déjà là. 


Elle m'avait manqué. 


On papote un peu, et puis il arrive.


Je n'ose pas le regarder. Je garde les yeux baissés, concentrée sur ma conversation, de peur que mes sentiments ne trahissent mes pensées.


Et là, je le vois. Je détourne le regard aussitôt.Il porte un pull blanc avec un insigne de la NASA, un peu trop grand pour lui. Ses cheveux sont en bataille, et il a un casque autour du cou, probablement pour peaufiner son look décontracté.

Il ne me regarde pas. 

Ou peut-être qu'il l'a fait... Je ne sais pas. 

Tout ce que je sais, c'est cette douleur étrange dans mon bas-ventre. Un stress, un poids qui me serre. C'était... bizarre.

Deux semaines ont passé, et il n'a cessé de hanter mes pensées. Je n'arrivais plus à dormir, des scénarios sans fin se formaient dans ma tête.

Et maintenant qu'il était là, dans cette classe, à quelques mètres de moi, 

c'était comme si... 

comme si ça n'avait plus d'importance.


Plus tard, le professeur de maths arrive en retard, comme d'habitude.

 Il nous souhaite une bonne année et entame un nouveau chapitre, un que l'on avait déjà vu au collège.

 Vu que c'était un chapitre que je maîtrisais, avec ma voisine, on termine les exercices rapidement.

Les deux heures de maths passent vite. 

Pour être honnête, je n'ai pas beaucoup regardé dans sa direction. Je suis restée concentrée sur mes exercices, comme si tout ce qui se passait autour de moi n'avait pas vraiment d'importance.

La récréation arrive, et avec mon amie, on se dirige vers la patinoire. C'est notre dernier cours de l'année avant de changer d'activité.On parle de tout et de rien. C'est agréable, et puis... il n'est pas là. Je ne me sens ni observée, ni jugée.Tout allait bien, jusqu'à ce que je croise un ancien professeur du collège. 


Je ne l'ai jamais aimé. 

J'étais malheureuse dans sa classe, et il n'a jamais fait grand-chose pour que ça change.

J'avais de grands rêves à l'époque. Il n'a jamais cru que je pourrais les réaliser. Il n'a jamais cru en moi.Et pourtant, là il est. 


Et moi, je souris, fière. 

Plutôt que de me laisser submerger par les souvenirs douloureux, je me souviens tout ce que j'ai traversé, tout ce que j'ai accompli malgré toutes les personnes qui n'ont pas crues en moi. Il me demande comment je vais, je le fusille alors du regard, je lui lance, bombée de fierté :

— « Je vais bien, je suis au lycée maintenant.

J'ai réussi.

... 

Et je suis fière de moi. »

La discussion est brève, mais elle me fait mal. Il vient troubler un passé que j'avais à peine oublié.
L'heure du déjeuner arrive. 

Avec mon amie, on finit par trouver une place, après de longues minutes de galère. Elle me fait rire tellement que je n'ai même plus le temps de penser à lui.

Une petite victoire.


Après, on a chimie. Une période que je redoutais, parce que nos places, entre lui et moi, sont trop proches.


Finalement, le cours se passe plutôt bien.


 Enfin... je ne sais même pas ce que ça veut dire pour moi, un « cours qui se passe bien ». 

Tout est tellement relatif.

Le professeur distribue nos notes. J'ai réussi à remonter ma moyenne, et même si lui a obtenu un score moins élevé que la dernière fois, je suis contente pour moi.


Pendant le cours, il s'assoit à sa double table habituelle, rien que pour lui et fait de son mieux pour s'éloigner de moi. 


Il est de l'autre côté de la table. 

Ça me fait un peu mal au cœur. 

Mais encore une fois... c'est comme si ça n'avait plus d'importance.

Un pauvre insecte se fait écraser par le professeur, qui lâche un « Oh non, pauvre bête, elle est si jolie » avant de l'écraser à nouveau.

Bref...


Après la chimie, c'est allemand.


 Long et ennuyeux, mais on a eu une interaction.

Il montre à ses amis son livre d'allemand avec un bonhomme dessiné dessus.


 Il lui a ajouté un chapeau.

Il est tout fier de son œuvre, un sourire sur les lèvres. 


Moi, je suis un peu ailleurs, fixant la fenêtre. 

Et puis je sens son regard. 

Je le regarde, nos yeux se croisent. Un sourire s'échange. C'est léger, presque imperceptible, mais c'est un échange, et c'était adorable.


Enfin, l'option.Il n'y avait plus de place, alors mon amie m'a laissée pour s'asseoir à côté d'une autre fille. 


Je me retrouve donc à côté d'une quasi inconnue, sans chaise.

J'ai eu une bonne note en Philosophie. 


Je suis fière, même si cette même fille a eu la meilleure note de la classe. 

Et, je l'avoue, je suis un peu jalouse.

Pour finir la journée, l'informatique.


 Un long cours où je suis toujours aussi perdue qu'au premier jour.

Au début, il lève la tête, et je croise son regard. 


J'ai l'impression qu'il est rempli d'étoiles.

Je lui rends son sourire, timide, et le reste du cours, je le scrute discrètement à travers son reflet dans l'écran de sa voisine. 


De là où il est, je ne peux pas le voir autrement.

À l'extérieur, la pluie commence à tomber. C'est presque déprimant.

À la sonnerie, je me dirige vers la salle libre d'ordinateurs avant de rentrer chez moi, la tête remplie de pensées dispersées.

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