12 Novembre

Aujourd'hui, je ne me sentais vraiment pas bien. 

Tout semblait décalé, étrange. 

Je l'ai vu me regarder, ses yeux fixés sur moi, même lorsqu'il parlait avec les garçons derrière lui. 

Est-ce que je délire, ou parlait-il de moi ? Aucune idée.

En cours d'allemand, l'ambiance n'a pas aidé. Cette prof, si injuste, a refusé de me donner un demi-point supplémentaire. Un simple demi-point qui aurait changé ma note en un 4. J'ai trouvé ça mesquin, mais bon...

C'est là que ça a commencé à tourner. Littéralement. 

Je me suis sentie nauséeuse, des envies d'évanouissement qui montaient, et j'ai su que je devais sortir. 

Dès le début du cours d'anglais, je suis partie à l'infirmerie. C'était dans une vieille maison, un peu lugubre, et surtout, déserte. Personne. Ça m'a mise mal à l'aise.

C'est à ce moment là que j'ai regretté de ne pas avoir demandé que quelqu'un m'accompagne.

Je me suis alors dirigée vers le secrétariat. 

Là, la secrétaire, bienveillante, m'a donné un verre d'eau et un sucre.

Le sucre, malheureusement, n'a fait qu'empirer les choses : une douleur sourde s'est installée dans mes poumons.

Ensuite, je suis allée à la bibliothèque, cherchant un peu de calme. Mais à la place, je suis tombée né à né sur le prof de philosophie et celui de maths en me dirigeant tant bien que mal dans les interminables escaliers de l'école. 

Tous les deux m'ont lancé la même réflexion : 

« Mademoiselle, vous ressemblez à un zombie. » 

C'était surprenant, mais pas faux. Ils m'ont conseillé de rentrer chez moi.

Je ne voulait pas rentrer chez moi, je voulais continuer ma journée, voir son sourire, entendre son rire. Je voulais  faire comme si il n'existait pas alors que mon coeur bat à chaque syllabe de son prénom. 

Mais résilier, j'en pouvais plus. 

Sur le chemin du retour, je suis passée devant la salle de classe. À travers la petite vitre de la porte, je l'ai vu. Lui.

 Il me regardait non, il a croisé mon regard et on est restée comme ça, un moment. Ce simple moment m'a figée, comme si je n'existais plus que dans cet échange silencieux. Je me suis ensuite rendue compte que je me tenais là, a le fixé, alors je suis rentrée en classe pour récupérer mes affaires et j'ai tenté de dire au revoir à la prof d'anglais, mais bien sûr, elle m'a ignorée. 

Typique.

Une fois chez moi, j'ai essayé de me détendre. 

J'ai regardé un épisode de "Young Sheldon"  -incroyable- et une émission fascinante sur les fusées de la NASA, une sur Mars et une autre sur les sondes Voyager 1 et 2. 

Un peu de vocabulaire d'anglais aussi, juste pour ne pas totalement perdre ma journée.

Mais au fond, l'inquiétude est restée. 

Pour deux choses. 

D'abord, cette classe : personne n'est fiable, et si j'avais raté quelque chose d'important ? Un devoir ? Un test annoncé ? La phrase préféré des profs "Vous êtes au lycée maintenant, vous devez vous responsabilisé." ne m'aideras sûrement pas à me justifier.

Ensuite, lui. Est-ce qu'il a discuté avec d'autres filles aujourd'hui ? Ce serait normal, je sais, mais... s'il s'en fichait complètement que je n'étais pas là ?

Et si je m'étais fait des idées ?

Demain, je le saurai peut-être. Même si techniquement, à cause d'un rendez-vous médicale  je n'ai qu'un cours de maths.