𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟾
Pour toi, celui qui fait vibrer mon coeur:
C'est étrange, vraiment.
Parce que, au fond, je ne te connais pas.
Pas vraiment.
Je connais des bribes, des fragments, des éclats de toi que tu laisses ici et là, sans vraiment le vouloir.
Ce que tu dis en classe, ce que tu montres sans t'en rendre compte, ce que tu caches aussi.
Je sais que tu aimes les sciences, que tu viens d'un monde où la musique est reine, mais que les attentes, elles, sont celles de la raison, des chiffres, des faits. Et moi, je suis là, avec ma famille qui plonge dans l'univers des sciences, dans cette logique que je n'ai jamais comprise, dans ce besoin de rationaliser tout, tout le temps. Alors que moi, tout ce que je veux, c'est échapper à tout ça, à cette pression, à cette froideur, pour plonger dans les mots, dans l'art, dans l'imaginaire.
C'est drôle, non ?
On vient d'un endroit similaire, tu sais, cette solitude silencieuse, ce fossé invisible entre nous et les autres, entre nous et nos familles.
Mais toi, tu es là. Je te regarde parfois, quand tu réponds en cours de chimie, et je me demande comment tu fais pour savoir toutes ces réponses que moi je ne sais pas.
Ça me fait bizarre.
Parce que je t'admire. Même si, au fond, je suis bien trop fière pour te le dire. Et toi, tu ne sais rien de tout ça, rien de ce que je ressens en silence. Rien de ce que tu éveilles en moi avec tes petites choses, tes petites manières.
Je sais, c'est fou, mais j'ai remarqué que tu portes souvent du bleu, comme moi.
Ce bleu, cette couleur qui semble être, comme si c'était quelque chose que l'on se partageait sans même se le dire.
Et ça, c'est comme un signe, non ?
Ce bleu, il est partout. Dans ton style, dans ton regard, dans l'air autour de toi. Comme un reflet.
C'est un détail, mais ça compte, tu sais.
Je sais aussi que tu as choisi l'option de philosophie et de psychologie.
Et ça, c'est marrant.
Parce que moi aussi.
Tu sais, au début, je ne t'aimais pas.
Je te détestais même un peu.
Parce que tu me ressemblais trop. Et ça, ça m'effrayait. Tu avais cette facilité à comprendre tout, à savoir ce que je ne savais pas, et je t'ai détesté pour ça.
Mais je t'ai observé, et il y a eu quelque chose de différent. Quelque chose qui m'a fait vaciller.
Comme un miroir, mais pas tout à fait. C'était toi et c'était moi, mais dans une version différente.
Et tes yeux... Comment dire ?
Ces yeux.
Je me suis perdue dans ton regard, encore et encore, comme une mer calme qui me déstabilise à chaque fois que je plonge.
C'est fou, non ? De se perdre dans quelqu'un qu'on connaît à peine, qu'on ne connaît même pas.
Puis tu m'as souri.
C'est idiot non ? Un simple sourire, trop simple, trop anodin.
Et là, tout a changé.
Parce que, même quand tu te montrais distant, même quand tu ne me parlais plus, tu avais beau, être hargneux envers moi, ton sourire restait là, suspendu dans l'air. Peut-être pas pour moi, mais là, comme-même.
Et ça, ça m'a rendue folle.
Parce que je n'arrivais pas à comprendre ce sourire, ce que ça voulait dire. Et moi, j'ai continué à observer, à analyser, à décortiquer chaque mot, chaque mouvement.
Et je t'ai vu triste, un jour.
Un peu perdu, un peu fatigué, comme si tout ce poids que tu portes te pesait encore plus lourd. Et là, c'était plus fort que tout. J'ai voulu être là pour toi, je voulais te dire que moi, je te comprenais.
Mais j'étais là, comme une ombre silencieuse qui te soutient, sans rien dire.
Et ça m'a emportée, encore plus profondément dans cette idée que peut-être, quelque part, tu pouvais voir en moi ce que je ressentais.
Peut-être que, comme moi, tu pouvais aussi t'attacher à cette idée de l'autre, à ces images que l'on se crée.
Mais non.
Non, tu m'as évitée.
Tu t'es éloigné, encore plus, et je n'ai rien pu faire. Juste rester là, dans mon coin, à essayer de comprendre ce que j'avais mal vu.
Pourquoi tu m'évites, pourquoi tu ne me regardes plus, pourquoi tu t'éloignes à chaque pas.
Et voilà, maintenant je suis là, à me dire que peut-être je me suis fait des films.
Que tout ça n'a jamais été réel. Que tout ça, c'était juste une illusion que je me suis fabriquée dans ma tête.
Mais je ne peux pas m'en empêcher.
Parce que dans chaque petit geste, chaque regard, chaque sourire, il y avait un peu de toi.
Je crois.
Et maintenant, il n'y a plus rien.
Et ça me tue, tu sais, cette distance, ce vide.
Mais je vais faire comme toi.
Je vais jouer à être distante, à ne pas te regarder, à ne pas te parler. Peut-être qu'ainsi tu me verras enfin.
Peut-être qu'en me cachant derrière ce masque, tu me trouveras.
Mais au fond, je sais que tout ça ne vas rien changé.
Parce que tu ne me verras jamais. Pas vraiment. Et peut-être que c'est mieux ainsi.
Alors je vais continuer à m'inventer des histoires, à me perdre dans l'idée de toi, à me nourrir de ce rêve, de cette image qui m'habite.
Et je vais essayer de me faire oublier, de me rendre désirable, comme dans ces livres que je lis, ceux où les personnages se cherchent sans se trouver.
Peut-être qu'un jour, tu me remarqueras.
Ou peut-être pas.
Peut-être que tout cela n'est qu'une amourette de passage et que je finirais par t'oublier.
Mais peu importe.
Je pourrais jamais te dire tout ça, de toute manière.
Ça serait trop... trop étrange, non ?
Trop réel, trop de choses que je ne comprends même pas moi-même.
Mais je vais garder tout ça pour moi, comme d'habitude.
Je vais inventer des histoires dans ma tête, des histoires où tu me regardes, où tu m'écoutes, où tu vois ce que je suis vraiment, et peut-être que ça me suffira.
Peut-être que ce sera mieux ainsi.
Parce qu'imaginer, c'est beau.
Ça donne l'illusion que tout est possible. Mais la réalité, elle est souvent bien différente. Alors, je vais essayer de m'en contenter.
Tu sais, il y a quelque chose de réconfortant dans cette distance, comme si tout restait possible dans l'invisible.
Mais au fond, je sais bien que tout ça, c'est juste un rêve.
On verra ce que ça donneras.
De toute manière l'amour c'est comme une rose :
Si tu la tiens de la bonne manière tu sentira son parfums, sinon, tu te coupera et tu saignera.
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