𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟼
7 Janvier
Le réveil sonne.
C'est un mardi, comme un autre, et pourtant, je sens que cette journée commence déjà avec son lot de fatigue.
La nuit a été courte, trop courte.
Je m'éveille lentement, un peu déconnectée, la tête encore dans les nuages. Je me lève, traînante, et commence à préparer mes affaires.
Le sac, les livres, et enfin, les vêtements. Un pantalon bleu, un pull noir : c'est simple, mais un peu plus décontracté aujourd'hui, comme si je voulais, à travers ce choix vestimentaire, afficher une forme moins sérieuse que ce que j'ai l'habitude de porter.
Je fais chauffer mon chocolat chaud, celui que j'aime tant le matin.
- "Joyeux Noël", je dis à ma mère, un sourire un peu absent.
Car oui, le 7 janvier c'est le noël orthodoxe, je ne suis pas croyante mais ma famille l'est alors, je suis la tradition.
Puis, je prends mon sac, mes écouteurs, et me voilà déjà dehors, en route vers le lycée.
Il pleut légèrement, mais je m'en fiche. Ce matin, rien ne m'arrête.
En arrivant en classe, je repère immédiatement ma camarade, installée à son bureau, en train de réviser son allemand avec une concentration admirable.
J'aimerais être aussi appliquée, mais la vérité, c'est que je n'ai pas révisé.
On se lance dans une petite discussion, un stress partagé à propos du test du jour. On n'était pas sûres, mais finalement, ouf, il n'y en a pas.
Un soupir de soulagement.
Le cours passe, et bien qu'il soit banal, je le trouve plus long que d'habitude. Ce n'est ni plus facile ni plus difficile, juste... monotone.
Puis vient l'anglais.
Toujours pareil, juste des exercices que je termine en un clin d'œil. C'était trop facile, je n'y ai même pas mis d'effort, et en un rien de temps, j'ai terminé. Je suis presque contente d'avoir terminé, mais je m'ennuie aussi. Rien de nouveau sous le soleil.
La récréation arrive enfin. Je m'offre un chocolat chaud, celui de mon enfance, en brique, avec une paille que j'ai pris de chez moi.
Un petit plaisir.
Je prends aussi un cookie, celui que j'avais tant attendu pendant les vacances.
Ma camarade me rejoint, et on commence à papoter, comme d'habitude.
De tout et de rien, parfois des sujets futiles, mais c'est agréable. Les rires fusent, les regards se croisent sans vraiment se toucher. On se laisse porter par ces moments qui, bien qu'anodins, sont doux à vivre.
Le cours de français arrive après, et c'est là que quelque chose change.
Un frisson, une sensation étrange.
Je crois qu'il me regarde, mais ce n'est pas sûr. Ce n'est qu'un instant, mais c'est comme une brise légère sur ma peau, presque imperceptible.
J'ai cette impression que tout s'arrête un instant, que je suis vue d'une manière que je ne comprends pas. Un regard rapide, furtif, mais qui laisse une trace. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser.
En économie, les choses se poursuivent de la même manière. On échange quelques regards, subtils, discrets.
Toujours avec lui.
Ce même pull blanc. Il semble serein, confiant, un peu comme si ce jour lui appartenait.
Un jour ensoleillé malgré la pluie. Il est heureux, ou du moins, c'est ce que je pense en le voyant.
Pourtant, je ne lui parle pas, je me contente de l'observer.
Midi arrive enfin, et cette fois, je choisis de manger seule.
Il y a quelque chose de réconfortant à être seule, dans la bibliothèque avec mes écouteurs dans les oreilles, plongée dans mon livre. C'est comme une petite bulle de tranquillité où je peux me perdre, loin de tout le reste.
La lecture, c'est ma thérapie, mon échappatoire, et je ne la manque jamais, même lorsque la fatigue me pèse.
L'après-midi, en informatique, je suis épuisée.
Les exercices sont simples, trop simples.
Je me sens presque frustrée de n'avoir rien à faire, rien à résoudre. Les deux heures passent comme une éternité. Mon corps est là, mais mon esprit erre ailleurs.
Le professeur remarque ma fatigue, et, d'une certaine manière, il devient plus gentil, plus attentif. Il voit ma facilité et m'invite à participer. Ça me réveille un peu, mais pas assez pour me rendre dynamique.
Les heures défilent, et enfin, c'est l'histoire de l'art.
Je me force à être concentrée, bien que l'ennui soit là, tout le temps. Mais cette fois, il y a ce documentaire. Une artiste moderne, très connue, et quelque chose dans ses œuvre me touche, m'accroche.
C'est étrange, mais en cet instant, je suis presque fascinée. C'est la première fois de la journée que je suis réellement captivée.
Le cours se termine, et je file vers la sortie.
Le chemin du retour me semble interminable, et je décide de prendre un moment pour appeler ma grand-mère. Je ne le fais pas assez souvent, et je m'en veux.
Mais aujourd'hui, ça me fait du bien.
Elle est joyeuse, et cela me réchauffe le cœur.
Je lui souhaite un "joyeux noël" à elle aussi. Pourtant, pendant que je parle, je le vois.
Il est là, marchant devant moi.
Cela m'était sorti de la tête, qu'il prenait le même chemin.
Il me dépasse, les mains dans les poches, les écouteurs dans les oreilles.
Comme un signe, je croise son regard.
Il semble interrogatif, comme s'il se demandait pourquoi je parlais une langue qu'il ne comprend pas.
Ça me fait sourire.
C'est idiot, mais ça m'amuse.
Un moment furtif, insignifiant, mais qui me reste.
Je rentre chez moi, épuisée, et je m'assois pour réviser un test important.
Mais, au fond, ma tête est encore ailleurs, à chercher le sens de ce regard échangé, à me demander ce que tout cela signifie.
Et si cela à toujours de l'importance et si,
ça à la même valeur qu'au début de l'année.
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