𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷
La rentrée
Cette année, ce n'était pas une rentrée comme les autres, c'était une rentrée que j'appréhendais beaucoup, mais une rentrée, que je savais, mérité.
Je n'aime pas le changement, je ne l'ai jamais aimée et pourtant ce jour si nouveau et si particulier, des changements, il y en avais.
Une nouvelle école, de nouveaux visages, un nouvel environnement qui m'oppressait autant qu'il m'intriguait.
J'étais accompagnée de ma meilleure amie ce premier jour. Sans elle, je n'aurais pas osé franchir les portes de cet amphithéâtre bruyant où l'on nous introduisait à un système scolaire encore inconnu. Les voix résonnaient dans cet espace immense, et pourtant, tout ce que je ressentais, c'était le battement de mon cœur, rapide, nerveux. Observant la salle, autant nouvelle que pour les centaines de personnes autours de moi.
Et le moment fatidique arriva, ce moment que j'attendais avec la peur au ventre depuis ce jour où j'ai appris, que je n'était pas dans la même classe qu'elle, ce moment fatidique, cette séparation .
Chacun rejoignait sa classe provisoire. Je me souviens du moment où j'ai franchi cette porte.
Fixant un point, incapable de bouger, j'ai senti le poids de ma panique.
Une panique silencieuse. J'avais du mal à respirer, mais personne ne l'a remarqué.
À quoi bon ? C'était le premier jour, personne ne connaissait personne.
C'était ça, mon entrée dans ce nouveau monde, ce monde a la fois si présent et éloigné, ce monde à la fois si connue et nouveau.
Dans cette classe, je me suis d'abord tue. Je les ai observés, et à vrai dire, ma première impression n'a pas été tendre : Des filles habillées comme si elles cherchaient à provoquer. Des garçons dont les regards ne faisaient qu'accentuer ce malaise.
Je me suis sentie étrangère, comme si je n'appartenais pas à ce groupe.
Puis, il y a eu cet après-midi, cet après-midi du lendemain où lui, m'a apaiser.Nous venions de finir un cours de sport, et deux périodes d'histoire de l'art nous attendaient. Devant la salle, il y avait ce caisson où beaucoup aimaient s'asseoir. Je m'y étais installée, le regard baissé, perdue dans mes pensées.
Et c'est là qu'il a parlé.
— En vrai, je suis content. J'avais peur d'être déçu, mais cette classe m'a l'air sympa finalement.
Son ton était détendu, presque léger. Mais ses mots m'ont atteinte, parce qu'ils semblaient résonner avec mes propres doutes. Alors, j'ai répondu, timidement :
— Ouais, ça va... Mais ça fait bizarre. Je n'aimais pas forcément ma classe de l'année dernière, mais elle me manque un peu.
Il a hoché la tête, pensif :
— Oui, moi aussi. Mais on a réussi, non ? On est dans un gymnase maintenant. Cette phrase, je ne l'ai pas oubliée. Je ne m'y attendais pas. — Ouais, si tu le dis.
Le cours a commencé, et je n'ai plus osé le regarder. Mais à la fin, alors que nous sortions, il m'a rattrapée. Il a engagé la conversation, l'air de rien. Il ne savait pas le tourbillon de peur et de timidité qu'il provoquait involontairement au fond de mon ventre.
— La météo est trop bizarre : ce matin, il faisait froid, et maintenant, on meurt de chaud.
Sa voix, cette fois, avait quelque chose de plus naturel, de plus accessible.
— C'est pour ça qu'il faut avoir une veste le matin et l'enlever l'après-midi, avais-je répondu avec un sourire maladroit.
Il avait ri, en montrant sa veste :
— Ouais, c'est ce que j'ai fait.
C'était rien, juste quelques mots échangés. Mais pour moi, c'était un moment.
Un début.
Les jours ont passé, et lui, il a vite trouvé sa place.
Il s'est fait des amis, des garçons surtout. Moi, je restais souvent seule, me demandant où était la mienne.
Et puis il y a eu cette fille. Une fille différente. Une fille qui se retrouvait aussi perdue que moi, aussi muette que moi. Différente au physique et pourtant tellement pareil au mental. Avec elle, j'ai commencé à rire à nouveau, à me sentir moins étrangère, plus légère.
La rentrée, c'est le jour où tout a commencé.
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